Pour la première fois depuis son licenciement à la RTI (Radiodiffusion Télévision Ivoirienne), Barthélémy Inabo parle. Au menu, son départ de cette télé dont il a fait les beaux jours, la question des droits et son avenir qui s'inscrit désormais dans le privé…Entretien exclusif et, à bâtons rompus
Le Patriote : Vous venez d'être rayé de l'effectif de la RTI après plus de 30 années de service. Ressentez-vous ce licenciement comme une trahison ?
Barthélémy Inabo Zouzoua : Non, je ne peux pas dire cela. Mais je trouve que c'est une mauvaise récompense pour l'effort que j'ai fourni pour la télé. C'est arrivé, je prends cela avec philosophie. Et puis, on verra.
LP : Avez-vous senti durant les quatre mois de chômage technique que vos patrons voulaient se séparer de vous ?
BIZ : Oui, j'ai senti cela. Parce que logiquement, quand on prend une mesure de chômage technique dans une entreprise, c'est qu'il y a problème. On ne recrute pas en même temps. C'est cela la logique. Quand nous avons vu de nouveaux visages à la télé, nous nous sommes dit certainement qu'on ne voulait plus de nous.
LP : Pensez-vous que vous avez été licencié sur des critères qui n'étaient pas objectifs ?
BIZ : Ah non, je ne peux pas le dire. Toute décision est basée sur des critères. Si moi, je dis que ces critères ne sont pas objectifs, ils le sont pour ceux qui ont pris ces décisions. Mais ce que j'ai compris, c'est peut-être que les grands cadres que nous sommes, coûtons chers à la RTI. C'est peut-être pour eux plus facile de prendre 2 ou 3 jeunes journalistes que de payer un grand cadre comme moi. Avec ces 2 ou 3 journalistes qu'ils payeront, ils n'atteindront pas sûrement mon salaire. Donc cette décision peut être une mesure économique. Maintenant, c'est à l'appréciation de chacun.
LP : Vous n'avez donc pas de récrimination particulière contre vos anciens patrons ?
BIZ : Ah non, jamais ! Comment voulez-vous que j'aie des récriminations contre une structure dans laquelle j'ai passé la moitié de ma vie. Ce n'est pas possible. Cela dit, si j'étais dirigeant de la RTI, j'allais appeler individuellement un certain nombre de personnes pour leur dire que l'entreprise a des sérieux problèmes et qu'il faut qu'elle fasse des sacrifices. Je vous assure que si cela avait été le cas, nous aurions fait des contre-propositions. Si on m'avait dit : on n'a pas d'argent pour vous donner, créez votre boîte privée, et travaillez avec la RTI en partenariat privé, j'aurais accepté. Mais personne ne nous a fait cette proposition. Je pense qu'il aurait été intéressant pour eux que nous soyons en partenariat que de nous dire : prenez l'argent et allez voir ailleurs.
LP : Avec vous, Jacques Zadi, l'un des pionniers du NG10, a été également remercié. Est-ce la fin d'une époque pour ce groupe soudé ?
BIZ : Oui, c'est dommage. Quand Serge Fatoh est parti, on a essayé de garder le symbole NG10. Et maintenant, moi, je pars avec Jacques. Certes, certains sont restés encore à la RTI mais l'âme du NG10 ne survivra pas après nous. Une famille décapitée n'est véritablement plus une famille. Mais, j'ose espérer qu'ils pourront continuer à entretenir la flamme.
LP : Est-ce à dire que l'éviction des cadres comme vous peut avoir une incidence sur la qualité de la production de la RTI ?
BIZ : L'idéal aurait été que des anciens restent pour encadrer les jeunes. Néanmoins, quelques anciens sont restés. S'ils peuvent encadrer les jeunes, ce serait bien. Il ne faut pas aussi tirer sur la télé. Elle m'a tout donné. Elle m'a sorti de l'anonymat. Pendant 30 ans, elle m'a donné beaucoup de choses positives. Donc, je ne peux pas tirer sur la RTI. Mais, ça me ferait mal qu'elle sombre. Car, l'expérience a montré que dans tous les pays africains où l'espace audiovisuel a été libéralisé, la télé nationale a sombré. C'est le cas de la CRTV au Cameroun qui est devancée par Canal 2. Au Sénégal, la RTS ne tient pas la concurrence devant 2STV. Au Burkina, c'est pareil. Chez nous, on libéralise avec précaution en demandant par exemple un cautionnement d'un milliard. C'est une précaution extrême qui veut dire que n'importe qui ne peut pas intégrer un domaine aussi sensible que celui de la télé. Cela veut dire que les chaînes privées qu'on aura en Côte d'Ivoire ne sont pas des chaînes qui vont disparaître du jour au lendemain. Donc, elles vont énormément inquiéter la télé nationale.
LP : Justement, ces chaînes pourraient se rabattre sur vous…
BIZ : Ah oui ! Depuis lundi, je dis aux promoteurs de télés privées que je ne suis plus membre de la RTI. Donc, je suis sur le marché. Cela sera intéressant que nous nous retrouvions sur des télés privées pour affronter la RTI dont on connaît les forces et les faiblesses. Pour les téléspectateurs, cela va être très intéressant. Et nous allons nous affronter mais à la loyale. Eux seront dans le public et nous dans le privé. Avec les contraintes que nous connaissons et les retards qu'ils mettront pour aller aux reportages, nous serons dans le privé avec une obligation de résultats. On mettra les bouchées doubles pour avoir l'estime des téléspectateurs. D'ailleurs, tous les jeunes qui ont été remerciés que je connais, sont prêts après l'émotion de lundi à en découdre à la loyale avec la RTI.
LP : Combien de structures vous ont-elles déjà approché ?
BIZ : (Rires) Pas mal. Mais, je ne peux pas vous dire le nombre. Même avant mon licenciement, j'étais déjà contacté par des structures privées.
LP : Votre avenir après la RTI sera-t-il dans la production ou la présentation ?
BIZ : Si vous avez remarqué, je présentais de moins en moins les émissions ces derniers temps. Moi, je suis un peu plus dans la production. Ce qui est un de mes métiers. La présentation, c'est accessoire. Ce qui est important, c'est la production et la création d'une émission de télévision. Je suis avant tout créateur d'émission.
LP : Partez-vous avec Variétoscope qui est votre conception ?
BIZ : Ce serait injuste de ma part de partir avec Variétoscope qui est effectivement ma conception. Parce que cette émission nous a permis, mes amis et moi du NG10, d'exister. Mon souhait est que Variétoscope se poursuive. Mais, je vous assure que quand je serai dans le privé, je vais créer une émission qui ne sera pas Variétoscope bis. Cependant, elle ne sera pas trop loin de Variétoscope. Et elle va entrer en concurrence avec Variétoscope.
LP : Derrière votre licenciement, il y a la question de vos droits, qui a fait polémique dans la presse. Que reprochez-vous sur cette question à la RTI ?
BIZ : Comme je l'ai dit tantôt, je ne peux pas cracher sur la soupe que j'ai bue, c'est-à-dire la RTI. Donc je ne peux pas vilipender la RTI. Ce n'est pas possible. Mais, on m'a remis un chèque, sans les détails de mes droits. Sur quelle base, ces droits ont-ils été calculés ? Je ne le sais pas. Comment vais-je toucher mes droits à la retraite, je ne le sais pas non plus. Je suis entré à la RTI, en tant que fonctionnaire le 19 septembre 1978. Les anciens fonctionnaires viennent à la RTI avec leurs droits acquis. C'est ce que dit l'article 3 des statuts du personnel. Moi j'attends que mes droits acquis soient respectés.
LP : Avez-vous saisi les responsables de la RTI sur la question ?
BIZ : Le DRH sait bien qu'il y a une convention et des statuts du personnel. Je ne veux pas polémiquer. Je veux juste qu'on respecte mes droits. Si on m'appelle demain pour m'expliquer comment mes droits ont été calculés, si je suis d'accord, le débat sera clos pour moi. On dit qu'un bon arrangement vaut bien qu'un procès. D'ailleurs, je serais très gêné d'aller en procès contre la RTI. Car, elle est une partie de moi-même. Si demain, je me retrouve en face de la RTI au tribunal, ce serait comme si j'étais en face de moi-même. Donc pour moi, l'idéal serait qu'on se rapproche. C'est plus simple.
LP : Vous n'envisagez donc pas de porter plainte devant le tribunal ?
BIZ : Pour l'instant, non ! Maintenant, si nos appels incessants ne sont pas entendus, peut-être que ce sera l'extrême. Sinon, je vous assure que ni moi, ni certains de mes amis que j'ai approchés, n'avons envie d'aller en procès contre notre propre maison. Quoiqu'on dise, on y a passé toute notre vie. J'avoue que cela me gênerait d'aller en procès contre la RTI. Car, c'est elle qui m'a fait. Je suis entré à la RTI quand j'avais 19 ans. Aujourd'hui j'ai la cinquantaine. C'est une grande partie de ma vie que j'y ai passée.
LP : Justement, quel souvenir gardez-vous de la RTI ?
BIZ : La RTI, c'était une famille. Je voudrais qu'on reconstruise très rapidement cette famille. On y passait plus de temps que dans nos familles. Je ne suis pas trop sûr que ceux qui sont là-bas aujourd'hui soient trop à l'aise.
LP : Pour vous, ce licenciement va t-il concourir au pourrissement de l'ambiance à la RTI ?
BIZ : Déjà le chômage technique avait déteint sur l'ambiance à la RTI. C'est pourquoi, au plus vite, j'ai appelé certains de mes collègues qui sont restés pour leur dire que ce n'est pas parce que je suis parti de la RTI qu'on n'est plus des amis. Je leur ai dit : « appelez-moi régulièrement ! » La RTI, c'est notre vie.
LP : Pour finir, avez-vous un message particulier à lancer ?
BIZ : Je voudrais dire aux jeunes qui ont été licenciés de ne pas perdre espoir. La vie ne fait que continuer. Peut-être que demain, ils vont rire. A mes amis qui sont restés à la RTI, je dis qu'ils ont notre soutien. Qu'ils se battent pour faire avancer la maison. Qu'ils se disent aussi que la RTI c'est du sable mouvant. Nous sommes partis aujourd'hui, eux, ils peuvent également partir demain. Chacun d'entre eux doit faire bon usage de ce qu'ils gagnent. Et puis préparer son avenir. En ce qui me concerne, en plus de la RTI, j'avais d'autres activités. Je suis par exemple depuis 10 ans, fondateur de collège. Je vais m'en occuper le temps que les télés privées s'ouvrent. Je n'ai aucune rancœur contre la RTI. Mais la télé, c'est moi. Donc, on ne sera pas loin l'un de l'autre.
Réalisée par Y. Sangaré
Le Patriote : Vous venez d'être rayé de l'effectif de la RTI après plus de 30 années de service. Ressentez-vous ce licenciement comme une trahison ?
Barthélémy Inabo Zouzoua : Non, je ne peux pas dire cela. Mais je trouve que c'est une mauvaise récompense pour l'effort que j'ai fourni pour la télé. C'est arrivé, je prends cela avec philosophie. Et puis, on verra.
LP : Avez-vous senti durant les quatre mois de chômage technique que vos patrons voulaient se séparer de vous ?
BIZ : Oui, j'ai senti cela. Parce que logiquement, quand on prend une mesure de chômage technique dans une entreprise, c'est qu'il y a problème. On ne recrute pas en même temps. C'est cela la logique. Quand nous avons vu de nouveaux visages à la télé, nous nous sommes dit certainement qu'on ne voulait plus de nous.
LP : Pensez-vous que vous avez été licencié sur des critères qui n'étaient pas objectifs ?
BIZ : Ah non, je ne peux pas le dire. Toute décision est basée sur des critères. Si moi, je dis que ces critères ne sont pas objectifs, ils le sont pour ceux qui ont pris ces décisions. Mais ce que j'ai compris, c'est peut-être que les grands cadres que nous sommes, coûtons chers à la RTI. C'est peut-être pour eux plus facile de prendre 2 ou 3 jeunes journalistes que de payer un grand cadre comme moi. Avec ces 2 ou 3 journalistes qu'ils payeront, ils n'atteindront pas sûrement mon salaire. Donc cette décision peut être une mesure économique. Maintenant, c'est à l'appréciation de chacun.
LP : Vous n'avez donc pas de récrimination particulière contre vos anciens patrons ?
BIZ : Ah non, jamais ! Comment voulez-vous que j'aie des récriminations contre une structure dans laquelle j'ai passé la moitié de ma vie. Ce n'est pas possible. Cela dit, si j'étais dirigeant de la RTI, j'allais appeler individuellement un certain nombre de personnes pour leur dire que l'entreprise a des sérieux problèmes et qu'il faut qu'elle fasse des sacrifices. Je vous assure que si cela avait été le cas, nous aurions fait des contre-propositions. Si on m'avait dit : on n'a pas d'argent pour vous donner, créez votre boîte privée, et travaillez avec la RTI en partenariat privé, j'aurais accepté. Mais personne ne nous a fait cette proposition. Je pense qu'il aurait été intéressant pour eux que nous soyons en partenariat que de nous dire : prenez l'argent et allez voir ailleurs.
LP : Avec vous, Jacques Zadi, l'un des pionniers du NG10, a été également remercié. Est-ce la fin d'une époque pour ce groupe soudé ?
BIZ : Oui, c'est dommage. Quand Serge Fatoh est parti, on a essayé de garder le symbole NG10. Et maintenant, moi, je pars avec Jacques. Certes, certains sont restés encore à la RTI mais l'âme du NG10 ne survivra pas après nous. Une famille décapitée n'est véritablement plus une famille. Mais, j'ose espérer qu'ils pourront continuer à entretenir la flamme.
LP : Est-ce à dire que l'éviction des cadres comme vous peut avoir une incidence sur la qualité de la production de la RTI ?
BIZ : L'idéal aurait été que des anciens restent pour encadrer les jeunes. Néanmoins, quelques anciens sont restés. S'ils peuvent encadrer les jeunes, ce serait bien. Il ne faut pas aussi tirer sur la télé. Elle m'a tout donné. Elle m'a sorti de l'anonymat. Pendant 30 ans, elle m'a donné beaucoup de choses positives. Donc, je ne peux pas tirer sur la RTI. Mais, ça me ferait mal qu'elle sombre. Car, l'expérience a montré que dans tous les pays africains où l'espace audiovisuel a été libéralisé, la télé nationale a sombré. C'est le cas de la CRTV au Cameroun qui est devancée par Canal 2. Au Sénégal, la RTS ne tient pas la concurrence devant 2STV. Au Burkina, c'est pareil. Chez nous, on libéralise avec précaution en demandant par exemple un cautionnement d'un milliard. C'est une précaution extrême qui veut dire que n'importe qui ne peut pas intégrer un domaine aussi sensible que celui de la télé. Cela veut dire que les chaînes privées qu'on aura en Côte d'Ivoire ne sont pas des chaînes qui vont disparaître du jour au lendemain. Donc, elles vont énormément inquiéter la télé nationale.
LP : Justement, ces chaînes pourraient se rabattre sur vous…
BIZ : Ah oui ! Depuis lundi, je dis aux promoteurs de télés privées que je ne suis plus membre de la RTI. Donc, je suis sur le marché. Cela sera intéressant que nous nous retrouvions sur des télés privées pour affronter la RTI dont on connaît les forces et les faiblesses. Pour les téléspectateurs, cela va être très intéressant. Et nous allons nous affronter mais à la loyale. Eux seront dans le public et nous dans le privé. Avec les contraintes que nous connaissons et les retards qu'ils mettront pour aller aux reportages, nous serons dans le privé avec une obligation de résultats. On mettra les bouchées doubles pour avoir l'estime des téléspectateurs. D'ailleurs, tous les jeunes qui ont été remerciés que je connais, sont prêts après l'émotion de lundi à en découdre à la loyale avec la RTI.
LP : Combien de structures vous ont-elles déjà approché ?
BIZ : (Rires) Pas mal. Mais, je ne peux pas vous dire le nombre. Même avant mon licenciement, j'étais déjà contacté par des structures privées.
LP : Votre avenir après la RTI sera-t-il dans la production ou la présentation ?
BIZ : Si vous avez remarqué, je présentais de moins en moins les émissions ces derniers temps. Moi, je suis un peu plus dans la production. Ce qui est un de mes métiers. La présentation, c'est accessoire. Ce qui est important, c'est la production et la création d'une émission de télévision. Je suis avant tout créateur d'émission.
LP : Partez-vous avec Variétoscope qui est votre conception ?
BIZ : Ce serait injuste de ma part de partir avec Variétoscope qui est effectivement ma conception. Parce que cette émission nous a permis, mes amis et moi du NG10, d'exister. Mon souhait est que Variétoscope se poursuive. Mais, je vous assure que quand je serai dans le privé, je vais créer une émission qui ne sera pas Variétoscope bis. Cependant, elle ne sera pas trop loin de Variétoscope. Et elle va entrer en concurrence avec Variétoscope.
LP : Derrière votre licenciement, il y a la question de vos droits, qui a fait polémique dans la presse. Que reprochez-vous sur cette question à la RTI ?
BIZ : Comme je l'ai dit tantôt, je ne peux pas cracher sur la soupe que j'ai bue, c'est-à-dire la RTI. Donc je ne peux pas vilipender la RTI. Ce n'est pas possible. Mais, on m'a remis un chèque, sans les détails de mes droits. Sur quelle base, ces droits ont-ils été calculés ? Je ne le sais pas. Comment vais-je toucher mes droits à la retraite, je ne le sais pas non plus. Je suis entré à la RTI, en tant que fonctionnaire le 19 septembre 1978. Les anciens fonctionnaires viennent à la RTI avec leurs droits acquis. C'est ce que dit l'article 3 des statuts du personnel. Moi j'attends que mes droits acquis soient respectés.
LP : Avez-vous saisi les responsables de la RTI sur la question ?
BIZ : Le DRH sait bien qu'il y a une convention et des statuts du personnel. Je ne veux pas polémiquer. Je veux juste qu'on respecte mes droits. Si on m'appelle demain pour m'expliquer comment mes droits ont été calculés, si je suis d'accord, le débat sera clos pour moi. On dit qu'un bon arrangement vaut bien qu'un procès. D'ailleurs, je serais très gêné d'aller en procès contre la RTI. Car, elle est une partie de moi-même. Si demain, je me retrouve en face de la RTI au tribunal, ce serait comme si j'étais en face de moi-même. Donc pour moi, l'idéal serait qu'on se rapproche. C'est plus simple.
LP : Vous n'envisagez donc pas de porter plainte devant le tribunal ?
BIZ : Pour l'instant, non ! Maintenant, si nos appels incessants ne sont pas entendus, peut-être que ce sera l'extrême. Sinon, je vous assure que ni moi, ni certains de mes amis que j'ai approchés, n'avons envie d'aller en procès contre notre propre maison. Quoiqu'on dise, on y a passé toute notre vie. J'avoue que cela me gênerait d'aller en procès contre la RTI. Car, c'est elle qui m'a fait. Je suis entré à la RTI quand j'avais 19 ans. Aujourd'hui j'ai la cinquantaine. C'est une grande partie de ma vie que j'y ai passée.
LP : Justement, quel souvenir gardez-vous de la RTI ?
BIZ : La RTI, c'était une famille. Je voudrais qu'on reconstruise très rapidement cette famille. On y passait plus de temps que dans nos familles. Je ne suis pas trop sûr que ceux qui sont là-bas aujourd'hui soient trop à l'aise.
LP : Pour vous, ce licenciement va t-il concourir au pourrissement de l'ambiance à la RTI ?
BIZ : Déjà le chômage technique avait déteint sur l'ambiance à la RTI. C'est pourquoi, au plus vite, j'ai appelé certains de mes collègues qui sont restés pour leur dire que ce n'est pas parce que je suis parti de la RTI qu'on n'est plus des amis. Je leur ai dit : « appelez-moi régulièrement ! » La RTI, c'est notre vie.
LP : Pour finir, avez-vous un message particulier à lancer ?
BIZ : Je voudrais dire aux jeunes qui ont été licenciés de ne pas perdre espoir. La vie ne fait que continuer. Peut-être que demain, ils vont rire. A mes amis qui sont restés à la RTI, je dis qu'ils ont notre soutien. Qu'ils se battent pour faire avancer la maison. Qu'ils se disent aussi que la RTI c'est du sable mouvant. Nous sommes partis aujourd'hui, eux, ils peuvent également partir demain. Chacun d'entre eux doit faire bon usage de ce qu'ils gagnent. Et puis préparer son avenir. En ce qui me concerne, en plus de la RTI, j'avais d'autres activités. Je suis par exemple depuis 10 ans, fondateur de collège. Je vais m'en occuper le temps que les télés privées s'ouvrent. Je n'ai aucune rancœur contre la RTI. Mais la télé, c'est moi. Donc, on ne sera pas loin l'un de l'autre.
Réalisée par Y. Sangaré