Après notre article sur la condition des détenus à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca) dénonçant le système de «rattrapage» des peines avant la réouverture de la prison, l’administration aurait réagi. Elle serait allée recenser les détenus qui avaient été retenus pour ancienne peine afin de les libérer dans les jours à venir. Espérons que ce sera le cas. Car bien de détenus pourtant libérés à la barre, selon nos sources, sont encore bloqués à la Maca pour une ancienne peine appelée par les prisonniers «riz couché». Riz couché qu’il faut racheter en espèce pour être libre. Et beaucoup de détenus sans moyens, attendent des bonnes volontés pour les délivrer de la peine du «riz couché» estimée parfois à 100 mille, à 150 mille, etc. La Maca est un véritable enfer non seulement pour ses pensionnaires mais également pour leurs parents. En effet, les parents et visiteurs des prisonniers sont rackettés et arnaqués chaque jour qu’ils se rendent sur ce lieu. Une véritable souffrance que certains ne cachent pas : « Chaque jour de visite, ils prennent 200 F par parent pour la consigne d’un téléphone. Si le visiteur a plusieurs téléphones, ils emploient tout simplement la règle de multiplication et tendent la main », déplore Yah K. Basile, un parent de détenu. Les parents venant de l’intérieur du pays, qui n’ont pas de lieu de chute ou un tuteur à Abidjan, doivent payer une nuit d’hôtel en ce sens qu’ils ne peuvent prendre le billet qu’un jour avant le jour de visite. Ils sont parfois obligés de débourser la somme de 3000 F.cfa ou même plus à la Maca, quand ils n’ont pas de billets. Mais les parents sont parfois renvoyés après fait tous ses efforts. Selon un ancien détenu, fraichement libéré qui a requis l’anonymat, «lorsque nos parents arrivent avec des provisions, les gardes bloquent une partie. Quand par exemple, un parent envoie 20 boules d’attiéké parce qu’il n’arrive pas tous les jours, les gardes confisquent 15 et font entrer 5 sous prétexte que la quantité est énorme et sera destinée au commerce, parce que, eux veulent détenir le monopole du commerce afin de doubler les prix. » Et selon lui, il y a beaucoup d’autres choses : sucreries, bouteilles d’huile, riz, etc. L’administration veut vendre sans concurrence, oubliant qu’il s’agit d’une prison et qu’il y a des détenus qui mangent en groupe. Qui reçoivent une visite par mois et d’autres, dont des déférés de l’intérieur, ne reçoivent aucune visite, mais ont besoin de la solidarité des autres pour vivre.
A la Maca, la gestion des parloirs pose problème. Les parloirs, ce sont les pièces servant à recevoir les visiteurs, où le prisonnier et le visiteur conversent. Il y en a deux à la Maca : un au Bat B et un au Bat C. Chaque parloir a deux gardes à la porte, qui prennent les billets de visite à chaque détenu dont le visiteur attend l’autre côté du parloir. Mais les gardes sensés coordonner ces parloirs, laissent leur gestion à des détenus surnommés eux-mêmes «parloir», qui leur reversent une part de leur revenu. Et ces personnes font entrer des hommes de leur bande, sans billet, pour perturber ceux qui échangent dans la pièce. C’est donc bien souvent qu’au parloir, dans une ambiance d’insécurité, certains détenus perdent leur colis ou que des visiteurs sont injuriés ou physiquement agressés. Parce que ces indésirables interrompent la conversation, essaient de racketter le visiteur en employant toutes sortes de moyens, allant jusqu’à des altercations dans la pièce. A là sortie du parloir, ces «prisonniers-gradés» exigent au visiteur la somme de 500 Fcfa. Et ce, au vu et au su des gardiens qui sont le plus souvent ivres à lier et passent leur temps à faire savoir aux visiteurs que les minutes de communication sont écoulées. Une élégante façon de dire «si vous voulez rester encore un peu, il faut mettre la main à la poche». Or, le billet de communiqué est valable pour une journée. Le détenu-gradé à qui est confiée la gestion du parloir pour faire «leur jeu de jambe», c’est-à-dire la truanderie concertée, remet aux gardes 1000 Fcfa par personne. Ainsi lorsque le visiteur ne paie pas les 500 Fcfa exigés à la sortie du parloir, le prisonnier verra son colis confisqué en partie par les détenus-gradés en complicité avec les gardes. Et tout ce jeu est coordonné par «l’homme fort de la Maca», un certain «Chef», le même qui saisit les marchandises des pauvres détenus, les empêchant ainsi de se débrouiller pour vivre et les envoie au blindé du Bâtiment C pour les châtier. «Pendant ce temps, il couvre les vendeurs de stupéfiants qui le gèrent», grogne un détenu contacté.
A la Maca, les prisonniers ne sont pas à l’abri des délestages qui jettent dans l’inconfort les populations libres. Les coupures d’électricité sont courantes. Il y a même des cellules (dont la 305 du Bat B) sans électricité depuis plusieurs jours, voire plus d’un mois. Les détenus dans ces cellules ne peuvent cuisiner. Et l’on leur aurait demandé, comme solution à ce problème, une contribution financière pour faire venir un électricien. Et cela dure, parce que les détenus n’ont pas encore contribué. Quant à l’eau, elle coule une fois par jour, pendant une heure : de 10h à 11h, selon nos sources. Voilà autant de problèmes qui nourrissent le mécontentement et la grogne en milieu carcéral. Si l’on dit avoir rénové la Maca à coût de milliards, il y a encore beaucoup à faire.
Germain Séhoué
A la Maca, la gestion des parloirs pose problème. Les parloirs, ce sont les pièces servant à recevoir les visiteurs, où le prisonnier et le visiteur conversent. Il y en a deux à la Maca : un au Bat B et un au Bat C. Chaque parloir a deux gardes à la porte, qui prennent les billets de visite à chaque détenu dont le visiteur attend l’autre côté du parloir. Mais les gardes sensés coordonner ces parloirs, laissent leur gestion à des détenus surnommés eux-mêmes «parloir», qui leur reversent une part de leur revenu. Et ces personnes font entrer des hommes de leur bande, sans billet, pour perturber ceux qui échangent dans la pièce. C’est donc bien souvent qu’au parloir, dans une ambiance d’insécurité, certains détenus perdent leur colis ou que des visiteurs sont injuriés ou physiquement agressés. Parce que ces indésirables interrompent la conversation, essaient de racketter le visiteur en employant toutes sortes de moyens, allant jusqu’à des altercations dans la pièce. A là sortie du parloir, ces «prisonniers-gradés» exigent au visiteur la somme de 500 Fcfa. Et ce, au vu et au su des gardiens qui sont le plus souvent ivres à lier et passent leur temps à faire savoir aux visiteurs que les minutes de communication sont écoulées. Une élégante façon de dire «si vous voulez rester encore un peu, il faut mettre la main à la poche». Or, le billet de communiqué est valable pour une journée. Le détenu-gradé à qui est confiée la gestion du parloir pour faire «leur jeu de jambe», c’est-à-dire la truanderie concertée, remet aux gardes 1000 Fcfa par personne. Ainsi lorsque le visiteur ne paie pas les 500 Fcfa exigés à la sortie du parloir, le prisonnier verra son colis confisqué en partie par les détenus-gradés en complicité avec les gardes. Et tout ce jeu est coordonné par «l’homme fort de la Maca», un certain «Chef», le même qui saisit les marchandises des pauvres détenus, les empêchant ainsi de se débrouiller pour vivre et les envoie au blindé du Bâtiment C pour les châtier. «Pendant ce temps, il couvre les vendeurs de stupéfiants qui le gèrent», grogne un détenu contacté.
A la Maca, les prisonniers ne sont pas à l’abri des délestages qui jettent dans l’inconfort les populations libres. Les coupures d’électricité sont courantes. Il y a même des cellules (dont la 305 du Bat B) sans électricité depuis plusieurs jours, voire plus d’un mois. Les détenus dans ces cellules ne peuvent cuisiner. Et l’on leur aurait demandé, comme solution à ce problème, une contribution financière pour faire venir un électricien. Et cela dure, parce que les détenus n’ont pas encore contribué. Quant à l’eau, elle coule une fois par jour, pendant une heure : de 10h à 11h, selon nos sources. Voilà autant de problèmes qui nourrissent le mécontentement et la grogne en milieu carcéral. Si l’on dit avoir rénové la Maca à coût de milliards, il y a encore beaucoup à faire.
Germain Séhoué