C’était tout, sauf une surprise ou presque. Les Ivoiriens n’ont pas vu hier le séisme politique d’une grande magnitude annoncé dans la composition du nouveau gouvernement. Tous les ministres du gouvernement Soro ont été reconduits dans le gouvernement Ahoussou 1. Pour certains, la reconduction intégrale de l’équipe Soro était prévisible. Pour d’autres, c’est la continuité avec un gouvernement déjà budgétivore. Mais à la réalité, pourquoi rien n’a changé dans cette équipe ? Selon des informations de première main en notre possession, le président Ouattara n’a pas encore renoncé à sa volonté de travailler avec une équipe restreinte de technocrates chevronnés. L’homme qui est notoirement reconnu pour sa politique austère ne s’est pas débiné. Au contraire, il aurait simplement différé la mise sur pied de cette équipe commando après l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative Pays pauvres très endettés qui doit intervenir au plus tard au deuxième semestre de l’année 2012. La raison de ce léger différé est simple. Un remaniement ministériel coûte très cher. Par exemple, les frais d’installation d’un nouveau ministre culminent à un peu plus de 50 millions de Fcfa. Et quand un ministre quitte le gouvernement, il continue de percevoir son salaire sur six mois et conserve, à quelques exceptions près, tous ses avantages sur la même période. Or l’état actuel des finances de l’Etat ne permet pas de continuer à payer les salaires de la dizaine de ministres annoncés sur le départ sur une période de six mois, décaisser des centaines de millions, voire un milliard de Fcfa pour installer de nouveaux ministres. Autant attendre l’atteinte du Ppte qui va apporter un peu d’oxygène dans les finances publiques pour procéder à ce grand exercice de catharsis. Autre argument qui a milité à la reconduction de l’ancien gouvernement. La quasi-totalité des ministres qui sont là n’ont pas encore fait une année de présence au gouvernement. Même si l’administration est une continuité, le président estime que beaucoup de chantiers ont été ouverts par les membres de l’ancienne équipe dans le cadre des différents programmes de sortie de crise. Lors de sa dernière visite en terre ivoirienne, les membres du conseil d’administration de la Banque mondiale ont beaucoup apprécié le travail réalisé sur le terrain par l’administration Ouattara. Pour plus de cohérence et éviter les déperditions au niveau des méthodes d’intervention, il importait de jouer un peu les prolongations pour permettre à ces hauts commis de l’Etat de faire avancer un peu les chantiers qu’ils ont ouverts. Le président lui-même n’a pas hésité à rendre hommage aux 36 ministres au cours du dernier séminaire gouvernemental. Au total, même si certains Ivoiriens sont déçus, ils n’ont qu’à prendre leur mal en patience. Nos sources révèlent que le grand nettoyage tel qu’annoncé aura lieu, peut-être au cours du dernier trimestre de l’année 2012.
Kra Bernard
Kra Bernard