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Politique Publié le vendredi 16 novembre 2012 | LG Infos

Crise au sein de la majorité parlementaire Rhdp : Fâché, Ouattara gronde Bédié et humilie Ahoussou

© LG Infos
Le Président de la République, S.E.M. Alassane OUATTARA
Les dissensions qui ont émaillé l’examen d’un projet de loi sur le mariage, le mardi dernier en commission à l`Assemblée nationale, ont emporté le gouvernement Ahoussou I. Et pour cause : «Les groupes parlementaires Pdci et Udpci ont voté contre le texte du gouvernement». En représailles, Alassane Ouattara a dissout, le mercredi 14 novembre 2012. De fait, Ouattara a pris le refus d’être des béni-oui-oui exprimé par des députés du Pdci et de l’Udpci comme une offense à sa personne, voire une haute trahison de ses alliés qui ont choisi le moment où son régime est dans les cordes, avec les sévères critiques des Ong de défense des Droits de l’Homme, pour lui couper l’herbe sous les pieds. Que pourrait-il faire d’autre ? Etant donné que les députés rebelles sont issus de partis politiques avec qui il partage le gâteau gouvernemental. D’où toute la colère contenue dans le propos du secrétaire général de la présidence, Amadou Gon Coulibaly, qui précise que même les présidents des groupes parlementaires Pdci et Udpci ont voté contre le projet de loi sur le mariage.
Mais faut-il vraiment s’étonner de cet autre acte déraisonnable du président ivoirien ? Que nenni ! Ouattara hait la contradiction. C’est pourquoi il a fait des mains et des pieds pour avoir un parlement monocolore, une caisse de résonnance. Des députés «moutons», qui répondent «oui chef», quand ils ne lèvent pas mécaniquement les mains pour valider et transformer en lois de la république de Côte d’Ivoire toutes ces humeurs. Et pour atteindre ce but, le Rdr son parti, et ses bras séculiers de l’ex-rébellion, ont opéré des passages en force lors des élections législatives d’octobre 2011, en roulant dans la farine le Pdci d’Henri Konan et l’Udpci de Mabri Toikeusse, qui n’y ont vu que du feu. A titre d’exemple, à Yopougon, Sikensi, Tabou, Bouna, Doropo, Duékoué, Bangolo, Bouaké, Man, Facobly, etc. le parti de Ouattara s’est taillé la part du lion, au sortir d’une longue technologie électorale facilitée par l’inénarrable Youssouf Bakayoko, président à Cproblème de la commission électorale dite indépendante.
Après avoir transpiré comme il fait pour avoir le contrôle de l’hémicycle, il faut être assez fou pour penser un seul instant que le brave-tchê pouvait laisser Bédié et Mabri mettre du sable dans son «garba» (semoule de manioc très prisé par les Ivoiriens). «Les groupes parlementaires PDCI et UDPCI ont voté contre le texte du gouvernement». «Cela pose donc un problème au niveau de la solidarité à l’intérieur de l’alliance et du soutien de l’alliance au gouvernement». Alors «Le président a annoncé ce (mercredi) matin en conseil des ministres la dissolution du gouvernement». Que cela soit tenu pour dit et que nul n’en ignore ! Alassane Ouattara ne veut pas de la pluralité d’opinions en Côte d’Ivoire. N’en déplaise ! Ce qu’il veut ? Que les Ivoiriens lui obéissent au doigt et à l’œil, que les représentants du peuple laissent passer ses initiatives de lois comme lettre à la poste ! Même si ces dernières heurtent la conscience nationale, comme c’est avec cette loi sur le mariage. C’est sa solution pour une Côte d’Ivoire de béni-oui-oui !!!
Le film de la dissolution
Ce n’est pas être méchant que de le dire. Jeannot Ahoussou Kouadio est le premier des ministres de Ouattara, et non le Premier ministre, chef du gouvernement. C’est l’opinion d’un diplomate occidental en poste à Abidjan, qui suit de très près l’évolution de la situation politique en Côte d’Ivoire. En effet, selon cet observateur averti, le Premier ministre Ahoussou Kouadio a été le dernier à être informé par le président Ouattara de sa décision de dissoudre le gouvernement. Alors que juste après le couac au parlement le chef de l’Etat a battu le rappel des ministres issus du Rdr à sa résidence de la Riviera Golf, et leur a traduit sa déception quant à l’attitude du Pdci. Ils ont eu le temps de commenter en famille la «trahison» de Bédié et Mabri, et ont approuvé dans le même élan les vérités que Ouattara s’apprêtait à dire aux «rebelles». C’est très tard dans la nuit du mardi 13 novembre, longtemps après cette réunion de crise tenue dans son dos, que le chef de l’Etat a joint son Premier ministre à qui il a remonté les bretelles, pour son incapacité à rallier les députés Pdcéistes à la cause gouvernementale; avant de l’informer que le gouvernement sera dissout le lendemain, lors du conseil des ministres. Et puis silence Ahoussou n’a pas eu le temps de placer un mot, a-t-on commenté. C’était pour l’informer et non pour recueillir son opinion ! Ce n’est donc pas le Premier ministre qui a proposé la démission de son gouvernement au chef de l’Etat comme cela est écrit dans la constitution à son article 41, alinéas 3 : «Sur proposition du Premier Ministre, le Président de la République nomme les autres membres du Gouvernement et détermine leurs attributions. Il met fin à leurs fonctions dans les mêmes conditions». Le brave-tchê est là encore passé en force. Mais ce n’est pas tout. Il n’a pas épargné Bédié. Selon notre informateur, Ouattara a joint son aîné le doyen Bédié, pour lui exprimer sa déception de voir des députés Pdci s’opposer à une proposition de loi portée par une ministre issu du même Pdci. Le chef de l’Etat, à en croire notre source, n’a pas été doux avec Bédié. Il a même saisi cette l’occasion pour rappeler au président du Pdci que l’amitié se nourrissant de vérité, Bédié et ses députés devraient s’apprêter à assumer toutes les conséquences de leur acte de haute trahison. Car il est inacceptable que le président du groupe parlementaire Pdci soit partie prenante à cette mise à mort de la solidarité à l’intérieur du Rhdp et du soutien de l’alliance au gouvernement. Comme l’a repris pour l’ensemble des Ivoiriens, le secrétaire général du gouvernement Amadou Gon Coulibaly. Le Pdci va-t-il se dégonfler ou garder la tête haute après avoir fait échec au ballon d’essai de Ouattara. L’avenir nous le dira.
Barthélemy Téhin
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