• Une opposition se dessine déjà au sein du Parlement
236 voix, soit 94,77% sur 249 votants, pour 12 abstentions et 1 bulletin nul ! C’est le résultat de l’élection qui a porté, hier lundi 12 mars, à la tête de la présidence de l’Assemblée nationale, Soro Kigbafory Guillaume, candidat unique à la succession du président Mamadou Koulibaly. Le scrutin a été donc sans suspense. Mais on retiendra tout de même que le candidat présenté et investi par le RDR, puis soutenu par les partis alliés du RHDP (PDCI-RDA, UDPCI, MFA et aussi UPCI), n’a pas été élu à l’unanimité des 249 députés présents (sur 253 parlementaires, en attendant Bonon et Facobly) dans la grande salle de la Fondation Félix Houphouët-Boigny pour la Recherche de la Paix de Yamoussoukro, la capitale politique de la Côte d’Ivoire. On peut donc dire sans risque de se tromper, qu’avant même son investiture officielle en qualité de président de la 2ème législature de la 2ème République (2011-2016), Soro Guillaume devra déjà composer avec ses premiers opposants au sein de l’Hémicycle. Cette opposition sera à coup sûr, menée par les députés indépendants réputés ou supposés proches du Front populaire ivoirien (FPI). L’ex-parti au pouvoir retourné dans l’opposition ayant donné un mot d’ordre clair de boycott des élections législatives du 11 décembre 2011 et des partielles organisées le 26 février 2012. Ecoutons à ce propos, l’honorable Gueye Boniface, le député de Kouibly qui annonce d’emblée, la «fronde» parlementaire des «abstentionnistes». «Au niveau des députés indépendants que nous sommes, nous nous réunissions souvent, et nous allons jouer pleinement notre partition. Ce n’est pas parce que nous ne sommes pas nombreux, ah non ! C’est vrai que nous ne sommes plus que 17 aujourd’hui, mais vous serez surpris. Nous allons faire un bon travail et allons dignement représenter la population au sein de l’Assemblée nationale », a prévenu Gueye Boniface. De là à dire qu’un Groupe parlementaire des députés qui se sont abstenus d’accorder leurs suffrages à Soro, serait en train de se constituer, il n’y a qu’un pas. S’il est certain que cet éventuel Groupe parlementaire sera à priori formé majoritairement par les indépendants, peut-on imaginer un seul instant que certains députés issus des appareils politiques puissent enfreindre les règles de discipline des partis, et montrer au grand jour leur désaccord lors des débats parlementaires ? Pas si sûr. Quoique selon certains bruits qui ont circulé dans les couloirs de la Fondation, des bulletins «blancs» voire «nuls» proviendraient également des rangs d’élus du RHDP.
Le Gal Ouassenan, chef d’orchestre de la rentrée parlementaire inaugurale
Pour en revenir à la cérémonie elle-même, la rentrée parlementaire inaugurale s’est déroulée avec toute la solennité requise dans ce genre d’occasions ; même si on a pu déplorer le fait que la salle était vide au trois quarts. Il est 10H27 lorsque le Secrétaire général de l’Assemblée nationale, Koby Aka Basile, Professeur de Droit et de Sciences Politiques à l’Université de Cocody, annonce l’ouverture de la cérémonie. S’adossant aux textes qui régissent la deuxième institution de la République de Côte d’Ivoire, il indique que le bureau de séance sera présidé par le Doyen d’âge des députés, qui sera secondé dans sa tâche par deux secrétaires qui se trouvent être les deux plus jeunes parlementaires de la présente législature. Le Secrétaire général appelle aussitôt «à la barre» le Général Gaston Ouassenan Koné, qui s’installe confortablement dans le fauteuil apprêté pour accueillir le Président de l’Assemblée. Puis à sa suite, Yasmina Ouégnin épouse Guessen (député de Cocody) et Da Sassan Tikouété (élu de Bouna) dans les rôles de secrétaires de séance. La cérémonie peut alors commencer. Le Gal Ouassenan demande d’abord une minute de silence en la mémoire du député d’Issia, Dr. Diomandé Mamadou, décédé après son élection au Parlement, le jeudi 16 février 2012. Après quoi, le président de séance délivre un discours inaugural dans lequel il remercie la communauté internationale pour sa contribution au retour de la paix en Côte d’Ivoire. Ce qui permet à ses députés de se réunir en toute quiétude pour élire leur président et leur premier-vice-président, unique point à l’ordre du jour de cette session parlementaire inaugurale. Après avoir adressé ses félicitations au président de la République Alassane Ouattara pour « son combat énergique pour la réalisation de cette avancée démocratique » en Côte d’Ivoire, Ouassenan Koné rappelle à ses collègues députés, les défis énormes qui sont les leurs : « donner à notre pays les outils indispensables afin de renouer avec le développement, le nouveau nom de la paix». Ensuite, le président de séance explique rapidement les procédures de vote, notamment le caractère secret du scrutin. Puis des enveloppes et des bulletins sont distribués aux députés présents dans la salle. Un tirage au sort est fait pour désigner le premier votant «selon les usages», précisera Gaston Ouassenan, avant qu’à l’appel de leurs noms, les députés ne se succèdent sur l’estrade et passent devant l’urne transparente déposer leur enveloppe contenant le bulletin de vote. Ces opérations électorales, suivies du dépouillement, donneront une heure et trente minute plus tard, Soro Kigbafory Guillaume grand vainqueur de ce scrutin dont les résultats étaient déjà connus d’avance. Car, comme le révélera à l’entame des travaux, le président de séance Gaston Ouassenan, tout s’est décidé la veille. «Le bureau d’âge réuni en sa séance du dimanche 11 mars, a reçu la candidature unique de Soro Kigbafory Guillaume, présenté par le RDR, et a validé cette candidature».
Soro donne rendez-vous aux députés dans un mois et deux semaines
Il est 13H10 lorsque le Général Gaston Ouassenan Koné proclame officiellement Soro Kigbafory Guillaume, nouveau président élu de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire. Puis s’ensuit l’élection du premier vice-président du Parlement. Là encore, le président du bureau de séance annonce une candidature unique, celle de Mme Fadika Sarah épouse Sako, également présentée par le RDR. A l’issue du même procédé de vote, la député de Touba est élue avec 224 voix sur 248 suffrages exprimés, soit 90,32% contre 24 abstentions. L’élection du Président et de la première vice-présidente terminée, Soro Guillaume est invité à prendre possession de ce qui lui revient de droit. Le Général Ouassenan, cède alors son fauteuil au nouveau Président de l’Assemblée nationale. Dans son premier discours à la Nation, qu’il prononce débout, Soro Guillaume mesure à sa juste valeur l’immensité du chemin parcouru et l’ampleur des attentes des populations. «(…) Vous venez de me confier les destinées de notre Assemblée Nationale, symbole de notre démocratie (…). Au moment où vous venez de m’élire à cette éminente fonction, je veux vous dire à la fois mon émotion et mon infinie reconnaissance (…). Quelquefois, la brusque accélératon de l’histoire fait défiler les événements à une allure telle que leur maîtrise par l’homme devient impossible, et dessine votre destin sans que vous n’en soyez l’artisan. Présider notre Assemblée nationale constitue un immense honneur (…). Je veux être digne de cette prestigieuse fonction en travaillant sans relâche au rassemblement des Ivoiriens (…). Il urge pour notre Assemblée Nationale, véritable creuset du rassemblement, de la tolérance et du pardon, de constituer tous ses organes : le bureau, les commissions permanentes. C’est pour cela que j’entamerai, sans tarder, de larges consultations à cet effet. Nous devrons être fin prêts pour la session ordinaire de l’Assemblée Nationale, le 25 avril prochain (…)». A la fin de la cérémonie, à 15H20, le Président de l’Assemblée Nationale Soro Kigbafory Guillaume reçoit les félicitations de ses collègues, qui défilent pour le saluer et lui faire des accolades, dans le Hall de la Fondation. Ainsi s’ouvre la 10ème législature de l’histoire de la Côte d’Ivoire, mais la 2ème sous la Deuxième République, entamée depuis l’adoption par référendum de la Constitution promulguée le 1er Août 2000.
ANASSE ANASSE
Envoyé Spécial à Yamoussoukro
236 voix, soit 94,77% sur 249 votants, pour 12 abstentions et 1 bulletin nul ! C’est le résultat de l’élection qui a porté, hier lundi 12 mars, à la tête de la présidence de l’Assemblée nationale, Soro Kigbafory Guillaume, candidat unique à la succession du président Mamadou Koulibaly. Le scrutin a été donc sans suspense. Mais on retiendra tout de même que le candidat présenté et investi par le RDR, puis soutenu par les partis alliés du RHDP (PDCI-RDA, UDPCI, MFA et aussi UPCI), n’a pas été élu à l’unanimité des 249 députés présents (sur 253 parlementaires, en attendant Bonon et Facobly) dans la grande salle de la Fondation Félix Houphouët-Boigny pour la Recherche de la Paix de Yamoussoukro, la capitale politique de la Côte d’Ivoire. On peut donc dire sans risque de se tromper, qu’avant même son investiture officielle en qualité de président de la 2ème législature de la 2ème République (2011-2016), Soro Guillaume devra déjà composer avec ses premiers opposants au sein de l’Hémicycle. Cette opposition sera à coup sûr, menée par les députés indépendants réputés ou supposés proches du Front populaire ivoirien (FPI). L’ex-parti au pouvoir retourné dans l’opposition ayant donné un mot d’ordre clair de boycott des élections législatives du 11 décembre 2011 et des partielles organisées le 26 février 2012. Ecoutons à ce propos, l’honorable Gueye Boniface, le député de Kouibly qui annonce d’emblée, la «fronde» parlementaire des «abstentionnistes». «Au niveau des députés indépendants que nous sommes, nous nous réunissions souvent, et nous allons jouer pleinement notre partition. Ce n’est pas parce que nous ne sommes pas nombreux, ah non ! C’est vrai que nous ne sommes plus que 17 aujourd’hui, mais vous serez surpris. Nous allons faire un bon travail et allons dignement représenter la population au sein de l’Assemblée nationale », a prévenu Gueye Boniface. De là à dire qu’un Groupe parlementaire des députés qui se sont abstenus d’accorder leurs suffrages à Soro, serait en train de se constituer, il n’y a qu’un pas. S’il est certain que cet éventuel Groupe parlementaire sera à priori formé majoritairement par les indépendants, peut-on imaginer un seul instant que certains députés issus des appareils politiques puissent enfreindre les règles de discipline des partis, et montrer au grand jour leur désaccord lors des débats parlementaires ? Pas si sûr. Quoique selon certains bruits qui ont circulé dans les couloirs de la Fondation, des bulletins «blancs» voire «nuls» proviendraient également des rangs d’élus du RHDP.
Le Gal Ouassenan, chef d’orchestre de la rentrée parlementaire inaugurale
Pour en revenir à la cérémonie elle-même, la rentrée parlementaire inaugurale s’est déroulée avec toute la solennité requise dans ce genre d’occasions ; même si on a pu déplorer le fait que la salle était vide au trois quarts. Il est 10H27 lorsque le Secrétaire général de l’Assemblée nationale, Koby Aka Basile, Professeur de Droit et de Sciences Politiques à l’Université de Cocody, annonce l’ouverture de la cérémonie. S’adossant aux textes qui régissent la deuxième institution de la République de Côte d’Ivoire, il indique que le bureau de séance sera présidé par le Doyen d’âge des députés, qui sera secondé dans sa tâche par deux secrétaires qui se trouvent être les deux plus jeunes parlementaires de la présente législature. Le Secrétaire général appelle aussitôt «à la barre» le Général Gaston Ouassenan Koné, qui s’installe confortablement dans le fauteuil apprêté pour accueillir le Président de l’Assemblée. Puis à sa suite, Yasmina Ouégnin épouse Guessen (député de Cocody) et Da Sassan Tikouété (élu de Bouna) dans les rôles de secrétaires de séance. La cérémonie peut alors commencer. Le Gal Ouassenan demande d’abord une minute de silence en la mémoire du député d’Issia, Dr. Diomandé Mamadou, décédé après son élection au Parlement, le jeudi 16 février 2012. Après quoi, le président de séance délivre un discours inaugural dans lequel il remercie la communauté internationale pour sa contribution au retour de la paix en Côte d’Ivoire. Ce qui permet à ses députés de se réunir en toute quiétude pour élire leur président et leur premier-vice-président, unique point à l’ordre du jour de cette session parlementaire inaugurale. Après avoir adressé ses félicitations au président de la République Alassane Ouattara pour « son combat énergique pour la réalisation de cette avancée démocratique » en Côte d’Ivoire, Ouassenan Koné rappelle à ses collègues députés, les défis énormes qui sont les leurs : « donner à notre pays les outils indispensables afin de renouer avec le développement, le nouveau nom de la paix». Ensuite, le président de séance explique rapidement les procédures de vote, notamment le caractère secret du scrutin. Puis des enveloppes et des bulletins sont distribués aux députés présents dans la salle. Un tirage au sort est fait pour désigner le premier votant «selon les usages», précisera Gaston Ouassenan, avant qu’à l’appel de leurs noms, les députés ne se succèdent sur l’estrade et passent devant l’urne transparente déposer leur enveloppe contenant le bulletin de vote. Ces opérations électorales, suivies du dépouillement, donneront une heure et trente minute plus tard, Soro Kigbafory Guillaume grand vainqueur de ce scrutin dont les résultats étaient déjà connus d’avance. Car, comme le révélera à l’entame des travaux, le président de séance Gaston Ouassenan, tout s’est décidé la veille. «Le bureau d’âge réuni en sa séance du dimanche 11 mars, a reçu la candidature unique de Soro Kigbafory Guillaume, présenté par le RDR, et a validé cette candidature».
Soro donne rendez-vous aux députés dans un mois et deux semaines
Il est 13H10 lorsque le Général Gaston Ouassenan Koné proclame officiellement Soro Kigbafory Guillaume, nouveau président élu de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire. Puis s’ensuit l’élection du premier vice-président du Parlement. Là encore, le président du bureau de séance annonce une candidature unique, celle de Mme Fadika Sarah épouse Sako, également présentée par le RDR. A l’issue du même procédé de vote, la député de Touba est élue avec 224 voix sur 248 suffrages exprimés, soit 90,32% contre 24 abstentions. L’élection du Président et de la première vice-présidente terminée, Soro Guillaume est invité à prendre possession de ce qui lui revient de droit. Le Général Ouassenan, cède alors son fauteuil au nouveau Président de l’Assemblée nationale. Dans son premier discours à la Nation, qu’il prononce débout, Soro Guillaume mesure à sa juste valeur l’immensité du chemin parcouru et l’ampleur des attentes des populations. «(…) Vous venez de me confier les destinées de notre Assemblée Nationale, symbole de notre démocratie (…). Au moment où vous venez de m’élire à cette éminente fonction, je veux vous dire à la fois mon émotion et mon infinie reconnaissance (…). Quelquefois, la brusque accélératon de l’histoire fait défiler les événements à une allure telle que leur maîtrise par l’homme devient impossible, et dessine votre destin sans que vous n’en soyez l’artisan. Présider notre Assemblée nationale constitue un immense honneur (…). Je veux être digne de cette prestigieuse fonction en travaillant sans relâche au rassemblement des Ivoiriens (…). Il urge pour notre Assemblée Nationale, véritable creuset du rassemblement, de la tolérance et du pardon, de constituer tous ses organes : le bureau, les commissions permanentes. C’est pour cela que j’entamerai, sans tarder, de larges consultations à cet effet. Nous devrons être fin prêts pour la session ordinaire de l’Assemblée Nationale, le 25 avril prochain (…)». A la fin de la cérémonie, à 15H20, le Président de l’Assemblée Nationale Soro Kigbafory Guillaume reçoit les félicitations de ses collègues, qui défilent pour le saluer et lui faire des accolades, dans le Hall de la Fondation. Ainsi s’ouvre la 10ème législature de l’histoire de la Côte d’Ivoire, mais la 2ème sous la Deuxième République, entamée depuis l’adoption par référendum de la Constitution promulguée le 1er Août 2000.
ANASSE ANASSE
Envoyé Spécial à Yamoussoukro
