Depuis que le quotidien Le Temps a mis au grand jour, les irrégularités constatées dans la passation en gré à gré du marché de réhabilitation des universités de Cocody et d’Abobo–Adjamé, à Sidi Kagnassi, les langues se délient lentement mais sûrement. Juste après notre première publication sur cet autre scandale dans lequel des barrons de la «Reconstruction» sont impliqués jusqu’au cou, des proches de l’actuel Premier ministre, qui nous répondaient au départ d’un chantage de notre part, ont situé la part de responsabilité de Me Ahoussou Jeannot, ancien Avocat de l’Etat de Côte d’Ivoire très au fait de la cession de certains actifs immobiliers de l’Etat dont l’immeuble Eeci. Selon l’un d’entre eux, «Me Ahoussou ne peut renier ses amitiés avec Ali Sekloui, Pdg de la Société d’Infrastructures pour la Modernisation et le Développement de la Côte d’Ivoire (Simd.ci), qui a le marché de la sous-traitance des chantiers en question, il n’est ni de près ni de loin impliqué dans cette transaction. C’est Cissé Bacongo qui est allé d’abord voir, le Secrétaire général de la présidence, le Ministre d’Etat Amadou Gon Coulibaly. Ce dernier à son tour, est allé convaincre Ibrahim Téné Ouattara, le Daaf et le ministre délégué à la présidence. Qui a remonté le dossier au Président de la République Allassane Ouattara. Avant qu’il ne redescende au ministère de l’Economie et des Finances». Devant le ministre de l’Economie et des Finances, «l’opérateur aurait pris l’engagement sur convention de mener à bien cette opération. En retour, le grand argentier de l’Etat ivoirien lui aurait dit que le gouvernement lui faisait confiance. Mais qu’il n’attende pas l’Etat pour continuer les travaux… puisqu’il s’est engagé à préfinancer les travaux» nous apprend une source. A lire très bien entre les lignes, si les amitiés de Seklaoui d’avec le Premier ministre Ahoussou ont certainement pesé quelque part, dans le dénouement de cette transaction aux contours opaques, le cerveau et le meneur dans ce feuilleton semble bien être Cissé Bacongo. En effet, juste après la crise post électorale, il nous est revenu à plusieurs reprises que l’ancien Premier ministre Soro Guillaume, actuel Président de l’Assemblée nationale, n’avait cessé de mettre la pression sur le ministre de l’Enseignement Supérieur, de lancer rapidement des appels d’offres pour la réhabilitation des universités. Que s’est-il passé par la suite pour qu’on en arrive à un marché de gré à gré dont le montant est passé de 48 à ce jour à plus de 67,8 milliards de Fcfa ? Sur le plateau de la Rti première chaine, le mardi 5 juin 2012, le ministre Cissé Bacongo qui n’a cessé de clamer qu’il est un fervent défenseur des lois, a tenu des propos qui méritent qu’on s’y attarde et qui pourraient nous aider dans la suite de nos investigations. Interrogé par le confrère Laciné Fofana qui faisait ici son grand retour, le ministre Bacongo a dit en substance : «l’opérateur en question est venu nous voir pour dire qu’ils étaient dans un consortium de 5 entreprises, au sein de la Simd.ci et qu’ils étaient près à mettre sur la table, dix milliards de Fcfa, pour le démarrage des travaux de réhabilitation des universités nationales de Côte d’Ivoire. Nous nous sommes rapprochés des Marchés Publics pour voir ce qui était faisable…» Visiblement, cette information est apparemment bottée en touche par l’Autorité de Régulation des Marchés Publics (Anrmp). Approché par certains confrères de la place, l’Anrmp qui semble tomber des nues, tout en émettant des réserves sur le dossier, a décidé d’ouvrir une procédure d’information sur ledit marché de gré à gré qui ressemble bien à un marché de dupe dans lequel Sidi Kagnassi, n’ a pris aucun risque pour mobiliser des financements auprès de certains partenaires bancaires. M. Kossonou de l’Anrmp, l’organe en charge de la régulation des marchés publics affirme : «En ce qui concerne les travaux dans les universités, nous avons écrit à tous les gestionnaires de ce projet de la Banque mondiale pour qu’ils nous envoient leurs plans de passations de marchés. Lorsque nous allons l’analyser, nous pourrions faire des interprétations nécessaires. Nous avons écrit aux ministres concernés et nous attendons toujours la réponse» A noter que sur ce marché des universités, le maître d’ouvrage est le ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique pendant que le maître d’ouvrage délégué est le ministère de la Construction et de l’Assainissement occupé par Sanogo Mamadou. Les travaux qui doivent durer dix mois sont financés sur le budget de l’Etat de Côte d’Ivoire. (voir fac-scimilé). Question : A lire attentivement ce panneau, l’on est tenté de s’interroger si Sidi Kagnassi qui s’est engagé devant le gouvernement ivoirien à préfinancer les travaux l’a-t-il fait ? Si oui, à combien se chiffre son apport ? (apparemment tout repose sur le budget de l’Etat). Cissé Ibrahim Bacongo qui dit respecter les lois de la République, par soucis d’équité et bonne gouvernance, n’a pas voulu procéder par appel d’offre pour attribuer un marché aussi juteux ? Les contribuables ivoiriens attendent des explications claires de Cissé Bacongo. Affaire à suivre.
Bamba Mafoumgbé
Bamba Mafoumgbé