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Société Publié le jeudi 30 août 2012 | Nord-Sud

Facebook, messenger,…dans les bureaux / Patrons-employés : la guerre du tchat!

L’utilisation des réseaux sociaux en entreprise est la nouvelle pomme de discorde entre les patrons et les employés. Notre enquête !


«On ne peut pas vous empêcher de vous rendre sur Facebook. Mais de grâce, fermez la fenêtre de discussion quand vous avez du travail. Le manque de concentration est source de déperdition, sans que vous ne vous en rendiez compte. Si les chiffres d’affaires ne sont pas bons, nous serons obligés de vous congédier». La voix grave et le regard sévère, Alain K. responsable d’une entreprise de la place met en garde ses collaborateurs. L’employeur a adressé ces reproches au cours d’une réunion de service. Il n’est pas isolé dans sa colère. De plus en plus, des chefs de service se plaignent de la pratique. Les travailleurs abandonnent le travail pour tchatcher sur le net à travers les réseaux sociaux comme Facebook, Twitter, Hi5, ou des sites de rencontres tels que drague.net, 123love.net et autres. Pourquoi les salariés sont-ils régulièrement connectés sur ces réseaux ? La conscience professionnelle s’est-elle volatilisée ? Pour en avoir le cœur net, nous avons effectué des visites dans environ une demi-douzaine de bureaux tant dans le privé que dans le public, dans la seule journée de jeudi dernier. Dans le secteur public, les fonctionnaires avec qui nous avons échangé ne manquent pas d’arguments. Ils évoquent une raison professionnelle. Pour ce qui est du privé, certains agents avancent même qu’ils utilisent les réseaux sociaux pour un échange d’expériences avec des travailleurs de leur secteur d’activité vivant dans les autres pays. Ce qui, à les entendre, contribuerait à accroître le chiffre d’affaires de l’entreprise. Quelques uns, par contre, ignorent tout de ces moyens de communication. Pendant que d’autres prétendent n’y aller que pendant les temps morts, histoire de déstresser…«Ce temps perdu sur internet est un véritable problème pour nous. Et nos employés sont difficilement contrôlables. Dès que vous entrez dans le bureau, ils ferment aussitôt les fenêtres de discussion. Nous examinons le problème en collaboration avec le gestionnaire et le directeur des affaires financières pour voir s’il faut arrêter des mesures», se dit résolu un directeur d’une entreprise de poterie à Marcory. Un coordonnateur de service au ministère de l’Emploi, qui a requis l’anonymat, dit vivre une autre expérience du boom des réseaux sociaux. Pour lui, il n’est pas question de sanctions. Néanmoins, le coordonnateur de service reconnaît que ces outils peuvent nuire. Surtout qu’ils ne font pas partie du cahier de charges. «Nous ne tenons pas rigueur à ceux des nôtres qui utilisent les réseaux sociaux au travail. On y retrouve toutes les informations en peu de temps.» La question est sérieuse. Mais aussi cocasse. C’est que des employés se plaignent eux aussi des patrons qui les privent de causeries sur internet. Pamela O., conseillère dans une ambassade africaine, est une inconditionnelle de Facebook. Dans le jargon, on dira que la demoiselle a un indice «klout» élevé. Cet indice est censé indiquer l’influence d’un utilisateur sur le réseau social. Il se mesure par le nombre d’amis, d’abonnés ou encore de commentaires sous les publications de cet utilisateur. Et tenez-vous bien, la conseillère comptabilise à elle seule plus de 100 mentions par jour. Elle publie en général des photos ou des vidéos. Depuis un mois, elle ne décolère pas contre la nouvelle décision de ses chefs. Eh oui ! L’accès aux réseaux sociaux est purement et simplement désactivé des ordinateurs sur son lieu de travail. Pour naviguer sur internet, il ne lui reste plus que les sites de recherches. Selon Yves T., informaticien, c’est l’option dont dispose techniquement les patrons pour faire plier les récalcitrants. Et la pilule passe difficilement auprès des travailleurs. Traoré Dohia Mamadou, secrétaire général de la Fédération des syndicats libres et autonomes de Côte d’Ivoire (Fesaci) estime que le monde étant un village planétaire, les patrons ne devraient pas censurer la fréquentation des réseaux sociaux. Il préconise qu’avant de blâmer le travailleur, il faut apporter la preuve de ce que son activisme sur le réseau social est à la base des mauvais chiffres. Kouamé Kouassi, directeur des ressources humaines dans une entreprise de la place, quant à lui, observe les choses sous un autre angle. Il conseille aux employés d’éviter les réseaux sociaux aux heures de travail. «Il est proscrit qu’un travailleur passe plus de temps sur internet. Son employé peut lui tenir rigueur pour ce fait. Les entreprises mettent l’internet à la disposition de leurs travailleurs pour faciliter les recherches et non pour qu’ils se divertissent», développe le spécialiste. Malgré tout, il constate que la législation du travail est muette sur la question. «Il n’y a pas d’interdiction formelle. La loi n’a rien prévu parce que l’internet en entreprise est un fait nouveau. Cependant, on peut y tendre car le droit du travail est mouvant.» En attendant, on assiste à un jeu de cache-cache dans les bureaux. Les patrons font la police comme ils peuvent. Et les travailleurs, eux, tchatchent sur le net… en catimini. Gare à celui qui se laissera prendre!

Nesmon De Laure

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