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Politique Publié le samedi 23 juin 2012 | Notre Voie

Après avoir accompagné le Rhdp à la présidentielle : Lago Paulin dans l’enfer du paradis promis

Moins qu’un appel du pied à l’adresse des nouvelles autorités ivoiriennes, c’est une véritable désillusion cruelle liée à un examen de conscience qui ronge le chanteur. Lago Paulin ne se sent plus de joie après avoir non seulement donné sa voix, mais aussi battu activement campagne pour l’actuel chef de l’Etat ivoirien lors de la présidentielle pleine de tristesse de novembre 2010. Il a de gros regrets.
Le zouglouman a pété les plombs dans une interview publiée dans l’édition n°037 du lundi 18 au dimanche 24 juin 2012 du magazine culturel Paparazzi. «J’ai tellement souffert dans ces événements que j’espérais pouvoir retrouver la quiétude pour ce sacrifice que j’ai fait pour que les choses changent. Mais c’est le contraire. J’ai souffert pour rien parce je n’ai rien eu dans tout ça. C’est zéro chez moi. » Là, se lit la grosse déception de l’artiste dans son militantisme politique affiché aux côtés des Houphouétistes qui avaient paradoxalement pour slogan de campagne «Ado Solutions». L’enfer qu’il vit dans ce paradis promis lui paraît tellement inimaginable qu’il a déterré la hache de guerre pour son salut improbable.
Le dindon de la farce qu’il se découvre sur le tard finit par s’effondrer dans une espèce de fatalisme des plus spectaculaires. «Ah oui, comme on le dit dans la vie, il y a des gens qui sont nés pour souffrir. Et puis il y a ceux qui récoltent les retombées des luttes. C’est ce qu’on vit actuellement. Quand on commençait, on n’était seulement que deux. Il y a Antoinette Allany et moi. On a mis notre vie en danger. Mais ce sont d’autres artistes qui bénéficient des retombées de notre engagement. On les regarde seulement.»
Livré à lui-même, abandonné par ses idoles de circonstance, c’est vraiment un désillusionné qui parle comme l’écrivait Nietzche dans le Crépuscule des idoles : «Je cherchais des grands hommes, et j’ai trouvé des hommes qui singeaient leur idéal.» C’est ainsi qu’on perd l’autre en voulant se prendre pour son amour. Du temps de la présidentielle, c’était la rencontre et l’espoir. Maintenant, le disque ne tourne plus pour le chanteur. Les démagogues ont pris la poudre d’escampette. Et ça fait mal à ceux qui se sont offerts en sacrifice, mais qui ignoraient que cela ne leur profiterait pas.
« Je me dis que j’ai sacrifié ma vie pour rien et que s’il arrivait que j’étais mort dans cette lutte, c’était cadeau. Qui allait s’occuper de mes trois enfants, de ma femme ? Personne.

«Aujourd’hui, ils savent qu’ils ont une classe d’artistes»

Aujourd’hui, ils savent qu’ils ont une classe d’artistes qu’ils doivent inviter à leurs cérémonies. Ceux-là mêmes qu’on ne voyait pas dans la lutte. Mais c’est ça aussi la vie», regrette Lago Paulin qui devrait se faire violence en cessant désormais de rêver. Pourquoi ne pas lui rappeler aussi ce qu’il disait dans son album sado intitulé «On est fatigué» ; une satire socio-politique apparemment manipulée et dirigée contre le président Laurent Gbagbo pour nier ses efforts de bonne gouvernance et faire le lit à ses adversaires.
«Un pays maso, le pouvoir est doux, ils s’en foutent de nous. Cheveux noirs, teint noir. Pourquoi ton cœur est noir ? Gnèzé (misère) ô gnèzé. Côte d’Ivoire tou (pleure) o gnèzé». Hélas pour flagorneurs, laudateurs et autres qui gagneraient à faire de cette composition leur hymne de foire au lieu de réveiller de vieux et mauvais souvenirs pour les uns et les autres. Lago Paulin, qui diabolisait le camp Laurent Gbagbo et ses frères d’ethnie, espérant se faire construire en contrepartie des châteaux en Espagne, devrait comprendre qu’il a été pris, avec Antoinette Allany, pour des cobayes de la tragédie de la Côte d’Ivoire. «Depuis, on est là. Et on nous fait espérer. Les Droits de l’Homme n’existent pas. La sécurité sociale, on s’en fout. Augmentation abusive des prix des marchandises…» C’est ce que dénonçait aussi Lago Paulin sur le même titre. On voit que le zouglouman n’aura que réussi à monnayer sa belle et puissante voix sur papier, verbalement, naïvement. Autrement, ses complaintes ont trop peu de chance d’avoir un écho favorable dans la coalition de gens où il n’est en réalité qu’un intrus. D’ailleurs, il ne dit pas autre chose: «On n’a pas de rapports particuliers. Quand tu vas à notre ministère, on te fait tourner en rond. Donc j’ai décidé de ne plus y aller.»
Plus attristant encore pour le chanteur, c’est qu’il n’a plus accès aux médias d’Etat, dont la Rti : «Avec le régime actuel, on veut me frapper à la Rti. J’y suis allé l’autre jour pour la promotion de mon album sorti sur les Eléphants. On m’a bloqué à la porte. Deux corps habillés sont même venus me menacer. L’autre jour encore, c’est dans les environs même que des gens ont voulu me frapper. Depuis lors, je ne vais plus à la Rti pour des émissions parce que je dois protéger ma vie.»
Désormais connu et pas étonnant. Au nom de l’idéologie puante du «rattrapage» ethnique à degré. Lago Paulin n’a donc, en vérité, qu’à s’en prendre à lui-même. Le gâteau qu’il réclame ne peut être à lui.

Schadé Adédé
schadeci@yahoo.fr
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