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Société Publié le vendredi 7 septembre 2012 | L’Elephant Déchaîné

Ecole ivoirienne «Yako!» : Formation au rabais et chômage garanti

© L’Elephant Déchaîné Par Prisca
L`Ecole ivoirienne apres la crise: le premier ministre Guillaume Soro constate de visu l`état dans lequel se trouvent les établissements scolaires et universitaires abidjanais
Jeudi 23 juin 2011. Abidjan. Le premier ministre Guillaume Soro conduit une tournee dans les établissements scolaires et universitaires d`Abidjan, en compagnie des ministres Kandia Camara (Education nationale), Albert Flindé (Enseignement Technique et Formation Professionnelle) et Ibrahima Bacongo Cissé (Enseignement Supérieur et Recherche Scientifique)
Les résultats des derniers examens à grand tirage ont achevé de convaincre les plus optimistes sur le fait que l’école ivoirienne a atteint le fond de la caisse en matière de contre-performance. Aucun diagnostic de cette situation n’a été fait, la réforme promise par la ministre Kandia Camara a été abandonnée. Et voilà déjà la nouvelle rentrée 2012-2013. Petit projecteur sur une école qui ne fait plus rêver personne.
L’Ecole, c’est le prolongement de la cellule familiale dans un établissement d’enseignement primaire ou secondaire. Ainsi dit, l’enseignant qui est en charge de dispenser les cours aux apprenants, doit lui-même être bien formé et bénéficier de conditions optimales de travail afin de donner un bon rendement. Contrairement à ce qui devait l’être, le constat sur le terrain est pour le moins regrettable. Remontons tout simplement à la base, où le temps de la formation des futurs instituteurs dans les Cafop (Centre d’aptitude de la formation pédagogique) laisse à désirer. Dans un passé très récent, les cafopiens bénéficiaient de deux années de formation assortie d’un Cap (Certificat d’aptitude pédagogique) leur donnant droit d’être opérationnels sur le terrain. Mais contre toute attente, la durée de formation des instituteurs ordinaires et adjoints est passée de vingt quatre mois au quart. De l’avis de M. Tahou Benoît, inspecteur pédagogique à la retraite et ex-professeur au Cafop de Gagnoa, deux facteurs essentiels sont à la base de cette réduction drastique du nombre d’années de formation des instituteurs ordinaires. « Face au nombre important d’enfants en âge d’aller au Cp1 qui ne cesse de s’accroître annuellement, et compte tenu du fort taux de candidats frappant chaque année aux portes des Cafop, l’Etat s’est vu obligé de ramener la formation des futurs instituteurs à six mois, afin de palier l’insuffisance de formateurs dans plusieurs villages et même dans certaines contrées reculées du pays », nous a confié le pédagogue à la retraite. Dès lors, la déferlante successive de titulaires du Brevet d’Etudes du Premier Cycle(Bepc), dont plusieurs l’ayant obtenu ces dernières années dans des conditions obscures,se remarque régulièrement aux portes de nos Cafop, dès l’obtention du précieux sésame.Au niveau du secondaire, les problèmes sont aussi très visibles comme un éléphant dans une chambre éclairée. Bien que le problème récurrent des effectifs pléthoriques ne soit pas de nature à faciliter le travail des enseignants du secondaire public, ceux-ci, nonobstant leur emploi du temps régulier dans leurs différents lycées,se rabattent, pour la plupart, sur des établissements privés secondaires afin d’arrondir leurs fins de mois.
Allons pour le petit commerce...donc !
Un petit tour effectué au niveau de dix établissements privés du District d’Abidjan, choisis ça et là, nous a révélé que l’enseignant du public, une fois recruté dans une école privée est automatiquement logé à la meilleure enseigne. Il bénéficie d’un taux horaire avoisinant les douze heures et d’un fixe au niveau du salaire, généralement supérieur ou égal à 60.000FCFA, alors que son homologue vacataire, ayant le même diplôme que lui, se creuse les méninges avec à peine 40.000FCFA le mois, à raison de 500FCFA ou de 1000FCFA au plus correspondant à neuf ou dix heures de cours dispensés pour les plus chanceux. Pour en avoir davantage, chacun se bat pour avoir des heures supplémentaires dans d’autres établissements privés de la place. La course à l’argent relègue de facto au second plan la qualité du travail. Très peu d’écoles privées ont des enseignants permanents en leur sein. Ainsi, engranger le maximum d’heures ici et là reste la chose la mieux envisagée par les non titulaires. Leur contrat de vacation prenant généralement fin à la fin du mois de mai, ils se trouvent conséquemment dans une situation déconcertante qui les pousse à utiliser des moyens peu orthodoxes pour arriver à survivre pendant les vacances scolaires. Dès lors, la vente forcenée de fascicules aux élèves ou le marchandage pur et simple des notes de fin de trimestre ou de semestre constituent des moyens de recherches additionnels d’argent. Pis, certains plus jeunes, ont même l’outrecuidance de se substituer en candidats, avec la complicité de parents d’élèves véreux, en lieu et place des vrais, pendant les examens de fin d’année, moyennant quelques espèces sonnantes et trébuchantes, afin de pouvoir couvrir les charges de loyer pendant les durs mois de vacances. Qui ne risque rien n’a rien, dit l’adage. Quant aux parents d’élèves, nombreux sont ceux qui ont carrément démissionné, laissant pour certains leurs progénitures à se démerder tous seuls au motif souvent fallacieux, qu’ils n’ont pas le temps ou pour d’autres à les confier à des répétiteurs (le plus souvent des étudiants) n’étant majoritairement pas au fait des programmes académiques. Le suivi des enfants ainsi devenu une chimère pour ces parents, les gosses le leur rendent bien par un désintérêt poussé pour les études. Les loisirs deviennent leur passe-temps favori, en lieu et place des livres et cahiers. Des voies non catholiques comme l’achat des diplômes et la corruption des enseignants adeptes du gain facile restent les solutions tout trouvées pour espérer gravir les échelons. Les lacunes des enfants étant méconnues des parents, il est donc évident que la cohorte de « bougnoules » ayant décroché soit le baccalauréat pour certains soit le Bepc pour d’autres, éprouvent évidemment des difficultés à choisir une filière ou un département ou encore une série où ils pourraient exceller. Parce que n’ayant pas une base véritable ou une spécialité dans un domaine de formation ou d’éducation bien précis. Et c’est ce à quoi nous assistons hélas depuis quelques années dans notre pays. Chacun le sait mais tout le monde fait comme tout va bien. Et qu’il suffit d’organiser des examens de fin d’année pour que le monde réalise que l’école va bien.
Omer Boty Koffi.
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