Le renforcement de la productivité pour une sécurité alimentaire garantie à moyen terme est désormais le leitmotiv du gouvernement ivoirien. La Côte d’Ivoire projette ainsi d’atteindre la souveraineté alimentaire dès 2020 pour lutter efficacement contre la pauvreté et la cherté de la vie. M. Kouassi Blédoumy Soumaïla, Directeur des Productions et de la Sécurité alimentaire au Ministère de l’Agriculture dévoile, dans cette interview, les grandes responsabilités de sa Direction et la faisabilité d’une telle ambition.
Quelles sont les missions de la Direction Générale des Productions et de la Sécurité alimentaire ?
La Direction Générale des Productions et de la Sécurité Alimentaire, au niveau du Ministère de l’Agriculture, c’est l’instance en charge de tout ce qui est spéculation agricole. Le Café, le Cacao, l’Hévéa, le Palmier à Huile, la Banane plantain etc. Mais surtout, compte tenu, cette année de la problématique de la famine et des changements climatiques, le Chef de l’État a exigé une visibilité sur la sécurité alimentaire et tout ce qui est production alimentaire. Il s’agit de pallier toute éventualité en mettant déjà en place des programmes stratégiques pour permettre à la Côte d’Ivoire de s’autosuffire au plan alimentaire.
Récemment arrivés à la tête de cette direction, quel sont le constat général des productions et la sécurité alimentaire?
La Côte d’Ivoire est avant tout un pays agricole. Le ministre l’a dit avant-hier lorsque nous étions en train de préparer ce que l’on appelle le Programme National d’investissement agricole (PNIA) suite à la prise de fonctions du Président Alassane Ouattara. Il a estimé que la Côte d’Ivoire souffrait d’un déficit d’investissement. Depuis le début de son indépendance jusqu’aux années 80, la Côte d’Ivoire investissait lourdement près de 25% de son budget dans le secteur agricole. Ce qui a été à l’origine de sa croissance et permis d’investir dans les routes, les hôpitaux et autres infrastructures qui font la fierté du pays. À partir des ajustements des années 80, les investissements ont baissé entre 25 et 16 25% à 16%. Aujourd’hui, nous nous retrouvons à moins de 2 %. À ce titre, l’agriculture n’arrivera plus à jouer son rôle de création de richesses et d’emplois. Le Président de la République veut donc restituer à ce secteur essentiel de l’économie ivoirienne, la place qui lui revient.
À la différence que cette fois-ci, ce ne sera pas l’état seul qui investira mais plutôt les privés qui éjecteront des capitaux dans l’agriculture.
Il y a aussi que l’agriculture souffrait d’un déficit de gouvernance. Les organisations professionnelles n’arrivaient pas à jouer leur rôle, les structures et les filières n’étaient pas assez bien organisées. Ce qui exigeait nécessairement, pour réussir le pari de sa redynamisation, la mise en place d’un stand de réforme. Celles-ci sont pilotées par le ministre de l’Agriculture. Il s’agit essentiellement des réformes sur les grandes filières notamment le café-Cacao, l’anacarde, le Palmier à huile, le Coton, etc. La reforme sur le café-cacao, vous connaissez déjà le cheminement. Nous sommes actuellement sur celle de l’anacarde et ainsi de suite, étant donné que nous faisons les réformes par filière. Toutes ces réformes s’accompagneront de l’organisation du monde paysan et aboutiront à la mise en place d’une Chambre d’Agriculture qui sera l’interlocutrice du pays.
Au niveau de la sécurité alimentaire, la Côte d’Ivoire s’autosuffit pour un certain nombre de spéculations. Mais pour des spéculations comme le riz dont le besoin s’élève à une tonne, nous importons 700.000 tonnes. À ce niveau et à la demande du Président de la République, le Ministère de l’Agriculture a élaboré une stratégie, déjà adoptée en conseil des Ministres qui prévoit une autosuffisance en Riz à partir de 2016 et un stock de sécurité pour l’exportation dès 2020.
Il y a aussi des spéculations comme la banane, l’igname mais surtout le maïs beaucoup absorbé par la production animale, qui sont très importants et représentent également les centres d’intérêt de nos réflexions. Mais il faut retenir que la problématique de la sécurité alimentaire se pose en termes régionaux. Aujourd’hui avec les crises au Mali, les besoins en Guinée, au Ghana, au Burkina, au Niger, la destination Côte d’Ivoire est la plus prisée pour s’approvisionner.
Un plan stratégique sur les cultures vivrières autres que le riz est donc entrain d’être élaboré pour permettre de produire suffisamment afin d’atteindre la souveraineté alimentaire et les objectifs fixés par le Président de la République.
Quels moyens dont dispose la Côte d’Ivoire pour atteindre ces objectifs ?
La volonté politique. Nous avons un Président qui a une volonté politique et une vision très claire pour faire de la Côte d’Ivoire un pays émergeant. Un pays émergent, c’est un pays qui dispose des infrastructures et qui s’autosuffit. La Côte d’Ivoire a les conditions naturelles favorables. Nous avons 23 millions d’hectares de terre disponible. La Côte d’Ivoire dispose des ressources humaines hautement qualifiées dans tous les compartiments de l’agriculture et dans la construction, le génie civil. Et enfin la Côte d’Ivoire a la confiance des partenaires extérieurs. Durant l’élaboration du PNIA, nous avons estimé qu’il fallait 2002 milliards sur cinq ans investis et pourtant les intentions de financement sont allées jusqu’à 2040 milliards. Les intentions de financement continuent de se signaler parce que le plan est bon, la stratégie est claire, les objectifs sont bien déterminés, les moyens de l’État vont être accrus. Le ministre de l’Agriculture se bat pour que la contribution de l’État qui est de 2 % atteigne les 10 % selon les accords de Maputo. Pour terminer je réponds que nous avons les moyens de réaliser cette grande ambition et le premier moyen, c’est la volonté politique du Chef de l’État et la capacité de nos ministres à traduire cette volonté-là en action concrète. L’autosuffisance en riz sera bientôt une réalité en Côte d’Ivoire.
Le coût élevé des denrées alimentaires et la cherté de la vie ne constituent-ils pas aujourd’hui un frein à la sécurité alimentaire?
Nous n’attendons pas que le plan soit mis en œuvre pour commencer les actions. Le gouvernement vient de mettre en place déjà unmilliard 300 millions pour aider les grandes faitières à se mobiliser. Sur 40 dossiers de faitières, nous avons retenu 10 et soumis au Ministre les analyses.
Donc pour cette année 2012, l’État s’engage déjà à aider les grandes faitières en matière de production, de transport et de commercialisation à hauteur d’un milliard 300 millions de francs CFA pour reconstituer leurs stocks de semence et optimiser leurs activités. En 2013, ce même montant sera reconduit.
Le riz dont la stratégie est depuis longtemps bouclée et pour lequel les bailleurs se sont déjà investis reste la denrée la plus sollicitée. Le problème du riz n’est pas seulement celui de la production mais la mise à marché. Pour cela, nous allons organiser la Côte d’Ivoire en cinq ou six pôles à l’intérieur desquels il sera installé de petits et grands usiniers. Cela pour créer les conditions afin que le riz mis à marché soit compétitif par rapport au riz importé et de bonne qualité.
Il y a également au centre des préoccupations la question du transport. Il faut créer une fluidité routière pour les produits vivriers avec la réduction des faux frais. Avec le Ministère de l’Agriculture et le Ministères des infrastructures, l’Etat a mis en place, dans le cadre des CDD, ce qu’on appelle les pistes agricoles. Elles vont être reconstituées pour créer la fluidité. Si tout cela est mis en place, à partir des années 2013 et 2014 les problèmes de production et d’approvisionnement des marchés seront résolus. Quand il en aura abondamment et suffisamment la cherté de la vie connaitra une réduction dans le domaine du vivrier parce que la cherté de la vie est aussi à d’autres niveaux.
Quelles sont déjà les grandes priorités de votre direction?
La priorité qui nous a été assignée ici est de mettre en place une stratégie, un plan national de développement et d’investissement agricole en liaison avec la Direction Générale de la planification. Nous sommes au stade terminal des travaux.
La deuxième priorité, c’est d’élaborer une stratégie de développement des filières. Nous avons bouclé avec le riz, nous sommes sur la réforme café-Cacao. Nous sommes sur les troisièmes plans Palmier et septième plan hévéa. Nous sommes en train de mettre en place des stratégies de développement du vivrier autre que le RIZ. Parce’on ne peut travailler sans boussole. Toutefois que ces stratégies sont élaborées, à partir de 2013, la mise en œuvre des actions pourra être faite.
Pendant ce temps, comme vous devez certainement le savoir, nous avons négocié des projets de développement auprès du ministre de l’Agriculture. Il s’agit de 16 gros projets qui sont actuellement mis en place dont celui d’Abengourou, que nous venons de démarrer à raison de 16 milliards. Mais il y a aussi le tout dernier qui sera mis en route bientôt dans l’ancienne région des savanes, l’ancienne vallée du Bandama et la région du Zanzan que le ministre va bientôt lancer. Tout cela pour dire que pendant que nous préparons les grandes stratégies, nous finançons les urgences. La prochaine étape, c’est la zone de l’Ouest pour laquelle nous avons des projets avec nos bailleurs qui sont en place, mais pour laquelle le ministre nous a donné des instructions afin qu’un projet d’envergure grand comme le Bad-ouest se mette en place.
Léon SAKI
(Source Lebanco.net)
Quelles sont les missions de la Direction Générale des Productions et de la Sécurité alimentaire ?
La Direction Générale des Productions et de la Sécurité Alimentaire, au niveau du Ministère de l’Agriculture, c’est l’instance en charge de tout ce qui est spéculation agricole. Le Café, le Cacao, l’Hévéa, le Palmier à Huile, la Banane plantain etc. Mais surtout, compte tenu, cette année de la problématique de la famine et des changements climatiques, le Chef de l’État a exigé une visibilité sur la sécurité alimentaire et tout ce qui est production alimentaire. Il s’agit de pallier toute éventualité en mettant déjà en place des programmes stratégiques pour permettre à la Côte d’Ivoire de s’autosuffire au plan alimentaire.
Récemment arrivés à la tête de cette direction, quel sont le constat général des productions et la sécurité alimentaire?
La Côte d’Ivoire est avant tout un pays agricole. Le ministre l’a dit avant-hier lorsque nous étions en train de préparer ce que l’on appelle le Programme National d’investissement agricole (PNIA) suite à la prise de fonctions du Président Alassane Ouattara. Il a estimé que la Côte d’Ivoire souffrait d’un déficit d’investissement. Depuis le début de son indépendance jusqu’aux années 80, la Côte d’Ivoire investissait lourdement près de 25% de son budget dans le secteur agricole. Ce qui a été à l’origine de sa croissance et permis d’investir dans les routes, les hôpitaux et autres infrastructures qui font la fierté du pays. À partir des ajustements des années 80, les investissements ont baissé entre 25 et 16 25% à 16%. Aujourd’hui, nous nous retrouvons à moins de 2 %. À ce titre, l’agriculture n’arrivera plus à jouer son rôle de création de richesses et d’emplois. Le Président de la République veut donc restituer à ce secteur essentiel de l’économie ivoirienne, la place qui lui revient.
À la différence que cette fois-ci, ce ne sera pas l’état seul qui investira mais plutôt les privés qui éjecteront des capitaux dans l’agriculture.
Il y a aussi que l’agriculture souffrait d’un déficit de gouvernance. Les organisations professionnelles n’arrivaient pas à jouer leur rôle, les structures et les filières n’étaient pas assez bien organisées. Ce qui exigeait nécessairement, pour réussir le pari de sa redynamisation, la mise en place d’un stand de réforme. Celles-ci sont pilotées par le ministre de l’Agriculture. Il s’agit essentiellement des réformes sur les grandes filières notamment le café-Cacao, l’anacarde, le Palmier à huile, le Coton, etc. La reforme sur le café-cacao, vous connaissez déjà le cheminement. Nous sommes actuellement sur celle de l’anacarde et ainsi de suite, étant donné que nous faisons les réformes par filière. Toutes ces réformes s’accompagneront de l’organisation du monde paysan et aboutiront à la mise en place d’une Chambre d’Agriculture qui sera l’interlocutrice du pays.
Au niveau de la sécurité alimentaire, la Côte d’Ivoire s’autosuffit pour un certain nombre de spéculations. Mais pour des spéculations comme le riz dont le besoin s’élève à une tonne, nous importons 700.000 tonnes. À ce niveau et à la demande du Président de la République, le Ministère de l’Agriculture a élaboré une stratégie, déjà adoptée en conseil des Ministres qui prévoit une autosuffisance en Riz à partir de 2016 et un stock de sécurité pour l’exportation dès 2020.
Il y a aussi des spéculations comme la banane, l’igname mais surtout le maïs beaucoup absorbé par la production animale, qui sont très importants et représentent également les centres d’intérêt de nos réflexions. Mais il faut retenir que la problématique de la sécurité alimentaire se pose en termes régionaux. Aujourd’hui avec les crises au Mali, les besoins en Guinée, au Ghana, au Burkina, au Niger, la destination Côte d’Ivoire est la plus prisée pour s’approvisionner.
Un plan stratégique sur les cultures vivrières autres que le riz est donc entrain d’être élaboré pour permettre de produire suffisamment afin d’atteindre la souveraineté alimentaire et les objectifs fixés par le Président de la République.
Quels moyens dont dispose la Côte d’Ivoire pour atteindre ces objectifs ?
La volonté politique. Nous avons un Président qui a une volonté politique et une vision très claire pour faire de la Côte d’Ivoire un pays émergeant. Un pays émergent, c’est un pays qui dispose des infrastructures et qui s’autosuffit. La Côte d’Ivoire a les conditions naturelles favorables. Nous avons 23 millions d’hectares de terre disponible. La Côte d’Ivoire dispose des ressources humaines hautement qualifiées dans tous les compartiments de l’agriculture et dans la construction, le génie civil. Et enfin la Côte d’Ivoire a la confiance des partenaires extérieurs. Durant l’élaboration du PNIA, nous avons estimé qu’il fallait 2002 milliards sur cinq ans investis et pourtant les intentions de financement sont allées jusqu’à 2040 milliards. Les intentions de financement continuent de se signaler parce que le plan est bon, la stratégie est claire, les objectifs sont bien déterminés, les moyens de l’État vont être accrus. Le ministre de l’Agriculture se bat pour que la contribution de l’État qui est de 2 % atteigne les 10 % selon les accords de Maputo. Pour terminer je réponds que nous avons les moyens de réaliser cette grande ambition et le premier moyen, c’est la volonté politique du Chef de l’État et la capacité de nos ministres à traduire cette volonté-là en action concrète. L’autosuffisance en riz sera bientôt une réalité en Côte d’Ivoire.
Le coût élevé des denrées alimentaires et la cherté de la vie ne constituent-ils pas aujourd’hui un frein à la sécurité alimentaire?
Nous n’attendons pas que le plan soit mis en œuvre pour commencer les actions. Le gouvernement vient de mettre en place déjà unmilliard 300 millions pour aider les grandes faitières à se mobiliser. Sur 40 dossiers de faitières, nous avons retenu 10 et soumis au Ministre les analyses.
Donc pour cette année 2012, l’État s’engage déjà à aider les grandes faitières en matière de production, de transport et de commercialisation à hauteur d’un milliard 300 millions de francs CFA pour reconstituer leurs stocks de semence et optimiser leurs activités. En 2013, ce même montant sera reconduit.
Le riz dont la stratégie est depuis longtemps bouclée et pour lequel les bailleurs se sont déjà investis reste la denrée la plus sollicitée. Le problème du riz n’est pas seulement celui de la production mais la mise à marché. Pour cela, nous allons organiser la Côte d’Ivoire en cinq ou six pôles à l’intérieur desquels il sera installé de petits et grands usiniers. Cela pour créer les conditions afin que le riz mis à marché soit compétitif par rapport au riz importé et de bonne qualité.
Il y a également au centre des préoccupations la question du transport. Il faut créer une fluidité routière pour les produits vivriers avec la réduction des faux frais. Avec le Ministère de l’Agriculture et le Ministères des infrastructures, l’Etat a mis en place, dans le cadre des CDD, ce qu’on appelle les pistes agricoles. Elles vont être reconstituées pour créer la fluidité. Si tout cela est mis en place, à partir des années 2013 et 2014 les problèmes de production et d’approvisionnement des marchés seront résolus. Quand il en aura abondamment et suffisamment la cherté de la vie connaitra une réduction dans le domaine du vivrier parce que la cherté de la vie est aussi à d’autres niveaux.
Quelles sont déjà les grandes priorités de votre direction?
La priorité qui nous a été assignée ici est de mettre en place une stratégie, un plan national de développement et d’investissement agricole en liaison avec la Direction Générale de la planification. Nous sommes au stade terminal des travaux.
La deuxième priorité, c’est d’élaborer une stratégie de développement des filières. Nous avons bouclé avec le riz, nous sommes sur la réforme café-Cacao. Nous sommes sur les troisièmes plans Palmier et septième plan hévéa. Nous sommes en train de mettre en place des stratégies de développement du vivrier autre que le RIZ. Parce’on ne peut travailler sans boussole. Toutefois que ces stratégies sont élaborées, à partir de 2013, la mise en œuvre des actions pourra être faite.
Pendant ce temps, comme vous devez certainement le savoir, nous avons négocié des projets de développement auprès du ministre de l’Agriculture. Il s’agit de 16 gros projets qui sont actuellement mis en place dont celui d’Abengourou, que nous venons de démarrer à raison de 16 milliards. Mais il y a aussi le tout dernier qui sera mis en route bientôt dans l’ancienne région des savanes, l’ancienne vallée du Bandama et la région du Zanzan que le ministre va bientôt lancer. Tout cela pour dire que pendant que nous préparons les grandes stratégies, nous finançons les urgences. La prochaine étape, c’est la zone de l’Ouest pour laquelle nous avons des projets avec nos bailleurs qui sont en place, mais pour laquelle le ministre nous a donné des instructions afin qu’un projet d’envergure grand comme le Bad-ouest se mette en place.
Léon SAKI
(Source Lebanco.net)