Non content de maintenir dans ses goulags du nord, les pro-Gbagbo, Ouattara étend sa dictature à l’échelle internationale. La consœur française, Leslie Varenne, l’auteur du livre à succès «Abobo la guerre» a finalement eu raison d’annuler son voyage qu’elle projetait d’effectuer en Côte d’Ivoire pour la promotion de son ouvrage. Elle s’est sûrement rendu compte que les Ivoiriens vivent dans un Etat d’exception depuis le 11 avril 2011. Si elle s’entêtait à venir à Abidjan, le pouvoir l’aurait prise à l’aéroport et brandit dans les médias comme un trophée de guerre avec les chefs d’accusation les plus loufoques. Car ici, le fait d’avoir travaillé avec le Président Gbagbo, ou le fait de le défendre est un crime lourdement condamné. Aujourd’hui au palais, Ouattara voudrait être régulièrement applaudi à l’échelle internationale. Mais il oublie que ce temps est révolu. Dans l’opposition, il s’est maladroitement donné un destin messianique en Côte d’Ivoire. Il se faisait passer pour l’homme providentiel qui vient sauver ce pays. Aujourd’hui, tout le monde le voit à l’épreuve. La Côte d’Ivoire est un costume trop grand pour lui. Les pamphlets contre lui pleuvent de partout, à travers le monde. Ce qui bien évidemment, n’est pas fait pour l’arranger. Et il ne fera que subir. Car il ne fait rien pour stopper cela, la politique qu’il mène étant aux antipodes des aspirations de la nouvelle génération des cadres africains. Au temps de son parrain Sarkozy, il y avait en France, toute une littérature abondante contre lui. Acculé de toutes parts, le pouvoir agit comme un naufragé qui donne des coups dans tous les sens. En fait, ce qui arrive à toutes les dictatures de ce genre. Le vendredi dernier, le pouvoir a encore donné dans le ridicule, dans une démarche qui n’honore visiblement pas la Côte d’Ivoire. Ouattara veut en effet, poursuivre devant les tribunaux, l’écrivain franco-camerounaise Calixte Beyala, pour abus de biens sociaux et recèle. On croit se trouver en plein, dans une pièce de théâtre digne de Louis de Funès. Quels biens ivoiriens cette jeune dame a géré pour qu’elle soit dans le viseur du régime ? Se demande-t-on avec étonnement. Mais dans la République de Ouattara, tout est possible. Il ne lui reste plus que le don d’alchimiste pour transformer tous les cailloux en pierres précieuses. Le pouvoir veut la poursuivre, parce que le Président Gbagbo lui aurait remis des mallettes remplies d’argent. On l’accuse de recèle de fonds. Dans la Ouattara-Landie, l’argent est Dieu. Et c’est tout. A supposer que le Président Gbagbo lui ait remis de l’argent. Est-ce qu’elle l’a volé ? Ouattara et tout le Rhdp peuvent-ils jurer la main sur le cœur, qu’aucun d’entre eux n’a jamais empoché un seul centime venant du Président Gbagbo, durant ses 10 ans de pouvoir ? Grande question. En vérité, s’il devait poursuivre des gens à qui Gbagbo remettait de l’argent à tout moment, le régime devait commencer dans son propre camp. Toute la Côte d’Ivoire a vu le ministre Youssouf Soumahoro en larmes, devant les caméras de la Première, annonçant que le Président Gbagbo contre qui il a pourtant pris les armes en 2002 dans le maquis à Bouaké, lui a remis la somme de 50 millions pour les funérailles de son père. C’est même un exemple parmi tant d’autres. On dirait plutôt un cas insignifiant devant les nombreuses sollicitations venant des cadres du Rhdp et dont il faisait régulièrement face. Ouattara s’en prend à Calixte Beyala pour son soutien au Président Gbagbo. Il veut simplement nuire à la réputation de cette dame qui fait partie des écrivains français les plus respectés dans le monde. Il ne supporte pas en effet son entier engagement dans le combat du Président Gbagbo. Depuis le début de la crise postélectorale, cette dame déploie de la fougue dans toutes les capitales européennes pour la défense du Président Gbagbo déporté à la prison de La Haye. Pendant la campagne pour la présidentielle française, elle s’est encore donnée à fond pour le candidat socialiste aujourd’hui au pouvoir en France. Il sait qu’elle a des entrées très solides auprès de ce nouveau pouvoir. Lors de ses nombreuses ballades parisiennes, il a tenté à plusieurs occasions, de faire un forcing auprès de la gauche, surtout de Hollande. Mais à maintes reprises, on lui a opposé un refus bien poli. Sur cette question, Calixte avait été très clair. «C’est moi qui ai conseillé à Hollande de ne pas recevoir Ouattara. Et il ne l’a pas reçu» explique la jeune franco-camerounaise. Des propos qui irritent l’homme à la recherche de soutiens au plan international. Le pouvoir d’Abidjan a alors juré d’avoir la peau de cette empêcheuse de tourner en rond. Mais dans son dossier, le problème de Ouattara est qu’il manque de chefs d’accusation solides. Il se contente alors de faits qui visiblement, n’honorent pas la Côte d’Ivoire. Car de plus en plus, le monde découvre la nature du pouvoir ivoirien qu’il regarde avec beaucoup de dédain. Dans l’histoire de ce pays, aucun Président n’aurait fait ça. Même pas son allié du Pdci, encore moins l’autocrate Houphouët. L’opinion africaine et même française espère que Ouattara qui manipule la justice ivoirienne comme il le veut, donnera les preuves de son accusation. L’objectif est aussi de donner l’image d’un prévaricateur au Président Gbagbo. Là aussi peine perdue. Car même ses parrains occidentaux sont convaincus que le Président Gbagbo fait partie de la nouvelle génération de chefs d’Etats africains qui se gardent de piller leurs pays. Après le 11 avril, la gestion de Gbagbo a été auditée par plusieurs bailleurs de fonds internationaux. Et cela, à la demande de Ouattara himself. Il a les résultats de ces enquêtes. Pourquoi se garde-t-il de les publier ? Il ne pourra jamais le faire, car ce n’est pas ce qu’il voulait. En fait à l’approche du 18 juin, Ouattara veut complètement distraire le camp Gbagbo et le monde qui attendent ce procès de pieds fermes. Parce que les abus de biens sociaux sont monnaie courante dans son entourage immédiat, sans oublier les recèles de biens. Son armée, les Frci affiche chaque jour, des biens qu’elle a volés et pillés à Abidjan et dans plusieurs villes de l’intérieur. C’est la première fois qu’en Côte d’Ivoire, des soldats sont fièrement à bord de véhicule pourtant aux couleurs de l’armée et qui ne sont pas immatriculés dans les registres de cette même armée. Certaines plaques d’immatriculations sont au nom des nombreux commandants qui pilulent dans cette bandes de tueurs. S’il veut vraiment poursuivre des gens pour abus de biens sociaux et recèle de fonds, il suffit qu’il jette un coup d’œil dans son entourage immédiat. Ceux qui ont braqué et pillé les agences de la Bceao de Bouaké, Man et de Korhogo sont aujourd’hui ses plus grands serviteurs au sommet de l’Etat. Certains ont eu de grandes promotions dans l’administration. D’autres sont montés en grades au niveau de la hiérarchie militaire. Il y a même encore plus récent. Car ses chefs de guerre qui ont divisé Abidjan en zones, ne font que racketter les responsables d’entreprises avec des méthodes mafieuses. Mais ce n’est pas ce qui intéresse Ouattara. Il ne trouve que ses criminels dans le camp Gbagbo. C’est ça la «justice indépendante». Peu après Calixte Beyala, il lancera un mandat d’arrêt contre l’autre écrivain franco-camerounaise Charles Onana qui a aussi mis à nu la grande forfaiture du 11 avril 2011. Et pourquoi pas, après, s’attaquer à tous ceux qui dans le monde sont les partisans de Gbagbo. On ne sera pas aussi surpris qu’il lance des mandats d’arrêts contre des «Eléphants» du Ps qu’il soupçonne de soutenir le Président Gbagbo. Pour prendre le ministre Lida Kouassi, il a jugé utile de faire lui-même le déplacement de Lomé. C’était la prise du siècle à ne pas manquer. Lida, Calixte… et après ? Simplement du vent et du ridicule.
Guehi Brence
Guehi Brence