Dans quelques jours, le Premier ministre remettra sa lettre de démission au chef de l’Etat. Mais dans l’attente de la constitution de la nouvelle équipe gouvernementale, l’heure est aux grandes manœuvres dans les états-majors des partis politiques.
C’est désormais une certitude. Après son arrivée au pouvoir, le président Ouattara va former dans les jours qui viennent son deuxième gouvernement. Selon le gentleman agreement, signé entre le candidat Ouattara et l’ancien président, Henri Konan Bédié, le poste de Premier ministre doit revenir à un cadre du Pdci Rda. Même si le titulaire de la Primature est presque connu, c’est encore le mystère sur les cadres qui vont composer cette deuxième équipe gouvernementale du président Ouattara. Il est évident que certains ministres de l’actuelle équipe vont rempiler, soit en redoublant leur classe soit en changeant de portefeuille ministériel. Les moins chanceux, par contre, feront leurs adieux aux activités gouvernementales. De 36 membres, le gouvernement commando devrait comporter 26 ou 27 ministres. De ce fait, chacun des grands groupes (Pdci, Rdr et le bloc Soro) seront appelés à sacrifier au moins trois ministres et peut-être cinq pour le Rdr. Pour constituer cette nouvelle équipe de technocrates chevronnés qui vont mettre en œuvre les solutions du président de la République, les tractations, lobbying et conciliabules se poursuivent. Dans les états-majors des partis politiques, c’est la veillée d’arme. Tous les candidats qui veulent figurer dans le nouveau gouvernement font des pieds et des mains pour rentrer dans les bonnes grâces du président de leur parti pour espérer figurer dans la nouvelle équipe. Mais les méthodes et les approches pour choisir les futurs ministres divergent selon les formations politiques.
Pdci Rda : Après Bédié, c’est vraiment Bédié
Le doyen des partis politiques en Côte d’Ivoire est de loin la formation où il n’y a pas trop de débat autour des choix des ministrables. Fort de ses 40 années passés au pouvoir, le Pdci Rda a une parfaite maîtrise des manœuvres pour choisir ses cadres qui doivent figurer dans toute équipe gouvernementale. Sur le sujet, il se susurre dans les coulisses du parti sexagénaire que les choix des cadres de ce parti, après consultation du secrétaire général, sont indiscutables ou presque. De fait, rares sont ceux qui peuvent contester les choix du Sphinx de Daoukro sur tel ou tel cadre qui doit faire partie d’un gouvernement. Les adeptes des grognons et autres éternels insatisfaits sont donc contraints de rouspéter dans le silence de peur de se griller pour toujours. Ainsi comme l’a indiqué récemment Zié Daouda Coulibaly, au Pdci Rda, après Bédié, c’est vraiment Bédié. Pour ce nouveau gouvernement, nos sources révèlent que deux ou trois des neuf ministres issus du Pdci Rda seront remerciés. Ceci toujours, indiquent nos sources, pour réparer un impair qui a été commis dans la première équipe. L’on a encore en mémoire qu’au lendemain de la formation de l’actuel gouvernement, des voix se sont élevées au sein du Pdci pour critiquer durement les choix du président Bédié qui, selon eux, a fait la part belle aux cadres ressortissants du grand Centre. Sur les neuf ministres proposés par le Pdci, huit sont Akan, contre un seul cadre de l’Ouest. Dans la nouvelle équipe, nos sources révèlent que Bédié serait disposé à ‘‘troquer’’ deux ou trois ministres du grand Centre pour contenter les militants des autres régions du pays.
Rdr : La grande saignée
Comme le Pdci Rda, le Rdr, parti au pouvoir n’a pas non plus de gros soucis à se faire. Même s’il n’est plus président de cette formation, les choix du président Ouattara sont presque transcendantaux dans la case. Le ministre Amadou Soumahoro, qui gère actuellement le Rdr au quotidien, est le conseiller spécial en politique du président de la République. De fait, il existe une parfaite complicité entre le Sgi et le président de la République qui est toujours assisté de l’inamovible Amadou Gon Coulibaly dans les choix des cadres de la rue Lepic. Après la dissolution des Forces nouvelles, la quasi-totalité des cadres qui ont animé l’ex-rébellion ont déposé leurs valises au Rdr et se sont présentés aux élections législatives sous la bannière de cette formation. Pour le nouveau gouvernement, c’est donc une véritable saignée qui se prépare chez les républicains. Les 21 ministres Rdr (les 6 pro-Soro et les 15 Rdr orthodoxes) seront revus à 15 ou 16. Ce sont, selon des indiscrétions, entre 5 et 8 ministres Rdr qui quitteront le gouvernement. Pour le choix ou le maintien de ceux qui vont figurer dans la nouvelle équipe gouvernementale, Ouattara ne tombera pas dans le sentimentalisme. Après le gouvernement de ‘‘remerciement’’, l’heure est arrivée pour le mentor des républicains de choisir ses hommes pour réaliser son programme de gouvernement qui a été déjà mis à mal par la crise postélectorale. Il se raconte aussi que le Premier ministre risque de partir avec la majeure partie des cadres ex-Forces nouvelles, parce que celles-ci n’existent plus de façon formelle. Dans cette dynamique, le chef de l’Etat va outrepasser les considérations politiques pour miser sur la compétence sans oublier aussi le paramètre de la géopolitique. Amadou Soumahoro et Alassane Ouattara sont donc à la manœuvre pour fournir au nouveau gouvernement ce que le Rdr a de meilleur comme cadre, car l’erreur n’est pas permise.
Mfa : Qui pour représenter Anaky ?
C’est assurément le parti qui fait toujours parler de lui dans la formation de tout nouveau gouvernement. Miné par une instabilité chronique, le parti fondé par Anaky Kobenan est cette fois-ci à la croisée des chemins. Qui choisir pour représenter le parti dans la prochaine équipe gouvernementale ? Violente question comme le dirait l’artiste. L’histoire a démontré qu’Anaky Kobenan, à quelques exceptions près, ne s’est jamais entendu avec tous les cadres qu’il propose au gouvernement où qui y vont sans sa caution. Ce fut le cas de Joël N’Guessan, Hamza Bamba et dernièrement Philippe Légré qui a été débarqué de son poste de secrétaire général du Mfa alors qu’il était en mission avec l’équipe nationale à Malabo. Selon l’organigramme du parti, c’est Kouakou Tanoh Fidèle, secrétaire général adjoint du Mfa, qui devrait logiquement prendre le secrétariat général. Mais du fait de ses fonctions à la Commission nationale des droits de l’Homme, qui l’oblige à avoir le droit de réserve, Anaky a misé sur Pascal Angui. A-t-il réservé Tanoh Fidèle comme son joker pour le prochain gouvernement ou bien c’est Anaky lui-même qui va siéger dans la nouvelle équipe commando ? Les jours qui viennent nous situeront.
Udpci : Mabri devant un choix cornélien
Le parti fondé par Robert Guéï a deux représentants dans l’actuelle équipe gouvernementale. Depuis les accords de Linas-Marcoussis, Albert Mabri Toikeusse a été membre de tous les gouvernements qui se sont succédé sous Gbagbo jusqu’à la double dissolution du gouvernement en février 2010 par l’ancien président. A partir de cette date, c’est le maire de Man, Albert Flindé, qui représente désormais le parti arc-en-ciel au sein de l’exécutif. Le nombre de ministres Udpci a été bonifié avec l’accession de Ouattara au pouvoir. Seulement voilà. Depuis quelque temps, l’on parle d’une dégradation constante des relations entre Mabri et son bras droit Flindé. Ce dernier, selon des articles parus dans la presse, a sollicité la médiation du président Bédié pour réparer le différend entre lui et son président. Avec la nouvelle équipe gouvernementale, qui va accompagner Mabri ou Flindé au gouvernement ? Alhassane Salif N’Diaye ? Jean Blé Guirao ? Woï Messé ? Tchagba Laurent ? Céline Dié Bonaho ? Seul Mabri à la réponse à ces interrogations.
Kra Bernard
C’est désormais une certitude. Après son arrivée au pouvoir, le président Ouattara va former dans les jours qui viennent son deuxième gouvernement. Selon le gentleman agreement, signé entre le candidat Ouattara et l’ancien président, Henri Konan Bédié, le poste de Premier ministre doit revenir à un cadre du Pdci Rda. Même si le titulaire de la Primature est presque connu, c’est encore le mystère sur les cadres qui vont composer cette deuxième équipe gouvernementale du président Ouattara. Il est évident que certains ministres de l’actuelle équipe vont rempiler, soit en redoublant leur classe soit en changeant de portefeuille ministériel. Les moins chanceux, par contre, feront leurs adieux aux activités gouvernementales. De 36 membres, le gouvernement commando devrait comporter 26 ou 27 ministres. De ce fait, chacun des grands groupes (Pdci, Rdr et le bloc Soro) seront appelés à sacrifier au moins trois ministres et peut-être cinq pour le Rdr. Pour constituer cette nouvelle équipe de technocrates chevronnés qui vont mettre en œuvre les solutions du président de la République, les tractations, lobbying et conciliabules se poursuivent. Dans les états-majors des partis politiques, c’est la veillée d’arme. Tous les candidats qui veulent figurer dans le nouveau gouvernement font des pieds et des mains pour rentrer dans les bonnes grâces du président de leur parti pour espérer figurer dans la nouvelle équipe. Mais les méthodes et les approches pour choisir les futurs ministres divergent selon les formations politiques.
Pdci Rda : Après Bédié, c’est vraiment Bédié
Le doyen des partis politiques en Côte d’Ivoire est de loin la formation où il n’y a pas trop de débat autour des choix des ministrables. Fort de ses 40 années passés au pouvoir, le Pdci Rda a une parfaite maîtrise des manœuvres pour choisir ses cadres qui doivent figurer dans toute équipe gouvernementale. Sur le sujet, il se susurre dans les coulisses du parti sexagénaire que les choix des cadres de ce parti, après consultation du secrétaire général, sont indiscutables ou presque. De fait, rares sont ceux qui peuvent contester les choix du Sphinx de Daoukro sur tel ou tel cadre qui doit faire partie d’un gouvernement. Les adeptes des grognons et autres éternels insatisfaits sont donc contraints de rouspéter dans le silence de peur de se griller pour toujours. Ainsi comme l’a indiqué récemment Zié Daouda Coulibaly, au Pdci Rda, après Bédié, c’est vraiment Bédié. Pour ce nouveau gouvernement, nos sources révèlent que deux ou trois des neuf ministres issus du Pdci Rda seront remerciés. Ceci toujours, indiquent nos sources, pour réparer un impair qui a été commis dans la première équipe. L’on a encore en mémoire qu’au lendemain de la formation de l’actuel gouvernement, des voix se sont élevées au sein du Pdci pour critiquer durement les choix du président Bédié qui, selon eux, a fait la part belle aux cadres ressortissants du grand Centre. Sur les neuf ministres proposés par le Pdci, huit sont Akan, contre un seul cadre de l’Ouest. Dans la nouvelle équipe, nos sources révèlent que Bédié serait disposé à ‘‘troquer’’ deux ou trois ministres du grand Centre pour contenter les militants des autres régions du pays.
Rdr : La grande saignée
Comme le Pdci Rda, le Rdr, parti au pouvoir n’a pas non plus de gros soucis à se faire. Même s’il n’est plus président de cette formation, les choix du président Ouattara sont presque transcendantaux dans la case. Le ministre Amadou Soumahoro, qui gère actuellement le Rdr au quotidien, est le conseiller spécial en politique du président de la République. De fait, il existe une parfaite complicité entre le Sgi et le président de la République qui est toujours assisté de l’inamovible Amadou Gon Coulibaly dans les choix des cadres de la rue Lepic. Après la dissolution des Forces nouvelles, la quasi-totalité des cadres qui ont animé l’ex-rébellion ont déposé leurs valises au Rdr et se sont présentés aux élections législatives sous la bannière de cette formation. Pour le nouveau gouvernement, c’est donc une véritable saignée qui se prépare chez les républicains. Les 21 ministres Rdr (les 6 pro-Soro et les 15 Rdr orthodoxes) seront revus à 15 ou 16. Ce sont, selon des indiscrétions, entre 5 et 8 ministres Rdr qui quitteront le gouvernement. Pour le choix ou le maintien de ceux qui vont figurer dans la nouvelle équipe gouvernementale, Ouattara ne tombera pas dans le sentimentalisme. Après le gouvernement de ‘‘remerciement’’, l’heure est arrivée pour le mentor des républicains de choisir ses hommes pour réaliser son programme de gouvernement qui a été déjà mis à mal par la crise postélectorale. Il se raconte aussi que le Premier ministre risque de partir avec la majeure partie des cadres ex-Forces nouvelles, parce que celles-ci n’existent plus de façon formelle. Dans cette dynamique, le chef de l’Etat va outrepasser les considérations politiques pour miser sur la compétence sans oublier aussi le paramètre de la géopolitique. Amadou Soumahoro et Alassane Ouattara sont donc à la manœuvre pour fournir au nouveau gouvernement ce que le Rdr a de meilleur comme cadre, car l’erreur n’est pas permise.
Mfa : Qui pour représenter Anaky ?
C’est assurément le parti qui fait toujours parler de lui dans la formation de tout nouveau gouvernement. Miné par une instabilité chronique, le parti fondé par Anaky Kobenan est cette fois-ci à la croisée des chemins. Qui choisir pour représenter le parti dans la prochaine équipe gouvernementale ? Violente question comme le dirait l’artiste. L’histoire a démontré qu’Anaky Kobenan, à quelques exceptions près, ne s’est jamais entendu avec tous les cadres qu’il propose au gouvernement où qui y vont sans sa caution. Ce fut le cas de Joël N’Guessan, Hamza Bamba et dernièrement Philippe Légré qui a été débarqué de son poste de secrétaire général du Mfa alors qu’il était en mission avec l’équipe nationale à Malabo. Selon l’organigramme du parti, c’est Kouakou Tanoh Fidèle, secrétaire général adjoint du Mfa, qui devrait logiquement prendre le secrétariat général. Mais du fait de ses fonctions à la Commission nationale des droits de l’Homme, qui l’oblige à avoir le droit de réserve, Anaky a misé sur Pascal Angui. A-t-il réservé Tanoh Fidèle comme son joker pour le prochain gouvernement ou bien c’est Anaky lui-même qui va siéger dans la nouvelle équipe commando ? Les jours qui viennent nous situeront.
Udpci : Mabri devant un choix cornélien
Le parti fondé par Robert Guéï a deux représentants dans l’actuelle équipe gouvernementale. Depuis les accords de Linas-Marcoussis, Albert Mabri Toikeusse a été membre de tous les gouvernements qui se sont succédé sous Gbagbo jusqu’à la double dissolution du gouvernement en février 2010 par l’ancien président. A partir de cette date, c’est le maire de Man, Albert Flindé, qui représente désormais le parti arc-en-ciel au sein de l’exécutif. Le nombre de ministres Udpci a été bonifié avec l’accession de Ouattara au pouvoir. Seulement voilà. Depuis quelque temps, l’on parle d’une dégradation constante des relations entre Mabri et son bras droit Flindé. Ce dernier, selon des articles parus dans la presse, a sollicité la médiation du président Bédié pour réparer le différend entre lui et son président. Avec la nouvelle équipe gouvernementale, qui va accompagner Mabri ou Flindé au gouvernement ? Alhassane Salif N’Diaye ? Jean Blé Guirao ? Woï Messé ? Tchagba Laurent ? Céline Dié Bonaho ? Seul Mabri à la réponse à ces interrogations.
Kra Bernard