Après plusieurs mois d’interruption, les négociations reprennent entre la direction intérimaire du Fpi et le gouvernement. L’équipe du président par intérim, Miaka Oureto, a déjà eu des consultations avec le Premier ministre, Ahoussou-Kouadio Jeannot et la Commission dialogue, vérité et réconciliation, (cdvr) de Charles Konan Banny. Ce nouveau dialogue est à encourager. Mais, c’est à s’interroger sur la nouvelle stratégie des compagnons de Gbagbo, après les longs mois de jusqu’auboutisme infructueux. D’abord, les acteurs n’ont pas changé. Miaka Oureto va aux négociations avec ses fidèles lieutenants, Laurent Akoun, Amani Nguessan, Lourougon Odette, Danon Djédjé et Koua Justin. Ensuite, la position idéologique n’a pas changé. Le Fpi n’a jamais voulu transiger sur la libération de Laurent Gbagbo, de ses proches collaborateurs et sur le dégel des avoirs des anciens caciques. Rien n’a changé. Ces conditions n’ont pas été satisfaites, le pouvoir s’en remettant à la justice. Même si des avoirs ont été dégelés, et des partisans de Gbagbo libérés de prison, ce n’est pas le cas des durs à cuir de l’ancien régime dont les inconséquences politiques ont conduit à 3000 morts lors de la crise postélectorale de décembre 2010 à avril 2011. Dans ces conditions, pourquoi le Fpi renoue avec le pouvoir, lui qui a refusé d’entrer au gouvernement, et d’aller aux législatives pour les mêmes motifs ? Ce n’est pas certainement pour les beaux yeux du pouvoir. C’est, sans doute, que le Fpi a grillé une partie de ses cartes. Ses menaces de renversement du pouvoir ont fait pschitt. C’est peut-être aussi que le temps, l’autre nom de la raison, a fait son effet. Les dirigeants, hier, intransigeants, finissent par se rendre à l’évidence que la politique de la chaise vide peut conduire au suicide politique. C’est probablement que Miaka est aussi arrivé à prendre le contrôle du parti, au lendemain de ses visites à La Haye, chez Laurent Gbagbo. Signe de cette reprise en main des choses, la légion étrangère du Fpi, basée à accra, au Ghana, a, depuis quelque temps, baissé les armes contre le pouvoir d’Abidjan. A Abidjan, les attaques incendiaires ont baissé d’intensité contre la République, même si Laurent Akoun, qui semble plus syndicaliste que politique, et Justin Koua de la jeunesse du Fpi, qui a l’excuse de son âge, maintiennent encore la flamme du radicalisme à tout va. L’éventualité d’une volonté du Fpi d’entrer dans le prochain gouvernement prévu en juillet 2012, ou de proposer des hommes pour pourvoir au Conseil économique et social, n’est pas à exclure. Tout comme ne devrait pas être exclu, l’hypothèse que les amis de Gbagbo se donnent du temps pour endormir le pouvoir et préparer d’autres stratégies de « libération du pays ». On l’a dit : ce sont toujours les mêmes. Et ils ont promis d’aller « jusqu’au bout ». De quoi éveiller la vigilance du nouveau Premier ministre.
Benoit HILI
Benoit HILI