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Société Publié le mercredi 24 octobre 2012 | Cote d’Ivoire Economie

Téléphonie mobile/crédit de secours : Les abonnés grognent contre le crédit à crédit

Téléphonez d’abord, payez après. Voilà le nouveau credo dans lequel s’inscrivent depuis quelque temps Moov et Orange, qui ont décidé d’élaborer une stratégie de marketing basée sur le concept de « crédit de secours » ou « crédit d’urgence », prenant ainsi une longueur d’avance sur leurs concurrents locaux.


« Votre crédit est insuffisant, veuillez recharger votre compte… » Ne pas pouvoir téléphoner quand il y a une urgence parce qu’on est à court de crédit est incommodant. C’est la raison pour laquelle, dans d’autres pays d’Europe et d’Afrique, les opérateurs de téléphonie mobile ont mis en place depuis plusieurs années une stratégie de marketing autour du concept de « crédit de secours » ou « crédit d’urgence ». En Côte d’Ivoire, c’est seulement en août dernier que l’opérateur Moov l’a déclinée sur le terrain, suivi peu de temps après par son concurrent, Orange Côte d’Ivoire. Le concept, connu sous le nom de « Moovcrédit secours » est un service fournissant des avances de crédit de communication à utiliser par les abonnés. Dans le cas d’espèce, l’opérateur avance un montant de 100 à 1 000 FCFA à tout client dont l’historique dans l’entreprise répond à un certain nombre de critères, dont l’ancienneté. Le remboursement de l’avance de crédit se fera au moment du prochain rechargement du compte de l’abonné. Bien entendu, comme tout prêt, un taux de prélèvement est imposé au client ayant souscrit à l’offre.


Des frais de service en retour
Chez Moov, on explique cette stratégie de marketing, pour l’instant accessible aux abonnés prépayés via SMS, par le souci de permettre aux clients de recharger leur compte sans se déplacer. « Nous prenons certainement des risques comme pour tout prêt, bien que nous ayions pris des précautions en qualifiant la base d’abonnés pouvant bénéficier de ce genre de service. Mais au bout, il s’agit pour Moov de permettre à son client de se sentir fidélisé à travers la confiance qui lui est faite. En plus, celui-ci est connecté à tout moment », explique Youssouf Coulibaly, de Moov. Toutefois, des désagréments peuvent être ressentis par les usagers de ce service. M. Augustin Kouadio, qui y a régulièrement recours, a constaté une modification de la tarification ordinaire des appels sortants. « Outre les frais de service qui sont défalqués après rechargement, je suis soumis à une tarification peu ordinaire. Au lieu de payer 79 FCFA comme c’est le cas en intra-Moov, c’est 99 FCFA qui me sont prélevés. Mes tentatives pour avoir une explication se sont avérées infructueuses », lâche-t-il, désappointé. Idem pour M. Yacouba Sylla, chef d’atelier et fidèle usager de « Moovcredit secours », qui déplore le changement tarifaire de la communication qui lui est imposé. Il souhaite par ailleurs que Moov revoie à la baisse les frais de service qui en découlent. « Le principe est certes louable, mais les conditions post-souscription, à mon avis, sont à revoir », plaide M. Sylla. Dans un environnement où il n’est pas toujours aisé d’avoir des points de rechargement ou de carte de recharge à portée de main, « Moovcredit secours » est une stratégie marketing qui pourrait être encore bonifiée par une meilleure prise en compte des requêtes des usagers. Surtout dans un cadre où la concurrence devient de plus en plus rude.

Le cas Orange CI
Du côté de Orange Côte d’Ivoire, « SOS Crédit » ne donne la possibilité à son client d’emprunter du crédit que pour un montant unique de 250 FCFA lorsque le compte principal de celui-ci est inférieur à 79 FCFA. Si, là aussi, le remboursement se fait sous la forme d’un rechargement, les modalités, elles, sont différentes. Ici, le client dispose de 72 h pour s’acquitter de son dû. Passé ce délai, les 250 FCFA empruntés sont frappés d’une pénalité de 25 FCFA. Cette offre proposée par l’opérateur vise à permettre « un appel important ou à envoyer un SMS en étant à court de crédit, à pouvoir se recharger sans se déplacer et répondre à un besoin urgent », assure-t-on chez Orange Côte d’Ivoire. Selon Pascaline Mobio, abonnée Orange, « 250 FCFA pour un appel d’urgence, c’est très peu. Orange, qui ne perçoit pas de frais immédiat sauf la pénalité appliquée en cas de dépassement du délai accordé, a conçu un produit de fidélité. Mais il pourrait faire mieux en mettant en place des niveaux de souscription », poursuit-elle. Les autres operateurs de téléphonie mobile que sont Green, Koz, Comium, MTN, sont encore en attente dans cette politique stratégique de fidélisation de la clientèle, même si MTN a déjà fait ses preuves dans le domaine du crédit d’urgence ailleurs en Afrique. En Côte d’Ivoire, où il est pourtant considéré comme le second operateur de téléphonie mobile en termes de chiffre d’affaires et en nombre d’abonnés, ses clients devront encore un peu patienter.

Edwige H.
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