A l’occasion des précédentes Journées nationales des techniques de l’information et de la communication (JNTIC), Mme Anne-Marie Konan-Payne, directrice du Centre d’information et de communication du Gouvernement, présentait le domaine gouv.ci, qui est l’identifiant du gouvernement de Côte d’Ivoire sur la Toile. Nous avons souhaité découvrir le vrai visage de nos institutions sur internet, à travers une prospection des sites. Une expérience qui laisse un arrière-goût de négligence.
Le premier site que nous visitons est www.gouv.ci . La page d’accueil affiche « portail officiel du gouvernement de Côte d’Ivoire ». Très animé et varié, il présente néanmoins des insuffisances. L’accessibilité de certains liens reste difficile et l’information disponible n’est pas assez fournie. Mais, si la première impression qu’offre le site officiel du gouvernement est agréable, il n’en est pas de même pour les sites qui lui sont rattachés, notamment ceux des ministères et des institutions de la République et leurs démembrements. Pour consulter le site d’un ministère, il faut faire précéder le nom du champ d’action dudit ministère de l’application ‘’gouv.ci’’. Ce qui donne par exemple www.education.gouv.ci pour aller sur le site du ministère de l’Education nationale. Les sites du gouvernement parcourus offrent pour l’essentiel très peu d’informations actualisées ou ne fournissent pas suffisamment de données sur leurs activités. C’est l’exemple de sites tels que celui du ministère des Infrastructures économiques (www.infracstructures.gouv.ci). Le constat montre que l’actualité de ce site ne suit pas le fil des événements, car n’étant pas à jour, selon les webmasters. Les dernières mises à jour des pages d’actualité datent souvent du dernier trimestre de l’année 2011. Certains sites sont restés sans nouvelles depuis les dernières informations mises en ligne en mars ou avril 2011. Par exemple, le secrétariat du ministère de la Solidarité et des Victimes de guerre, qui était occupé par le Docteur Traoré Diop, n’existe plus que de nom, mais il reste toujours visible sur son site, www.solidarité.gouv.ci.
Des sites peu attrayants,
méconnus du public
Une situation qui désole fortement Paul Akaffou, responsable d’une agence de communication. «Le choix et les informations sont plutôt maigres pour permettre de connaître les institutions de notre pays ; c’est inadmissible ! », déplore-t-il. Il en va de même pour le site du ministère de l’Emploi et celui du Tourisme. Deux portefeuilles qui ont pourtant intérêt à figurer sur la Toile. L’emploi est une des priorités du gouvernement, mais reste un tollé sur le net, au désavantage d’une jeunesse au chômage à la recherche d’une voie. Pour le ministère du Tourisme, c’est encore plus grave, il devrait présenter le reflet de la Côte d’Ivoire à l’extérieur. Mais, les potentiels touristes à destination des bords de la Lagune Ebrié devront se contenter de cartes postales, en attendant que le ministère s’attèle à s’offrir un site. L’ex-ministre des NTIC, aujourd’hui ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur, Hamed Bakayoko, ne dispose pas d’espace sur le web pour son ministère, alors qu’il fait partie des rares membres du gouvernement à disposer d’un site internet personnalisé www.hamedbakayoko.com. Entre temps, pour tous les curieux qui rechercheraient des informations sur le site www.interieur.gouv.ci, ils devront encore patienter. Le site affiche un oiseau en chapeau avec, inscrit en haut : « très bientôt en ligne ». Les sites relatifs aux différentes institutions telles que la Grande chancellerie et la Cour constitutionnelle ne font pas exception à la règle puisqu’ils ne donnent pas un large éventail d’informations. Aussi, comme le souligne Emmanuel Kouamé, informaticien à Port-Bouët, beaucoup d’Ivoiriens préfèrent « éviter de perdre du temps et se consacrer plutôt à d’autres sites gouvernementaux internationaux plus attractifs ». Si l’on se réfère aux sites institutionnels des autres Etats comme la France www.gouv.fr, la Belgique www.belgium.be, le Canada, www.canada.gc.ca, l’on constate des informations enrichissantes et des sites très diversifiés. Des particuliers ont une réussi tant bien que mal à faire un travail plus appréciable dans l’intérêt de la visibilité du pays sur la Toile. Ce tableau triste ne saurait cependant occulter l’action de certains sites tels www.loidici.com, qui met en ligne l’essentiel des textes juridiques de Côte d’Ivoire, et qui est très bien illustré. Certains sites institutionnels ont fait des efforts pour maintenir le cap sur la Toile.
Des sites qui tentent de sortir du lot
Sans se lancer dans une certaine classification, il est pourtant utile de faire ressortir les efforts accomplis par certains d’entre eux en la matière. Ainsi donc, le ministère de la Famille, de la Femme et de l’Enfant dispose d’un site enrichissant, car également très animé. Toutefois, il faut noter la présence fort appréciable de la ministre Raymonde Goudou Coffie sur le lien social Facebook. Il n’y a pas une de ces sorties qui ne soit publiée sur sa page. Seulement, ladite page est plus actualisée que le site de son ministère. La dernière information d’actualité qui y figure date du 16 mai 2012, alors que sa page Facebook affiche les photos de la célébration de la fête des mères le dimanche 3 mai dernier. L’autre ministère en état de grâce est celui de l’Economie et des Finances, qui fournit sur ses pages web, également un large éventail d’informations relatives à son champ d’investigation. Il en va de même pour le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Ce qui a pour avantage de permettre une meilleure connaissance des données relatives au système économique ivoirien. Ces quelques sites qui se démarquent constituent des outils nécessaires pour découvrir l’univers politique, culturel, économique ivoirien.
Une négligence aux impacts négatifs
Quel serait l’un des reflexes d’un investisseur étranger qui vient d’avoir de bons échanges avec des hommes d’affaires ivoiriens et qui s’est trouvé séduit? Pour se faire une idée du pays où il veut investir, il y a une grande probabilité que ce dernier, depuis son bureau, s’oriente sur la Toile pour découvrir les potentialités de ce pays. Alors, le visage pâle de ces sites du gouvernement pourrait emmener ce dernier à mettre une croix sur son ambition d’investissement, puisque déçu de ne pas être suffisamment informé par ce lien, ce qui augure d’un pays peu rigoureux. Une déception partagée par le jeune étudiant et le professeur chercheur qui n’arriveront pas à satisfaire leurs besoins de connaissances via les sites institutionnels. Ils devront se tourner vers les bons vieux livres, dépossédés ainsi du gain de temps qu’offre la Toile. En somme, les sites gouvernementaux de la Côte d’Ivoire sont une référence au niveau international et constituent un fleuron pour le retour de la Côte d’Ivoire sur la scène internationale. Les services de communication des différents ministères, responsables de la programmation et de l’animation des sites institutionnels doivent impérativement se donner les moyens de faire vivre la Côte d’Ivoire sur la Toile, à un moment où le retour de ce pays sur la scène internationale, après ces longues années de crise, constitue une priorité pour le président de la république, Alassane Ouattara.
RUTH KAMONOU
Le premier site que nous visitons est www.gouv.ci . La page d’accueil affiche « portail officiel du gouvernement de Côte d’Ivoire ». Très animé et varié, il présente néanmoins des insuffisances. L’accessibilité de certains liens reste difficile et l’information disponible n’est pas assez fournie. Mais, si la première impression qu’offre le site officiel du gouvernement est agréable, il n’en est pas de même pour les sites qui lui sont rattachés, notamment ceux des ministères et des institutions de la République et leurs démembrements. Pour consulter le site d’un ministère, il faut faire précéder le nom du champ d’action dudit ministère de l’application ‘’gouv.ci’’. Ce qui donne par exemple www.education.gouv.ci pour aller sur le site du ministère de l’Education nationale. Les sites du gouvernement parcourus offrent pour l’essentiel très peu d’informations actualisées ou ne fournissent pas suffisamment de données sur leurs activités. C’est l’exemple de sites tels que celui du ministère des Infrastructures économiques (www.infracstructures.gouv.ci). Le constat montre que l’actualité de ce site ne suit pas le fil des événements, car n’étant pas à jour, selon les webmasters. Les dernières mises à jour des pages d’actualité datent souvent du dernier trimestre de l’année 2011. Certains sites sont restés sans nouvelles depuis les dernières informations mises en ligne en mars ou avril 2011. Par exemple, le secrétariat du ministère de la Solidarité et des Victimes de guerre, qui était occupé par le Docteur Traoré Diop, n’existe plus que de nom, mais il reste toujours visible sur son site, www.solidarité.gouv.ci.
Des sites peu attrayants,
méconnus du public
Une situation qui désole fortement Paul Akaffou, responsable d’une agence de communication. «Le choix et les informations sont plutôt maigres pour permettre de connaître les institutions de notre pays ; c’est inadmissible ! », déplore-t-il. Il en va de même pour le site du ministère de l’Emploi et celui du Tourisme. Deux portefeuilles qui ont pourtant intérêt à figurer sur la Toile. L’emploi est une des priorités du gouvernement, mais reste un tollé sur le net, au désavantage d’une jeunesse au chômage à la recherche d’une voie. Pour le ministère du Tourisme, c’est encore plus grave, il devrait présenter le reflet de la Côte d’Ivoire à l’extérieur. Mais, les potentiels touristes à destination des bords de la Lagune Ebrié devront se contenter de cartes postales, en attendant que le ministère s’attèle à s’offrir un site. L’ex-ministre des NTIC, aujourd’hui ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur, Hamed Bakayoko, ne dispose pas d’espace sur le web pour son ministère, alors qu’il fait partie des rares membres du gouvernement à disposer d’un site internet personnalisé www.hamedbakayoko.com. Entre temps, pour tous les curieux qui rechercheraient des informations sur le site www.interieur.gouv.ci, ils devront encore patienter. Le site affiche un oiseau en chapeau avec, inscrit en haut : « très bientôt en ligne ». Les sites relatifs aux différentes institutions telles que la Grande chancellerie et la Cour constitutionnelle ne font pas exception à la règle puisqu’ils ne donnent pas un large éventail d’informations. Aussi, comme le souligne Emmanuel Kouamé, informaticien à Port-Bouët, beaucoup d’Ivoiriens préfèrent « éviter de perdre du temps et se consacrer plutôt à d’autres sites gouvernementaux internationaux plus attractifs ». Si l’on se réfère aux sites institutionnels des autres Etats comme la France www.gouv.fr, la Belgique www.belgium.be, le Canada, www.canada.gc.ca, l’on constate des informations enrichissantes et des sites très diversifiés. Des particuliers ont une réussi tant bien que mal à faire un travail plus appréciable dans l’intérêt de la visibilité du pays sur la Toile. Ce tableau triste ne saurait cependant occulter l’action de certains sites tels www.loidici.com, qui met en ligne l’essentiel des textes juridiques de Côte d’Ivoire, et qui est très bien illustré. Certains sites institutionnels ont fait des efforts pour maintenir le cap sur la Toile.
Des sites qui tentent de sortir du lot
Sans se lancer dans une certaine classification, il est pourtant utile de faire ressortir les efforts accomplis par certains d’entre eux en la matière. Ainsi donc, le ministère de la Famille, de la Femme et de l’Enfant dispose d’un site enrichissant, car également très animé. Toutefois, il faut noter la présence fort appréciable de la ministre Raymonde Goudou Coffie sur le lien social Facebook. Il n’y a pas une de ces sorties qui ne soit publiée sur sa page. Seulement, ladite page est plus actualisée que le site de son ministère. La dernière information d’actualité qui y figure date du 16 mai 2012, alors que sa page Facebook affiche les photos de la célébration de la fête des mères le dimanche 3 mai dernier. L’autre ministère en état de grâce est celui de l’Economie et des Finances, qui fournit sur ses pages web, également un large éventail d’informations relatives à son champ d’investigation. Il en va de même pour le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Ce qui a pour avantage de permettre une meilleure connaissance des données relatives au système économique ivoirien. Ces quelques sites qui se démarquent constituent des outils nécessaires pour découvrir l’univers politique, culturel, économique ivoirien.
Une négligence aux impacts négatifs
Quel serait l’un des reflexes d’un investisseur étranger qui vient d’avoir de bons échanges avec des hommes d’affaires ivoiriens et qui s’est trouvé séduit? Pour se faire une idée du pays où il veut investir, il y a une grande probabilité que ce dernier, depuis son bureau, s’oriente sur la Toile pour découvrir les potentialités de ce pays. Alors, le visage pâle de ces sites du gouvernement pourrait emmener ce dernier à mettre une croix sur son ambition d’investissement, puisque déçu de ne pas être suffisamment informé par ce lien, ce qui augure d’un pays peu rigoureux. Une déception partagée par le jeune étudiant et le professeur chercheur qui n’arriveront pas à satisfaire leurs besoins de connaissances via les sites institutionnels. Ils devront se tourner vers les bons vieux livres, dépossédés ainsi du gain de temps qu’offre la Toile. En somme, les sites gouvernementaux de la Côte d’Ivoire sont une référence au niveau international et constituent un fleuron pour le retour de la Côte d’Ivoire sur la scène internationale. Les services de communication des différents ministères, responsables de la programmation et de l’animation des sites institutionnels doivent impérativement se donner les moyens de faire vivre la Côte d’Ivoire sur la Toile, à un moment où le retour de ce pays sur la scène internationale, après ces longues années de crise, constitue une priorité pour le président de la république, Alassane Ouattara.
RUTH KAMONOU