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Société Publié le mardi 13 mars 2012 | Le Nouveau Réveil

Ouest de la Côte d’Ivoire : Le difficile chantier du revivre ensemble

L’ouest de la Côte d’Ivoire, on ne le dira jamais assez, a été durement secoué par les violences qui ont émaillé le second tour de l’élection présidentielle. Avant l’invasion des localités de cette région par les Forces républicaines de Côte d’Ivoire, certaines d’entre elles étaient à feu et à sang par l’action des miliciens et mercenaires libériens qui y foisonnaient. Duékoué, Bloléquin et Toulepleu, pour ne citer que ces localités, ont souffert le martyre et enregistré plusieurs pertes en vies humaines. Guiglo, à un degré moindre, a vécu la même situation. Ces villes de l’ouest que nous venons de visiter, portent aujourd’hui encore, les stigmates des violences enregistrées. Maisons incendiées, maisons décoiffées, maisons pillées, maisons portant des impacts de balle, c’est le triste spectacle qu’offrent la plupart des villages de Duékoué, de Bloléquin, de Toulepleu. Les populations, celles qui ont pu s’extraire de ces violences pour trouver refuge ailleurs, découvrent avec beaucoup de désolation, l’ampleur des dégâts subis à leur retour. Le cas de Niambly, à Duékoué, campe bien la réalité que vivent en ce moment la majorité des villages guéré. Situé à l’entrée de la ville, ce village qui abrite le roi des Wê, Gnomkpa 3, a totalement perdu son lustre d’antan. Pire, il est entièrement sinistré. Des maisons ont été décoiffées, d’autres calcinées. Et pourtant, allogènes comme autochtones sont unanimes qu’il faisait bon vivre avant à Niambly.

Le difficile retour des autochtones
Tant bien que mal, les populations, celles qui se sont armées de courage pour revenir au village, réapprennent aujourd’hui, à vivre ensemble à nouveau, avec toutefois, beaucoup de méfiance. Si la normalité semble de mise du côté des allogènes que l’on retrouve d’un côté du village que la voie principale divise en deux, ce n’est pas le même constat chez les autochtones. Seulement 267 personnes à la date de notre passage du dimanche 03 mars, avaient officiellement regagné le village. Les autres sont soit à la mission catholique, soit au camp de Nahibly. «Nous avons décidé de revenir parce que nous sommes cultivateurs et planteurs. Notre bien, c’est la brousse. Notre absence prolongée pourrait poser un autre problème lié au foncier. C’est pourquoi nous avons décidé de revenir. Et nous sommes à ce jour 267 personnes à revenir au village» nous a indiqué Mombohi Guela Ange Augustin, qui s’est présenté à nous comme le porte-parole des personnes revenues. «Le retour se fait petit à petit» précise-t-il. Les personnes revenues, soutient-il, ont pu bénéficier, pour la plupart, d’aides d’organismes internationaux tels Hcr, Caritas, Irc, Oim, qui leur ont offert des vivres et réhabilité ou reconstruit leurs demeures. Au niveau de la sécurité, les choses semblent aller pour le mieux, puisque depuis leur retour, l’Onuci qui a une base à quelques encablures du village, effectue régulièrement des patrouilles. Et aucun incident majeur n’a, jusque-là, été signalé. L’école a repris ses droits. Les enfants ont retrouvé avec bonheur le chemin de l’école, toute chose qui décrispe la situation. Mais des obstacles, non des moindres pour les autochtones, se dressent sur le chemin du retour, notamment, la présence des chasseurs traditionnels Dozo dans leurs villages respectifs. Ils souhaitent tous que la page soit définitivement tournée, que tout soit mis en œuvre pour la normalisation de la situation comme par le passé. «Il faut que le gouvernement pense à nous pour que chacun puisse regagner sa plantation. On veut retrouver la paix, la cohésion sociale que nous avions auparavant», vœux chers de tous les autochtones que leur porte-parole, Mombohi Guela Ange Augustin, porte. «Les femmes de Niambly souhaitent regagner leur village et travailler tranquillement. Nous voulons sortir de l’oisiveté», renchérit une dame. Les allogènes, de leur côté, ne se plaisent pas du tout de cette situation. Aussi souhaitent-ils, eux aussi, que la normalité soit de mise. «On souhaite que nos tuteurs reviennent pour que nous vivions en harmonie», martèle un jeune ressortissant du Burkina-Faso, établi dans ce village depuis plus d’une vingtaine d’années. Ces propos donnent une idée claire de l’état d’esprit qui habite les uns et les autres après les graves évènements que Niambly a connus au mois de mars 2011. Si les cœurs semblent disposer à tourner définitivement la page des violences, il reste cependant beaucoup à faire pour panser les meurtrissures. La contribution de l’Etat de Côte d’Ivoire ainsi que celle la Commission Dialogue-vérité et réconciliation est plus que jamais nécessaire pour y aboutir.

Paul Koffi
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