Legon University of Ghana. Traduisez Université Legon du Ghana. Legon est l’équivalent en langue Gan, (l’ethnie autochtone d’Accra) du mot «sagesse». Legon University of Ghana est l’une des plus vieilles universités en Afrique de l’Ouest. Sa grandeur et son prestige rappellent le rêve d’unité du premier président du Ghana indépendant, Kwame Nkrumah, l’enfant de N’kroful. Cette université a été inaugurée en 1959 par le prince Philip, Duke d’Edinburgh (Ecosse). Mais, elle existait déjà avant cette année avec pour premier président du conseil, Sir Leslie Mc Carthy de 1948 à 1952. Bien entendu, le temps a fait ses effets sur l’institution. Mais l’essentiel est préservé. Les cités universitaires, les amphithéâtres, les salles spécialisées des différents départements. Le samedi 22 septembre 2012, quand nous y arrivons en fin de matinée, nous avons été surpris par la présence de dizaines de véhicules autour du département «Business school». Notre interlocuteur nous apprend que ces véhicules appartiennent, pour la plupart, à des étudiants.
Ce département, dit-il, comme bien d’autres est fréquenté par des cadres déjà en activité qui viennent y compléter ou parfaire leur formation. C’est sûr que l’université rénovée de Cocody n’a pas grand’chose à envier à sa consœur de Legon. Mais à Legon, on continue de bâtir. Le rectorat est impressionnant avec ses murs blancs et son toit conique rouge. A l’entrée, un grand stade est en construction avec des tribunes dignes d’un stade international. «Legon University of Ghana» est la première des universités ghanéennes. Continuons notre randonnée et passons par Cantonment, le quartier qui abrite les institutions nationales comme internationales. De l’autre côté de l’ambassade de France, se dresse une curiosité architecturale : le «Flagstaff», le nouveau palais présidentiel qui va remplacer l’ancien : «The Castle». Majestueuse et gigantesque, on y décèle le symbole du tabouret Akan soutenu par quatre piliers. Ses travaux ont commencé sous John Kufuor.
A quelques encablures de là, à Accra Center, au cœur même d’Accra, le Musée Kwame Nkrumah et son jardin boisé vous emballent par ce que vous y découvrez. Bien avant, passage obligé par la sentinelle pour les formalités d’usage. Les tarifs d’entrée varient selon qu’on est étranger ou ghanéen, adultes ou adolescent, avec appareil de prise de vue ou non. Le tarif maximal d’entrée est de 6 GhC (6 Ghana Cedis, environ 2000 FCFA).
Bienvenue chez le chantre du panafricanisme
C’est d’abord une pancarte qui vous indique les différents compartiments du musée. Les Washrooms ou toilettes, le Museum ou musée proprement dit, le Book Gift Shop ou la boutique des objets souvenirs, le Snack Bar ou bar des goûters, l’Administration Block ou bloc administratif et le Recreational ground ou le jardin. Les jets d’eau vous rappellent un concert de flûtes traditionnelles où des statues de musiciens plastronnent au-dessus d’un plan d’eau bleuté, soufflant dans des flûtes. Face à eux, sur une terrasse bétonnée, un guitariste et un joueur d’atoumgblan, ce tam-tam africain qui magnifie les hommes exceptionnels ou annonce des nouvelles. Vous êtes au musée Kwame Nkrumah, le chantre du panafricanisme qui s’est éteint depuis ce triste jour du 27 avril 1972 à Bucarest (Roumanie) alors qu’il était vice-président de la Guinée de son ami Sekou Touré. Sa Cadillac, voiture de luxe de son époque est exposée dans la cour sous un abri vitré. Les arbres qui occupent le domaine ont été plantés par des personnalités qui sont passées par là. On peut ainsi voir un manguier de Nelson Mandela planté le 6 novembre 1991. Il est bon de souligner que ce ne sont pas tous les arbres ainsi plantés qui ont poussé. C’est l’exemple de celui de la première Dame de l’île Maurice, Sarajoni Devi Juenauth, le 7 mars 2007. L’arbre de Robert Mugabe planté la même année est sans feuilles, le port droit dressé. Par contre, celui de Laurent Gbagbo, appelé Blighia de l’espèce Akyé, planté en 2009 a bien poussé. Il porte même de nouveaux bourgeons. Au milieu de tout ce beau décor, s’élève le mausolée de Kwame Nkrumah sous lequel se trouve sa tombe. Le mausolée, taillé dans du marbre, est haut d’environ 10 mètres et ressemble à une souche d’un arbre abattu par des exploitants forestiers. Comme pour dire que c’est un baobab qui est tombé. Au-dessus de cette haute souche, s’élève, dos à la mer et marchant vers le nord l’index droit pointé dans cette direction, l’Osagyefo, le guerrier intrépide Kwame Nkrumah. C’est toute la signification de la boutade : «we face neither east nor west ; we face forward » (nous ne regardons ni à droite ni à gauche nous allons devant). On ne s’arrêtera pas là». La visite prend fin dans le musée. Ici, les appareils de prise de vue sont interdits. L’intérieur s’offre à vous avec à droite de la porte d’entrée, la biographie du premier président du Ghana, né le 21 septembre 1909 à NKroful, dans l’ouest du Ghana en pays Akan.
On descend ensuite l’escalier de trois marches. On peut alors voir de près, le bureau et le vieux téléphone, son salon à la présidence, sa canne, des cadeaux d’amis dont un diplôme d’honneur décerné par le «frère guide» Mohammar Kaddhafi, la tenue traditionnelle dans laquelle il a proclamé l’indépendance du Ghana le 6 mars 1957. Puis viennent le cercueil métallique et le tabouret que lui avait offert sa grand-mère quand il était un adolescent. Plus frappantes et diffusées, les photographies qui retracent l’histoire de son parcours de leader de la lutte pour l’indépendance de son pays. Sur l’une de ces photos, il est en compagnie de ceux qu’on nommait les «Big six». Six personnalités influentes dans le paysage politique de cette époque que l’on retrouve dans le quotidien sur le billet de 5 Ghc (Five Cedis). Parmi eux, un certain Akuffo Ado, père de l’actuel challenger de John Dramani, Nanan Akuffo-Ado. Ses rencontres avec de hautes personnalités du monde, surtout celles du bloc de l’Est ont été immortalisées. On a ainsi Nkrumah dansant avec la Reine Elisabeth II d’Angleterre, Nkrumah avec Mao Tse Tung à Pékin, avec Fidel Castro à la Havane, Nikita Kroutchev et surtout avec ses amis Sekou Touré et Modibo Keita. Dans cet album, nous avons cherché en vain une photographie avec Félix Houphouët-Boigny de Côte d’Ivoire. Quand nous interrogeons notre guide, il nous explique que Houphouët ne faisait pas partie du cercle d’amis de Kwame Nkrumah. ‘’Houphouët et Nkrumah ne s’entendaient pas. Ici on a exposé les photos de ses alliés. Houphouët que j’aime personnellement ne faisait pas partie de ceux la’’, explique notre guide.
Le panafricanisme nkrumahien était aussi dans ses relations amoureuses. Kwame Nkrumah a épousé en 1957, une femme égyptienne, dans le pays de son ami Gamal Abdel Nasser, le deuxième président de l’Egypte indépendante. Le père du panafricanisme eut trois enfants avec Fathia Helen Ritzk et dont les noms sont bien choisis parmi ses amis Gamal, Samia et Sékou Touré. Il avait eu dans un précédent mariage son premier enfant : Pr. Emeritus Francis Nkrumah, aujourd’hui membre du parlement ghanéen. Tout ceci s’apprend à travers les photographies légendées du musée. On y sort avec la conviction que l’histoire des indépendances africaines s’est aussi écrite sur les terres de l’ancienne Gold Coast devenue le Ghana dès l’indépendance. Et c’est aujourd’hui l’acteur majeur de cette histoire que le Ghana célèbre tous les 21 septembre de chaque année. Comme d’habitude, des gerbes de fleurs ont été déposées aux pieds du mausolée. La famille, le gouvernement ghanéen, des diplomates et des amis ont rendu hommage à l’illustre disparu. Celui dont le corps embaumé a passé vingt ans à Nkroful avant de se voir offrir une sépulture digne de ce nom à Accra.
S. Debailly
Ce département, dit-il, comme bien d’autres est fréquenté par des cadres déjà en activité qui viennent y compléter ou parfaire leur formation. C’est sûr que l’université rénovée de Cocody n’a pas grand’chose à envier à sa consœur de Legon. Mais à Legon, on continue de bâtir. Le rectorat est impressionnant avec ses murs blancs et son toit conique rouge. A l’entrée, un grand stade est en construction avec des tribunes dignes d’un stade international. «Legon University of Ghana» est la première des universités ghanéennes. Continuons notre randonnée et passons par Cantonment, le quartier qui abrite les institutions nationales comme internationales. De l’autre côté de l’ambassade de France, se dresse une curiosité architecturale : le «Flagstaff», le nouveau palais présidentiel qui va remplacer l’ancien : «The Castle». Majestueuse et gigantesque, on y décèle le symbole du tabouret Akan soutenu par quatre piliers. Ses travaux ont commencé sous John Kufuor.
A quelques encablures de là, à Accra Center, au cœur même d’Accra, le Musée Kwame Nkrumah et son jardin boisé vous emballent par ce que vous y découvrez. Bien avant, passage obligé par la sentinelle pour les formalités d’usage. Les tarifs d’entrée varient selon qu’on est étranger ou ghanéen, adultes ou adolescent, avec appareil de prise de vue ou non. Le tarif maximal d’entrée est de 6 GhC (6 Ghana Cedis, environ 2000 FCFA).
Bienvenue chez le chantre du panafricanisme
C’est d’abord une pancarte qui vous indique les différents compartiments du musée. Les Washrooms ou toilettes, le Museum ou musée proprement dit, le Book Gift Shop ou la boutique des objets souvenirs, le Snack Bar ou bar des goûters, l’Administration Block ou bloc administratif et le Recreational ground ou le jardin. Les jets d’eau vous rappellent un concert de flûtes traditionnelles où des statues de musiciens plastronnent au-dessus d’un plan d’eau bleuté, soufflant dans des flûtes. Face à eux, sur une terrasse bétonnée, un guitariste et un joueur d’atoumgblan, ce tam-tam africain qui magnifie les hommes exceptionnels ou annonce des nouvelles. Vous êtes au musée Kwame Nkrumah, le chantre du panafricanisme qui s’est éteint depuis ce triste jour du 27 avril 1972 à Bucarest (Roumanie) alors qu’il était vice-président de la Guinée de son ami Sekou Touré. Sa Cadillac, voiture de luxe de son époque est exposée dans la cour sous un abri vitré. Les arbres qui occupent le domaine ont été plantés par des personnalités qui sont passées par là. On peut ainsi voir un manguier de Nelson Mandela planté le 6 novembre 1991. Il est bon de souligner que ce ne sont pas tous les arbres ainsi plantés qui ont poussé. C’est l’exemple de celui de la première Dame de l’île Maurice, Sarajoni Devi Juenauth, le 7 mars 2007. L’arbre de Robert Mugabe planté la même année est sans feuilles, le port droit dressé. Par contre, celui de Laurent Gbagbo, appelé Blighia de l’espèce Akyé, planté en 2009 a bien poussé. Il porte même de nouveaux bourgeons. Au milieu de tout ce beau décor, s’élève le mausolée de Kwame Nkrumah sous lequel se trouve sa tombe. Le mausolée, taillé dans du marbre, est haut d’environ 10 mètres et ressemble à une souche d’un arbre abattu par des exploitants forestiers. Comme pour dire que c’est un baobab qui est tombé. Au-dessus de cette haute souche, s’élève, dos à la mer et marchant vers le nord l’index droit pointé dans cette direction, l’Osagyefo, le guerrier intrépide Kwame Nkrumah. C’est toute la signification de la boutade : «we face neither east nor west ; we face forward » (nous ne regardons ni à droite ni à gauche nous allons devant). On ne s’arrêtera pas là». La visite prend fin dans le musée. Ici, les appareils de prise de vue sont interdits. L’intérieur s’offre à vous avec à droite de la porte d’entrée, la biographie du premier président du Ghana, né le 21 septembre 1909 à NKroful, dans l’ouest du Ghana en pays Akan.
On descend ensuite l’escalier de trois marches. On peut alors voir de près, le bureau et le vieux téléphone, son salon à la présidence, sa canne, des cadeaux d’amis dont un diplôme d’honneur décerné par le «frère guide» Mohammar Kaddhafi, la tenue traditionnelle dans laquelle il a proclamé l’indépendance du Ghana le 6 mars 1957. Puis viennent le cercueil métallique et le tabouret que lui avait offert sa grand-mère quand il était un adolescent. Plus frappantes et diffusées, les photographies qui retracent l’histoire de son parcours de leader de la lutte pour l’indépendance de son pays. Sur l’une de ces photos, il est en compagnie de ceux qu’on nommait les «Big six». Six personnalités influentes dans le paysage politique de cette époque que l’on retrouve dans le quotidien sur le billet de 5 Ghc (Five Cedis). Parmi eux, un certain Akuffo Ado, père de l’actuel challenger de John Dramani, Nanan Akuffo-Ado. Ses rencontres avec de hautes personnalités du monde, surtout celles du bloc de l’Est ont été immortalisées. On a ainsi Nkrumah dansant avec la Reine Elisabeth II d’Angleterre, Nkrumah avec Mao Tse Tung à Pékin, avec Fidel Castro à la Havane, Nikita Kroutchev et surtout avec ses amis Sekou Touré et Modibo Keita. Dans cet album, nous avons cherché en vain une photographie avec Félix Houphouët-Boigny de Côte d’Ivoire. Quand nous interrogeons notre guide, il nous explique que Houphouët ne faisait pas partie du cercle d’amis de Kwame Nkrumah. ‘’Houphouët et Nkrumah ne s’entendaient pas. Ici on a exposé les photos de ses alliés. Houphouët que j’aime personnellement ne faisait pas partie de ceux la’’, explique notre guide.
Le panafricanisme nkrumahien était aussi dans ses relations amoureuses. Kwame Nkrumah a épousé en 1957, une femme égyptienne, dans le pays de son ami Gamal Abdel Nasser, le deuxième président de l’Egypte indépendante. Le père du panafricanisme eut trois enfants avec Fathia Helen Ritzk et dont les noms sont bien choisis parmi ses amis Gamal, Samia et Sékou Touré. Il avait eu dans un précédent mariage son premier enfant : Pr. Emeritus Francis Nkrumah, aujourd’hui membre du parlement ghanéen. Tout ceci s’apprend à travers les photographies légendées du musée. On y sort avec la conviction que l’histoire des indépendances africaines s’est aussi écrite sur les terres de l’ancienne Gold Coast devenue le Ghana dès l’indépendance. Et c’est aujourd’hui l’acteur majeur de cette histoire que le Ghana célèbre tous les 21 septembre de chaque année. Comme d’habitude, des gerbes de fleurs ont été déposées aux pieds du mausolée. La famille, le gouvernement ghanéen, des diplomates et des amis ont rendu hommage à l’illustre disparu. Celui dont le corps embaumé a passé vingt ans à Nkroful avant de se voir offrir une sépulture digne de ce nom à Accra.
S. Debailly
