Sale temps pour la communauté rasta de Côte d’Ivoire. Valises et effets vestimentaires enfouis dans les décombres de leurs maisons. Meubles et autres instruments, qui jonchent le sol. Situé à Vridi, dans la commune de Port-Bouët, leur village offre le triste visage d’une zone dévastée. Depuis le passage des bulldozers, le 11 juillet dernier, sous les ordres d’un opérateur économique, répondant au nom de Zaher, qui revendique la propriété du site, les rastas sont sans toit. Toutes les habitations ont été rasées. Assis sur un amas de gravas, Badini Mani alias Blaka et sa petite famille devenus des sans domicile fixe (SDF), après la destruction de leur logis, vivent dans l’angoisse. «Nous n’avons nulle part où aller. Ma femme vient de mettre au monde un petit garçon qui avait à peine une semaine lorsque les bulldozers sont venus tout détruire dans le village. Avec mon fils qui va à l’école, nous passons tous la nuit à la belle étoile dans le froid glacial de la brise marine », confie ce membre influent de la communauté rasta, littéralement désabusé. Pour ces hommes et leur famille, la solution c’est de passer la nuit à l’air libre, avec tout ce que cela comporte comme risques de maladie. A quelques mètres de là, des adeptes de Jah Rastafari Haïlé Sélassié, crient leur colère. « On nous prend pour des marginalisés de la société, nous n’avons pas reçu de mise en demeure. Ce n’est pas sérieux », assènent-ils en ch?ur, sous un ton furieux.
Dans le dénuement total, sous le soleil et la pluie, grelotant la nuit tombée sous l’effet de la fraîcheur, les rastas que nous avons rencontrés luttent au quotidien contre la rigueur des intempéries du climat. Des hangars de fortune leur servent d’abris momentanés. Amassés par petites troupes et s’apitoyant sur leur sort une fois, le soleil couché. « Nous passons tous la nuit ici, à la belle étoile. Quand il pleut, c’est la désolation ! Mais que faire ! Nous sommes là, ma femme et mon bébé sont malades », pleure un autre rasta à la tignasse imposante, avant de marteler : « Dites aux autorités que le rasta a aussi droit à la vie. Nous ne quitterons pas facilement ce village».
Aujourd’hui, le village présente un visage de désolation. Là-bas, l’ambiance n’est pas vraiment à la fête. C’est plutôt la consternation. Car, les rastas n’ont pas perdu que leurs maisons, ils ont aussi et surtout perdu leurs biens. C’est le cas par exemple du groupe musical Kpotcha Family, fort de neuf instrumentistes et deux chanteurs. De leurs instruments de musique, il ne reste que des débris. Tout a été écrabouillé par les mastodontes. « Nous avons perdu également des reliques que nous conservions jalousement depuis des d’années» fait remarquer Bob Goody, artiste musicien rasta qui vient de sortir son nouvel opus.
Malgré ce « drame », les rastas ne baissent pour autant pas de bras. Ils appellent à l’aide. « Nous demandons aux hommes de bonne volonté de secourir la communauté rasta d’Abidjan. C’est une centaine de familles qui vivaient en harmonie dans le village. Des enfants y vivent et sont à l’école. C’est dramatique la situation que nous vivons actuellement », plaide Bob Goody. Pour lui, il n’y a pas de doute. Les rastas sont des non violents. « Nous ne sommes pas de vulgaires bandits, la majorité d’entre nous sont des artistes ou des artisans », souligne, presqu’en larmes une jeune fille rasta aux longs dreadlocks. A l’en croire, certaines ONG leur ont déjà témoigné leur compassion. Mais, renchérit-elle, « Nous attendons celle des ministres de la Culture et de l’Artisanat ».
D’après l’un de ses membres influents, le village était devenu un lieu de pèlerinage pour la plupart des rastas de la sous-région. Site touristique et culturel, il abritait, sur une superficie de 600 m2, des galeries d’art artisanal, des temples de prière, un studio d’enregistrement et une bibliothèque. Une centaine de familles, en majorité des rastas, vivaient sur cette parcelle octroyée, selon Badini Mani, en 1996, à la communauté rasta, sous le numéro N° 241CPB/DOM par la mairie de Port-Bouët.
KM
Dans le dénuement total, sous le soleil et la pluie, grelotant la nuit tombée sous l’effet de la fraîcheur, les rastas que nous avons rencontrés luttent au quotidien contre la rigueur des intempéries du climat. Des hangars de fortune leur servent d’abris momentanés. Amassés par petites troupes et s’apitoyant sur leur sort une fois, le soleil couché. « Nous passons tous la nuit ici, à la belle étoile. Quand il pleut, c’est la désolation ! Mais que faire ! Nous sommes là, ma femme et mon bébé sont malades », pleure un autre rasta à la tignasse imposante, avant de marteler : « Dites aux autorités que le rasta a aussi droit à la vie. Nous ne quitterons pas facilement ce village».
Aujourd’hui, le village présente un visage de désolation. Là-bas, l’ambiance n’est pas vraiment à la fête. C’est plutôt la consternation. Car, les rastas n’ont pas perdu que leurs maisons, ils ont aussi et surtout perdu leurs biens. C’est le cas par exemple du groupe musical Kpotcha Family, fort de neuf instrumentistes et deux chanteurs. De leurs instruments de musique, il ne reste que des débris. Tout a été écrabouillé par les mastodontes. « Nous avons perdu également des reliques que nous conservions jalousement depuis des d’années» fait remarquer Bob Goody, artiste musicien rasta qui vient de sortir son nouvel opus.
Malgré ce « drame », les rastas ne baissent pour autant pas de bras. Ils appellent à l’aide. « Nous demandons aux hommes de bonne volonté de secourir la communauté rasta d’Abidjan. C’est une centaine de familles qui vivaient en harmonie dans le village. Des enfants y vivent et sont à l’école. C’est dramatique la situation que nous vivons actuellement », plaide Bob Goody. Pour lui, il n’y a pas de doute. Les rastas sont des non violents. « Nous ne sommes pas de vulgaires bandits, la majorité d’entre nous sont des artistes ou des artisans », souligne, presqu’en larmes une jeune fille rasta aux longs dreadlocks. A l’en croire, certaines ONG leur ont déjà témoigné leur compassion. Mais, renchérit-elle, « Nous attendons celle des ministres de la Culture et de l’Artisanat ».
D’après l’un de ses membres influents, le village était devenu un lieu de pèlerinage pour la plupart des rastas de la sous-région. Site touristique et culturel, il abritait, sur une superficie de 600 m2, des galeries d’art artisanal, des temples de prière, un studio d’enregistrement et une bibliothèque. Une centaine de familles, en majorité des rastas, vivaient sur cette parcelle octroyée, selon Badini Mani, en 1996, à la communauté rasta, sous le numéro N° 241CPB/DOM par la mairie de Port-Bouët.
KM