C'est une autre dimension que le journaliste-écrivain révèle de lui. Serge Bilé en qualité d'auteur- compositeur a écrit des chansons pour de grandes vedettes de la musique antillaise. Aujourd'hui, pour honorer la mémoire de feu Christophe Bilé, son jeune frère et critique avisé, Serge Bilé sort le Best of de toutes ses compositions.
Le Patriote : On connaît Serge Bilé journaliste émérite et l'écrivain de renom. Avec la sortie de cette œuvre, est-ce une autre corde, celle de compositeur, à votre arc ?
Serge Bilé : C'est une partie de moi que les gens connaissent beaucoup moins ici. Et après, par la suite quand on le leur explique, ils arrivent à faire le lien. Certains n'ont pas oublié, par exemple, que pendant la crise j'avais composé une chanson intitulée " Nou la epi Zot " qu'on a beaucoup entendue ici et qui servait à soutenir le moral des Ivoiriens : "donne-moi ta peine, ta colère et ton bras". Des noctambules ivoiriens n'ont pas non plus oublié une chanson qui les a beaucoup fait danser " je t'aimerai" que certains ont jouée à leur mariage sans savoir que c'est moi qui ai écrit cette chanson. La musique et moi, c'est une vieille histoire, une histoire qui a commencé, paradoxalement, ici à Abidjan puisque j'ai fréquenté le conservatoire à l'âge de 10 ans à Cocody où j'ai commencé à jouer à la guitare, au piano etc. Naturellement quand je suis parti en France, j'ai continué seul en tant qu'autodidacte, j'ai composé mes premières chansons. C'est à partir de là que m'est venue l'idée d'approfondir, petit à petit, mes connaissances et penser enregistrer un jour mes chansons. Lorsque je suis arrivé aux Antilles en 1993, j'ai eu à proposer ces chansons à de grands artistes antillais qui ont reconnu que les textes étaient intéressants parce que profonds. Ils ont reconnu que les musiques sont intéressantes parce qu'elles sont différentes de ce qu'on a l'habitude d'entendre. A partir de cet instant, j'ai commencé à travailler avec Harry Diboula, Eric Virgal, Jocelyne Beroard. Pendant 20 ans, j'ai composé des chansons qui ont eu du succès aux Antilles. Il y a quelques semaines je me suis dit pourquoi ne pas les réunir dans un Best of pour pouvoir les faire connaître plus généralement, non seulement, aux Antilles parce que derrière tel ou tel succès ça peut être moi, mais également ici.
LP : Par le truchement de ce "Best of", vous rendez hommage à Christophe Bilé. Est-ce simplement parce qu'il est votre frère rappelé récemment à Dieu ou, y a-t-il une autre raison particulière ?
SB : Les deux raisons sont valables. Christophe a grandi avec moi à Poitiers en France. Il était mon premier public. Les soirs, avec ma guitare, je chantais mes premières chansons et il portait des critiques dures, il me disait chaque fois que mes chansons étaient nulles. J'ai tenu compte de ses avis pour m'améliorer. Et puis un jour, quand il a entendu une de mes chansons notamment "Je t'aimerai" qui était devenue un très gros succès international, il s'est écrié pour me dire : « Wohou !!! Là tu as fait un très bon travail ! » De là, il est devenu mon premier critique. Chaque fois que j'entrais en studio, chaque fois que je sortais une œuvre, je lui envoyais d'abord le produit pour avis. Quand j'ai fait la chanson " Lady chérie" avec Eric Virgal et Meiway en décembre dernier, je lui ai envoyé une copie, il l'a écoutée et il m'a dit : « C'est une belle chanson, ça va marcher, je vais t'aider à faire la promotion». Mais, malheureusement, il est parti trop tôt. C'est au nom de ce lien musical qu'on avait ensemble, parce que lui aussi était musicien et c'est aussi parce qu'il est mon frère dont la disparition m'a touchée que j'ai eu l'idée de lui dédier ce Best of.
LP : Que répondez- vous à ceux qui diraient que ce Best of a aussi pour but de mettre en lumière la séparation du rôle de l'auteur compositeur de celui d'artiste interprète ?
SB : C'est très juste et pertinent. Pour moi, il est temps de poser la question de la place de l'auteur- compositeur dans la création en Côte d'Ivoire. Et la création musicale suppose qu'on reconnaisse la place de l'auteur-compositeur. Mais, c'est aussi pareil pour les auteurs des séries télévisées, car il y a des auteurs qui écrivent les scénarii des films, des séries et les acteurs ne font que dire les textes. C'est aussi pareil pour les émissions télévisées. Il y a des gens qui ont le rôle d'auteurs dans la création de l'émission et les animateurs ne viennent que pour la présentation et l'animation. C'est une façon également de révéler et de revaloriser un vrai métier, celui d'auteur ou de compositeur dans la musique qui mérite d'être revalorisé et d'être reconnu.
LP : Quel est la part du droit de l'auteur-compositeur que vous êtes et celle des interprètes ? Y a-t-il une plate forme sur laquelle vous vous êtes entendus ?
SB : Il est bien de savoir qu'en Europe, lorsqu'une œuvre sort, il y a une part qui revient à l'auteur, une autre pour le compositeur, une autre à l'arrangeur et une autre à l'interprète.
Voilà, en quelque sorte, comment sont repartis les droits d'une œuvre. Mais, ici, puisque les artistes veulent tout faire pour garder tout le gâteau, c'est une erreur. Il faut savoir partager pour pouvoir réaliser des œuvres de qualité. Moi, je suis pour le partage. Vous conviendrez avec moi que si sur toute la ligne, chacun donne le meilleur de lui-même, au bout on aura un travail de qualité. Ecrire des chansons exige une technique particulière. C'est parce que moi, je l'ai appris que j'arrive à écrire des chansons. Je ne serais pas par exemple capable d'écrire de bons sketchs ! Mais, s'agissant du journaliste, chacun peut avoir son domaine d'intérêt particulier en dehors de la profession. Grâce à sa plume, il arrive à donner un élan nouveau à sa propre profession parce que l'écriture a plusieurs formes que ce soit dans le domaine du cinéma, du théâtre, de la chanson et de la littérature.
LP : Revenons au Best of. Est-ce que vous écrivez les chansons en tenant compte du style de tel ou tel artiste ou ce sont les artistes qui s'accommodent de vos textes. Comment procédez- vous ?
SB : C'est une très bonne question ! Il y a tout à la fois. Il y a des moments où j'écris une chanson et je dis, tiens celle-ci ira à telle personne, je me suis rarement trompé. Je l'appelle et lui dis : « Tiens j'ai une chanson pour toi ». Et elle l'accepte tout de suite. Il y a aussi des artistes qui me disent, ce serait bien que tu m'écrives ceci ou cela. Il y a des moments aussi où on ressent quelque chose et on l'écrit. C'est le cas de la chanson "nou là épi zot", en rapport avec la crise en Côte d'Ivoire qui a éclaté en 2002. J'ai ressenti la douleur de mon pays et je l'ai écrite. Il y a des fois aussi où on écrit à froid.
LP : Y a-t-il un artiste ivoirien pour qui vous pensez faire des compositions ?
SB : J'ai travaillé avec des artistes antillais de renom tels que Jocelyn Beroard, Harry Diboula, Eric Virgal. Ce qui m'intéresse, ce serait intéressant de travailler avec de grands artistes ivoiriens. Souvent on va chercher loin, des artistes internationaux il y en a ici ! Peut- être qu'un jour j'aurai la chance de travailler avec un artiste ivoirien de dimension internationale. J'ai commencé avec Meiway, peut-être que demain ce sera Alpha Blondy. C'est toujours un plaisir de travailler avec les artistes de son pays.
Réalisée par Jean- Antoine Doudou
Le Patriote : On connaît Serge Bilé journaliste émérite et l'écrivain de renom. Avec la sortie de cette œuvre, est-ce une autre corde, celle de compositeur, à votre arc ?
Serge Bilé : C'est une partie de moi que les gens connaissent beaucoup moins ici. Et après, par la suite quand on le leur explique, ils arrivent à faire le lien. Certains n'ont pas oublié, par exemple, que pendant la crise j'avais composé une chanson intitulée " Nou la epi Zot " qu'on a beaucoup entendue ici et qui servait à soutenir le moral des Ivoiriens : "donne-moi ta peine, ta colère et ton bras". Des noctambules ivoiriens n'ont pas non plus oublié une chanson qui les a beaucoup fait danser " je t'aimerai" que certains ont jouée à leur mariage sans savoir que c'est moi qui ai écrit cette chanson. La musique et moi, c'est une vieille histoire, une histoire qui a commencé, paradoxalement, ici à Abidjan puisque j'ai fréquenté le conservatoire à l'âge de 10 ans à Cocody où j'ai commencé à jouer à la guitare, au piano etc. Naturellement quand je suis parti en France, j'ai continué seul en tant qu'autodidacte, j'ai composé mes premières chansons. C'est à partir de là que m'est venue l'idée d'approfondir, petit à petit, mes connaissances et penser enregistrer un jour mes chansons. Lorsque je suis arrivé aux Antilles en 1993, j'ai eu à proposer ces chansons à de grands artistes antillais qui ont reconnu que les textes étaient intéressants parce que profonds. Ils ont reconnu que les musiques sont intéressantes parce qu'elles sont différentes de ce qu'on a l'habitude d'entendre. A partir de cet instant, j'ai commencé à travailler avec Harry Diboula, Eric Virgal, Jocelyne Beroard. Pendant 20 ans, j'ai composé des chansons qui ont eu du succès aux Antilles. Il y a quelques semaines je me suis dit pourquoi ne pas les réunir dans un Best of pour pouvoir les faire connaître plus généralement, non seulement, aux Antilles parce que derrière tel ou tel succès ça peut être moi, mais également ici.
LP : Par le truchement de ce "Best of", vous rendez hommage à Christophe Bilé. Est-ce simplement parce qu'il est votre frère rappelé récemment à Dieu ou, y a-t-il une autre raison particulière ?
SB : Les deux raisons sont valables. Christophe a grandi avec moi à Poitiers en France. Il était mon premier public. Les soirs, avec ma guitare, je chantais mes premières chansons et il portait des critiques dures, il me disait chaque fois que mes chansons étaient nulles. J'ai tenu compte de ses avis pour m'améliorer. Et puis un jour, quand il a entendu une de mes chansons notamment "Je t'aimerai" qui était devenue un très gros succès international, il s'est écrié pour me dire : « Wohou !!! Là tu as fait un très bon travail ! » De là, il est devenu mon premier critique. Chaque fois que j'entrais en studio, chaque fois que je sortais une œuvre, je lui envoyais d'abord le produit pour avis. Quand j'ai fait la chanson " Lady chérie" avec Eric Virgal et Meiway en décembre dernier, je lui ai envoyé une copie, il l'a écoutée et il m'a dit : « C'est une belle chanson, ça va marcher, je vais t'aider à faire la promotion». Mais, malheureusement, il est parti trop tôt. C'est au nom de ce lien musical qu'on avait ensemble, parce que lui aussi était musicien et c'est aussi parce qu'il est mon frère dont la disparition m'a touchée que j'ai eu l'idée de lui dédier ce Best of.
LP : Que répondez- vous à ceux qui diraient que ce Best of a aussi pour but de mettre en lumière la séparation du rôle de l'auteur compositeur de celui d'artiste interprète ?
SB : C'est très juste et pertinent. Pour moi, il est temps de poser la question de la place de l'auteur- compositeur dans la création en Côte d'Ivoire. Et la création musicale suppose qu'on reconnaisse la place de l'auteur-compositeur. Mais, c'est aussi pareil pour les auteurs des séries télévisées, car il y a des auteurs qui écrivent les scénarii des films, des séries et les acteurs ne font que dire les textes. C'est aussi pareil pour les émissions télévisées. Il y a des gens qui ont le rôle d'auteurs dans la création de l'émission et les animateurs ne viennent que pour la présentation et l'animation. C'est une façon également de révéler et de revaloriser un vrai métier, celui d'auteur ou de compositeur dans la musique qui mérite d'être revalorisé et d'être reconnu.
LP : Quel est la part du droit de l'auteur-compositeur que vous êtes et celle des interprètes ? Y a-t-il une plate forme sur laquelle vous vous êtes entendus ?
SB : Il est bien de savoir qu'en Europe, lorsqu'une œuvre sort, il y a une part qui revient à l'auteur, une autre pour le compositeur, une autre à l'arrangeur et une autre à l'interprète.
Voilà, en quelque sorte, comment sont repartis les droits d'une œuvre. Mais, ici, puisque les artistes veulent tout faire pour garder tout le gâteau, c'est une erreur. Il faut savoir partager pour pouvoir réaliser des œuvres de qualité. Moi, je suis pour le partage. Vous conviendrez avec moi que si sur toute la ligne, chacun donne le meilleur de lui-même, au bout on aura un travail de qualité. Ecrire des chansons exige une technique particulière. C'est parce que moi, je l'ai appris que j'arrive à écrire des chansons. Je ne serais pas par exemple capable d'écrire de bons sketchs ! Mais, s'agissant du journaliste, chacun peut avoir son domaine d'intérêt particulier en dehors de la profession. Grâce à sa plume, il arrive à donner un élan nouveau à sa propre profession parce que l'écriture a plusieurs formes que ce soit dans le domaine du cinéma, du théâtre, de la chanson et de la littérature.
LP : Revenons au Best of. Est-ce que vous écrivez les chansons en tenant compte du style de tel ou tel artiste ou ce sont les artistes qui s'accommodent de vos textes. Comment procédez- vous ?
SB : C'est une très bonne question ! Il y a tout à la fois. Il y a des moments où j'écris une chanson et je dis, tiens celle-ci ira à telle personne, je me suis rarement trompé. Je l'appelle et lui dis : « Tiens j'ai une chanson pour toi ». Et elle l'accepte tout de suite. Il y a aussi des artistes qui me disent, ce serait bien que tu m'écrives ceci ou cela. Il y a des moments aussi où on ressent quelque chose et on l'écrit. C'est le cas de la chanson "nou là épi zot", en rapport avec la crise en Côte d'Ivoire qui a éclaté en 2002. J'ai ressenti la douleur de mon pays et je l'ai écrite. Il y a des fois aussi où on écrit à froid.
LP : Y a-t-il un artiste ivoirien pour qui vous pensez faire des compositions ?
SB : J'ai travaillé avec des artistes antillais de renom tels que Jocelyn Beroard, Harry Diboula, Eric Virgal. Ce qui m'intéresse, ce serait intéressant de travailler avec de grands artistes ivoiriens. Souvent on va chercher loin, des artistes internationaux il y en a ici ! Peut- être qu'un jour j'aurai la chance de travailler avec un artiste ivoirien de dimension internationale. J'ai commencé avec Meiway, peut-être que demain ce sera Alpha Blondy. C'est toujours un plaisir de travailler avec les artistes de son pays.
Réalisée par Jean- Antoine Doudou