Le Premier ministre Ahoussou Jeannot, trône à la tête d’un gouvernement qui ne fait que bafouer son autorité.
«Je ne peux pas comprendre que des ministres soient à Abidjan, et ne viennent pas au Conseil des ministres». Une boutade ? Pas du tout. Le Premier ministre Ahoussou Jeannot quasiment à bout, n’a pu se retenir. Il a déversé sur la place publique le linge sale qui devait, en principe, se laver en famille comme on le dit. Mais avec le pouvoir Ouattara, les Ivoiriens continueront de tout voir. Même les situations qui ne font pas honneur à la République. C’est bien la première fois, en Côte d’Ivoire, qu’un Premier ministre se met sur la place publique, pour dire que ses hommes «ne viennent pas au travail». A la vérité, il y a un grand malaise au sommet de l’Etat. Ahoussou Jeannot, nommé Premier ministre par Ouattara, contre l’avis de Bédié, traverse une passe difficile. Il fait face à une fronde qui ne dit pas son nom. Au point que son autorité à la tête du gouvernement, soit constamment bafouée par des ministres qui ne viennent plus au travail. C'est-à-dire au Conseil des ministres, l’instance suprême de prise des décisions. Au dernier conseil des ministres, ils sont nombreux, les ministres qui ne sont pas venus. Pourtant, seul Adama Bictogo, le ministre de l’Intégration africaine, était officiellement en mission dans la sous-région. C’est donc son absence qui pouvait se justifier. Mais Ahoussou Jeannot s’est encore retrouvé dans une salle quasiment vide. Ce qui montre qu’il y a véritablement problème dans le gouvernement Ouattara. «Chaque fois qu’il essaie d’interpeller certains ministres sur leurs absences répétées au Conseil des ministres, ils lui répondent, «toi on t’a vu ici. On t’a pris parmi nous pour te nommer», révèle un cadre de la Primature. A la vérité, Ahoussou subit les coups bas des ministres qui pour la plupart, ont le soutien de Ouattara. Ils se disent tous intouchables, compte tenu des rapports qu’ils ont avec le locataire du palais présidentiel. «Ils disent qu’ils ne rendent compte qu’à Alassane», explique un autre cadre de la Primature. Et cette situation est en partie, favorisée par Ouattara lui-même. Car Ahoussou est en réalité, un Premier ministre sans véritable pouvoir. Il n’est que Premier ministre de nom. Sinon, le vrai gouvernement de Dramane se trouve au palais présidentiel, entre ses nombreux conseillers français et des cadres du Rdr qui sont dans son entourage immédiat. C’est à ce niveau que toutes les grandes décisions se prennent. N’en déplaise à Ahoussou qui le sait lui-même. Le reste n’est que mise en scène. Cette situation fait qu’il y a aujourd’hui, des ministres qui ne travaillent pratiquement plus. Préférant le bruit dans la presse. Le ministère le plus cité comme mauvais élève du gouvernement Ouattara, est celui de Mabri Toikeusse. On dirait simplement encore «le même Mabri». Ministre du Plan et du Développement, il montre beaucoup de carence à la tête d’un département dont il ne maîtrise par les contours. Son ministère est régulièrement tancé par les partenaires internationaux au développement qui, en des termes diplomatiques, font remarquer qu’il y a encore des réformes à y faire. Et ses réformes ne sont jamais venues. Il n’est pas le seul mauvais élève dans ce gouvernement. Le ministère des Mines et de l’Energie est aussi classé dans cette catégorie. Adama Tounkara qui dans l’opposition, annonçait toute une pluie de réformes dans le secteur des mines et énergie, peine aujourd’hui à la tête de ce département. Il est à son tour, interpellé par les Institutions internationales. Il ne sait quelles réformes proposées. Au point que le Fmi se trouve obligé de s’inviter dans les affaires ivoiriennes, en exigeant à l’Etat la hausse du prix de l’électricité. Un diktat inimaginable sous Gbagbo. On n’oubliera pas aussi le ministère de l’Agriculture dirigé par Coulibaly Sangafowa. Là aussi, il y a problème. Car aucune réforme n’est encore en vue. Ce qui préoccupe pour le moment, c’est la manne qui y est continuellement déversée. Les paysans devront encore attendre. Même s’ils sont confrontés à de grandes difficultés. Ils ne sont pas une priorité pour leur tutelle. Et comme Ahoussou Jeannot n’a pas les mains libres pour faire et défaire, les Ivoiriens continueront de souffrir. La Côte d’Ivoire a un gouvernement. Et Ouattara a d’autres priorités.
Guehi Brence
«Je ne peux pas comprendre que des ministres soient à Abidjan, et ne viennent pas au Conseil des ministres». Une boutade ? Pas du tout. Le Premier ministre Ahoussou Jeannot quasiment à bout, n’a pu se retenir. Il a déversé sur la place publique le linge sale qui devait, en principe, se laver en famille comme on le dit. Mais avec le pouvoir Ouattara, les Ivoiriens continueront de tout voir. Même les situations qui ne font pas honneur à la République. C’est bien la première fois, en Côte d’Ivoire, qu’un Premier ministre se met sur la place publique, pour dire que ses hommes «ne viennent pas au travail». A la vérité, il y a un grand malaise au sommet de l’Etat. Ahoussou Jeannot, nommé Premier ministre par Ouattara, contre l’avis de Bédié, traverse une passe difficile. Il fait face à une fronde qui ne dit pas son nom. Au point que son autorité à la tête du gouvernement, soit constamment bafouée par des ministres qui ne viennent plus au travail. C'est-à-dire au Conseil des ministres, l’instance suprême de prise des décisions. Au dernier conseil des ministres, ils sont nombreux, les ministres qui ne sont pas venus. Pourtant, seul Adama Bictogo, le ministre de l’Intégration africaine, était officiellement en mission dans la sous-région. C’est donc son absence qui pouvait se justifier. Mais Ahoussou Jeannot s’est encore retrouvé dans une salle quasiment vide. Ce qui montre qu’il y a véritablement problème dans le gouvernement Ouattara. «Chaque fois qu’il essaie d’interpeller certains ministres sur leurs absences répétées au Conseil des ministres, ils lui répondent, «toi on t’a vu ici. On t’a pris parmi nous pour te nommer», révèle un cadre de la Primature. A la vérité, Ahoussou subit les coups bas des ministres qui pour la plupart, ont le soutien de Ouattara. Ils se disent tous intouchables, compte tenu des rapports qu’ils ont avec le locataire du palais présidentiel. «Ils disent qu’ils ne rendent compte qu’à Alassane», explique un autre cadre de la Primature. Et cette situation est en partie, favorisée par Ouattara lui-même. Car Ahoussou est en réalité, un Premier ministre sans véritable pouvoir. Il n’est que Premier ministre de nom. Sinon, le vrai gouvernement de Dramane se trouve au palais présidentiel, entre ses nombreux conseillers français et des cadres du Rdr qui sont dans son entourage immédiat. C’est à ce niveau que toutes les grandes décisions se prennent. N’en déplaise à Ahoussou qui le sait lui-même. Le reste n’est que mise en scène. Cette situation fait qu’il y a aujourd’hui, des ministres qui ne travaillent pratiquement plus. Préférant le bruit dans la presse. Le ministère le plus cité comme mauvais élève du gouvernement Ouattara, est celui de Mabri Toikeusse. On dirait simplement encore «le même Mabri». Ministre du Plan et du Développement, il montre beaucoup de carence à la tête d’un département dont il ne maîtrise par les contours. Son ministère est régulièrement tancé par les partenaires internationaux au développement qui, en des termes diplomatiques, font remarquer qu’il y a encore des réformes à y faire. Et ses réformes ne sont jamais venues. Il n’est pas le seul mauvais élève dans ce gouvernement. Le ministère des Mines et de l’Energie est aussi classé dans cette catégorie. Adama Tounkara qui dans l’opposition, annonçait toute une pluie de réformes dans le secteur des mines et énergie, peine aujourd’hui à la tête de ce département. Il est à son tour, interpellé par les Institutions internationales. Il ne sait quelles réformes proposées. Au point que le Fmi se trouve obligé de s’inviter dans les affaires ivoiriennes, en exigeant à l’Etat la hausse du prix de l’électricité. Un diktat inimaginable sous Gbagbo. On n’oubliera pas aussi le ministère de l’Agriculture dirigé par Coulibaly Sangafowa. Là aussi, il y a problème. Car aucune réforme n’est encore en vue. Ce qui préoccupe pour le moment, c’est la manne qui y est continuellement déversée. Les paysans devront encore attendre. Même s’ils sont confrontés à de grandes difficultés. Ils ne sont pas une priorité pour leur tutelle. Et comme Ahoussou Jeannot n’a pas les mains libres pour faire et défaire, les Ivoiriens continueront de souffrir. La Côte d’Ivoire a un gouvernement. Et Ouattara a d’autres priorités.
Guehi Brence