Pour une surprise, c’en était une. Jeudi, à la Bourse du travail de Treichville, lors de l’Assemblée générale d’information de la Coordination des syndicats de médecins, une infirmière a soulevé une question qu’on était loin d’imaginer sur les lèvres d’une professionnelle de la santé. « Je voudrais savoir ce qu’est la gratuité ciblée des soins », a-t-elle demandé avec un tel sérieux qu’il était impossible de parler de blague. Eh oui, cette praticienne ne sait rien de la notion de gratuité, passée du général au particulier. Etonné, éberlué, nous l’étions. Comment est-ce possible ? Pour l’intervenante du jour, il n’y a pas eu assez d’information sur le sujet. A qui la faute ? La question reste posée. En entendant, il y a comme une piste de réflexion qui s’ouvre sur l’applicabilité de la gratuité des soins, qui ne va pas sans blocages, depuis son instauration, au lendemain de la crise postélectorale. La méconnaissance de l’opération par ceux (certains, pour être plus précis) qui sont sensés la suivre est, de toute évidence, un frein à sa bonne marche. L’ignorance, dit-on, est un poison. Comment des infirmiers et infirmières ou encore des sages-femmes non éclairés pourraient bien orienter les patients ? Ce détail vient s’ajouter à un autre non moins crucial, qui grippe la machine. A savoir la question de salaires des agents et employés des établissements sanitaires à base communautaire, qui sont en première ligne de l’opération. Selon Kaman Georges, Secrétaire général de la Coordination des syndicats de ces formations sanitaires, les derniers salaires ont été payés le 27 décembre 2011. Cela fait donc trois mois que médecins, infirmiers, sages-femmes, garçons de salle... ont le regard tourné vers l’Etat, nous confiait-il récemment en marge des négociations entre le Premier ministre et le directoire des syndicats des personnels de la santé. Toutefois, ce serait une lapalissade de rappeler les nombreuses fuites de médicaments dans les hôpitaux. Comme pour se rattraper, les professionnels s’adonnent à la retenue des médicaments, s’ils ne les vendent pas, contrairement à la consigne gouvernementale. Des Médecins sans frontière auraient été chassés de l’hôpital de Port-Bouët, parce que, dit-on, ils constituaient un obstacle à leurs malversations.
MARTIAL GALE
MARTIAL GALE