Partira ? Partira pas ? Cette épineuse et fastidieuse question aura connu un dénouement aussi rapide que l’ascension de celui qu’on présente sous différentes facettes selon les atomes crochus qu’on partage avec lui. Sauveur pour ses partisans et partenaires, rebelle et assassin selon ses pourfendeurs, Guillaume Soro n’en finit pas d’empiler des critiques de tout genre. A pratiquement 40 ans, l’ex- leader estudiantin devenu chef rebelle, ministre d’Etat, puis Premier Ministre n’a nullement l’intention de prendre une retraite anticipée de la vie politique ivoirienne. Aussi s’est-il, avant de rompre les amarres d’avec la Primature qu’il occupe depuis cinq ans, assuré de se trouver un autre point de chute non moins prestigieux que ce qu’il laisse avec ‘’beaucoup d’émotions’’. Avec tout ce qu’il a vécu pendant cette décennie 2002-2012, la logique aurait voulu que Guillaume Soro prenne du recul, se faisant oublier tant soit peu avant de revenir s’il le souhaite dans l’arène politique. Que nenni puisque tout dans la démarche politique de l’homme incline à conclure qu’il s’est retrouvé emballé dans un cercle vicieux qui l’empêche quasiment de faire machine arrière aujourd’hui. Qu’est-ce qui fait courir ‘’Bogota ‘’ au point où il ne peut plus s’arrêter ? En devenant président de l’Assemblée Nationale, ‘’Guillaume Soro 5 ‘’ (Leader Fesciste, Chef rebelle, Ministre d’Etat, Premier Ministre, ministre de la Défense), ajoute une cinquième corde à son arc ‘’politique’’. Il ne lui reste plus qu’ à devenir président de la République pour couronner un parcours aussi atypique. Et le strapontin de l’hémicycle n’est pas forcément fait pour l’éloigner de ce but ultime. En effet au cas où il y aurait une vacance du pouvoir demain pour les raisons prévues par la Constitution ivoirienne, Guillaume Soro n’aura plus qu’à savourer… Même s’il s’agit d’un intérim de 90 jours. Parce que l’histoire aura retenu qu’il aura eu ce titre tant convoité qui amène des personnes aux faciès angéliques à se muer en véritables carnassiers sans pitié. A moins que les dispositions constitutionnelles en la matière ne connaissent une ‘’légère modification’’ dans quelques semaines. Une précaution n’étant jamais de trop dans ce marigot politique ivoirien où ‘’ souris mange chat’’. Dans la tête de «Guillaume Soro 5» donc, trop de questions trottinent. Entre la Primature et l’Assemblée Nationale, quel était le meilleur perchoir pour peser sur le cours de l’histoire actuelle de la Côte d’Ivoire ? Lui seul à la réponse vu les pas qu’il a trainés avant d’annoncer sa démission. Cependant, il est tôt et hasardeux de prédire son avenir politique vu qu’il a, et cela n’est pas faux, une capacité d’anticipation au dessus de la moyenne. Une qualité qui lui a permis de se tirer de bien de situations périlleuses. Guillaume Soro se donnera les moyens et alors tous les moyens de compter. Déjà cela se voit puisqu’il va se faire élire bien avant que le nouveau gouvernement ne soit formé. Ces pérégrinations actuelles ressemblent bien à ce que ZWEIG Stefan, Nouvelliste et essayiste autrichien (1881-1942) disait à propos du pouvoir. << Le pouvoir est comme la tête de la méduse : celui qui en a vu la figure ne peut plus en détourner le regard, reste fasciné et charmé. Celui qui a goûté l’ivresse de la domination et du commandement ne peut plus s’en passer. Qu’on cherche dans l’histoire universelle des exemples de renoncement volontaire : en dehors de Sylla et de Charles Quint, on en trouve à peine dix qui, le cœur rassasié et l’esprit apaisé, aient pu renoncer à la volupté presque sacrilège de diriger les destins de millions d’hommes >>. Avant l’ultime consécration, Soro va se faire appeler désormais «Monsieur le Président»…
Par Valery Foungbé
Par Valery Foungbé
