Le gouvernement de l’Etat de Côte d’Ivoire, dirigé par le Premier ministre Jeannot Ahoussou Kouadio, a été dissous le mercredi dernier par le Président Alassane Ouattara, Chef de l’Etat, Chef suprême des Armées et Chef de la Magistrature. ‘’Dissous’’ ? Le terme est de taille et n’a pas été choisi au hasard pour qualifier l’événement. ‘’Dissous’’ n’est pas un terme anodin, car on n’a pas dit qu’il «a été mis fin aux fonctions du Chef de gouvernement et de ses ministres», on n’a pas dit non plus que «le gouvernement a démissionné», ou «a été démissionné», mais on a dit et écrit que le «gouvernement a été dissous». Ainsi donc, le remaniement ministériel annoncé et redouté a pris les allures d’une dissolution pure et simple du cabinent gouvernemental. Trois choses transparaissent de cette décision du président de la République. Premièrement, que le président Ouattara affirme haut et fort que le président de la République et Chef de l’Etat est «le détenteur exclusif du pouvoir exécutif » et ce, en vertu des dispositions de l’article 48 de la Constitution de 2000. C’est un sévère camouflet ou un rappel à l’ordre, c’est selon, pour tous ceux qui croyaient que compte tenu de l’alliance des Houphouëtistes, RHDP, qui a porté l’actuel Chef de l’Etat au pouvoir, l’on pouvait lui imposer des diktats politiques ou lui faire du chantage. Ouattara a donc bandé ses muscles pour montrer que le ‘’président de la République nomme le gouvernement et met fin à ses fonctions’’ quand et comme il veut. Et fiaaaaaaa !!!!!! Du balai. Deuxièmement, en prenant cette décision de façon unilatérale, il est clair que le président Bédié, son grand-frère, n’y a pas été associé, le président de la République contient une fois encore les ardeurs, pour ne pas dire la passion dévorante, de ses alliés du RHDP. Si le gouvernement dissous, il est clair que la tête de chaque ministre sortant est mise à prix dorénavant. Le prochain gouvernement va être revu indubitablement à la baisse du point de vue de son effectif qui était devenu plus que pléthorique. Qui va trinquer alors ? Tertio, le président de la République met un bémol à ce cycle infernal, pour ne pas dire interminable, de gouvernements assujettis issus de Marcoussis. Des gouvernements plus remplis d’émotions et de compte-rendu aux chapelles politiques initiatrices, qu’à l’application du projet gouvernemental. Mais finalement, avec cette dissolution qui défraie la chronique, il n’ya rien de nouveau sous les tropiques. D’abord, parce que cette dissolution du gouvernement n’est pas en elle-même une surprise. Depuis plusieurs semaines en effet, les spéculations allaient bon train quant à la date exacte de ce remaniement ministériel. Et chacun s’amusait même à lui trouver un successeur au Premier ministre Jeannot Ahoussou Kouadio. Tantôt, il rempilait, tantôt, il était dégommé. Que ce remaniement se fasse sous la forme d’une dissolution ou d’une démission, toujours est-il que le timing du président Ouattara a été respecté. Selon des sources très crédibles, ce remaniement devait intervenir au plus tard le 15 novembre. La dissolution a eu lieu le 14 novembre. Ensuite, parce que le plus important n’est pas dans la dissolution elle-même du gouvernement, mais dans ce qui va advenir pour la suite. Le Chef de l’Etat est parti depuis hier pour l’Italie où il se rend au Vatican. Combien de temps va alors durer cette situation de pays sans gouvernement, surtout que le président Ouattara ne revient que samedi prochain ? On a été certes habitué aux consultations pré-gouvernementales qui ont duré plus de 30 jours sous l’ex-président Gbagbo, mais est-ce que ce sera le cas ? Et puis, quel prochain et nouveau gouvernement le Chef de l’Etat va-t-il nous servir dans quelques jours ou semaines? Du neuf avec du vieux, ou la reconduction de l’ancienne équipe ? Va-t-on assister à un chamboulement en profondeur, comme les hagiographes du président Ouattara le prédisent déjà ? Pour l’heure, le mot est à la mode est ‘’dissous’’.
Editorial signé JMK AHOUSSOU
Editorial signé JMK AHOUSSOU