Nos sociétés africaines recèlent de nombreux outils capables de préserver la paix sociale. Et le ministre des Ressources animales et halieutiques, Kobenan Kouassi Adjoumani, a su le démontrer dans ses échanges. Issu de l’ethnie Abron, il a joué sur son alliance avec les baoulé et les Tagbanan pour passer son message. « Je suis votre chef. Et lorsque le patron est là, tout le monde se tait », lançait-il à l’entame de ses interventions, sous les applaudissements des populations. Cet usage astucieux de l’alliance à plaisanterie a permis au ministre de faire passer son message comme lettre à la poste, mais il a aussi aidé à créer une ambiance détendue lors des différentes rencontres. L’alliance interethnique s’analyse en une sorte de pacte de non agression entre les parties. C’est une forme de communication sociale entre des parents qui tiennent des positions spécifiques au sein de familles ou entre des groupes ethniques différents aujourd'hui, mais qui ont vécu dans un passé lointain un fait d'histoire commune. En la forme, chez les Baoulé on parle de Toukpê, chez les Bété de Kpoa, chez les Gouro ou Yacouba de Djon. Au nom donc de ces alliances, des peuples s'interdisent des conflits. En cas de conflit, un mode de règlement pacifique est déclenché. Le génie de l'alliance réside dans le fait qu'un groupe d'alliés n'est jamais isolé, car des alliés d'un groupe ont bien des fois d'autres liens dans des groupes voisins. Une telle interdépendance des groupes est le ciment de la fortification de la Nation, en cela qu'elle préserve de conflits insolubles.
BS
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