Mesdames et messieurs, je viens à l’instant de remettre ma démission au poste de Premier ministre au président de la République. En effet, la Commission électorale indépendante (Cei) vient de proclamer les résultats définitifs des élections législatives confirmant ainsi du coup ma qualité de député de la circonscription de Ferkessédougou. Aussi, voudrais-je dire toute ma satisfaction face à l’excellence du travail accompli par toutes les institutions intervenues dans le processus électoral mais aussi ma joie de noter que notre pays vient ainsi de franchir, avec bonheur, une étape essentielle dans notre quête commune de démocratie. Dès lors, il me revenait de tirer toutes les conséquences du jeu démocratique… Le principe sacro saint de la séparation des pouvoirs telle que l’a consacré notre Constitution, vous l’aurez compris, cette situation très sérieuse entraine cependant une incompatibilité entre les fonctions précédentes au sein de l’exécutif et celles nouvelles au sein des législatives. En quittant ce jour, mes fonctions de Premier ministre, ministre de la Défense en accord et en harmonie avec M. le président de la République, mes premières pensées vont à l’endroit de ma famille qui a tant souffert le martyr de mes longues absences et des frayeurs des tentatives d’assassinat dont j’ai régulièrement été l’objet. Ainsi qu’à mes enfants que je n’ai pas eu le privilège de voir grandir. Absorbé que j’étais par les lourdes charges du devoir. Mes pensées vont plus naturellement vers le peuple de Côte d’Ivoire qui m’a honoré de sa confiance durant les neuf années où j’ai exercé au sein de la République de Côte d’Ivoire, 4 ans en tant que ministre d’Etat et 5 ans en tant que Premier ministre. Toutes ces années ont été émaillées de joie et surtout de souffrances et de douleurs vives. Ensemble, nous avons payé un lourd tribut au combat pour la démocratie. A cet instant précis, je pense à tous mes proches, amis et surtout à tous mes valeureux citoyens anonymes qui ont perdu la vie sur le chemin de la liberté. Je m’incline très sincèrement en leur mémoire. Je me permettrais ensuite de remercier le président de la République, Son excellence Alassane Dramane Ouattara et de lui traduire toute ma reconnaissance pour sa confiance et son affection qui ne m’ont jamais fait défaut. Il m’a inculqué une autre vision de l’Etat et a forgé ma capacité à aborder les questions de développement du pays autrement. Je me dois de faire du reste une mention spéciale à mes compagnons et frères des Forces nouvelles Mpci, Mpigo, Mjp qui ont mené à mes côtés le juste et noble combat. Je remercie aussi toute la classe politique et le président Bédié qui m’ont soutenu. Je voudrais aussi saluer les membres des gouvernements successifs sans exclusion que j’ai eu à diriger ainsi que mes collaborateurs civils et militaires en leurs grades et qualités. Les hommes et les femmes vaillants et prometteurs sans lesquels je ne serais pas parvenu à accomplir ma tâche avec bonheur et fierté. Le bilan est avant tout positif au dire de citoyens avertis, mais c’est d’abord et avant tout leur œuvre. Je leur en suis reconnaissant, ce serait vaniteux et prétentieux d’évoquer le bilan positif de notre action sans me référer au bon Dieu qui a permis l’agencement de notre destin, qui a permis à l’orphelin précoce que je suis, de trouver ma voie sur le chemin tortueux de la vie. Je pense au miracle de l’Accord politique d’Ouagadougou, c’est le lieu de remercier le président de la République du Burkina pour sa clairvoyance politique qui a favorisé la signature de cet accord. Cela a permis, par les audiences foraines, de sortir près de 700 000 personnes de l’anonymat administratif. Et nous a donné 6 millions de cartes d’identité établissant ainsi la citoyenneté de nombreux compatriotes, qui a permis des élections transparentes et démocratiques et d’un président dont la légitimité est incontestable mais surtout ce combat a restitué la dignité de millions d’Ivoiriens qui se sentaient humiliés et trahis par leurs partis des années durant. A tous, je dis merci pour les sacrifices consentis. Je ne serais pas complet si je ne fais pas mienne la sagesse qui dit qu’on ne peut pas servir sans nuire. Durant toutes les années où j’ai eu à exercer au sommet de l’Etat, j’ai certainement contrarié certains compatriotes, mes décisions ont pu nuire à certains. Je veux tout simplement demandé pardon à la nation et à tous ceux qui ont souffert de ma gouvernance. Je prie Dieu pour qu’ils trouvent en ce petit mot simple mais qui vient du fond du cœur l’apaisement. Je pars donc de la primature le cœur léger, l’âme en paix avec le sentiment du devoir accompli. Je demeure à la disposition du président de la République, je souhaite bon vent à la brillante personnalité qui ne manquera pas d’être nommée par le président de la République, je l’assure d’emblée de tout mon soutien ainsi que celui de tous mes collaborateurs. Je réaffirme une fois de plus ma disponibilité à servir mon pays en tant que député de la nation et de toute autre mission que le président voudra bien me confier. Pour la suite, ne dit-on pas que l’on rencontre sa destinée souvent par des chemins qu’on emprunte pour l’éviter. Alors laissons le destin s’accomplir. Merci à tous du fond du cœur.
Politique Publié le vendredi 9 mars 2012 | L’expression
Soro Guillaume : "Je pars le coeur léger"
© L’expression Par AristideConseil des Ministres extraordinaire: le Premier Ministre Guillaume Soro a présenté sa démission
Jeudi 8 mars 2012. Abidjan. Jeudi 8 mars 2012. Abidjan. Palais présidentiel du Plateau. Le Président de la République, SEM Alassane Ouattara préside un Conseil des Ministres extraordinaire au cours duquel il reçoit la démission du Premier Ministre Guillaume Kigbafory Soro