Pour se repérer en ville au quotidien, le système officiel de nomination des rues n'est pas très utilisé. Chaque quartier possède ses propres codes en fonction de ses réalités. Si la rue L 895 ou I 277 n'évoque rien à un riverain, il se retrouvera plus aisément quand on mentionnera «sacré-coeur», « banfora », «complexe » etc.
A la Riviéra Palmeraie, il existe une rue que les riverains appellent la rue Ministre. Elle aurait hérité son nom de la proximité avec la villa d'un ancien membre du gouvernement sous la présidence de Monsieur Henri Konan Bédié. Depuis 2010, cette rue a perdu de sa superbe. Elle est méconnaissable, défigurée et c'est avec beaucoup de scrupules qu'on emploie ce nom pour la désigner.
En effet, après une pluie particulièrement drue, qui a inondé des maisons, renversé des voitures, endeuillé certaines familles et mis un immeuble en équilibre précaire, elle a été ravagée. Il ne reste plus d'elle que des vestiges. A l'épreuve de l'eau, le bitume a révélé ses lacunes et, par la même occasion, les insuffisances de ceux qui ont eu la charge de l'appliquer. Le goudron s'est fissuré, craquelé, littéralement décollé par endroits comme un puzzle mal assemblé. Des cratères ont surgi çà et là. A ce jour, les séquelles demeurent. Les plaies béantes de la route n'ont même pas cicatrisé. Le trottoir partage également ce triste sort. Depuis 2010, plus aucun effort n'a été fait afin de déblayer correctement. Aucune velléité d'aplanissement de la route n'a été enregistrée, à plus forte raison de réparation du revêtement. Cette rue serait-elle devenue miraculeusement invisible ? Cela expliquerait bien qu'elle n'ait pas été réhabilitée depuis le passage de la première pluie dévastatrice. Cette hypothèse pourtant s'effrite quand on sait que les bulldozers de l'Etat l'ont emprunté à plusieurs reprises pour détruire des constructions dites anarchiques, répertoriées dans la zone et nettoyer les caniveaux.
D'ailleurs à quoi cette opération de nettoyage des voies d'évacuation, sans ôter les plaques de goudron jonchant la voirie, a-t-elle servi ? Il a suffi de nouvelles pluies pour que les morceaux de bitume, draînés par les eaux usées, tutoient de nouveau les caniveaux. Les conducteurs évitent d'emprunter la rue Ministre qui met à mal les amortisseurs et risque d’érafler la carrosserie. Elle est presque devenue un passage pour piétons et animaux errants. Son état suscite des railleries, car elle est une belle verrue sur le visage d'un quartier supposé abriter des familles bourgeoises. Certains l'ont surnommée « Haïti », en hommage au séisme qui a secoué ce pays dans la même période. On espère quand même que cette voie retrouvera son charme d'antan et pourra à nouveau se faire appeler « Rue Ministre » sans en rougir.
yehnidjidji.blogspot.com
A la Riviéra Palmeraie, il existe une rue que les riverains appellent la rue Ministre. Elle aurait hérité son nom de la proximité avec la villa d'un ancien membre du gouvernement sous la présidence de Monsieur Henri Konan Bédié. Depuis 2010, cette rue a perdu de sa superbe. Elle est méconnaissable, défigurée et c'est avec beaucoup de scrupules qu'on emploie ce nom pour la désigner.
En effet, après une pluie particulièrement drue, qui a inondé des maisons, renversé des voitures, endeuillé certaines familles et mis un immeuble en équilibre précaire, elle a été ravagée. Il ne reste plus d'elle que des vestiges. A l'épreuve de l'eau, le bitume a révélé ses lacunes et, par la même occasion, les insuffisances de ceux qui ont eu la charge de l'appliquer. Le goudron s'est fissuré, craquelé, littéralement décollé par endroits comme un puzzle mal assemblé. Des cratères ont surgi çà et là. A ce jour, les séquelles demeurent. Les plaies béantes de la route n'ont même pas cicatrisé. Le trottoir partage également ce triste sort. Depuis 2010, plus aucun effort n'a été fait afin de déblayer correctement. Aucune velléité d'aplanissement de la route n'a été enregistrée, à plus forte raison de réparation du revêtement. Cette rue serait-elle devenue miraculeusement invisible ? Cela expliquerait bien qu'elle n'ait pas été réhabilitée depuis le passage de la première pluie dévastatrice. Cette hypothèse pourtant s'effrite quand on sait que les bulldozers de l'Etat l'ont emprunté à plusieurs reprises pour détruire des constructions dites anarchiques, répertoriées dans la zone et nettoyer les caniveaux.
D'ailleurs à quoi cette opération de nettoyage des voies d'évacuation, sans ôter les plaques de goudron jonchant la voirie, a-t-elle servi ? Il a suffi de nouvelles pluies pour que les morceaux de bitume, draînés par les eaux usées, tutoient de nouveau les caniveaux. Les conducteurs évitent d'emprunter la rue Ministre qui met à mal les amortisseurs et risque d’érafler la carrosserie. Elle est presque devenue un passage pour piétons et animaux errants. Son état suscite des railleries, car elle est une belle verrue sur le visage d'un quartier supposé abriter des familles bourgeoises. Certains l'ont surnommée « Haïti », en hommage au séisme qui a secoué ce pays dans la même période. On espère quand même que cette voie retrouvera son charme d'antan et pourra à nouveau se faire appeler « Rue Ministre » sans en rougir.
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