Les créateurs de Grand-Bassam voguent la galère. Par extrapolation, la situation ne semble pas rose pour la majorité des créateurs ivoiriens. Mais, à une différence près. Si à Bassam on pleure les touristes, à Abidjan, c’est la situation financière pénible entraînée par la crise postélectorale qui douche les ardeurs des acheteurs d’œuvres d’art. « De façon générale, en ce qui concerne les œuvres de l’esprit, on ne fait pas de nombreuses ventes. C’est une minorité qui achète. Avec la crise postélectorale, on achète moins. Quand quelqu’un a des problèmes existentiels, il ne s’intéresse pas à l’art », confie Thierry Dia de la galerie Houkami Design. Ce qui se fait à Grand-Bassam est plus proche de l’artisanat que de l’art avec un grand A. Et au galeriste de renchérir : « on achète des œuvres d’art dans les galeries et non sur les routes. Une œuvre d’art est une pièce unique qui acquiert de la valeur marchande au fil des années ». Pour la promotion de leur production, les créateurs sont à pied d’œuvre dans la capitale économique. Trois à quatre expositions se tiennent chaque mois (outre les expositions permanentes) dans les différentes galeries. Mais cela ne donnera les résultats escomptés que si l’Etat s’implique réellement. Grosso modo, les artistes réclament de l’Etat la création d’espaces d’exposition. Ce, à travers la construction d’un musée national des arts contemporains et des salles d’expositions permanentes à l’intérieur du pays. Défiscaliser les entreprises gros-acheteurs des tableaux, l’application de la loi de 1% du coût total de la construction de bâtiments publics au profit de la décoration par les artistes. Thierry Dia souhaite que l’Etat soit le premier mécène à travers les conseils généraux, les mairies, les institutions et même au niveau des présents à offrir aux visiteurs étrangers. Nos tentatives pour joindre la direction de la promotion des arts et de la culture (Dpac) pour savoir ce qui est fait dans ce sens par le ministère de la Culture et de la Francophonie, sont restées vaines.
Sanou A.
Sanou A.