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Société Publié le mardi 18 septembre 2012 | Le Nouveau Réveil

Agboville : Berceau de l’ancien pouvoir / Agboville, ville de caches d’armes de Lmp ? / Des armes seraient camouflées dans des cimetières

Située à 43 km d’Abidjan, Agboville, capitale de la région de l’Agnéby, a une histoire chargée de conflits et une renommée de région "rebelle". La révolte des Abbey, pendant la période coloniale, les conflits intercommunautaires, sont encore vivaces dans les esprits. Agboville, autrefois bastion du Pdci Rda, a finalement épousé dans les années 90 l’idéologie du Front populaire ivoirien (Fpi), l’ancien parti au pouvoir et de ses suppôts regroupés au sein d’un conglomérat de petits partis politiques, appelé "La majorité présidentielle (Lmp)". Des villes où l’on craignait des troubles pendant la dernière élection présidentielle, Agboville occupait une place de choix. Et pour cause, les populations autochtones, favorables à Lmp étaient considérées comme des prêts à tout pour faire gagner Laurent Gbagbo à l’issue du scrutin. L’on attribuait au peuple Abbey, un esprit de belligérance qui l’avait emmené à accepter beaucoup d’armes des refondateurs afin de réussir le braquage parfait pour Laurent Gbagbo, à cette élection présidentielle. Plus d’un an après le vote qui a vu la victoire d’Alassane Ouattara, et d’une crise post-électorale consécutive au refus de Laurent Gbagbo de céder les rênes du pouvoir, des voix dénoncent encore des caches d’armes dans la région d’Agboville.

"Depuis 2008, le Fpi a distribué des armes dans tous nos villages et ces armes n’ont jamais été ramassées. Ces fusils existent toujours", indique une source native d’un village de la région. Pour lui, si des rumeurs annoncent la présence d’armes cachées dans la région, c’est la vérité. Une autre de confirmer encore la présence d’armes dans les localités d’Agboville. Selon elle, "des fusils sont encore cachés. Même dans des cimetières. Des tombes ont été construites pour cela. Tous les jeunes détenaient des fusils jusqu’à ce qu’éclate la crise post-électorale." D’ailleurs, les dés étaient pipés avant les élections, nous confie une autre source. A Agboville, dit-elle, il n’était pas question que le Rhdp gagne. Des chefs ont été conditionnés à cet effet. Réunis à l’hôtel Mont Blanc, des chefs de terre et des chefs de villages ont reçu de l’argent. Au moins 50 000Fcfa chacun avec pour consigne de donner le fétiche à manger à tout le monde. "Tu votes Alassane, tu meurs, tu ne votes pas Gbagbo, tu meurs", était la formule sacro sainte pour réserver toutes les voix à Laurent Gbagbo. De peur de mourir, beaucoup se sont donc abstenus de voter, précise notre source.
Au niveau des autorités de la ville, si le préfet Bako Digbé Antoine Privat reconnait qu’il y a de nombreuses rumeurs de caches d’armes qui, du reste, l’emmènent à être davantage vigilant, le commandant des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) à Agboville, Aly Sanogo, est convaincu que des armes cachées existent encore dans les contrées de l’Agnéby. "Effectivement, cela est vrai, des armes sont cachées et des armes continuent de circuler. Il n’y a pas encore trois semaines, j’ai négocié avec un capitaine à la retraite vers le village d’Ano, où j’ai mené des enquêtes pendant 4 jours. Un jour, on m’a informé qu’un jeune se promenait avec une kalachnikov en pleines funérailles. J’ai envoyé mes éléments pour vérifier et il m’est revenu que c’était vrai", explique le commandant. Et de poursuivre : "J’ai appelé le capitaine et je lui ai demandé d’aller demander au jeune en question de nous remettre l’arme. Parce qu’il n’est pas bon d’aller avec violence. Nous sommes tous des Ivoiriens.

Nous devons réfléchir sur les moyens pour que la Côte d’Ivoire évolue. Dieu merci, le capitaine est allé à la rencontre du jeune et avec le chef du village, ils lui ont dit de remettre l’arme au chef du village pour qu’à son tour, celui-ci appelle le préfet. Effectivement, un jour, le préfet m’a informé du dépôt d’une arme à Ano. J’y suis allé et on m’a remis l’arme." (Ndlr : il nous montre l’arme). Adjudant Aly Sanogo dit avoir saisi l’occasion pour sensibiliser encore les jeunes d’Ano. "Je leur ai dit que nous ne sommes pas là pour faire la violence et que nous sommes là pour la sécurité de tout le monde.

Il faut qu’ils comprennent que la kalachnikov, c’est pour les militaires et non les civils. On ne peut pas la laisser entre les mains d’un civil qui peut en user pour faire un braquage et après, on dira que ce sont les Frci. J’ai demandé au chef de parler aux jeunes du village qui sont nos frères. Quand on parle des Abbey, ils ne sont pas tous mauvais, mais il y a des jeunes qui se croient des guerriers, des garçons qui s’agitent après avoir reçu, 20 000Fcfa ou 50 000Fcfa. Parfois, ce sont des attaques, d’autres fois encore, ce sont des braquages qu’ils commettent". Cette réaction de sa part, a ajouté l’Adjudant Sanogo, a été apprécié par ses hôtes. "Le chef et les villageois se sont dit très contents de nous parce que, selon eux, quand ils allaient remettre la kalachnikov, on allait les molester, les brimer ou même les tuer. Je les ai rassurés et je leur ai dit que nous ne sommes pas là pour tuer nos frères. Nous sommes là pour la sécurité de tous. Tout s’est bien passé". Enfin, a témoigné le commandant, "Il n’y a pas longtemps, quelqu’un a encore appelé un de mes éléments pour la même raison. Ils ont également remis cette arme-là". Agboville est-elle une poudrière de Lmp? Ces témoignages, en tout cas, restent édifiants.

DIARRASSOUBA SORY
Envoyé spécial



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