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Société Publié le jeudi 19 juillet 2012 | Le Mandat

Interview / Désiré Gnonkonté (président de l`AVICOM-CI) : “A l`ouest, il y a des fonds de commerce politiques”

© Le Mandat Par Serges T
Accord de partenariat : L`AVICOM-CI et l`ONG ODAHROM unissent leurs forces
Jeudi 12 juillet 2012. Abidjan. L`AVICOM-CI et l`ONG ODAHROM signent un accord de partenariat stratégique pour la coordination éfficace des actions humanitaires et de développement dans l`ouest montagneux.
Ancien ministre des cultes, Désiré Gnonkonté préside l`Association des villes et communes de l`ouest montagneux de Côte d`Ivoire (AVICOM-CI). C`est un cadre bien au fait des réalités de la région qui s`est confié à "Le Mandat". Travaillant à la réconciliation dans l`Ouest avec ses pairs, le ministre Gnonkonté relève, en outre, les origines de la fracture dans cette zone.
Quel sens revêt à vos yeux la signature du partenariat avec l`ONG ODAHROM?

Nous nous réjouissons de ce qui s`est passé ce matin (jeudi 12 juillet 2012). Ça ne vient pas du président de l`AVICOM-CI que je suis. Ce sont tous les maires de l`AVICOM-CI qui ont demandé que nous puissions signer cet accord-cadre de partenariat avec l`ONG ODAHROM. Depuis les événements qui ont secoué notre région, il y a des humanitaires qui apportent leurs contributions, mais les maires que nous sommes ne sont pas associés et nous ne savons pas ce qui se fait au juste. Pourtant, nous avons des besoins. Nous avons donc demandé à coordonner nos actions, tant au niveau de l`expression de nos besoins qu`au moment où les appuis humanitaires sont apportés, pour que nous sachions ce qui est fait. Et comme l`ONG ODAHROM fait partie de ces humanitaires qui travaillent chez nous, nous pensons qu`elle peut nous être utile. C`est tout le sens de cet accord de partenariat. Pour coordonner les actions au niveau de l`humanitaire et des projets communautaires. L`ONG ODAHROM peut nous être utile en tant qu`assistant technique au niveau de la conception de ces projets humanitaires, de la recherche de financement et de leur exécution.
Il s`agit donc d`une conjugaison des efforts?
Conjugaison des efforts, c`est trop dire. C`est plutôt comme si on donnait un mandat à l`ONG. Nous allons demander à l`ONG ODAHROM de pouvoir approcher les ONG pour faire un bilan de ce qui se passe dans notre région. Cela pour que nous puissions leur exprimer notre reconnaissance et notre gratitude à l`endroit de ces ONG humanitaires qui travaillent pour nous. Il est important qu`il y ait une structure qui capitalise tout ce qui a été fait, qui nous informe pour leur dire merci. Quand vous dites merci à quelqu`un qui fait des actions pour vous, il est encouragé et est prêt à apporter plus.

Dans quels secteurs, selon-vous, des actions on été le plus menées en faveur des populations de l`ouest montagneux?

Beaucoup d`actions ont été posées, mais je ne peux pas vous les quantifier exactement. J`ai lu à travers la presse qu`à Duékoué, les ONG humanitaires ont apporté des aides, de même qu`à Bangolo, à Bloléquin, à Man et à Taï. Mais, c`est tellement disparate que les maires ne sont pas informés.

Mais, vous impliquez-vous dans ces actions?

Pour que vous soyiez impliqués, il faut bien qu`on vous associe. Nous sommes sur le terrain, nous voyons des ONG qui font des dons. C`est une bonne chose pour nos populations. Mais, il est préférable qu`on soit associés pour aller ensemble vers ces populations. Et mieux, que nous puissions exprimer nos besoins. Il y a beaucoup d`ONG, mais il faut savoir vers lesquelles s`orienter. L`ONG ODAHROM sera pour nous la porte d`entrée vers ces organisations humanitaires. Elle va nous donner des indications pour telle ou telle action à mener. Parce que chaque ONG a sa spécificité.

L’AVICOM-CI a inscrit dans son programme d`activités l`organisation d`un séminaire sur la problématique de la paix durable. Mais, croyez-vous au retour effectif de la paix dans l`ouest montagneux?

Nous avons toujours vécu en paix dans la région. C`est ces dernières années qu`il y a eu, malheureusement, des déchirures du fait de la crise. Mais, les déchirures, on peut toujours les coudre. Il est donc important d`amener nos parents à comprendre que nous avons vécu toujours en paix, c`est ce qui a permis à notre région de se développer. Il faut vivre en paix, il faut qu`on fasse taire nos querelles. Oui, c`est vrai nous pouvons le faire et nous allons le faire. Nous avons plusieurs actions à mener. Nous pensons non seulement faire ce séminaire très rapidement pour parler aux populations, mais organiser aussi les journées et le prix de l`AVICOM-CI.

A votre avis, où se situe exactement le problème de l`Ouest? Est-ce religieux, politique ou ethnique?

Le problème de l`Ouest est politique. Je ne vous le cache pas. On a utilisé certains éléments comme des fonds de commerce politique. On dira que le problème de l`Ouest est foncier, mais le problème de la Côte d`Ivoire est foncier dans son ensemble. C`est vrai que chacun de nous se dit qu`il est propriétaire terrien. Mais en réalité, peu d`Ivoiriens ont des titres de propriétaire terrien. Que ce soit à l`Est, à l`Ouest, au Centre, au Sud. Nous avons les mêmes problèmes.

Le problème étant politique, comme vous le dites, ça nous amène à rappeler la dernière législative dans la commune de Facobly marquée, jusqu`à ce jour, par un imbroglio au niveau des résultats. S`agit-il d`un cas politique?

Là, je ne pourrai pas répondre, puisque c`est au niveau de la CEI. C`est un organisme à part entière. C`est elle seule qui peut répondre. Cela dit, je pense que ça n`a rien de politique. Les élections, ce sont les élections. Quand je parle de politique, c`est parce que nous utilisons facilement les problèmes fonciers pour mettre les populations les unes contre les autres. Alors que ces denières ont toujours vécu en bonne intelligence; les problèmes ont toujours été résolus. Cette fois-ci, on n`a pas procédé comme il fallait. On a plutôt fait en sorte qu`il n`y ait pas de résolution de ces problèmes. Ça a créé une certaine animosité. Mais, ce sont des choses qui peuvent se régler.

Le président de la République a, depuis son élection, prôné la réconciliation. Est-ce que ce vent souffle sur le grand-ouest à votre avis?

Lorsqu`il y a des palabres, il y a toujours la réconciliation. C`est vrai que le président de la République l`a dit. Nous nous sommes appropriés son message. Au niveau de l`ouest montagneux, nous projetons un séminaire pour amener tous nos parents à mieux comprendre la situation. Nous avons toujours vécu ensemble, il n`y a donc pas de raison que nous ne vivions pas ensemble. Il suffit tout simplement d`expliquer aux uns et autres ce qu`ils doivent faire. En tant qu`élus locaux, il est important de jouer notre rôle.

Après Duékoué, c`est Taï qui est aujourd`hui en proie aux attaques. Ce cas vous préoccupe-t-il particulièrement, vu que vous êtes le maire de cette localité?

C`est vrai que je suis de Taï. Mais, le cas Taï est dépassé. Avec les disposions sécuritaires prises par le gouvernement, ça va relever du passé. Maintenant, il est clair que des problèmes sont nés de ces attaques. Ce sont ces problèmes que nous essayons de résoudre.

Les villageois peuvent donc rejoindre leurs plantations?

Les populations ont regagné leurs villages et leurs champs. Comme je l`ai dis, le président de la République a pris des dispositions sécuritaires qui permettent aux gens de vaquer à leurs occupations. Concernant les problèmes entre les populations, nous allons les régler au fur et à mesure.

Président de l`AVICOM-CI, si vous deviez dresser le bilan de l`association depuis sa naissance en 1990, que diriez-vous. Y`a-t-il de la satisfaction ou plutôt de la déception?

J`avoue que pendant de longues années, nous n`avons pas travaillé. Tous nos collègues ont de l`admiration pour l`AVICOM-CI. C`est l`organisation pionnière qui a développé une franche collaboration avec la Franche Comté, dans la région de Besançon (France). Nous avons mobilisé des ressources importantes, plus de 5 milliards FCFA qui ont été investis dans l`ouest montagneux. Mais, avec la crise, cette collaboration a été suspendue. Les activités ont été également ralenties. Ce qui est important à signaler, c`est que les maires ont transcendé les clivages politiques. Il y a une telle force de solidarité et de fraternité entre nous qu`on ne sait pas qui est de quel bord politique. Nous luttons plus pour le développement de notre région. Nous sommes restés les mêmes. C`est ma grande satisfaction.

Réalisée par
MARTIAL GALE
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