En 1982, le président Houphouët-Boigny recevait en visite d’Etat en Côte d’Ivoire, son homologue français François Mitterrand. Dans ce dialogue de la coopération entre Paris et Abidjan, le président Houphouët Boigny avait dit à François Mitterrand que « l’amitié Franco-ivoirienne n’est pas une affaire d’esprits légers ». En une minute de réflexion, François Mitterrand, avec le sourire a tout simplement répondu à Houphouët Boigny, que le seul accord entre la France et la Côte d’Ivoire reste « l’amitié fraternelle ». Mais cela, Houphouët Boigny le savait. La visite d’Etat de François Mitterrand en Côte d’Ivoire en 1982, avait le sens d’une autre vérité : convaincre Paris que les relations bilatérales devraient être vivantes et surtout empreintes de respect mutuel. Ce n’était pas un fait de hasard si Houphouët Boigny avait dit cette vérité à François Mitterrand. Houphouët Boigny connaissait bien François Mitterrand, comme ministre des colonies. Et puis, Houphouët Boigny avait été plusieurs fois ministre « français » dans le gouvernement Money ou Charles de Gaulle. Dans ce système de respect mutuel, la France avait accrédité en Côte d’Ivoire des Ambassadeurs de qualités comme Raphaël Leygues ou Michel Dupuch…de vrais Ambassadeurs de carrière. Et aussi Houphouët Boigny n’avait jamais traité les affaires ivoiro-françaises dans la précipitation, sans l’avis de ses ministres techniques : affaires étrangères, économie, défense, ou ministère de l’agriculture. En 1982, François Mitterrand quittait le sol ivoirien, tout en reconnaissant et de façon honnête, le succès de la combattivité politique de Félix Houphouët Boigny dont la préoccupation était de « placer » son pays parmi les pays intermédiaires que certains jeunes chefs d’Etat appellent « pays émergents » aujourd’hui. Et moi, j’ai été de la politique d’émergence de la Côte d’Ivoire, presque réussie, dans les années 1982. Houphouët Boigny n’aimait pas les discours creux. Il était visionnaire… tout simplement.
Ben Ismaël
Ben Ismaël
