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Editorial Publié le mardi 19 juin 2012 | L’Elephant Déchaîné

L’Editorial d’Assalé TIEMOKO : Apothéose de la bêtise !

C’est tout de même terrible ! L’arrestation et l’extradition en deux temps trois mouvements de Lida Kouassi Moïse, ancien ministre de la Défense de Laurent Gbagbo, a pour fondement, paraît-il, un projet de déstabilisation du régime en place. Et dont ce dernier serait un des acteurs majeurs. Le mardi 12 juin, le premier flic de Côte d’Ivoire, Hamed Bakayoko, grand enquêteur de son état, s’est longuement expliqué, avec un air d’autosatisfaction qui faisait presqu’envie, sur les raisons profondes de cette opération réalisée en terre togolaise. Eléments filmés à l’appui. Dans lesquels l’on voit respectivement un groupe d’individus en tenues militaires et dont l’un, sans doute le chef, est en train de lire une déclaration de prise de pouvoir, et l’ancien ministre Lida Kouassi, en train de confirmer l’existence de ce projet de déstabilisation. Pour lequel il pense avoir commis une faute en n’informant pas, en sa qualité d’ancien serviteur de l’Etat, les dirigeants actuels de la Côte d’Ivoire. Il n’en a pas fallu plus pour qu’il se confonde en excuses et implore la clémence de l’homme qui vit en ce moment au château. Au lendemain de cette émission-opération-de-communication, des journaux pro-Gbagbo et les partisans du prince de Mama, ont crié à la manipulation. D’autres ont déclaré sur des sites sociaux que « ce n’est que partie remise » et que, comme l’a dit Damana Pikas, l’homme qui déchire des documents administratifs sous les objectifs des caméras des télévisions du monde entier, « Ouattara mérite un coup d’Etat chaque jour ». Evidemment les journaux pro-Ouattara et des partisans de ce camp n’ont pas trouvé de mots assez explosifs pour dénoncer ce projet de déstabilisation et appeler sans rire, à l’arrestation de tous les dirigeants en liberté du parti créé par Gbagbo. Pourquoi se gêner ? Mais au-delà des positions que les uns et les autres pourraient adopter devant cette affaire, il se pose des questions de fond. Que des partisans de Gbagbo rêvent à renverser le régime actuel, c’est leur droit le plus absolu et nul ne peut les empêcher de rêver à cela ou même d’y penser chaque matin depuis leurs lieux d’exil en se rasant. Comme c’est aussi le droit des sécurocrates de ce régime de tout mettre en œuvre pour faire échec à ce genre de projets, chacun fait son boulot. Mais alors pour quels Ivoiriens feront-ils leur coup d’Etat ? Pour quelle souveraineté feront-ils leur coup d’Etat ? De quels moyens disposent-ils pour protéger, sur toute l’étendue du territoire, les Ivoiriens pour la sauvegarde desquels ils feront ce coup d’Etat ? Ouattara est au pouvoir depuis bientôt deux ans et la question de l’insécurité sur toute l’étendue du territoire demeure encore une préoccupation majeure. Malgré les discours des officiels qui prétendent que tout va bien, la réalité sur le terrain est moins prosaïque. Des millions d’armes circulent encore sur toute l’étendue du territoire. Rien qu’à Abidjan, la plupart des chauffeurs de taxi et de « Gbaka » possèdent une kalachnikov qu’ils gardent, soit à leur domicile, soit dans leur véhicule. Cela est connu de tous. Des milliers de prisonniers évadés de la Maca au plus fort de la crise et qui ont été armés, détiennent encore leurs armes de guerre. A l’intérieur du pays, il n’y a plus un seul village dans lequel des dozos armés, sortis d’on ne sait où, n’ont pas installé une base. Plus grave, la nouvelle armée républicaine promise n’est pas encore une réalité et des milliers de personnes ayant manié officiellement les armes dans les deux camps à la faveur de cette crise, et qui devraient être profilées, démobilisées et orientées vers d’autres activités, ne l’ont pas encore été. Et c’est dans un tel pays que des gens rêvent de reprendre tranquillement le pouvoir par les armes, pour le bonheur des populations ? C’est-à-dire, déclencher l’anarchie la plus totale, des tueries massives sur toute l’étendue du territoire, une situation que personne ne pourrait contrôler, pas même les auteurs de cet éventuel putsch qui ne pourront même pas mettre le nez dehors sans risquer de prendre une balle dans la tête. Et, cerises sur la gâchette, tous les criminels, tous les mercenaires, tous les terroristes de la sous-région qui rêvent de faire le coup de feu en Côte d’Ivoire, viendront faire leurs emplettes à la faveur du chaos ainsi créé. Mais peut-être que les futurs putschistes « nationalistes » qui ne pensent qu’au bonheur des Ivoiriens, qui n’obéissent qu’à leur immense amour pour la Côte d’Ivoire et qui, de ce fait, sont prêts à se « sacrifier », ont une solution pour parer à tout ceci. Sinon, leur opération ne serait que l’apothéose de la bêtise, un prodigieux feu d’artifices d’imbécilité et d’irresponsabilité. A moins bien sûr, que comme le disent certaines sources, Lida Kouassi ne soit qu’une taupe au service du régime Ouattara.

A.T.
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