C’est peut-être une bataille de perdue, mais la guerre n’est pas finie. Après l’annulation de l’appel d’offres restreint relatif à la concession pour l’élaboration et la mise en œuvre d’un schéma de gestion intégrée des ordures ménagères, on s’agite beaucoup. Du côté des « détracteurs » d’Anne-Ouloto, tapis dans l’ombre, on crie victoire. Mais la ministre reste ferme et résolue. D’autant plus que cette décision d’annulation n’a pas été prise à cause des « agitateurs » qui ont dénoncé le choix de Satarem Greensol. Mais suite à une autosaisie de l’Autorité nationale de régulation des marchés publics (Anrmp). Qui estime que les critères de sélection relatifs à l’appel d’offres n’ont pas été respectés. En plus de cela, le 29 décembre 2011 déjà, le ministère de la Salubrité urbaine signifiait dans un courrier envoyé aux entreprises que l’appel d’offres était lancé, alors que c’est le 13 janvier 2012 que le ministre de l’Economie et des finances a donné son autorisation d’ouverture du dossier. Des irrégularités qui, selon une source au ministère de la Salubrité urbaine, n’incombent pas à Ouloto. Explication : la précipitation du courrier tenait compte d’une contrainte de temps liée à la fermeture de la décharge d’Akouédo, prévue pour le 31 décembre 2012. Concernant le non-respect des critères, le Bureau national d’études techniques et de développement (Bendt), indique notre source, a imposé son diktat à la Commission de jugement des offres (Cojo). Il va plus loin : le maître d’ouvrage, à travers le jeu trouble de Tagro Patrice, son représentant, a introduit des critères subjectifs « que lui seul pouvait traduire, lire et évaluer ». Au vu de cela, Anne Ouloto a donc décidé de récuser jusqu’à nouvel ordre le Bnedt. En ligne de mire, maman Bulldozer voit un nouveau maître d’œuvre dont la compétence technique en matière d’appel d’offres est avérée. Qui plus est, l’audit que promet l’Anrmp sur le dossier, permettra à Ouloto de prendre des sanctions contre certains « fauteurs de troubles » dans ce dossier. « Les auteurs de corruption et de tricherie seront sanctionnés selon la loi en vigueur », tranche notre informateur. Y en a-t-il vraiment? « Avant la publication des résultats de l’appel d’offres restreint, certains membres de l’Isp Pangola (l’un des postulants) savaient déjà que c’est Satarem Greensol qui avait été choisi et sont allés se plaindre. Ce qui n’est pas normal, ils y avaient plusieurs complicités à l’intérieur des dossiers ». Sans compter les dossiers truqués que le ministère a découverts. Une chose est sûre : Satarem Greensol n’est plus l’heureux gagnant de l’appel d’offres restreint mais les jeux sont relancés avec de nouvelles règles. Les trois candidats pour la gestion des ordures ménagères que sont Satarem Greensol, Isp Pangola et Green City vont se repositionner sur le starting-block pour un nouveau départ. Quand ? On l’ignore pour l’instant, mais ce sera un départ qui tiendra compte de véritables critères de sélection : clauses de conformité, personnel, capacité technique, capacité financière. Un autre fait déterminant : la mise à l’écart de la direction des marchés publics qui aura désormais voix consultative conformément aux textes et non délibérative, comme elle l’a fait sur le dossier. Qui a dit que les ordures ne rapportent pas ?
Raphaël Tanoh
Raphaël Tanoh