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Art et Culture Publié le samedi 9 juin 2012 | L’intelligent d’Abidjan

Les samedis de Biton : Pour que le lion bondisse

Quand j’ai entendu notre président de la République, lors de son intervention à l’Assemblée générale de la Banque Africaine de Développement, Bad, j’étais impatient de décortiquer le texte intégral à travers la presse. La télévision, pour moi, c’est tout juste bon pour voir des images. Elle donne rarement la possibilité d’écouter intégralement un discours, aussi important qu’il soit. Le reporter se contentant de passer trente secondes d’un discours de trente minutes. Il est doc important, pour tous ceux qui veulent comprendre et savoir, de lire dans sa totalité le discours que certains journaux, désireux d’informer, publieront. C’est pourquoi d’ailleurs, malgré la télé et la radio, l’écrit sera toujours supérieur à l’image et au son. L’image passe rapidement. On ne peut la reprendre à tout moment et on l’oublie même. L’écrit est toujours dans l’esprit, car il pénètre dans le cerveau et forme l’intelligence. On n’imagine pas un homme politique de grande qualité ou tout citoyen qui veut comprendre et savoir, ne pas faire de la presse son outil de travail de tous les jours. J’ai donc lu et relu le discours du Président. J’avoue que pendant des heures, je suis devenu un afro optimiste. Je voyais tout en rose pour l’Afrique.

Oui, je voyais nos pays se mettre à courir après les dragons ou les tigres asiatiques et même les dépasser. Dans la réalité, je me demande si l’animal lion peut battre l’animal lion, même si ce dernier est appelé le roi de la brousse. Le tigre est une double puissance de la brousse. Notre Président est un homme des finances. Il voit tout en chiffres, même s’il se défend et il m’a dit être un homme qui affectionne la littérature. C’est-à-dire, sachant connaître l’homme dans sa totalité que seule peut donner la connaissance de la littérature. Mais il ne m’a pas fallu une demie journée, après avoir lu attentivement le discours, pour que mon pessimisme sur l’Afrique et le les Africains revienne au galop. Ce n’est pas aujourd’hui qu’on parle du développement de l’Afrique. Nous qui étions adolescents à l’époque des indépendances, on a tout entendu et tout lu sur notre continent. Presque tous les dix ans, on nous parle d’un bond de géant à venir. Les années passent et on ne voit aucun développement se montrer. Tout le monde sait que l’Afrique est un contient riche. Sur le papier, l’Afrique est un vrai lion. Sur le papier, rien que sur le papier. Les quatre pattes de l’Afrique sont cassées et un handicapé ne peut pas courir, a fortiori bondir. Il faut réparer ses pattes pour que ce lion se lève d’abord pour courir, ensuite bondir et chercher à dépasser un tigre du Bengale.

La première patte cassée est le tribalisme. Tant que les Africains continueront de se voir en ethnie, en région, cette patte ne sera pas guérie. Les pays africains, presque tous, ont continué à pratiquer la politique de division des ethnies mise en place par le colonialisme. Les colons avaient intérêt à cette division, devenue la plaie qui a gangréné la patte du «lion». L’émergence devenue le slogan à la mode en Afrique, est déjà plombée tant qu’on ne cherchera pas à construire des nations. Je me demande si les économistes ou autres bailleurs de fonds sont conscients du ravage du tribalisme qui mine ce continent dans toute sa totalité. Il est bien d’éjecter de l’argent pour faire émerger nos pays, mais tant qu’on ne soignera pas la première plaie de l’Afrique, on assistera aux mêmes discours qu’on nous ressasse sur notre développement depuis les indépendances. L’Afrique n’a pas un problème économique, mais un problème de mentalité et le tribalisme pour lequel aucun remède n’a été appliqué est la première cause de nos difficultés. Que de haine entre les ethnies ! La deuxième patte cassée est la corruption. A l’indépendance, on a laissé faire, soit disant pour créer une classe de capitalistes qui allait créer la richesse. Quel désastre ! Aucune loi, aucune fusillade, encore moins des emprisonnements n’a pu mettre fin à ce formidable «racket». Quelle intelligence ont les corrompus et les corrupteurs pour trouver toujours des failles dans les filets mis pour les prendre ! Plus les années passent, plus la corruption redouble. Beaucoup de ceux qui en parlent tout le temps ont aussi envie de détourner.

Et cela nous amène à la troisième patte cassée. C’est l’animisme. Il explique les deux autres causes. Même les religieux ne cherchent pas à combattre l’animisme. Et il sera la cause de notre retard à rattraper le tigre asiatique. Que de richesses spirituelles dans le bouddhisme que l’animisme n’a pas. Pauvre Afrique ! La quatrième patte cassée, c’est évidemment la démocratie. Pour que notre continent devienne véritablement démocrate, la balle est dans le camp des bailleurs de fonds et des grandes nations, ainsi que l’Organisation des Nations Unies. Imposer les règles de la démocratie ou l’embargo. C’est tout et c’est simple. Ouattara « tchiè », tu as du boulot. Toi, tu es un «Blanc d’Amérique». Et puis, il ne s’agit pas seulement des quatre pattes cassées, il y a des tas d’autres plaies et des maladies graves dans le corps de ce lion d’Afrique. Un vrai lion en papier. Ainsi va l’Afrique. A la semaine prochaine.

Par Isaïe Biton Koulibaly
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