Depuis quelques jours, le président de la République a décidé de reporter la date de fin des inscriptions pour le hadj. Objectif : récupérer 500 pèlerins qui ont déjà leurs certificats d’aptitude. Mais la tâche n’est pas aisée.
Il faudra boire le calice jusqu’à la lie. Pour ces 500 pèlerins de plus que l’Etat veut emmener en Arabie Saoudite, la souffrance continue après les visites médicales. Débutées, hier, leurs inscriptions à la direction des cultes (Cocody) ont drainé un monde fou. Une centaine de vieilles personnes venues avec leurs proches pour figurer sur la liste de l’Etat. Une liste portée maintenant à 5.500 pèlerins, à la demande du président de la République. Après la fin des inscriptions, le 25 août, Alassane Ouattara a décidé de permettre aux retardataires qui ont reçu leurs certificats d’aptitude de pouvoir fouler la Terre sainte. Mais ce jeudi, les faits tendent à montrer que ce ne sera pas de la sinécure. Agglutinés devant les barres bleues de la structure, ils se plaignent, transpirent, vocifèrent. Ce sont ceux qui se sont inscrits, mercredi. Leur but : récupérer un simple document d’autorisation qui leur permettra d’aller payer, enfin, leurs frais du hadj au Trésor. Soudain, une vieille femme dans la soixantaine fend la foule vers les grilles. Malgré l’âge, ses muscles impressionnent. Un encadreur, derrière les grilles, vient d’appeler son nom. Elle prend son document d’autorisation qu’on lui tend par l’entrebâillement de la porte. Ouf ! Pour elle, le calvaire vient de s’achever. Du moins, pour ce qui concerne Abidjan. On ne peut pas en dire autant pour les autres. Fatiguées d’attendre, beaucoup de braves femmes rechignent, assises sur des dalles. Quelques vieux se tiennent les reins. Bamba Ali, lui, est venu accompagner son père de 66 ans. Il l’a fait inscrire à l’aide de son certificat d’aptitude, son carnet de vaccination et 8 photos. On leur a demandé de passer ce jeudi. « Nous sommes là depuis 7 h. Il est 12 h, on ne nous a pas encore appelés », s’inquiète-t-il. Les encadreurs qui font l’appel, prennent leur temps. Et ils veillent à ce que personne n’entre dans la cour. Sauf ceux qui continuent de venir s’inscrire. Pour ces derniers, la tâche est plus aisée. Puisqu’il suffit de se rendre dans les bureaux, muni des documents cités ci-haut. «C’est l’attente qui nous fatigue, se plaint Cissé Siaka, un cadre venu accompagner sa mère qui ne parle pas français. On appelle seulement quatre personnes chaque heure, ce n’est pas normal». Amidou Samaké, un des encadreurs pense que ce sont les signes d’une mauvaise organisation. «Pourquoi ne pas permettre à tous ceux venus s’inscrire, d’aller directement au Trésor payer leurs frais du hadj ?», propose-t-il. Son raisonnement est simple : 500 pèlerins sont concernés par ce report de la date d’inscription, et ils ont déjà leurs certificats d’aptitude, donc fichés. « Alors, après leurs inscriptions, il n’ont pas besoin encore d’une autorisation». À force d’attendre, dit-il, certaines personnes sont tentées de glisser des billets de banque à travers la grille à des encadreurs. Ces derniers se dépêcheront de faire en sorte que leurs noms soient sur la prochaine liste.
Au moment où nous mettions sous presse, la foule, lasse d’attendre, se révoltait contre la directrice des cultes, menaçant de défoncer les grilles.
Raphaël Tanoh
Il faudra boire le calice jusqu’à la lie. Pour ces 500 pèlerins de plus que l’Etat veut emmener en Arabie Saoudite, la souffrance continue après les visites médicales. Débutées, hier, leurs inscriptions à la direction des cultes (Cocody) ont drainé un monde fou. Une centaine de vieilles personnes venues avec leurs proches pour figurer sur la liste de l’Etat. Une liste portée maintenant à 5.500 pèlerins, à la demande du président de la République. Après la fin des inscriptions, le 25 août, Alassane Ouattara a décidé de permettre aux retardataires qui ont reçu leurs certificats d’aptitude de pouvoir fouler la Terre sainte. Mais ce jeudi, les faits tendent à montrer que ce ne sera pas de la sinécure. Agglutinés devant les barres bleues de la structure, ils se plaignent, transpirent, vocifèrent. Ce sont ceux qui se sont inscrits, mercredi. Leur but : récupérer un simple document d’autorisation qui leur permettra d’aller payer, enfin, leurs frais du hadj au Trésor. Soudain, une vieille femme dans la soixantaine fend la foule vers les grilles. Malgré l’âge, ses muscles impressionnent. Un encadreur, derrière les grilles, vient d’appeler son nom. Elle prend son document d’autorisation qu’on lui tend par l’entrebâillement de la porte. Ouf ! Pour elle, le calvaire vient de s’achever. Du moins, pour ce qui concerne Abidjan. On ne peut pas en dire autant pour les autres. Fatiguées d’attendre, beaucoup de braves femmes rechignent, assises sur des dalles. Quelques vieux se tiennent les reins. Bamba Ali, lui, est venu accompagner son père de 66 ans. Il l’a fait inscrire à l’aide de son certificat d’aptitude, son carnet de vaccination et 8 photos. On leur a demandé de passer ce jeudi. « Nous sommes là depuis 7 h. Il est 12 h, on ne nous a pas encore appelés », s’inquiète-t-il. Les encadreurs qui font l’appel, prennent leur temps. Et ils veillent à ce que personne n’entre dans la cour. Sauf ceux qui continuent de venir s’inscrire. Pour ces derniers, la tâche est plus aisée. Puisqu’il suffit de se rendre dans les bureaux, muni des documents cités ci-haut. «C’est l’attente qui nous fatigue, se plaint Cissé Siaka, un cadre venu accompagner sa mère qui ne parle pas français. On appelle seulement quatre personnes chaque heure, ce n’est pas normal». Amidou Samaké, un des encadreurs pense que ce sont les signes d’une mauvaise organisation. «Pourquoi ne pas permettre à tous ceux venus s’inscrire, d’aller directement au Trésor payer leurs frais du hadj ?», propose-t-il. Son raisonnement est simple : 500 pèlerins sont concernés par ce report de la date d’inscription, et ils ont déjà leurs certificats d’aptitude, donc fichés. « Alors, après leurs inscriptions, il n’ont pas besoin encore d’une autorisation». À force d’attendre, dit-il, certaines personnes sont tentées de glisser des billets de banque à travers la grille à des encadreurs. Ces derniers se dépêcheront de faire en sorte que leurs noms soient sur la prochaine liste.
Au moment où nous mettions sous presse, la foule, lasse d’attendre, se révoltait contre la directrice des cultes, menaçant de défoncer les grilles.
Raphaël Tanoh