Défigurée par 10 ans de crise, le système éducatif avait besoin d’être renouvelé. Dès sa prise de fonction, la ministre de l’Education nationale a pris des réformes pour remodeler le système éducatif. La population éducative, dans ce dossier, donne ses points de vue et préconise d’autres remèdes.
Le lundi 1er août 2011, la ministre de l’Education nationale, Kandia Camara, indiquait au cours d’un point presse, les différentes réformes prises pour l’année académique 2012. Elle a spécifié que ces différentes décisions avaient été prises au cours d’une concertation avec les acteurs du système scolaire dont les enseignants, les parents d’élèves et même les hommes religieux. Le port de l’uniforme, la dépolitisation de l’école et surtout la lutte acharnée contre la fraude, la gratuité de l’école et la distribution gratuite des manuels scolaires ainsi que l’inscription en ligne sont, entre autres, les réformes entreprises par la tutelle. En décembre 2011, le patron de l’Education nationale a également dévoilé que la Côte d’Ivoire bénéficie désormais d’un don du partenariat mondial pour l’éducation d’un montant de 21 milliards 400 millions de Fcfa. Ce financement permettra la construction de 5 000 salles de classe, l’équipement d’écoles primaires, de collèges mixtes, la construction et l’équipement de collèges de jeunes filles, la fourniture de cantines scolaires et la mise en œuvre d’un programme de formation continue. Même si ces changements semblent alléchants, les parents d’élèves ont mis à l’index des travers qui ne doivent plus avoir cours aujourd’hui. Car, le système éducatif, depuis 10 ans, a connu de nombreux remous et avec la crise postélectorale, la dégradation de ce système a encore été plus accentuée. Parents et élèves souhaitent donc que certains problèmes prennent fin avec l’avènement des nouvelles autorités qui prônent la rigueur et la discipline. De leur côté, les enseignants pointent du doigt l’effectif pléthorique des classes. Selon Soro Mamadou, secrétaire général du Syndicat des enseignants du second degré de Côte d’Ivoire (Synesci), il convient que le ministère règle au plus vite les questions urgentes telles que le manque d’infrastructures en s’engageant comme le gouvernement l’a promis à construire en grand nombre les établissements, pour que les effectifs pléthoriques n’existent plus. « Nous n’aurons plus en classe de terminale 100 à 130 élèves. Si les salles de classe sont construites en nombre suffisant, on pourra revenir aux normes de l’Unesco qui est de 30 à 33 élèves en Côte d’Ivoire. Cependant, en ce qui nous concerne, une mesure de largesse a été prise par l’Unesco afin que ce soit 40 à 45 élèves par classes. Si cela s’applique, l’école sera efficace », souhaite l’enseignant. Qui n’a pas manqué de souligner que si ces conditions sont réunies, il faudra ensuite procéder au recrutement d’enseignants qualifiés en nombre suffisant. « Le déficit des enseignants du secondaire s’élève à au moins 3.500 enseignants. Il faut donc procéder à un recrutement massif. Il faut aussi aménager la Formation par compétence (Fpc). Plus de 65% d’enseignants ne sont pas formés à la Fpc. Il va sans dire que son application dans les salles de classes devient une réelle difficulté. Il faut que dans notre profession d’enseignant, nous ayons un suivi régulier de la part de l’enseignement pédagogique et de l’encadrement administratif », espère Soro Mamadou.
Parents et enseignants se prononcent
Pour aider la ministre dans sa tâche, le Synesci ne manque pas de faire des propositions. Le syndicat a déposé, le 19 septembre 2011, une lettre demandant aux services du ministère de l’Education nationale de prendre toutes les dispositions nécessaires pour l’élaboration des projets de 2012. Dont l’application de l’accord du 1er décembre 2009, afin que soit inscrite dans les livres du ministère, à compter de juin 2012, la deuxième partie des effets financiers du reclassement des enseignants. « Ce sera un élément qui va motiver, stimuler et inciter encore à plus de rendement et à plus d’efficacité. Il faudrait qu’effectivement, les enseignants continuent d’abattre leur tâche avec détermination et de s’engager dans la lutte contre la fraude. Elle ne doit pas se limiter seulement aux examens mais également sur les examens de classe, les devoirs communs, les interrogations écrites et surtout au moment du remplissage des documents pédagogiques pour que ce ne soit pas l’objet de racket des élèves. Il s’agit du travail de la grande majorité qui œuvre avec confiance et détermination », souhaite le responsable du syndicat. Les enseignants attirent aussi l’attention des autorités sur l’intensification des activités extrascolaires comme l’Office ivoirien des sports scolaires et universitaires (Oissu) qui, comme ils le soulignent, est une véritable activité qui permet aux élèves, tout en étudiant, de créer avec détermination. Les enseignants du second degré demandent également à ce que les questions de culture comme le théâtre, la poésie et les différents concours comme celui de mathématiques soient suivies de près. Cependant, les principaux acteurs du système éducatif ne manquent pas de se féliciter des mesures déjà entreprises par le gouvernement telles que la question des uniformes. Ce problème de l’uniforme, disent-ils, est un sujet important qui permet de créer un environnement calme au sein des établissements. «Au nom de la discipline et d’un encadrement de qualité, il était bon d’instituer le port de l’uniforme qui permet à quiconque de reconnaître l’élève afin que toute la communauté puisse participer à sa formation morale et civique. Et lorsqu’il aura un comportement inadapté, lui prodiguer des conseils », explique Soro Mamadou. Kouadio Claude, président de l’Organisation des parents d’élèves et étudiants de Côte d’Ivoire (Opeeci), se réjouit également du retour de l’uniforme, de la gratuité de l’école et de la suppression de toute activité syndicale dans les établissements scolaires. «C’est la rigueur et l’excellence qui sont en train de faire leur grand retour au niveau du système éducatif. A preuve, nous avons les examens qui ont pu se tenir malgré les évènements postélectoraux et nous avons vu comment le ministère a lutté contre la fraude. C’est une très bonne initiative de procéder à l’assainissement de l’environnement, car tout cela contribue à la bonne compréhension des cours pour les enfants », se félicite Kouadio Claude. Des réformes qui sont également applaudies par le responsable de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci), Mian Augustin. Pour le premier responsable de la Fesci, les réformes prises par son ministère de tutelle sont à saluer, car elles découlent d’une véritable prise de conscience. « Pour la question de l’assainissement des alentours des écoles, nous avions un projet pour cela mais malheureusement, nous n’avions pas été suivis à l’époque. Si aujourd’hui le ministère prend des initiatives qui peuvent contribuer à éliminer les établissements qui ne correspondent pas aux critères, c’est une très bonne chose, car cela contribue à la création d’un enseignement propice», indique Mian Augustin. L’étudiant se réjouit également du retour de l’uniforme à l’école mais souhaite que cette mesure soit remodelée. Ainsi, soutient-il, dans les hameaux et endroits reculés, les élèves devraient bénéficier d’une faveur spéciale leur permettant de porter ce que bon leur semble : « C’est vrai qu’on ne distinguait plus l’élève de l’enseignant. Mais il ne faut pas oublier qu’il y a des parents qui sont démunis et qui devraient donc bénéficier d’une faveur spéciale. Dans les grandes agglomérations, il faut laisser les enfants porter les uniformes et dans les villes reculées, il faut leur laisser la latitude de porter ce qu’ils ont ».
Des réformes qui ne font pas l’unanimité
Cependant, certaines réformes ne sont pas du goût des concernés. Même s’il se réjouit plus haut, de ces changements, Mian Augustin émet toutefois des réserves. Le responsable de la Fesci décrie la décision de suppression des activités syndicales prise par la ministre Kandia. Mian Augustin avance qu’aucune œuvre humaine n’est parfaite et cela a permis à son organisation de tirer les leçons du passé. Mais cette décision, selon le patron de la Fesci, ne se justifie pas dans un Etat de droit qui prône la liberté d’expression et de création. «La Côte d’Ivoire a sa Constitution, sa liberté de création et d’expression. C’est cette liberté qui justifie la création de la Fesci et d’autres associations. Nous supposons que si la ministre a pris cette décision, c’est qu’elle a jugé qu’il y avait beaucoup d’agitations de la part de ces associations qui pour un oui et non, perturbaient le bon fonctionnement de l’école. La Fesci reconnait humblement que dans le cadre de ses revendications et de ses grèves, il y a eu beaucoup de dérapages, mais cela nous a permis de tirer les leçons. Cependant, la ministre, nous en sommes sûrs, n’a pas supprimé les activités syndicales de manière radicale, c’est juste de façon temporaire. La Fesci provient de la Constitution, elle ne peut pas être dissoute », rassure-t-il. Il ajoute que cette façon de procéder n’est pas la meilleure même si elle part de bonnes intentions, celles de ramener le calme et l’apaisement au sein des établissements. C’est, appuie-t-il, tuer la liberté d’expression qui est un droit fondamental pour des élèves et qui ont une part active dans le fonctionnement du système éducatif : ’’Nous sommes mieux placés pour dire ce qui est bon ou pas pour nous. C’est impensable que nous ne puissions plus exercer nos droits d’expression et de négociation. On isole les élèves, or quand toute la Côte d’Ivoire est en marche, il faut que les ayants-droit aient aussi le droit de se prononcer. On ne peut pas empêcher des intellectuels, des élèves de troisième, 1ère, terminale de poser leurs préoccupations. Si cela perdure, d’autres comportements vont naître’’. Pour le premier responsable de Fesci, c’est le fait de n’avoir pas associé les élèves à la question de l’inscription en ligne qui a entrainé des défaillances dans ce système. Au point que, indique-t-il, certains établissements ont préféré revenir à l’inscription classique. Mian Augustin souhaite donc, au nom des élèves de Côte d’Ivoire, qu’elle démarre un mois avant la rentrée, les années académiques à venir. « L’inscription en ligne elle-même n’est pas mauvaise, mais il n’y a pas eu une politique préalable de sensibilisation. Nous ne connaissions pas Celpaid auparavant et cette structure ne couvre pas toute la Côte d’Ivoire. Cette inscription en ligne a montré ses limites. Certains parents, à l’intérieur du pays, parcouraient des kilomètres pour inscrire leurs enfants. Il y a beaucoup d’élèves qui ont accusé un retard, même à Abidjan. Abidjan 1 était l’une des 1ères inspections à abandonner l’inscription en ligne. A l’université, on a utilisé l’inscription en ligne, donc c’est une bonne chose en soi. Elle permet d’éviter les disparités, de contrôler le flux et le reflux. Il faut juste qu’on fasse le bilan », préconise-t-il. Le Mouvement pour une école responsable (Meres) rejoint la Fesci dans le rejet de la décision du ministre de suspendre les activités syndicales en milieu scolaire. Touré Ouahonagninlin Alain, secrétaire général du Meres, dénonce une injustice de la part du ministère. Pour le responsable du Meres, seuls les syndicats qui ont commis des travers et ont outrepassé leurs droits doivent être interdits d’exercer. «Si le gouvernement pense que certains syndicats se sont mal comportés, qu’il les sanctionne. Mais interdire les syndicats en milieu scolaire est injuste », s’est plaint Touré Alain. Il déplore également le nombre pléthorique d’élèves dans les classes et le phénomène des ’’écoles boutiques’’ dans le privé. Lesquels, selon lui, sont les véritables causes des échecs scolaires. « Depuis l’éclatement de la crise de 2002, certains chefs d’établissements publics et privés ont pris le prétexte qu’ils devaient recevoir des élèves des zones assiégées pour faire des recrutements parallèles. Cela a eu pour conséquence le bourrage des salles de classe. Et, malgré le bon vouloir des enseignants, l’enseignement ne peut pas être de qualité. Aussi, le privé qui a en charge un grand nombre d’élèves est dépourvu d’infrastructures appropriées. Au point que l’on se demande comment certaines de ces écoles ont pu obtenir des autorisations», décrie le responsable du Meres qui souligne que le ministère doit prendre à bras le corps le problème des effectifs pléthoriques. Touré Alain souhaite également que le ministère prenne des mesures rapides pour les élèves de l’Ouest qui ont connu les affres de la crise et pour ceux réfugiés au Liberia.
Napargalè Marie
Le lundi 1er août 2011, la ministre de l’Education nationale, Kandia Camara, indiquait au cours d’un point presse, les différentes réformes prises pour l’année académique 2012. Elle a spécifié que ces différentes décisions avaient été prises au cours d’une concertation avec les acteurs du système scolaire dont les enseignants, les parents d’élèves et même les hommes religieux. Le port de l’uniforme, la dépolitisation de l’école et surtout la lutte acharnée contre la fraude, la gratuité de l’école et la distribution gratuite des manuels scolaires ainsi que l’inscription en ligne sont, entre autres, les réformes entreprises par la tutelle. En décembre 2011, le patron de l’Education nationale a également dévoilé que la Côte d’Ivoire bénéficie désormais d’un don du partenariat mondial pour l’éducation d’un montant de 21 milliards 400 millions de Fcfa. Ce financement permettra la construction de 5 000 salles de classe, l’équipement d’écoles primaires, de collèges mixtes, la construction et l’équipement de collèges de jeunes filles, la fourniture de cantines scolaires et la mise en œuvre d’un programme de formation continue. Même si ces changements semblent alléchants, les parents d’élèves ont mis à l’index des travers qui ne doivent plus avoir cours aujourd’hui. Car, le système éducatif, depuis 10 ans, a connu de nombreux remous et avec la crise postélectorale, la dégradation de ce système a encore été plus accentuée. Parents et élèves souhaitent donc que certains problèmes prennent fin avec l’avènement des nouvelles autorités qui prônent la rigueur et la discipline. De leur côté, les enseignants pointent du doigt l’effectif pléthorique des classes. Selon Soro Mamadou, secrétaire général du Syndicat des enseignants du second degré de Côte d’Ivoire (Synesci), il convient que le ministère règle au plus vite les questions urgentes telles que le manque d’infrastructures en s’engageant comme le gouvernement l’a promis à construire en grand nombre les établissements, pour que les effectifs pléthoriques n’existent plus. « Nous n’aurons plus en classe de terminale 100 à 130 élèves. Si les salles de classe sont construites en nombre suffisant, on pourra revenir aux normes de l’Unesco qui est de 30 à 33 élèves en Côte d’Ivoire. Cependant, en ce qui nous concerne, une mesure de largesse a été prise par l’Unesco afin que ce soit 40 à 45 élèves par classes. Si cela s’applique, l’école sera efficace », souhaite l’enseignant. Qui n’a pas manqué de souligner que si ces conditions sont réunies, il faudra ensuite procéder au recrutement d’enseignants qualifiés en nombre suffisant. « Le déficit des enseignants du secondaire s’élève à au moins 3.500 enseignants. Il faut donc procéder à un recrutement massif. Il faut aussi aménager la Formation par compétence (Fpc). Plus de 65% d’enseignants ne sont pas formés à la Fpc. Il va sans dire que son application dans les salles de classes devient une réelle difficulté. Il faut que dans notre profession d’enseignant, nous ayons un suivi régulier de la part de l’enseignement pédagogique et de l’encadrement administratif », espère Soro Mamadou.
Parents et enseignants se prononcent
Pour aider la ministre dans sa tâche, le Synesci ne manque pas de faire des propositions. Le syndicat a déposé, le 19 septembre 2011, une lettre demandant aux services du ministère de l’Education nationale de prendre toutes les dispositions nécessaires pour l’élaboration des projets de 2012. Dont l’application de l’accord du 1er décembre 2009, afin que soit inscrite dans les livres du ministère, à compter de juin 2012, la deuxième partie des effets financiers du reclassement des enseignants. « Ce sera un élément qui va motiver, stimuler et inciter encore à plus de rendement et à plus d’efficacité. Il faudrait qu’effectivement, les enseignants continuent d’abattre leur tâche avec détermination et de s’engager dans la lutte contre la fraude. Elle ne doit pas se limiter seulement aux examens mais également sur les examens de classe, les devoirs communs, les interrogations écrites et surtout au moment du remplissage des documents pédagogiques pour que ce ne soit pas l’objet de racket des élèves. Il s’agit du travail de la grande majorité qui œuvre avec confiance et détermination », souhaite le responsable du syndicat. Les enseignants attirent aussi l’attention des autorités sur l’intensification des activités extrascolaires comme l’Office ivoirien des sports scolaires et universitaires (Oissu) qui, comme ils le soulignent, est une véritable activité qui permet aux élèves, tout en étudiant, de créer avec détermination. Les enseignants du second degré demandent également à ce que les questions de culture comme le théâtre, la poésie et les différents concours comme celui de mathématiques soient suivies de près. Cependant, les principaux acteurs du système éducatif ne manquent pas de se féliciter des mesures déjà entreprises par le gouvernement telles que la question des uniformes. Ce problème de l’uniforme, disent-ils, est un sujet important qui permet de créer un environnement calme au sein des établissements. «Au nom de la discipline et d’un encadrement de qualité, il était bon d’instituer le port de l’uniforme qui permet à quiconque de reconnaître l’élève afin que toute la communauté puisse participer à sa formation morale et civique. Et lorsqu’il aura un comportement inadapté, lui prodiguer des conseils », explique Soro Mamadou. Kouadio Claude, président de l’Organisation des parents d’élèves et étudiants de Côte d’Ivoire (Opeeci), se réjouit également du retour de l’uniforme, de la gratuité de l’école et de la suppression de toute activité syndicale dans les établissements scolaires. «C’est la rigueur et l’excellence qui sont en train de faire leur grand retour au niveau du système éducatif. A preuve, nous avons les examens qui ont pu se tenir malgré les évènements postélectoraux et nous avons vu comment le ministère a lutté contre la fraude. C’est une très bonne initiative de procéder à l’assainissement de l’environnement, car tout cela contribue à la bonne compréhension des cours pour les enfants », se félicite Kouadio Claude. Des réformes qui sont également applaudies par le responsable de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci), Mian Augustin. Pour le premier responsable de la Fesci, les réformes prises par son ministère de tutelle sont à saluer, car elles découlent d’une véritable prise de conscience. « Pour la question de l’assainissement des alentours des écoles, nous avions un projet pour cela mais malheureusement, nous n’avions pas été suivis à l’époque. Si aujourd’hui le ministère prend des initiatives qui peuvent contribuer à éliminer les établissements qui ne correspondent pas aux critères, c’est une très bonne chose, car cela contribue à la création d’un enseignement propice», indique Mian Augustin. L’étudiant se réjouit également du retour de l’uniforme à l’école mais souhaite que cette mesure soit remodelée. Ainsi, soutient-il, dans les hameaux et endroits reculés, les élèves devraient bénéficier d’une faveur spéciale leur permettant de porter ce que bon leur semble : « C’est vrai qu’on ne distinguait plus l’élève de l’enseignant. Mais il ne faut pas oublier qu’il y a des parents qui sont démunis et qui devraient donc bénéficier d’une faveur spéciale. Dans les grandes agglomérations, il faut laisser les enfants porter les uniformes et dans les villes reculées, il faut leur laisser la latitude de porter ce qu’ils ont ».
Des réformes qui ne font pas l’unanimité
Cependant, certaines réformes ne sont pas du goût des concernés. Même s’il se réjouit plus haut, de ces changements, Mian Augustin émet toutefois des réserves. Le responsable de la Fesci décrie la décision de suppression des activités syndicales prise par la ministre Kandia. Mian Augustin avance qu’aucune œuvre humaine n’est parfaite et cela a permis à son organisation de tirer les leçons du passé. Mais cette décision, selon le patron de la Fesci, ne se justifie pas dans un Etat de droit qui prône la liberté d’expression et de création. «La Côte d’Ivoire a sa Constitution, sa liberté de création et d’expression. C’est cette liberté qui justifie la création de la Fesci et d’autres associations. Nous supposons que si la ministre a pris cette décision, c’est qu’elle a jugé qu’il y avait beaucoup d’agitations de la part de ces associations qui pour un oui et non, perturbaient le bon fonctionnement de l’école. La Fesci reconnait humblement que dans le cadre de ses revendications et de ses grèves, il y a eu beaucoup de dérapages, mais cela nous a permis de tirer les leçons. Cependant, la ministre, nous en sommes sûrs, n’a pas supprimé les activités syndicales de manière radicale, c’est juste de façon temporaire. La Fesci provient de la Constitution, elle ne peut pas être dissoute », rassure-t-il. Il ajoute que cette façon de procéder n’est pas la meilleure même si elle part de bonnes intentions, celles de ramener le calme et l’apaisement au sein des établissements. C’est, appuie-t-il, tuer la liberté d’expression qui est un droit fondamental pour des élèves et qui ont une part active dans le fonctionnement du système éducatif : ’’Nous sommes mieux placés pour dire ce qui est bon ou pas pour nous. C’est impensable que nous ne puissions plus exercer nos droits d’expression et de négociation. On isole les élèves, or quand toute la Côte d’Ivoire est en marche, il faut que les ayants-droit aient aussi le droit de se prononcer. On ne peut pas empêcher des intellectuels, des élèves de troisième, 1ère, terminale de poser leurs préoccupations. Si cela perdure, d’autres comportements vont naître’’. Pour le premier responsable de Fesci, c’est le fait de n’avoir pas associé les élèves à la question de l’inscription en ligne qui a entrainé des défaillances dans ce système. Au point que, indique-t-il, certains établissements ont préféré revenir à l’inscription classique. Mian Augustin souhaite donc, au nom des élèves de Côte d’Ivoire, qu’elle démarre un mois avant la rentrée, les années académiques à venir. « L’inscription en ligne elle-même n’est pas mauvaise, mais il n’y a pas eu une politique préalable de sensibilisation. Nous ne connaissions pas Celpaid auparavant et cette structure ne couvre pas toute la Côte d’Ivoire. Cette inscription en ligne a montré ses limites. Certains parents, à l’intérieur du pays, parcouraient des kilomètres pour inscrire leurs enfants. Il y a beaucoup d’élèves qui ont accusé un retard, même à Abidjan. Abidjan 1 était l’une des 1ères inspections à abandonner l’inscription en ligne. A l’université, on a utilisé l’inscription en ligne, donc c’est une bonne chose en soi. Elle permet d’éviter les disparités, de contrôler le flux et le reflux. Il faut juste qu’on fasse le bilan », préconise-t-il. Le Mouvement pour une école responsable (Meres) rejoint la Fesci dans le rejet de la décision du ministre de suspendre les activités syndicales en milieu scolaire. Touré Ouahonagninlin Alain, secrétaire général du Meres, dénonce une injustice de la part du ministère. Pour le responsable du Meres, seuls les syndicats qui ont commis des travers et ont outrepassé leurs droits doivent être interdits d’exercer. «Si le gouvernement pense que certains syndicats se sont mal comportés, qu’il les sanctionne. Mais interdire les syndicats en milieu scolaire est injuste », s’est plaint Touré Alain. Il déplore également le nombre pléthorique d’élèves dans les classes et le phénomène des ’’écoles boutiques’’ dans le privé. Lesquels, selon lui, sont les véritables causes des échecs scolaires. « Depuis l’éclatement de la crise de 2002, certains chefs d’établissements publics et privés ont pris le prétexte qu’ils devaient recevoir des élèves des zones assiégées pour faire des recrutements parallèles. Cela a eu pour conséquence le bourrage des salles de classe. Et, malgré le bon vouloir des enseignants, l’enseignement ne peut pas être de qualité. Aussi, le privé qui a en charge un grand nombre d’élèves est dépourvu d’infrastructures appropriées. Au point que l’on se demande comment certaines de ces écoles ont pu obtenir des autorisations», décrie le responsable du Meres qui souligne que le ministère doit prendre à bras le corps le problème des effectifs pléthoriques. Touré Alain souhaite également que le ministère prenne des mesures rapides pour les élèves de l’Ouest qui ont connu les affres de la crise et pour ceux réfugiés au Liberia.
Napargalè Marie