Les problématiques mettant en relation les traditions ou cultures locales avec la modernité révèlent en fait une question importante celle de la vraie nature de l’homme et de sa place dans une société donnée. Des différents articles de ce numéro, se dégage une impression d’ambigüité, un sentiment mitigé.
L’homme est-il cet être figé, appartenant à un seul monde dont les limites sont dessinées une fois pour toute, un monde cloisonné ? N’est-il pas plutôt ce métis universel qui prend l’ascenseur pour effectuer des allers et retours incessants dans les « mondes » qui l’environnent ?
Que l’on soit Africain, Européen, Asiatique ou d’un autre continent, le fait d’être issu d’une tradition ne doit constituer nullement un frein à une ouverture à d’autres horizons culturels ou intellectuels. Mieux, cela participe d’une ouverture d’esprit et d’un enrichissement qui permet à l’individu de mieux se positionner dans un monde qui est devenu un village planétaire. Se cantonner à sa seule tradition constitue en n’en point douter, un danger pour soi-même et pour les autres. Et d’ailleurs, une tradition est mouvante, dynamique et sa force vient de sa capacité à s’adapter aux mutations en cours même si une base demeure et en fait sa spécificité.
Cette base, ce sont des valeurs qui ont fait leur preuve à travers le temps et l’histoire. Elles ont été éprouvées, purifiées et leur validité a été confirmée par les générations successives. On peut citer entre autres le goût du travail (le travail bien fait), l’honnêteté, le bien, la vérité, la justice, etc. A y regarder de près, ces valeurs fondamentales, « trans-historiques » et « trans-frontières » sont le socle de toute société. Elles favorisent le vivre ensemble, l’harmonie, et par conséquent l’épanouissement de l’individu et le développement de toute la société.
Maintenant, à côté de cette première catégorie de valeurs, il existe d’autres valeurs dont la validité ne dépasse pas le cadre de la société. Elles sont contextuelles et deviennent rapidement caduques dès qu’on sort du cadre culturel et temporel1.
La force et l’intelligence de l’homme sont donc de pouvoir faire la part des choses et de distinguer entre valeurs immuables et valeurs contextuelles mais surtout de pouvoir concilier les deux lorsque l’occasion le nécessite. En effet, garder ce qui est immuable, intemporel et donc ancré en soi et rechercher dans une culture autre que la sienne, ce qui est bien, bon et positif, fait appel à un esprit de discernement et à des dispositions intérieures. Il faut avoir suffisamment d’intelligence pour pouvoir emprunter aux autres ce qu’on n’a pas chez soi ; il faut beaucoup de discernement pour effectuer ce voyage dans la culture de l’autre pour y puiser des éléments pertinents qui enrichit sa propre culture et ses connaissances. Il faut enfin cette capacité d’adaptation et de remise en cause constante pour savoir voyager entre plusieurs traditions, cultures, sociétés pour se construire. Autrement, on devient, un homme dépassé, incapable de trouver sa voie dans le monde. Cependant, il faudrait aussi pouvoir rejeter ce qui n’est pas bon chez soi et chez l’autre. Même si ce déplacement à travers les traditions et les cultures n’est pas quantifiable en termes de coût financier, il nécessite beaucoup d’efforts mais surtout une grande capacité d’accueil.
Accueillir et intégrer ce qui est autre, voilà le vrai combat que se livre l’Homme depuis qu’il a découvert qu’il existe d’autres horizons que le sien. Les progrès de l’humanité en termes de production de biens, d’amélioration des conditions de vie, n’ont fait que renforcer cette bataille personnelle et communautaire. Aujourd’hui, les moyens de déplacement et de communication permettent de franchir allègrement les frontières géographiques pour se retrouver dans un autre monde. Peut-on vivre dans cet autre monde en s’appuyant sur sa seule tradition ou culture ? Il est certes vrai que la tradition assure une certaine base avec des valeurs fortes mais elle ne suffit pas pour être un homme complet vivant avec son temps.
Finalement, comment peut-on définir l’Homme ou l’Africain d’aujourd’hui ? Est-ce celui qui est profondément ancré dans sa tradition et ne jure que par elle ? Ou bien est-ce celui qui, ayant découvert un autre horizon, se détourne de sa tradition ou de sa culture pour n’épouser que celle qu’il vient de découvrir ? Comment donc être pleinement Africain dans un monde si mouvant et si divers ? Et si, l’Africain d’aujourd’hui n’était en fait que ce métis « universel », écartelé entre diverses traditions, cultures, sociétés et environnements dans lesquels il vogue au gré de ses besoins et souhaits ? Les besoins matériels, l’envie de progresser et de découvrir autre chose sont inhérents à l’homme quelle que soit la richesse de sa tradition. Il veut se sentir partout chez lui, sa principale préoccupation demeure comment assumer pleinement et efficacement sa place là où il se trouve.
Toute tradition est riche de quelque chose qu’elle apporte à l’humanité. On ne devrait donc pas avoir peur ou honte d’y puiser.
François Yaovi Amedé Mégnan
L’homme est-il cet être figé, appartenant à un seul monde dont les limites sont dessinées une fois pour toute, un monde cloisonné ? N’est-il pas plutôt ce métis universel qui prend l’ascenseur pour effectuer des allers et retours incessants dans les « mondes » qui l’environnent ?
Que l’on soit Africain, Européen, Asiatique ou d’un autre continent, le fait d’être issu d’une tradition ne doit constituer nullement un frein à une ouverture à d’autres horizons culturels ou intellectuels. Mieux, cela participe d’une ouverture d’esprit et d’un enrichissement qui permet à l’individu de mieux se positionner dans un monde qui est devenu un village planétaire. Se cantonner à sa seule tradition constitue en n’en point douter, un danger pour soi-même et pour les autres. Et d’ailleurs, une tradition est mouvante, dynamique et sa force vient de sa capacité à s’adapter aux mutations en cours même si une base demeure et en fait sa spécificité.
Cette base, ce sont des valeurs qui ont fait leur preuve à travers le temps et l’histoire. Elles ont été éprouvées, purifiées et leur validité a été confirmée par les générations successives. On peut citer entre autres le goût du travail (le travail bien fait), l’honnêteté, le bien, la vérité, la justice, etc. A y regarder de près, ces valeurs fondamentales, « trans-historiques » et « trans-frontières » sont le socle de toute société. Elles favorisent le vivre ensemble, l’harmonie, et par conséquent l’épanouissement de l’individu et le développement de toute la société.
Maintenant, à côté de cette première catégorie de valeurs, il existe d’autres valeurs dont la validité ne dépasse pas le cadre de la société. Elles sont contextuelles et deviennent rapidement caduques dès qu’on sort du cadre culturel et temporel1.
La force et l’intelligence de l’homme sont donc de pouvoir faire la part des choses et de distinguer entre valeurs immuables et valeurs contextuelles mais surtout de pouvoir concilier les deux lorsque l’occasion le nécessite. En effet, garder ce qui est immuable, intemporel et donc ancré en soi et rechercher dans une culture autre que la sienne, ce qui est bien, bon et positif, fait appel à un esprit de discernement et à des dispositions intérieures. Il faut avoir suffisamment d’intelligence pour pouvoir emprunter aux autres ce qu’on n’a pas chez soi ; il faut beaucoup de discernement pour effectuer ce voyage dans la culture de l’autre pour y puiser des éléments pertinents qui enrichit sa propre culture et ses connaissances. Il faut enfin cette capacité d’adaptation et de remise en cause constante pour savoir voyager entre plusieurs traditions, cultures, sociétés pour se construire. Autrement, on devient, un homme dépassé, incapable de trouver sa voie dans le monde. Cependant, il faudrait aussi pouvoir rejeter ce qui n’est pas bon chez soi et chez l’autre. Même si ce déplacement à travers les traditions et les cultures n’est pas quantifiable en termes de coût financier, il nécessite beaucoup d’efforts mais surtout une grande capacité d’accueil.
Accueillir et intégrer ce qui est autre, voilà le vrai combat que se livre l’Homme depuis qu’il a découvert qu’il existe d’autres horizons que le sien. Les progrès de l’humanité en termes de production de biens, d’amélioration des conditions de vie, n’ont fait que renforcer cette bataille personnelle et communautaire. Aujourd’hui, les moyens de déplacement et de communication permettent de franchir allègrement les frontières géographiques pour se retrouver dans un autre monde. Peut-on vivre dans cet autre monde en s’appuyant sur sa seule tradition ou culture ? Il est certes vrai que la tradition assure une certaine base avec des valeurs fortes mais elle ne suffit pas pour être un homme complet vivant avec son temps.
Finalement, comment peut-on définir l’Homme ou l’Africain d’aujourd’hui ? Est-ce celui qui est profondément ancré dans sa tradition et ne jure que par elle ? Ou bien est-ce celui qui, ayant découvert un autre horizon, se détourne de sa tradition ou de sa culture pour n’épouser que celle qu’il vient de découvrir ? Comment donc être pleinement Africain dans un monde si mouvant et si divers ? Et si, l’Africain d’aujourd’hui n’était en fait que ce métis « universel », écartelé entre diverses traditions, cultures, sociétés et environnements dans lesquels il vogue au gré de ses besoins et souhaits ? Les besoins matériels, l’envie de progresser et de découvrir autre chose sont inhérents à l’homme quelle que soit la richesse de sa tradition. Il veut se sentir partout chez lui, sa principale préoccupation demeure comment assumer pleinement et efficacement sa place là où il se trouve.
Toute tradition est riche de quelque chose qu’elle apporte à l’humanité. On ne devrait donc pas avoir peur ou honte d’y puiser.
François Yaovi Amedé Mégnan