S’il y a une chose qui manque cruellement aux populations de Ouangolodougou, c’est bien l’eau. Le liquide précieux, nécessaire à la vie est vraiment une denrée très rare dans cette ville frontalière du Burkina-Faso et du Mali. Plusieurs quartiers sont dépendants de celui proche de la gare routière où il est encore possible d’avoir l’eau potable. Pour s’en procurer, les populations des quartiers sinistrés se sont dotées de bidons de 20 litres. De couleur jaune, ces bidons sont le plus souvent transportés par des "pousse-pousse", des charretiers communément appelés « Wotorotigui » en langue malinké. Ces derniers, véritables pourvoyeurs d’eau aux ménages, transportent plusieurs dizaines de bidons par jour pour les livrer à leurs clients. Le bidon acheté par celui qui commande l’eau est rempli à 25f et le transport par le charretier revient à 50f. Soit au total 75f par bidon. «Il y en a qui servent cinq familles et chaque famille dispose de dix bidons» témoigne un habitant de la ville. «Par jour, je paye 1500f parce que le livreur d’eau envoie à ma famille 20 bidons» explique un autre. Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, c’est donc à juste titre que les livreurs d’eau se frottent les mains vu leurs gains à la fin d’une journée, en semaine ou dans le mois. « Je livre 40 à 50 bidons par jour. Il y a des bidons qu’on transporte à 75f, d’autres à 100f. Il y a des jours où on empoche 5000f, d’autres jours plus que ça ou moins que ça. Ils sont nombreux ceux qui dépassent mon score puisqu’ils vont au-delà de 60 bidons. On est nombreux à faire ça et c’est payé cash. Ça marche parce qu’on ne gagnait pas par jour ce qu’on gagne aujourd’hui » témoigne Ali, un charretier. Au-delà du problème d’eau, Ouangolodougou connait des coupures intempestives de courant, disent les populations. « Beaucoup de transformateurs sont grillés depuis 2002, il y a assez de branchements anarchiques et tout ça diminue la tension du courant. C’est pourquoi, il y a le délestage » tente d’expliquer un habitant de la ville, sans toutefois oublier d’indiquer que des nouveaux quartiers comme Koko, Aviation, n’ont pas d’électricité. Ouangolodougou reste également une ville très sale comme Boundiali. A de nombreux carrefours, des montagnes de déchets ménagers entassés depuis au moins 10 ans, coupent la route. Toutes les conditions pour contracter des maladies comme la dysenterie, la fièvre jaune, la fièvre typhoïde etc, sont tout à fait réunies dans cette ville. La vie chère s’est aussi emparée de cette localité reconnue par le passé comme une cité où les prix sont relativement bas. Par exemple, la pintade qui était achetée à 2000f par le passé est aujourd’hui cédée à 3200f. La plupart des bœufs sont convoyés vers Abidjan au détriment de la ville d’où la flambée du prix du kilogramme de viande. L’arrivée des fonctionnaires est également vue comme un facteur ayant occasionné l’envol des prix. Les jeunes dénoncent l’existence d’une seule usine, la société Seco dont l’activité est liée au coton. Les femmes sans activités, grognent parce que limitées aux petits commerces seulement. La voirie va mal tout comme la voie internationale qui mène à la ville frontalière. La sécurité en ville, quant à elle, est parfaite. Les autorités préfectorales, la police et la gendarmerie continuent la lutte pour endiguer le phénomène des coupeurs de route sur l’axe Ferkéssédougou-Ouangolodougou, devenu le tronçon routier le plus dangereux de la Côte d’Ivoire. La gendarmerie a d’ailleurs escorté sous une pluie battante le véhicule des envoyés spéciaux du Nouveau Réveil jusqu’ à Ferkéssédougou. Sortie de la «zone rouge», Toute l’équipe de Le Nouveau Réveil est remplie d’un sentiment de reconnaissance et de fierté vis-à-vis de son armée. Elle a poursuivi son chemin jusqu’à Korhogo où elle avait démarré sa mission le mardi 8 mai dernier.
DIARRASSOUBA SORY
DIARRASSOUBA SORY