- Madame la Directrice du Centre d’Information et de Communication Gouvernementale
- Mesdames et Messieurs les représentants du patronat ivoirien
- Mesdames et Messieurs les représentants des partenaires bilatéraux et multilatéraux
- Mesdames et Messieurs les Membres du Cabinet, Directeurs Centraux et Chefs de Service du Ministère de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle
- Mesdames et Messieurs les Journalistes
- Mesdames et Messieurs
Il me plait en cette chaleureuse circonstance d’adresser à chacun et à chacune d’entre vous, en vos grade, rang et qualité respectifs, mes salutations fraternelles et ma gratitude pour votre présence distinguée à cette rencontre.
Je voudrais tout particulièrement, adresser mes remerciements au Centre d’Information et de Communication Gouvernementale, pour l’opportunité qu’il me donne aujourd’hui 27 février 2012, de communiquer, de partager avec la presse et partant, avec toute la population de Côte d’Ivoire, nos espoirs pour l’Enseignement Technique et la Formation Professionnelle dans notre pays. Je vous suis reconnaissant, Madame la Directrice d’avoir porté votre choix sur le département Ministériel que j’ai l’honneur de diriger, pour le premier numéro des ‘’ Matinales du Gouvernement’’ de l’année 2012.
A l’ensemble des journalistes ici présents, je voudrais saisir cette opportunité pour vous adresser toutes mes félicitations pour le travail de soutien à la jeune démocratie ivoirienne qui prend progressivement des galons.
Mesdames et Messieurs les journalistes,
Avant de « me livrer à vous » dans cet exercice « périlleux du jeu des questions et réponses » devant vous permettre de délivrer le message contenant notre espérance et nos espoirs pour une contribution efficace et efficiente du système de formation à la construction d’une Côte d’Ivoire forte, qu’il me soit permis de vous exposer en quelques minutes, l’état des lieux, les actions en cours et les perspectives au niveau de notre département, relativement à la problématique, voire même au questionnement que nous avons décidé d’esquisser ensemble, à savoir : « Quel système d’Enseignement Technique et de Formation Professionnelle en Côte d’Ivoire dans la perspective de construction d’un pays émergent à l’horizon 2020 ? ».
D’entrée de jeu, il convient de rappeler que la perspective de construction d’un pays émergent n’est pas envisageable sans la conception et la mise en œuvre d’une politique active et hardie tendant non seulement à mettre à la disposition du secteur productif, un stock approprié d’ouvriers qualifiés, de techniciens supérieurs et d’ingénieurs, tant quantitativement que qualitativement, mais aussi à offrir la possibilité d’acquisition d’une variété de compétences et de qualifications permettant aux citoyens de contribuer à l’essor économique et social du pays. L’histoire des pays comme la Corée du Sud, le Brésil et tout près de nous l’Afrique du Sud est là pour nous le démontrer.
Ainsi, l’on peut, sans risque de se tromper, établir une corrélation entre perspective de construire un pays émergent, et développement d’un système d’enseignement et de formation pertinent et performant, le second étant le préalable de la première.
Le principe et la solidité d’un tel paradigme étant posés, essayons de voir comment la vision du Chef de l’Etat de faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent à l’horizon 2020 est traduite dans les faits sous la forme de stratégies, d’actions, d’activités et de mesures, par les animateurs de l’Administration dont il nous confié la gestion le 1er juin 2012.
BREF HISTORIQUE
Au plan historique, rappelons, Mesdames et Messieurs, que l’Enseignement Technique et la Formation Professionnelle en Côte d’Ivoire sont une composante essentielle de la grande famille Education/Formation, inscrite au centre des priorités de l’action gouvernementale au début des indépendances avec plus de 40% du budget national qui lui étaient alloués pendant plusieurs décennies.
En tant qu’ordre d’enseignement spécifique à cause essentiellement de sa liaison naturelle et directe avec le milieu socio économique et professionnel, il a plus d’un demi-siècle d’existence.
Le Ministère de l’Enseignement Technique a été créé dès 1959, à la formation du tout premier gouvernement de la République de Côte d’Ivoire. Il avait pour mission de former des cadres, des techniciens et des ouvriers qualifiés dont le pays avait besoin pour assurer la prise en compte du secteur industriel naissant et promouvoir le développement du monde rural.
En 1970, avec la forte croissance économique du pays, ce département ministériel a vu ses missions s’étendre à la formation professionnelle, devenant ainsi le Ministère de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle avec pour principales missions de :
- donner des qualifications techniques et professionnelles permettant à l’élève d’acquérir et d’exercer un métier ;
- donner à des populations sans emploi, les qualifications professionnelles qui facilitent leur insertion dans la vie active;
- donner à des populations sous qualifiées, les qualifications permettant d’améliorer leur productivité.
Cette période a permis au secteur de la formation de connaitre un essor tant au plan quantitatif que qualitatif. Le Ministère va alors mettre en place plusieurs structures de formation pour soutenir l’effort de croissance avec un dispositif élaboré à travers la construction d’un réseau d’établissements et de structures d’accompagnement pour répondre à la fois aux besoins en personnels qualifiés que nécessitaient l’industrie naissante et le développement économique de notre pays.
Après quelques moments de balbutiement inhérents à tout système naissant, il connait ses lettres de noblesse dans les années 80. Il était alors présenté comme un modèle du genre dans la sous région.
Des milliers d’ingénieurs, de techniciens et d’ouvriers qualifiés sortis de son moule, ont participé étroitement à l’éclosion de l’économie nationale et à ce qu’il est convenu d’appeler ‘’ le miracle économique ivoirien’’.
Survient alors la crise économique de la fin des années 80 avec ses mesures d’ajustements structurels et la réduction drastique des dépenses publiques. Les investissements dans le secteur s’amenuisent considérablement. Dès lors, notre système éducatif sombre dans la décrépitude totale.
A l’évidence, et sans être particulièrement nostalgique, on peut affirmer que l’enseignement technique et la formation professionnelle ont concouru à écrire les belles pages de l’histoire de notre pays.
Aujourd’hui, notre ordre d’Enseignement se propose d’en faire plus au moment où la Côte d’Ivoire sort de crise et amorce lentement mais sûrement la redéfinition de son paysage socio économique.
ETAT DES LIEUX
La question qui se pose est donc de savoir avec quel dispositif, quels moyens et quelle stratégie nous entendons le faire. Concernant le dispositif d’enseignement technique et de formation professionnelle, il convient de souligner qu’en plus des Directions centrales, il est composé de :
Une (1) structure d’ingénierie technico-pédagogique : l’Agence Nationale de la Formation Professionnelle (AGEFOP), Cabinet d’ingénierie de Formation Professionnelle de l’Etat, chargé de prospecter, d’analyser les besoins de formation et de mettre en œuvre des projets de formation.
Une (1) structure de formation des formateurs : l’Institut Pédagogique National de l’Enseignement Technique et Professionnel (IPNETP), chargé de la formation des formateurs, le perfectionnement et le recyclage des formateurs et la recherche pédagogique.
Une (1) structure de développement de la formation : le Centre Ivoirien de Développement de la Formation Professionnelle (CIDFOR), chargé de développer la formation professionnelle, à l’aide d’outils d’information et de documentation.
Une (1) structure de promotion des nouvelles technologies de l’information et de la communication : le Centre de Promotion des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (CPNTIC) a pour mission de promouvoir le développement des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) dans les secteurs de l’enseignement technique et de la formation professionnelle dans toutes leurs composantes.
59 établissements publics de formation, dont :
trois (3) Lycées Techniques (L.T) préparant au BAC et au BTS ;
dix (10) Lycées Professionnels (L.P) préparant au BT et au BTS ;
onze (11) Centres de Perfectionnement aux Métiers (C.P.M) préparant aux BEP, BT, BP et BTS ;
trente-cinq (35) Centres de Formation Professionnelle (C.F.P) préparant au CAP et au BEP.
13 structures d’intervention en milieu rural composées de ;
dix (10) Unités Mobiles (UM) : pour les formations qualifiantes ;
trois (3) Ateliers d’Application et de Production (AAP) : pour le perfectionnement des artisans et l’appui logistique aux jeunes diplômés du système pour la réalisation de leurs travaux.
333 établissements et cabinets privés de formation agréés par l’Etat.
L’ensemble de ces établissements forment dans tous les secteurs de métiers, des ouvriers qualifiés, des techniciens, des techniciens supérieurs, tous directement opérationnels dès leur sortie.
A ces structures qui interviennent prioritairement dans la formation initiale, il convient d’ajouter le FDFP dont nous assurons la tutelle technique, la gestion revenant à un comité tripartite (Public/Privé/Travailleurs) et qui est chargé de la formation professionnelle continue des salariés du secteur moderne privé ; ainsi que le CAMPC qui est une structure internationale dont le siège est dans notre pays.
Concernant le personnel, il convient de souligner que l’animation des organes du dispositif ETFP est confiée à 4977 Agents (1141 femmes soit 23%) dont :
- 3368 enseignants (651 femmes) craie en main, soit 68%
- 437 agents du personnel Administratif (209 femmes), soit 9%
- 458 agents du personnel d’encadrement (148 femmes), soit 9%
- 206 membres de l’Inspection Générale (47 femmes) et de l’encadrement pédagogique, soit 4%
- 508 autres enseignants assurant des tâches administratives (86 femmes), soit 10%
Ces structures, établissements et personnels contribuent à la formation et l’encadrement de 66000 apprenants dont 8000 en fin de formation. Les programmes de formation couvrent 70 filières (dont 14 tertiaires et 56 industrielles) reparties en 13 corps de métiers en attendant la mise en place des branches professionnelles.
Les six (6) diplômes qui sanctionnent les formations diplômantes dispensées dans nos établissements sont :
- le CQP (Certificat de Qualifications Professionnelles) obtenu après 2 ans dans les CFP par des jeunes de niveau CM2
- le CAP (Certificat d’Aptitude Professionnelle) obtenu 3 ans dans les CFP par les jeunes de niveau 5ème
- le BEP (Brevet d’Etudes Professionnelles) se prépare dans les CET pendant 2 ans, par les élèves de 3ème âgés de plus de 19 ans ne pouvant pas être orientés en 2nde
- le BT (Brevet de Technicien) obtenu dans les LP après 3 ans par les jeunes du niveau 3ème, et les meilleurs des titulaires de CAP
- le BAC qui est préparé dans les LT
- le BTS (Brevet de Technicien Supérieur) obtenu par les jeunes détenteurs du BAC ou du BT, après 2 ans de formation dans les Lycées Professionnels et Techniques
Malgré ces acquis, en cette période de sortie de crise, l’Etat de Côte d’Ivoire a un besoin impératif de reconsidérer son dispositif de formation professionnelle au vu d’une demande économique très pressante et d’une demande sociale de formation très forte de la part des jeunes sans emploi et d’adultes en projet d’évolution professionnelle. Une évaluation de cette demande cumulée situe le niveau à environ 400 000 par an, soit un taux de satisfaction de cette demande sociale de moins de 17%.
Par ailleurs, l’inadaptation des contenus de formation aux besoins économiques, le décalage qualitatif entre offre et demande sur le marché de l’emploi, la disparité géographique des lieux de formation dans le pays militent en faveur d’une refonte en profondeur du dispositif après une mise en cohérence entre besoins de compétences assortis de leur localisation, et insertion professionnelle des jeunes ou acquisitions de compétences techniques évolutives pour les professionnels en activités.
ACTIONS EN COURS ET PERSPECTIVES
La Côte d’Ivoire s’est engagée dans une importante réforme du secteur Education/Formation, et spécifiquement dans le chantier de la reforme du système de l’Enseignement technique et de la Formation Professionnelle.
Dans ce cadre, il convient de rappeler la tenue les 21, 22 et 23 octobre 2009, d’un séminaire national de validation des principaux axes de la reforme pour aboutir à un système de Formation Professionnelle et technique accessible à tous et qui s’adapte aux besoins de l’économie nationale.
Les deux temps forts de ce séminaire auront été sans doute la signature d’une convention cadre de partenariat entre le secteur privé dans son ensemble et l’Etat de Côte d’Ivoire en matière de formation technique et professionnelle d’une part et d’autre part, la signature par les membres du gouvernement concernés, d’une lettre de politique générale avalisant ainsi, la mise en œuvre effective de la dite reforme.
Notre objectif principal pour cette année 2012, est de renforcer les actions initiées en 2011, en procédant à la mise en œuvre pratique de la reforme ETFP, qui, il faut le rappeler, s’articule autour de six axes stratégiques :
(a) satisfaire la demande de formation technique et professionnelle
(b) offrir des formations adaptées aux besoins de qualifications exprimés par le marché du travail
(c) renforcer le partenariat Ecole-entreprise, tant au niveau des finalités, des objectifs que du contenu des formations
(d) assurer les conditions d’une insertion durable des demandeurs d’emploi et des personnes en situation de précarité
(e) mettre en place un mécanisme de certification des compétences, en concertation avec les milieux professionnels
(f) promouvoir une gouvernance efficace et efficiente du système de formation professionnelle et technique, en privilégiant l’autonomie et la responsabilité des structures d’enseignement et de formation.
Cette réforme ambitionne d’asseoir l’offre de formation du dispositif de l’ETFP sur les besoins de l’économie tels que formulés par les principaux acteurs du secteur productif national. Il s’agit en un mot, de définir désormais la formation à partir de l’offre d’emploi et non l’inverse.
Les grands chantiers de mise en œuvre de cette réforme sont les suivants :
(i) le partenariat avec le secteur privé, à travers notamment :
• la mise en place imminente des organes prévus par la convention signée en octobre 2009
• la poursuite et la finalisation de la « structuration des branches professionnelles » et l’élaboration des fiches métiers
(ii) la réforme des curricula, à travers la vulgarisation, la formation des développeurs et des planificateurs dans le cadre de l’APC « Approche Par Compétences »
(iii) la formation des formateurs, à travers la réforme de l’IPNETP, appelé à devenir une véritable grande école où la pédagogie sera enseignée comme discipline à part entière; ainsi que l’élaboration et la mise en œuvre d’un programme de formation continue des 3500 enseignants craie en main à la maîtrise de l’APC
(iv) l’autonomie des établissements : la réflexion stratégique et la planification des actions au niveau central ne peuvent suffire à rendre la réforme effective ; des actions au niveau des établissements en vue de « libérer » leur forces de propositions, leurs génies de créativité et d’innovation etc.. sont nécessaires pour ancrer la réforme dans les unités périphériques
(v) la formation des agents et la gouvernance du système : il convient de rendre effectif l’adage selon lequel, il faut mettre « la personne qu’il faut à la place qu’il faut », en vue d’assurer le pilotage du système à tous les niveaux
(vi) la question du financement du système
Mesdames et Messieurs,
Nous n’oublierons pas les chantiers en cours, qui contribueront à l’accroissement des capacités d’accueil et à l’amélioration de la qualité des produits provenant de ce système.
Il s’agit notamment de :
(a) la réouverture des 31 internats fermés en 2002
(b) la relocalisation sur leurs sites d’origine des 3 établissements délocalisés à Abidjan depuis 2002 (LP de Man, LP d’Odienné et LT de Bouaké), sur financement de la BADEA
(c) la réactivation des projets dont les financements ont été négociés, signés, mais non mis en vigueur jusqu’à une date récente ; c’est le cas du crédit octroyé par le Fonds Saoudien depuis 2008 pour la réalisation de 4 établissements :
• un Lycée Hôtelier à Yamoussoukro
• deux CET à Bouaflé et Issia, et
• la réhabilitation du CBCG de Bouaké
(d) le démarrage du projet de réhabilitation des 12 établissements par l’Union Européenne
(e) l’accélération de la préparation des nouveaux projets et programmes, en particulier :
• avec la BID, d’une part pour le financement de l’extension du CELIA de Treichville, la transformation des CFP de FERKE et DIVO en LP, et de l’autre, la réalisation de 5 ou 6 Lycées Techniques dans les capitales des Districts Administratifs, notamment à Abengourou, Bondoukou, Daloa, Korhogo, Man, et San Pédro
• avec la France, l’élaboration du volet ETFP du C2D à travers les 3 composantes : (i) modernisation du dispositif dans 3 branches choisies, à savoir l’agriculture, l’agro-industrie et le BTP, (ii) les déscolarisés et l’insertion, et (iii) enfin, l’appui aux actions de transition
• l’étude pour la construction de centres techniques agricoles dont trois seront dans les Département de Daoukro, Didiévi et Bouna
(f) la promotion des formations qualifiantes, à travers :
• la réhabilitation des 10 unités mobiles de formation (UMF)
• l’acquisition de 5 nouvelles UMF
• le redéploiement des antennes de l’AGEFOP à l’intérieur du pays, en vue de faire bénéficier aux jeunes de ces zones, des projets en cours, et des projets à venir
La mise en œuvre de ces chantiers, combinée aux effets multiplicateurs des actions en cours, mais non identifiées ici, contribuera à accroître les capacités d’environ 55%, et situer les effectifs directement pris en compte par notre système à plus de 100.000 apprenants dès 2014, soit la couverture du quart de la demande sociale estimée à 400.000 personnes.
Le dispositif que nous nous attelons à mettre en place, prendra désormais en compte la diversité des publics cibles aussi bien en formation initiale qu’en formation continue. Il s’agit de diversifier l’offre de formation pour qu’elle réponde à la fois à la variabilité des demandes de l’économie ivoirienne et à celle des profils des jeunes.
Au travers de cette reforme, l’épineuse question de l’inadéquation entre la formation et l’emploi pourrait trouver des solutions. En effet, en plaçant prioritairement l’Enseignement Technique et la Formation Professionnelle dans une phase de réponse permanente et adéquate à la demande économique et en s’inscrivant dans un cadre de partenariat renforcé avec le secteur privé, la reforme rattrape certaines contradictions du dispositif éducation /formation pendante dans de nombreux pays en développement comme le nôtre, où, ‘’pendant que de nombreux jeunes diplômés sont au chômage ou à la recherche d’un premier emploi qu’ils ne trouvent pas, les entreprises, elles sont à la recherche de personnels qualifiés justement dans les mêmes secteurs professionnels qu’elles ne trouvent pas non plus’’.
Aussi nous nous imposons la démarche qui consiste d’abord à observer le marché de l’emploi et les besoins en qualification des entreprises. Ensuite, à identifier l’ensemble des métiers dans chaque secteur puis structurer l’économie nationale en branches professionnelles et élaborer la cartographie des métiers et les fiches métiers. Après quoi, de nouveaux programmes de formation seront conçus et mis en application dans les établissements publics de formation technique et professionnelle.
Mesdames et Messieurs,
Notre vision, qui résulte de celle du Chef de l’Etat est de « Développer un système de Formation Professionnelle et Technique (FPT) performant qui offre des compétences à même de contribuer à faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent dans les dix prochaines années ».
L’opérationnalisation de cette vision se réalisera à partir d’un système de FTP accessible à tous et qui s’adapte aux besoins de l’économie ivoirienne. Cela se repose sur les trois approches, que j’ai pris l’habitude de réduire en triptyque « Intégration/ Employabilité/ Soutenabilité »
L’approche intégrée suggère que tous les acteurs du système de FTP agissent de façon cohérente pour contribuer ensemble à la réalisation de la vision et au développement économique.
En privilégiant le développement des compétences et l’employabilité, on affirme que la FTP entend contribuer activement au développement des compétences nécessaires à la transformation d’une société en mutation comme la société ivoirienne et offrir à un plus grand nombre de populations la possibilité de s’employer pour jouer un rôle décisif dans la croissance économique.
Enfin, la soutenabilité financière et la compatibilité économique se réfèrent à la nécessité absolue, voire même à « l’ardente obligation » qu’il y a à allouer des ressources financières compatibles avec l’ambition affichée dans une Côte d’Ivoire qui aspire à devenir un pays émergent dans un horizon temporel de dix ans.
Nous pensons ainsi apporter notre contribution à la pérennisation du système et au développement de l’économie nationale.
Merci de votre aimable attention.
Docteur Albert FLINDE
Economiste, Spécialiste de l’Economie de l’Emploi
Ministre de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle
- Mesdames et Messieurs les représentants du patronat ivoirien
- Mesdames et Messieurs les représentants des partenaires bilatéraux et multilatéraux
- Mesdames et Messieurs les Membres du Cabinet, Directeurs Centraux et Chefs de Service du Ministère de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle
- Mesdames et Messieurs les Journalistes
- Mesdames et Messieurs
Il me plait en cette chaleureuse circonstance d’adresser à chacun et à chacune d’entre vous, en vos grade, rang et qualité respectifs, mes salutations fraternelles et ma gratitude pour votre présence distinguée à cette rencontre.
Je voudrais tout particulièrement, adresser mes remerciements au Centre d’Information et de Communication Gouvernementale, pour l’opportunité qu’il me donne aujourd’hui 27 février 2012, de communiquer, de partager avec la presse et partant, avec toute la population de Côte d’Ivoire, nos espoirs pour l’Enseignement Technique et la Formation Professionnelle dans notre pays. Je vous suis reconnaissant, Madame la Directrice d’avoir porté votre choix sur le département Ministériel que j’ai l’honneur de diriger, pour le premier numéro des ‘’ Matinales du Gouvernement’’ de l’année 2012.
A l’ensemble des journalistes ici présents, je voudrais saisir cette opportunité pour vous adresser toutes mes félicitations pour le travail de soutien à la jeune démocratie ivoirienne qui prend progressivement des galons.
Mesdames et Messieurs les journalistes,
Avant de « me livrer à vous » dans cet exercice « périlleux du jeu des questions et réponses » devant vous permettre de délivrer le message contenant notre espérance et nos espoirs pour une contribution efficace et efficiente du système de formation à la construction d’une Côte d’Ivoire forte, qu’il me soit permis de vous exposer en quelques minutes, l’état des lieux, les actions en cours et les perspectives au niveau de notre département, relativement à la problématique, voire même au questionnement que nous avons décidé d’esquisser ensemble, à savoir : « Quel système d’Enseignement Technique et de Formation Professionnelle en Côte d’Ivoire dans la perspective de construction d’un pays émergent à l’horizon 2020 ? ».
D’entrée de jeu, il convient de rappeler que la perspective de construction d’un pays émergent n’est pas envisageable sans la conception et la mise en œuvre d’une politique active et hardie tendant non seulement à mettre à la disposition du secteur productif, un stock approprié d’ouvriers qualifiés, de techniciens supérieurs et d’ingénieurs, tant quantitativement que qualitativement, mais aussi à offrir la possibilité d’acquisition d’une variété de compétences et de qualifications permettant aux citoyens de contribuer à l’essor économique et social du pays. L’histoire des pays comme la Corée du Sud, le Brésil et tout près de nous l’Afrique du Sud est là pour nous le démontrer.
Ainsi, l’on peut, sans risque de se tromper, établir une corrélation entre perspective de construire un pays émergent, et développement d’un système d’enseignement et de formation pertinent et performant, le second étant le préalable de la première.
Le principe et la solidité d’un tel paradigme étant posés, essayons de voir comment la vision du Chef de l’Etat de faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent à l’horizon 2020 est traduite dans les faits sous la forme de stratégies, d’actions, d’activités et de mesures, par les animateurs de l’Administration dont il nous confié la gestion le 1er juin 2012.
BREF HISTORIQUE
Au plan historique, rappelons, Mesdames et Messieurs, que l’Enseignement Technique et la Formation Professionnelle en Côte d’Ivoire sont une composante essentielle de la grande famille Education/Formation, inscrite au centre des priorités de l’action gouvernementale au début des indépendances avec plus de 40% du budget national qui lui étaient alloués pendant plusieurs décennies.
En tant qu’ordre d’enseignement spécifique à cause essentiellement de sa liaison naturelle et directe avec le milieu socio économique et professionnel, il a plus d’un demi-siècle d’existence.
Le Ministère de l’Enseignement Technique a été créé dès 1959, à la formation du tout premier gouvernement de la République de Côte d’Ivoire. Il avait pour mission de former des cadres, des techniciens et des ouvriers qualifiés dont le pays avait besoin pour assurer la prise en compte du secteur industriel naissant et promouvoir le développement du monde rural.
En 1970, avec la forte croissance économique du pays, ce département ministériel a vu ses missions s’étendre à la formation professionnelle, devenant ainsi le Ministère de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle avec pour principales missions de :
- donner des qualifications techniques et professionnelles permettant à l’élève d’acquérir et d’exercer un métier ;
- donner à des populations sans emploi, les qualifications professionnelles qui facilitent leur insertion dans la vie active;
- donner à des populations sous qualifiées, les qualifications permettant d’améliorer leur productivité.
Cette période a permis au secteur de la formation de connaitre un essor tant au plan quantitatif que qualitatif. Le Ministère va alors mettre en place plusieurs structures de formation pour soutenir l’effort de croissance avec un dispositif élaboré à travers la construction d’un réseau d’établissements et de structures d’accompagnement pour répondre à la fois aux besoins en personnels qualifiés que nécessitaient l’industrie naissante et le développement économique de notre pays.
Après quelques moments de balbutiement inhérents à tout système naissant, il connait ses lettres de noblesse dans les années 80. Il était alors présenté comme un modèle du genre dans la sous région.
Des milliers d’ingénieurs, de techniciens et d’ouvriers qualifiés sortis de son moule, ont participé étroitement à l’éclosion de l’économie nationale et à ce qu’il est convenu d’appeler ‘’ le miracle économique ivoirien’’.
Survient alors la crise économique de la fin des années 80 avec ses mesures d’ajustements structurels et la réduction drastique des dépenses publiques. Les investissements dans le secteur s’amenuisent considérablement. Dès lors, notre système éducatif sombre dans la décrépitude totale.
A l’évidence, et sans être particulièrement nostalgique, on peut affirmer que l’enseignement technique et la formation professionnelle ont concouru à écrire les belles pages de l’histoire de notre pays.
Aujourd’hui, notre ordre d’Enseignement se propose d’en faire plus au moment où la Côte d’Ivoire sort de crise et amorce lentement mais sûrement la redéfinition de son paysage socio économique.
ETAT DES LIEUX
La question qui se pose est donc de savoir avec quel dispositif, quels moyens et quelle stratégie nous entendons le faire. Concernant le dispositif d’enseignement technique et de formation professionnelle, il convient de souligner qu’en plus des Directions centrales, il est composé de :
Une (1) structure d’ingénierie technico-pédagogique : l’Agence Nationale de la Formation Professionnelle (AGEFOP), Cabinet d’ingénierie de Formation Professionnelle de l’Etat, chargé de prospecter, d’analyser les besoins de formation et de mettre en œuvre des projets de formation.
Une (1) structure de formation des formateurs : l’Institut Pédagogique National de l’Enseignement Technique et Professionnel (IPNETP), chargé de la formation des formateurs, le perfectionnement et le recyclage des formateurs et la recherche pédagogique.
Une (1) structure de développement de la formation : le Centre Ivoirien de Développement de la Formation Professionnelle (CIDFOR), chargé de développer la formation professionnelle, à l’aide d’outils d’information et de documentation.
Une (1) structure de promotion des nouvelles technologies de l’information et de la communication : le Centre de Promotion des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (CPNTIC) a pour mission de promouvoir le développement des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) dans les secteurs de l’enseignement technique et de la formation professionnelle dans toutes leurs composantes.
59 établissements publics de formation, dont :
trois (3) Lycées Techniques (L.T) préparant au BAC et au BTS ;
dix (10) Lycées Professionnels (L.P) préparant au BT et au BTS ;
onze (11) Centres de Perfectionnement aux Métiers (C.P.M) préparant aux BEP, BT, BP et BTS ;
trente-cinq (35) Centres de Formation Professionnelle (C.F.P) préparant au CAP et au BEP.
13 structures d’intervention en milieu rural composées de ;
dix (10) Unités Mobiles (UM) : pour les formations qualifiantes ;
trois (3) Ateliers d’Application et de Production (AAP) : pour le perfectionnement des artisans et l’appui logistique aux jeunes diplômés du système pour la réalisation de leurs travaux.
333 établissements et cabinets privés de formation agréés par l’Etat.
L’ensemble de ces établissements forment dans tous les secteurs de métiers, des ouvriers qualifiés, des techniciens, des techniciens supérieurs, tous directement opérationnels dès leur sortie.
A ces structures qui interviennent prioritairement dans la formation initiale, il convient d’ajouter le FDFP dont nous assurons la tutelle technique, la gestion revenant à un comité tripartite (Public/Privé/Travailleurs) et qui est chargé de la formation professionnelle continue des salariés du secteur moderne privé ; ainsi que le CAMPC qui est une structure internationale dont le siège est dans notre pays.
Concernant le personnel, il convient de souligner que l’animation des organes du dispositif ETFP est confiée à 4977 Agents (1141 femmes soit 23%) dont :
- 3368 enseignants (651 femmes) craie en main, soit 68%
- 437 agents du personnel Administratif (209 femmes), soit 9%
- 458 agents du personnel d’encadrement (148 femmes), soit 9%
- 206 membres de l’Inspection Générale (47 femmes) et de l’encadrement pédagogique, soit 4%
- 508 autres enseignants assurant des tâches administratives (86 femmes), soit 10%
Ces structures, établissements et personnels contribuent à la formation et l’encadrement de 66000 apprenants dont 8000 en fin de formation. Les programmes de formation couvrent 70 filières (dont 14 tertiaires et 56 industrielles) reparties en 13 corps de métiers en attendant la mise en place des branches professionnelles.
Les six (6) diplômes qui sanctionnent les formations diplômantes dispensées dans nos établissements sont :
- le CQP (Certificat de Qualifications Professionnelles) obtenu après 2 ans dans les CFP par des jeunes de niveau CM2
- le CAP (Certificat d’Aptitude Professionnelle) obtenu 3 ans dans les CFP par les jeunes de niveau 5ème
- le BEP (Brevet d’Etudes Professionnelles) se prépare dans les CET pendant 2 ans, par les élèves de 3ème âgés de plus de 19 ans ne pouvant pas être orientés en 2nde
- le BT (Brevet de Technicien) obtenu dans les LP après 3 ans par les jeunes du niveau 3ème, et les meilleurs des titulaires de CAP
- le BAC qui est préparé dans les LT
- le BTS (Brevet de Technicien Supérieur) obtenu par les jeunes détenteurs du BAC ou du BT, après 2 ans de formation dans les Lycées Professionnels et Techniques
Malgré ces acquis, en cette période de sortie de crise, l’Etat de Côte d’Ivoire a un besoin impératif de reconsidérer son dispositif de formation professionnelle au vu d’une demande économique très pressante et d’une demande sociale de formation très forte de la part des jeunes sans emploi et d’adultes en projet d’évolution professionnelle. Une évaluation de cette demande cumulée situe le niveau à environ 400 000 par an, soit un taux de satisfaction de cette demande sociale de moins de 17%.
Par ailleurs, l’inadaptation des contenus de formation aux besoins économiques, le décalage qualitatif entre offre et demande sur le marché de l’emploi, la disparité géographique des lieux de formation dans le pays militent en faveur d’une refonte en profondeur du dispositif après une mise en cohérence entre besoins de compétences assortis de leur localisation, et insertion professionnelle des jeunes ou acquisitions de compétences techniques évolutives pour les professionnels en activités.
ACTIONS EN COURS ET PERSPECTIVES
La Côte d’Ivoire s’est engagée dans une importante réforme du secteur Education/Formation, et spécifiquement dans le chantier de la reforme du système de l’Enseignement technique et de la Formation Professionnelle.
Dans ce cadre, il convient de rappeler la tenue les 21, 22 et 23 octobre 2009, d’un séminaire national de validation des principaux axes de la reforme pour aboutir à un système de Formation Professionnelle et technique accessible à tous et qui s’adapte aux besoins de l’économie nationale.
Les deux temps forts de ce séminaire auront été sans doute la signature d’une convention cadre de partenariat entre le secteur privé dans son ensemble et l’Etat de Côte d’Ivoire en matière de formation technique et professionnelle d’une part et d’autre part, la signature par les membres du gouvernement concernés, d’une lettre de politique générale avalisant ainsi, la mise en œuvre effective de la dite reforme.
Notre objectif principal pour cette année 2012, est de renforcer les actions initiées en 2011, en procédant à la mise en œuvre pratique de la reforme ETFP, qui, il faut le rappeler, s’articule autour de six axes stratégiques :
(a) satisfaire la demande de formation technique et professionnelle
(b) offrir des formations adaptées aux besoins de qualifications exprimés par le marché du travail
(c) renforcer le partenariat Ecole-entreprise, tant au niveau des finalités, des objectifs que du contenu des formations
(d) assurer les conditions d’une insertion durable des demandeurs d’emploi et des personnes en situation de précarité
(e) mettre en place un mécanisme de certification des compétences, en concertation avec les milieux professionnels
(f) promouvoir une gouvernance efficace et efficiente du système de formation professionnelle et technique, en privilégiant l’autonomie et la responsabilité des structures d’enseignement et de formation.
Cette réforme ambitionne d’asseoir l’offre de formation du dispositif de l’ETFP sur les besoins de l’économie tels que formulés par les principaux acteurs du secteur productif national. Il s’agit en un mot, de définir désormais la formation à partir de l’offre d’emploi et non l’inverse.
Les grands chantiers de mise en œuvre de cette réforme sont les suivants :
(i) le partenariat avec le secteur privé, à travers notamment :
• la mise en place imminente des organes prévus par la convention signée en octobre 2009
• la poursuite et la finalisation de la « structuration des branches professionnelles » et l’élaboration des fiches métiers
(ii) la réforme des curricula, à travers la vulgarisation, la formation des développeurs et des planificateurs dans le cadre de l’APC « Approche Par Compétences »
(iii) la formation des formateurs, à travers la réforme de l’IPNETP, appelé à devenir une véritable grande école où la pédagogie sera enseignée comme discipline à part entière; ainsi que l’élaboration et la mise en œuvre d’un programme de formation continue des 3500 enseignants craie en main à la maîtrise de l’APC
(iv) l’autonomie des établissements : la réflexion stratégique et la planification des actions au niveau central ne peuvent suffire à rendre la réforme effective ; des actions au niveau des établissements en vue de « libérer » leur forces de propositions, leurs génies de créativité et d’innovation etc.. sont nécessaires pour ancrer la réforme dans les unités périphériques
(v) la formation des agents et la gouvernance du système : il convient de rendre effectif l’adage selon lequel, il faut mettre « la personne qu’il faut à la place qu’il faut », en vue d’assurer le pilotage du système à tous les niveaux
(vi) la question du financement du système
Mesdames et Messieurs,
Nous n’oublierons pas les chantiers en cours, qui contribueront à l’accroissement des capacités d’accueil et à l’amélioration de la qualité des produits provenant de ce système.
Il s’agit notamment de :
(a) la réouverture des 31 internats fermés en 2002
(b) la relocalisation sur leurs sites d’origine des 3 établissements délocalisés à Abidjan depuis 2002 (LP de Man, LP d’Odienné et LT de Bouaké), sur financement de la BADEA
(c) la réactivation des projets dont les financements ont été négociés, signés, mais non mis en vigueur jusqu’à une date récente ; c’est le cas du crédit octroyé par le Fonds Saoudien depuis 2008 pour la réalisation de 4 établissements :
• un Lycée Hôtelier à Yamoussoukro
• deux CET à Bouaflé et Issia, et
• la réhabilitation du CBCG de Bouaké
(d) le démarrage du projet de réhabilitation des 12 établissements par l’Union Européenne
(e) l’accélération de la préparation des nouveaux projets et programmes, en particulier :
• avec la BID, d’une part pour le financement de l’extension du CELIA de Treichville, la transformation des CFP de FERKE et DIVO en LP, et de l’autre, la réalisation de 5 ou 6 Lycées Techniques dans les capitales des Districts Administratifs, notamment à Abengourou, Bondoukou, Daloa, Korhogo, Man, et San Pédro
• avec la France, l’élaboration du volet ETFP du C2D à travers les 3 composantes : (i) modernisation du dispositif dans 3 branches choisies, à savoir l’agriculture, l’agro-industrie et le BTP, (ii) les déscolarisés et l’insertion, et (iii) enfin, l’appui aux actions de transition
• l’étude pour la construction de centres techniques agricoles dont trois seront dans les Département de Daoukro, Didiévi et Bouna
(f) la promotion des formations qualifiantes, à travers :
• la réhabilitation des 10 unités mobiles de formation (UMF)
• l’acquisition de 5 nouvelles UMF
• le redéploiement des antennes de l’AGEFOP à l’intérieur du pays, en vue de faire bénéficier aux jeunes de ces zones, des projets en cours, et des projets à venir
La mise en œuvre de ces chantiers, combinée aux effets multiplicateurs des actions en cours, mais non identifiées ici, contribuera à accroître les capacités d’environ 55%, et situer les effectifs directement pris en compte par notre système à plus de 100.000 apprenants dès 2014, soit la couverture du quart de la demande sociale estimée à 400.000 personnes.
Le dispositif que nous nous attelons à mettre en place, prendra désormais en compte la diversité des publics cibles aussi bien en formation initiale qu’en formation continue. Il s’agit de diversifier l’offre de formation pour qu’elle réponde à la fois à la variabilité des demandes de l’économie ivoirienne et à celle des profils des jeunes.
Au travers de cette reforme, l’épineuse question de l’inadéquation entre la formation et l’emploi pourrait trouver des solutions. En effet, en plaçant prioritairement l’Enseignement Technique et la Formation Professionnelle dans une phase de réponse permanente et adéquate à la demande économique et en s’inscrivant dans un cadre de partenariat renforcé avec le secteur privé, la reforme rattrape certaines contradictions du dispositif éducation /formation pendante dans de nombreux pays en développement comme le nôtre, où, ‘’pendant que de nombreux jeunes diplômés sont au chômage ou à la recherche d’un premier emploi qu’ils ne trouvent pas, les entreprises, elles sont à la recherche de personnels qualifiés justement dans les mêmes secteurs professionnels qu’elles ne trouvent pas non plus’’.
Aussi nous nous imposons la démarche qui consiste d’abord à observer le marché de l’emploi et les besoins en qualification des entreprises. Ensuite, à identifier l’ensemble des métiers dans chaque secteur puis structurer l’économie nationale en branches professionnelles et élaborer la cartographie des métiers et les fiches métiers. Après quoi, de nouveaux programmes de formation seront conçus et mis en application dans les établissements publics de formation technique et professionnelle.
Mesdames et Messieurs,
Notre vision, qui résulte de celle du Chef de l’Etat est de « Développer un système de Formation Professionnelle et Technique (FPT) performant qui offre des compétences à même de contribuer à faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent dans les dix prochaines années ».
L’opérationnalisation de cette vision se réalisera à partir d’un système de FTP accessible à tous et qui s’adapte aux besoins de l’économie ivoirienne. Cela se repose sur les trois approches, que j’ai pris l’habitude de réduire en triptyque « Intégration/ Employabilité/ Soutenabilité »
L’approche intégrée suggère que tous les acteurs du système de FTP agissent de façon cohérente pour contribuer ensemble à la réalisation de la vision et au développement économique.
En privilégiant le développement des compétences et l’employabilité, on affirme que la FTP entend contribuer activement au développement des compétences nécessaires à la transformation d’une société en mutation comme la société ivoirienne et offrir à un plus grand nombre de populations la possibilité de s’employer pour jouer un rôle décisif dans la croissance économique.
Enfin, la soutenabilité financière et la compatibilité économique se réfèrent à la nécessité absolue, voire même à « l’ardente obligation » qu’il y a à allouer des ressources financières compatibles avec l’ambition affichée dans une Côte d’Ivoire qui aspire à devenir un pays émergent dans un horizon temporel de dix ans.
Nous pensons ainsi apporter notre contribution à la pérennisation du système et au développement de l’économie nationale.
Merci de votre aimable attention.
Docteur Albert FLINDE
Economiste, Spécialiste de l’Economie de l’Emploi
Ministre de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle