Ancien footballeur professionnel, Bosse Mady encadre aujourd’hui des jeunes en difficulté dans une structure spécialisée dans la région angevine. Dans cet entretien, il parle des avantages et des inconvénients liés à son métier, avant de jeter un regard sur la prestation des Eléphants à la CAN 2012. Ndrl (L’interview a été réalisée avant la finale de la CAN)
Vous avez été joueur professionnel de football avant de devenir éducateur sportif. Racontez-nous votre parcours…
J'ai fait ma 3ème au Collège Georges Clémenceau dans le 18ème arrondissement de Paris en 1982, puis le Lycée Racines dans le 8ème arrondissement où je finis ma 1ère ( je suis joueur de foot à cette période au Red Star de Paris où j'ai les cadets nationaux et la DH( Division d'Honneur, le plus haut niveau régional) junior et ensuite en DH avec les seniors B et ce jusqu'en 1986). Je suis ensuite recruté par le club de 4ème division Nationale où j'ai joué une saison et réussi mon baccalauréat série G, option administration en 1987. J'arrête mes études lorsque je suis recruté par l'Etoile des Sports de Montluçon pour jouer en 3ème division Nationale. L’expérience d'une année n'est pas fructueuse. Ensuite, je retourne à Paris pour jouer au club des Lilas en DH. Les discussions n'aboutissent pas après le stage de préparation qui s'est déroulé en Indre et Loire. En 1991, je signe en DH à Saint Symphorien, en Touraine, où je m'inscrits en AES à la Faculté François Rabelais de Tours. J’y suis resté jusqu'en 1993 avant de revenir à Paris. En 1995/1998 j'ai obtenu un Certificat en droit des affaires au Cnam de Paris.
Comment êtes-vous arrivé dans la douceur angevine et qu’est-ce que vous y faites?
J'arrive à Angers en 1998 pour rejoindre mon épouse et mes deux enfants. En 1998/2000 j'ai la responsabilité des catégories 15 ,17ans de l'Ecole de football comme entraîneur à la Croix Blanche, un club amateur de la banlieue d'Angers. De 2000/2004, j'ai la responsabilité des 15 ans (2000/2003) et des 18 ans(2003/2004) en intervenant aussi à l'école de football du club d'Angers Intrépide sans oublier l'obtention de mon Brevet d'Etat d'Educateur 1er degré de football en 2002. De 2004 à 2005, j’ai été le responsable des équipes seniors de l'Association sportive de Montplaisir à Angers. De 2005/2006, j’étais responsable des seniors B à l'Eglantine de Trélazé à Angers. En 2007, j'entre comme éducateur à la Protection Judiciaire de la Jeunesse, où j'ai travaillé pendant deux ans. Depuis 2009, je travaille au Centre Educatif Fermé, La Cité de Gautrèche qui est une association de droit privé qui fait partie des Secours Catholiques et qui reçoit des jeunes qui sont placés par la justice pour six mois renouvelables, dont l'âge est compris entre 14 et 18 ans.
Quels avantages vous procure votre métier et quels en sont les inconvénients?
Les avantages de mon métier résident dans le travail d'accompagnement exercé auprès de ces jeunes placés. Nous leur permettons de croire dans le futur, de découvrir des valeurs normatives et de les intégrer dans leur fonctionnement. Il ya aussi la formation, l'accès à l'emploi, un parcours dans lequel nous les assistons et ils bénéficient de conseils. Une palette d'activités et de sorties sont mises à leur disposition. Un permis à points et une rétrogradation de niveau symbolisent les sanctions qui leur sont imposées. Les inconvénients tiennent lieu d'agressions multiples dont nous sommes victimes. Il y a aussi les déplacements d'un département à l'autre ou d'une région à l'autre, des fois des nuits sans dormir.
Avez-vous gardé des liens avec votre pays d’origine? Votre famille vit-elle toujours là-bas?
Les attaches que j'ai gardées dans mon pays d'origine se situent au niveau de la famille et des amis d'enfance. Mon regard sur la situation ivoirienne postélectorale de novembre 2010 à Avril 2011 est que la société ivoirienne s'est disloquée sur le plan social. La confiance d'alors qui a permis de vivre ensemble n'existe plus. Une véritable méfiance s'est instaurée. La délation a fait énormément de mal au sein de la société. Au plan politique, tout est à reprendre. Les luttes démocratiques des années 90 ont été foulées au pied. Les partis politiques n'ont pas été à la hauteur du combat des Ivoiriens. La tricherie a pris le dessus. Au plan économique, la Côte d'Ivoire a pris plus de cent ans de retard. Le pays a sombré dans cette crise, parce que le sort de la Côte d'Ivoire a été scellé sur le plan international. Les élections n'étaient qu'un simple prétexte pour parvenir à un but qui était fixé depuis 1999, date du premier coup d'Etat militaire avec bien sûr les responsabilités que l'on sait. Ces responsabilités incombent à une minorité d'Ivoiriens ceux-là qui n'ont jamais su se présenter à l'électorat ivoirien pour faire des propositions pour gouverner le pays. Après les élections de 2000, tout politicien ivoirien digne de ce statut avait cinq ans pour observer la situation et faire des propositions en 2005, date des élections, mais certains ont choisi la voie du chaos qui plongera le pays dans une catastrophe indescriptible. La résolution de cette crise est très complexe, puisque toutes les composantes de la société ivoirienne sont séparées les unes des autres. Le lien social n'a pas été favorisé et la chasse à l'homme continue. Un homme de poids doit être au cœur de la société pour que les choses reprennent.
Si les Eléphants remportaient la CAN 2012, cela peut-il accélérer l’unité nationale?
La CAN peut-elle servir d'accélérateur dans le processus de réconciliation? Je dirai, en tant que personne avisée du football, que ce sport a déjà apporté sa part de contribution au règlement de ce conflit. Souvenons-nous des qualifications de la coupe du monde de 2006. La Côte d'Ivoire jouait sa qualification sur le résultat du Cameroun qui recevait l’Egypte. La Côte d'Ivoire depuis le Soudan apprend sa qualification après un pénalty raté par un joueur camerounais Drogba se saisit du micro et lance un appel aux factions guerrières de déposer les armes pour aller à de vraies élections, sans oublier toutes les victoires des Eléphants, le match des Eléphants à Bouaké contre Madagascar pour montrer son implication dans le règlement de cette crise. Une victoire des Eléphants en finale de cette 28ème Coupe d’Afrique des Nations apporterait un peu de baume dans le cœur des Ivoiriens, mais ne permettrait pas d'aller à une réelle réconciliation. Les politiques s'en saisiront sans doute comme une baguette magique pour y parvenir, mais ce ne sera qu'un feu de paille.
Comment entrevoyez-vous l’avenir de la Côte d’Ivoire et de l’Afrique?
L'avenir de la Côte d'Ivoire appartient encore aux Ivoiriens, seulement si on va à une vraie réconciliation sans oublier les personnalités essentielles, incontournables dans le processus, et qui pèsent nécessairement dans la société. Le cas ivoirien est le second cas africain de crise politique grave depuis un quart de siècle. On se souvient encore des cas rwandais dans les années 90 et la situation ivoirienne au début des années 2000. Anciennement, dans les années 60, on a connu la crise congolaise (La RDC aujourd'hui). Les dirigeants africains qui se considèrent comme tels, ont été mis devant leurs responsabilités qu'ils ont fuies en trouvant les erreurs dans leur propre camp. Regarder la légèreté avec laquelle le cas libyen a été réglé, sans oublier le laxisme qui a pris le dessus dans la crise ivoirienne. Les africains se sont fait manipuler en se trahissant entre eux. Les africains doivent se montrer plus solidaires. L'avenir de l'Afrique appartient aux africains, si nous voulons bénéficier des atouts de notre continent. Il ne s'agit pas de nier que nous n'avons pas d'histoire. Les faits le montrent si bien, mais il appartient aux africains de repartir en arrière sans se départir du présent. Pour mieux cerner notre présent, nous avons besoin de notre passé pour préparer un futur meilleur. Je suis optimiste en ce qui concerne l'avenir de notre continent. Le chemin de la reconstruction est longue, nous africains, nous devons apprendre à nous connaître, à nous faire confiance, à travailler ensemble sans préparer le lit de l'étranger.
Réalisé par JANSEE à Angers
Vous avez été joueur professionnel de football avant de devenir éducateur sportif. Racontez-nous votre parcours…
J'ai fait ma 3ème au Collège Georges Clémenceau dans le 18ème arrondissement de Paris en 1982, puis le Lycée Racines dans le 8ème arrondissement où je finis ma 1ère ( je suis joueur de foot à cette période au Red Star de Paris où j'ai les cadets nationaux et la DH( Division d'Honneur, le plus haut niveau régional) junior et ensuite en DH avec les seniors B et ce jusqu'en 1986). Je suis ensuite recruté par le club de 4ème division Nationale où j'ai joué une saison et réussi mon baccalauréat série G, option administration en 1987. J'arrête mes études lorsque je suis recruté par l'Etoile des Sports de Montluçon pour jouer en 3ème division Nationale. L’expérience d'une année n'est pas fructueuse. Ensuite, je retourne à Paris pour jouer au club des Lilas en DH. Les discussions n'aboutissent pas après le stage de préparation qui s'est déroulé en Indre et Loire. En 1991, je signe en DH à Saint Symphorien, en Touraine, où je m'inscrits en AES à la Faculté François Rabelais de Tours. J’y suis resté jusqu'en 1993 avant de revenir à Paris. En 1995/1998 j'ai obtenu un Certificat en droit des affaires au Cnam de Paris.
Comment êtes-vous arrivé dans la douceur angevine et qu’est-ce que vous y faites?
J'arrive à Angers en 1998 pour rejoindre mon épouse et mes deux enfants. En 1998/2000 j'ai la responsabilité des catégories 15 ,17ans de l'Ecole de football comme entraîneur à la Croix Blanche, un club amateur de la banlieue d'Angers. De 2000/2004, j'ai la responsabilité des 15 ans (2000/2003) et des 18 ans(2003/2004) en intervenant aussi à l'école de football du club d'Angers Intrépide sans oublier l'obtention de mon Brevet d'Etat d'Educateur 1er degré de football en 2002. De 2004 à 2005, j’ai été le responsable des équipes seniors de l'Association sportive de Montplaisir à Angers. De 2005/2006, j’étais responsable des seniors B à l'Eglantine de Trélazé à Angers. En 2007, j'entre comme éducateur à la Protection Judiciaire de la Jeunesse, où j'ai travaillé pendant deux ans. Depuis 2009, je travaille au Centre Educatif Fermé, La Cité de Gautrèche qui est une association de droit privé qui fait partie des Secours Catholiques et qui reçoit des jeunes qui sont placés par la justice pour six mois renouvelables, dont l'âge est compris entre 14 et 18 ans.
Quels avantages vous procure votre métier et quels en sont les inconvénients?
Les avantages de mon métier résident dans le travail d'accompagnement exercé auprès de ces jeunes placés. Nous leur permettons de croire dans le futur, de découvrir des valeurs normatives et de les intégrer dans leur fonctionnement. Il ya aussi la formation, l'accès à l'emploi, un parcours dans lequel nous les assistons et ils bénéficient de conseils. Une palette d'activités et de sorties sont mises à leur disposition. Un permis à points et une rétrogradation de niveau symbolisent les sanctions qui leur sont imposées. Les inconvénients tiennent lieu d'agressions multiples dont nous sommes victimes. Il y a aussi les déplacements d'un département à l'autre ou d'une région à l'autre, des fois des nuits sans dormir.
Avez-vous gardé des liens avec votre pays d’origine? Votre famille vit-elle toujours là-bas?
Les attaches que j'ai gardées dans mon pays d'origine se situent au niveau de la famille et des amis d'enfance. Mon regard sur la situation ivoirienne postélectorale de novembre 2010 à Avril 2011 est que la société ivoirienne s'est disloquée sur le plan social. La confiance d'alors qui a permis de vivre ensemble n'existe plus. Une véritable méfiance s'est instaurée. La délation a fait énormément de mal au sein de la société. Au plan politique, tout est à reprendre. Les luttes démocratiques des années 90 ont été foulées au pied. Les partis politiques n'ont pas été à la hauteur du combat des Ivoiriens. La tricherie a pris le dessus. Au plan économique, la Côte d'Ivoire a pris plus de cent ans de retard. Le pays a sombré dans cette crise, parce que le sort de la Côte d'Ivoire a été scellé sur le plan international. Les élections n'étaient qu'un simple prétexte pour parvenir à un but qui était fixé depuis 1999, date du premier coup d'Etat militaire avec bien sûr les responsabilités que l'on sait. Ces responsabilités incombent à une minorité d'Ivoiriens ceux-là qui n'ont jamais su se présenter à l'électorat ivoirien pour faire des propositions pour gouverner le pays. Après les élections de 2000, tout politicien ivoirien digne de ce statut avait cinq ans pour observer la situation et faire des propositions en 2005, date des élections, mais certains ont choisi la voie du chaos qui plongera le pays dans une catastrophe indescriptible. La résolution de cette crise est très complexe, puisque toutes les composantes de la société ivoirienne sont séparées les unes des autres. Le lien social n'a pas été favorisé et la chasse à l'homme continue. Un homme de poids doit être au cœur de la société pour que les choses reprennent.
Si les Eléphants remportaient la CAN 2012, cela peut-il accélérer l’unité nationale?
La CAN peut-elle servir d'accélérateur dans le processus de réconciliation? Je dirai, en tant que personne avisée du football, que ce sport a déjà apporté sa part de contribution au règlement de ce conflit. Souvenons-nous des qualifications de la coupe du monde de 2006. La Côte d'Ivoire jouait sa qualification sur le résultat du Cameroun qui recevait l’Egypte. La Côte d'Ivoire depuis le Soudan apprend sa qualification après un pénalty raté par un joueur camerounais Drogba se saisit du micro et lance un appel aux factions guerrières de déposer les armes pour aller à de vraies élections, sans oublier toutes les victoires des Eléphants, le match des Eléphants à Bouaké contre Madagascar pour montrer son implication dans le règlement de cette crise. Une victoire des Eléphants en finale de cette 28ème Coupe d’Afrique des Nations apporterait un peu de baume dans le cœur des Ivoiriens, mais ne permettrait pas d'aller à une réelle réconciliation. Les politiques s'en saisiront sans doute comme une baguette magique pour y parvenir, mais ce ne sera qu'un feu de paille.
Comment entrevoyez-vous l’avenir de la Côte d’Ivoire et de l’Afrique?
L'avenir de la Côte d'Ivoire appartient encore aux Ivoiriens, seulement si on va à une vraie réconciliation sans oublier les personnalités essentielles, incontournables dans le processus, et qui pèsent nécessairement dans la société. Le cas ivoirien est le second cas africain de crise politique grave depuis un quart de siècle. On se souvient encore des cas rwandais dans les années 90 et la situation ivoirienne au début des années 2000. Anciennement, dans les années 60, on a connu la crise congolaise (La RDC aujourd'hui). Les dirigeants africains qui se considèrent comme tels, ont été mis devant leurs responsabilités qu'ils ont fuies en trouvant les erreurs dans leur propre camp. Regarder la légèreté avec laquelle le cas libyen a été réglé, sans oublier le laxisme qui a pris le dessus dans la crise ivoirienne. Les africains se sont fait manipuler en se trahissant entre eux. Les africains doivent se montrer plus solidaires. L'avenir de l'Afrique appartient aux africains, si nous voulons bénéficier des atouts de notre continent. Il ne s'agit pas de nier que nous n'avons pas d'histoire. Les faits le montrent si bien, mais il appartient aux africains de repartir en arrière sans se départir du présent. Pour mieux cerner notre présent, nous avons besoin de notre passé pour préparer un futur meilleur. Je suis optimiste en ce qui concerne l'avenir de notre continent. Le chemin de la reconstruction est longue, nous africains, nous devons apprendre à nous connaître, à nous faire confiance, à travailler ensemble sans préparer le lit de l'étranger.
Réalisé par JANSEE à Angers