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Économie Publié le mardi 6 mars 2012 | Trait d’Union

Services de transfert d’argent : La recrudescence des bureaux informels

Le phénomène de transfert d’argent en interne s’accroît de plus en plus en terre ivoirienne. Auparavant réservée à La Poste de Côte d’Ivoire, l’activité est aujourd’hui exercée par une kyrielle de structures. Instaurant une anarchie totale dans le milieu. Etat des lieux… Une longue file de personnes en attente devant un bureau coincé entre les nombreux magasins qui jonchent la gare routière du Zanzan, sise à Adjamé (Abidjan). A l’intérieur, un jeune, la trentaine à peine, assis derrière un bureau, avec une pile d’enveloppe sur la table, fait office de commis et reçoit les clients, qui pour certains, sont là pour un transfert vers un parent à l’intérieur du pays ; et pour d’autres, un retrait simplement. Au fronton du magasin, une inscription des plus claires : « Transfert d’argent et de colis ». Les allées et venues des clients ne laissent aucun repos au ‘‘conseiller client’’ dans ses locaux, où règne une chaleur à couper au couteau. Ces bureaux offrant les services de transfert d’argent vers les villes de l’intérieur, à partir des grandes agglomérations sont légion. Les bureaux de transfert de fonds s’ouvrent comme de petits commerces dans les quartiers. Presque toutes les gares routières en possèdent. Mais, l’ouverture de ces structures manipulant, à souhait, l’argent liquide se fait-elle dans les règles de l’art? Autrement dit, ont-elles suivi toutes les démarches administratives pour avoir l’autorisation d’exercer en la matière ? « Moi, comme j’avais l’habitude de prendre les colis des gens quand j’étais encore conducteur, j’ai décidé maintenant de professionnaliser mon activité et d’éviter de faire cadeau. C’est pourquoi je me suis installé en ces lieux. J’ai ouvert mon comptoir et je reçois les colis et de l’argent. Je reçois de l’argent ici et j’appelle mon représentant au lieu où va l’argent. Il remet la somme à la personne indiquée, et après on fait le point. Je prends 10% pour chaque opération’’, indique Touré S, Responsable d’une structure de transfert d’argent et de colis de la place. Les papiers l’autorisant à exercer cette activité, il n’en a cure. A ce titre, le ministre de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication (Tic), Koné Nabagne Bruno, se prononçant sur la situation de La Poste, avait précisé que plusieurs structures avaient violé le ‘‘code de 1975’’ pour s’introduire dans le milieu du transfert d’argent et des colis, sans autorisation préalable. Menant ainsi une concurrence déloyale aux structures habilitées à exercer l’activité. A celles-ci, s’ajoutent les compagnies de téléphonie mobile qui se sont jetées dans la danse. Nous tenons pour exemple Orange Côte d’Ivoire avec Orange Money et MTN avec MTN Money qui prélèvent un pourcentage relativement faible pour les opérations de transfert (En moyenne 5%). En partenariat avec certaines structures bancaires, lesdites compagnies exercent les services de transfert d’argent dans la légalité, à la différence des particuliers qui baignent dans l’informel et l’anarchie. Sans que cela n’émeut personne. A contrario, ils sont encouragés et félicités par les populations qui voient en eux des personnes qui leur rendent services et allègent leurs tâches. Car, la procédure de retrait est digeste dans son ensemble, selon certains clients de ces bureaux de transfert d’argent informel. Même si cela apparaît comme une évidence, force est de constater que les clients prennent de gros risques en confiant souvent des fortes sommes à ces services de transfert informel. Banques et structures assermentées dans la tourmente Concurrence déloyale. Ce ne sont pas les banques et autres structures traditionnelles qui diront le contraire. Pis, elles souffrent durement de cette concurrence que leur mènent les bureaux de transfert informel. La clientèle se fait rare, alors que les charges de l’entreprise restent inchangées. Les bureaux de transfert informel s’engraissent avec le prélèvement de taux exorbitant : 10 % par transaction. Ce qui est au delà de tous les taux prélevés par les structures assermentées. Un assainissement du milieu s’impose. Et allant au delà des services de transfert pour s’étendre à tout le milieu des finances. Même si déjà en 2007, le ministre de l’Economie et des Finances, Charles Koffi Diby, avait signé quatre arrêtés pour mieux réguler le secteur de la micro-finance - l’arrêté n°184 /Mef/Dgtcp/Dm du 11 juillet 2007, portant adhésion obligatoire des institutions mutualistes ou coopératives d’épargne et de crédit et des structures conventionnées à l’Association interprofessionnelle des systèmes financiers décentralisés de Côte d’Ivoire (AISFD-CI) ; l’arrêté n°190/Mef/Dgtcp/Dm du 11 juillet 2007 portant obligation pour les institutions non mutualistes de soumettre les décisions d’octroi de crédits aux dirigeants et aux salariés à l’avis conforme du Conseil d’Administration ; l’arrêté n°191/Mef/Dgtcp/Dm du 11juillet 2007 portant indexation sur les fonds propres des crédits accordés aux dirigeants des Institutions de microfinance (IMF) et l’arrêté n°192/Mef/Dgtcp/Dm du 11 juillet 2007 portant limitation des mandats des dirigeants des coopératives ou mutuelles d’épargne et de crédit -,beaucoup reste à faire pour assainir ce secteur.

B.TAKI
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