Partis en grand nombre à Libreville au Gabon pour pousser les Eléphants à la victoire face aux ''Chipolopolo'' de la Zambie en finale de la Coupe d'Afrique des nations Orange 2012, les supporters ivoiriens ont été doublement désillusionnés au Stade Sino-Gabonais de l'Amitié. En face, ils n'avaient pas seulement pour adversaire la poignée de supporters zambiens présente dans le stade. Les supporters convoyés par le Comité national de soutien aux Eléphants (CNSE) et tous les Ivoiriens présents à Libreville, n'avaient pas compté avec l'hostilité des Gabonais qui se sont constitués en douzième homme des ''Chipolopolo''. Pourtant, lorsque l'avion affrété par le ministère des Sports et Loisirs s'est posé sur le tarmac de l'aéroport Léon Mba de Libreville sous le coup de 1hh GMT, rien ne présageait une telle situation. Dans la salle des formalités de police, l'ambiance était bon enfant entre Ivoiriens et Zambiens arrivés presqu'au même moment. Le ministre des Sports, Philippe Légré venu en personne accueillir ses ''troupes'', était heureux de savoir que les Eléphants ne manqueraient pas de soutien. Parce qu'en plus des supporters du CNSE, d'autres entreprises de la place et la Fédération ivoirienne de football avaient également transporté des supporters à Libreville. Il y avait du beau monde. De quoi galvaniser Didier Drogba et ses camarades pour la victoire tant attendue. Mais très vite, l'optimisme va faire place à l'incertitude, ensuite à la désillusion, puis au cauchemar. En effet, dès la fin du compte à rebours, pendant la présentation des hymnes nationaux, les supporters ivoiriens sont surpris par un fait insolite après ''l'Abidjanaise''. Autour d'eux, certains Gabonais, chantent en choeur l'hymne national de la Zambie. On a l'impression qu'ils s'y étaient préparés en apprenant les paroles de cet hymne zambien. Et que quelque chose d'anormal allait se passer. Dans la foulée, tout le stade enchaîne aussitôt avec l'hymne national du Gabon. Ce qui n'est pas prévu. Nationalisme oblige, pourrait-on dire. Parce qu'au pays d'Ali Bongo Ondimba, c'est ''le Gabon d'abord''. Qu'à cela ne tienne. Mais le masque ne tarde pas à tomber. Des Gabonais assis parmi des supporters ivoiriens dans la zone où nous sommes, décident alors de faire des commentaires désobligeants sur la crise post-électorale en Côte d'Ivoire et le Transfèrement de Laurent Gbagbo à la CPI. Excédé, un supporter ivoirien oppose à l'un d'eux une réaction musclée et lui rappelle, qu'eux aussi avaient contesté la nationalité de leur président lorsqu'il a exprimé l'intention de briguer la magistrature suprême du Gabon. Mais pourquoi l'acclament-ils dans ce stade? Mieux, il lui demande en quoi il est concerné par les affaires ivoiro-ivoiriennes, et quels liens elles ont avec l'affiche de la finale à laquelle ne participe pas le Gabon. Cette mise au point faite, plus tard, le fauteur de trouble présente ses excuses mais c'était sans compter avec ses autres compatriotes dans le stade. Surtout lorsque Drogba a raté le penalty. «Vous les Ivoiriens, vous n'allez pas partir avec ce trophée. C'est Gbagbo qui a gagné les élections. vous oubliez que nous sommes entre nous Africains, on va soutenir la Zambie jusqu'au bout», ont lancé certains.
Hostilité insensée
Toutes les actions d'éclat des Eléphants étaient huées. Mais quand il s'agissait des Zambiens, ils étaient acclamés à tout rompre. D'autres n'hésitaient pas à venir narguer les supporters ivoiriens. Durant toute la partie, les Eléphants ont été brisés dans leur élan par une horde de Gabonais hostiles, braqués contre eux. Le public gabonais a réservé le comble pour la séance des tirs au but. Chaque fois que c'était le tour d'un joueur ivoirien de shooter, on entendait: ''Chipolopolo, Chipolopolo... Libérez Gbagbo, libérez Gbagbo...''. Dans les travées, cela donnait lieu à des menaces xénophobes insensées. Malgré l'hostilité ambiante, les supporters ivoiriens ont gardé leur calme jusqu'à la fin. Dignes dans la défaite et dans la douleur, ils n'ont pas répondu aux provocations des ressortissants du pays co-organisateur de la CAN Orange 2012. Sur chemin du retour vers l'aéroport, le bus hué, recevait parfois des coups au passage. Dans la salle d'embarquement où les ont rejoints plus tard les Zambiens en partant pour Lusaka, la délégation ivoirienne a applaudi les vainqueurs. Les uns et les autres se sont congratulés et ont sympathisé. Dans un esprit de fair-play. Contrairement aux co-organisateurs.
Alphonse CAMARA
(Envoyé spécial à Libreville)
Hostilité insensée
Toutes les actions d'éclat des Eléphants étaient huées. Mais quand il s'agissait des Zambiens, ils étaient acclamés à tout rompre. D'autres n'hésitaient pas à venir narguer les supporters ivoiriens. Durant toute la partie, les Eléphants ont été brisés dans leur élan par une horde de Gabonais hostiles, braqués contre eux. Le public gabonais a réservé le comble pour la séance des tirs au but. Chaque fois que c'était le tour d'un joueur ivoirien de shooter, on entendait: ''Chipolopolo, Chipolopolo... Libérez Gbagbo, libérez Gbagbo...''. Dans les travées, cela donnait lieu à des menaces xénophobes insensées. Malgré l'hostilité ambiante, les supporters ivoiriens ont gardé leur calme jusqu'à la fin. Dignes dans la défaite et dans la douleur, ils n'ont pas répondu aux provocations des ressortissants du pays co-organisateur de la CAN Orange 2012. Sur chemin du retour vers l'aéroport, le bus hué, recevait parfois des coups au passage. Dans la salle d'embarquement où les ont rejoints plus tard les Zambiens en partant pour Lusaka, la délégation ivoirienne a applaudi les vainqueurs. Les uns et les autres se sont congratulés et ont sympathisé. Dans un esprit de fair-play. Contrairement aux co-organisateurs.
Alphonse CAMARA
(Envoyé spécial à Libreville)