Qui a bien pu tirer à l’arme automatique sur des militants du RDR, avant-hier, dimanche à Bonon ? La question reste toujours sans réponse. Ni même la mission que nous avons menée toute la journée d’hier n’a pu situer les responsabilités sur cet odieux crime qui a fait en tout, cinq morts et quatre blessés. En tout cas hier, quand nous foulions le sol de Bonon en provenance de Daloa, aux environs de 9 h, c’est une atmosphère de ville assiégée qu’il nous a été donné d’observer. Les rues sont désespéramment désertes. Partout sur la grande voie centrale qui traverse la ville en direction de Bouaflé, des véhicules de transport de troupes, pleins de leurs occupants armes eux points, soutenus par une dizaine de blindés de l’ONUCI, stationnés çà et là aux points névralgiques de la ville, veillent. Aucun magasin, ou boutique n’a daigné ouvrir ses portes. Le long de la rue principale, des pneus et des tables en bois jonchant le sol par endroits, produisaient encore une fumée ocre. Les nombreux morceaux de briques et de pierres à même le sol à certains carrefours nous signalent non seulement des violences des affrontements qui s’y sont déroulés, mais également que ceux-ci venaient d’avoir lieu. Devant la brigade de gendarmerie de la ville plusieurs dizaines d’éléments de FRCI, la mine patibulaire, sont en alerte et prêts à parer toute éventualité. Regroupés à quelques cinquante mètres de la brigade, un, groupe de jeunes visiblement sur le qui-vive nous accueillent avec méfiance, lorsque nous leur demandons notre chemin. « Ce matin, plusieurs jeunes militants du RDR, ayant appris l’assassinat de cinq des leurs la veille à leur QG, au Siege de leur parti, et pour manifester leur mécontentement, ont dressé des barricades et brûlé des pneus à plusieurs endroits de l’artère principale de la ville avant d’être dispersés par les forces des FRCI et de l’ONUCI, aidés par les responsables locaux du RDR avec à leur tête, le candidat Koné Yakouba», nous explique l’un d’eux. Quand après plusieurs détours en ville, nous rejoignons le siège du RDR, situé dans le centre-ville, c’est une scène macabre qui nous accueille. Etendus sur du plastic, à même le sol et dans la salle des réunions, cinq corps. Des jeunes du RDR, abattus, dans la nuit du dimanche, selon un représentant du candidat du RDR, Koné Yakouba, rencontrés sur les lieux, en compagnie de plusieurs autres jeunes, visiblement mécontents. Aux dires du candidat indépendant et proche du président de la JPDCI, Kouadio Denis, les jeunes du RDR auraient attaqué un convoi de l’ONUCI qui escortait des urnes au niveau de la pharmacie, jouxtant le siège du RDR. Ces derniers (l’onuci), toujours selon lui, on riposté à cette attaque, faisant trois morts, parmi les jeunes proches du candidat du RDR. Des affirmations balayés du revers de la main par le candidat du RDR, Koné Yakouba que nous avons rencontré par la suite à son domicile. « J’étais à mon QG secondaire ici à mon domicile quand, aux environs de 21 h, on m’a appelé du siège pour m’informer que des tirs d’hommes en tenue, portants des cagoules, et circulant à moto, sur le siège ont fait trois morts sur le champ et un blessé à la poitrine qui décédera quelques temps après. J’ai donc tenté de joindre le commandement des FRCI, sans résultat. Lorsque je décide de guerre lasse, de me rendre au siège de la CEI, pour en informer les responsables, mon cortège est pris pour cible. Un de mes motocyclistes est tué sur le champ. Tout ceci ressemble à une vengeance planifiée contre le RDR» soutiendra-t-il avant d’ajouter : « si dans la commune tout s’est déroulé sans encombre, dans des localités comme Gbamgban kouadio kro, Yao N’ gorankro, Blaisekro et Sanzankro, nos repentants ont été chassés des bureaux de vote et nos militants molestés et empêchés de voter. Des chefs de village ont même menacé de mort certains de nos militants dans ces localités. Une troisième attaque a eu lieu à l’entrée nord de la ville de Bonon, sur un cortège escorté par l’ONUCI, qui ramenait les urnes des lieux de vote, faisant, encore, trois blessés parmi nos représentants qui s’y trouvaient. ». Aussi, s’est il interrogé « si tel est que ce sont les militants du RDR qui ont perpétré ces attaques, comment comprendre qu’un motocycliste de mon cortège soit abattu ? Est-ce les militants du RDR, eux-mêmes qui ont décidé de se faire harakiri en allant mitrailler à la ‘’kalach’’, leur propre siège, tuant quatre des leurs ? Ce n’est pas possible ». Ces questions, nous avons tenté de les élucider en rencontrant à nouveau, le commandement de la deuxième région militaire et de l’ONUCI, sans succès. Les travaux de la CEI locale ont été suspendus et les résultats restent encore attendus. Les corps, en attendant la fin des enquêtes ont été transférés à la morgue à Daloa. En tout cas, lorsque nous quittions Bonon, dans la soirée, hier, un calme régnait dans la ville et les boutiques petit à petit avaient commencé à rouvrir. Toutefois, des questions restent encore sans réponses, quant à l’identité des assaillants. Aussi, la présence de plus en plus remarquée des forces de l’ordre circulant dans la ville, témoigne de la précarité de la situation.
D. KONATE (Envoyé spécial)
Les victimes
1- Diarra Moussa
2- Sylla Bazoumana
3- Sylla Mamadou
4- Koné Siriki, élève
au collège moderne
5- Coulibaly Mamadou
D. KONATE (Envoyé spécial)
Les victimes
1- Diarra Moussa
2- Sylla Bazoumana
3- Sylla Mamadou
4- Koné Siriki, élève
au collège moderne
5- Coulibaly Mamadou