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Sport Publié le samedi 25 février 2012 | Nord-Sud

Conférence de presse, hier, à la FIF : “Je ne dirige pas un jardin d’enfants”

© Nord-Sud Par Aristide
CAN 2012: Malgré la défaite des Eléphants footballeurs, les Ivoiriens font la fête
Lundi 13 février 2012. Abidjan. De l`aéroport international Félix Houphouët-Boigny à l`Hôtel du Golf en passant par Koumassi, Marcory, Treichville, le Plateau et Cocody, les Ivoiriens font un triomphe à leur équipe nationale de football, finaliste malheureuse de la dernière CAN. Photo: François Zahoui félicité par le couple présidentiel
François Zahoui était face à la presse, hier matin, à la Fédération ivoirienne de football (FIF), pour sa conférence d’avant-match (amical) Eléphants-Sily de Guinée du 29 février au Stade Houphouet-Boigny (et aussi de mise au point quant à son maintien ou à son départ de la sélection). La nouvelle, c’est qu’il conserve son poste malgré plusieurs critiques…
Bilan de la CAN « Gabon-Guinée Equatoriale »

« Nous avons joué six matches et perdu en finale (aux tirs au but) contre la Zambie. C’est Dieu qui a décidé autrement sinon les joueurs ont donné leur maximum. Arrivé à ce niveau-là, le destin ne nous appartient plus. Il faut accepter les choses telles qu’elles sont. Cette défaite nous a fait très mal car nous tenions à ramener le trophée à Abidjan. Les Zambiens ont été plus réalistes que nous. Heureusement pour nous, il y a une CAN en 2013 qui se profile. Nous repartirons donc avec les mêmes objectifs pour ramener cette Coupe. Nous irons encore avec beaucoup d’humilité et surtout beaucoup de détermination ».

Maintien à la tête des Eléphants

« Il y a un prochain match, mercredi, contre la Guinée et lorsqu’on est entraîneur il faut rester serein. Je me concentre donc sur la rencontre amicale de mercredi avec sérénité. En ce qui concerne tout le reste, c’est le président de la FIF qui pourra vous en dire plus. Sidy Diallo a vu un coach abattu après la finale. A Abidjan, nous avons vu une population nombreuse. On a senti l’amour des Ivoiriens. Nous nous sommes fait la promesse de remporter la prochaine CAN. On l’a veut, cette CAN ».

Retrait (annoncé) de certains joueurs de la sélection

« Les états d’âme font partie du football. C’est un peu comme lorsque vous allez aux funérailles. Certaines personnes s’écroulent car c’est un choc. Echouer si près du but amène certains à avoir des émotions et à s’exprimer. Tout cela est fait sous l’effet de la colère. Avec les joueurs, nous avons passé un mois tranquille. Nous avons travaillé dans la sérénité. C’est vrai que malheureusement la Coupe nous a échappé. C’est normal qu’il y ait de l’amertume. J’étais le premier à être déçu. Chacun s’exprime comme il veut ».

Regrets après la finale ?

« On ne peut pas refaire un match. Les Zambiens ont la Coupe… La première chose qui nous anime, c’est la tristesse des Ivoiriens. Nous avons vraiment souffert de ne pas avoir gagné. On désirait cette Coupe. Nous sommes positifs et aujourd’hui, nous regardons vers l’avenir ».

Le jeu des Eléphants

« Lorsqu’on perd aux tirs au but… Chacun a sa conception du football mais pour moi, le football reste un jeu d’efficacité. L’objectif est de gagner. Après, il y a des commentaires que je respecte. Je trouve d’ailleurs la collaboration avec les journalistes très importante car chacun à son opinion et le droit de s’exprimer. Cette équipe a une marge de progression. Nous allons nous améliorer dans le jeu ».

L’équipe va-t-elle changer ?

« Dans mon esprit, il n’y a pas de titulaires. J’ai ouvert l’équipe à tout le monde, dès le départ, pour montrer que l’équipe appartient à tous les Ivoiriens. Chemin faisant, certains se sont affirmés, d’autres non. C’est notre boulot de sélectionneur qui permet qu’on fasse des choix souvent difficiles, cruels même par rapport à certains postes. Après le match contre la Guinée, nous continuerons de travailler selon ce que la FIF nous a toujours demandé : ouvrir la sélection à tous ceux qui sont susceptibles d’y évoluer mais toujours avec un esprit de compétition interne et de discipline. Je n’ai pas inventé les mots « Union-discipline-travail ». Les anciens n’ont pas dit leur dernier mot. Ils sont encore déterminés pour la prochaine CAN ».

Le cas Yaya Touré

« Yaya est un joueur majeur de l’équipe. C’est un joueur de talent et j’ai beaucoup d’estime pour lui. Il n’a pas son palmarès pour rien. Il est introverti et cela peut être vu comme de l’arrogance. C’est un gamin qui a son caractère… Après une défaite, certains ressentent une douleur forte et certains déchirent leurs maillots. Quand je vais aux funérailles, je respecte les douleurs des gens. Chacun souffre d’une manière ou d’une autre. Le lendemain, je revois la personne après une bonne douche et je peux vous dire que Yaya Touré est un garçon respectueux. Il ne m’a jamais insulté, ni menacé. J’ai un rapport très direct avec mes joueurs. Je ne dirige pas un jardin d’enfants. L’équipe passera toujours avant un joueur, aussi talentueux soit-il. C’est ma ligne de conduite. C’est difficile pour moi de vous dire certaines choses mais sachez que cette sélection me tient à cœur. C’est avec une foi forte que je suis sorti de cette épreuve. Après, l’avenir de chaque entraîneur dépend de certains facteurs dont je ne suis pas maître. De mon côté, je suis déterminé à faire le maximum pour ramener la CAN à Abidjan».

L’avenir…

« On ne change pas une équipe pour changer. Le joueur qui arrive en sélection devra apporter un plus. Tant que les jeunes ne pousseront pas les anciens à la porte, en étant plus efficaces, ils seront encore là. Je comprends vos critiques mais les joueurs sont tous en concurrence. Que le joueur soit vieux ou pas, il faut que le jeune joueur montre qu’il peut prendre la place de l’ancien. Chacun doit montrer sur le terrain ce qu’il vaut. Permettez-moi de faire un éclaircissement : la sélection est l’étape la plus difficile pour chaque joueur. Regardez l’Argentine. Avec toutes ses stars, cette équipe n’a pas atteint les demi-finales de la dernière Copa Libertadores. La sélection est un cran au-dessus. On peut être bon en club mais à un moment, il faut gravir un niveau. C’est là qu’on voit qu’un joueur est meilleur. L’Argentine continue d’attendre que Lionel Messi prouve tout son talent en sélection ».
Propos recueillis par Guy-Florentin Yaméogo

Zahoui pleure devant les journalistes

François Zahoui est un entraîneur émotif. Et il l’a encore prouvé hier (après avoir déjà versé des larmes lors de la visite de Faé Emerse à Libreville), lors de sa conférence de presse. A la question de Magloire Diop (Le Sport) de savoir ce que le président de la FIF lui avait dit après la finale perdue du 12 février dernier contre la Zambie, il a commencé à dire à peu près ceci : « personnellement, je veux la CAN pour mon pays, pour les Ivoiriens… Je suis ému car quand j’ai vu les Ivoiriens à l’aéroport, quand j’ai vu ce que j’ai vu, je me suis dit intérieurement, François, ne lâche pas. Nous sommes passés si près de la Coupe mais nous ferons mieux… J’ai vu du monde comme si nous avions gagné », avant de laisser couler des larmes. Et d’ajouter : « étant Ivoirien, cela me touche. Excusez-moi car ça vient du cœur ». Cette scène, loin de nous attendrir, nous révolte. François Zahoui a échoué et vient d’être reconduit. Ce qu’on lui demande, c’est de tenir ses promesses en remportant la CAN.

G.F.Y.
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