Il avait annoncé qu’il étonnerait le monde. Depuis le 11 avril 2011, Ouattara continue d’étonner la Côte d’Ivoire et le monde entier. Comme si les Ivoiriens l’avaient obligé à faire de la politique. Le mercredi 14 novembre 2012, Ouattara surement emporté par un accès de colère, a surpris plus d’un avec la dissolution du gouvernement. Une décision qui visiblement, surprend tout le monde. Car cette question n’était pas à l’ordre du jour. Elle ne faisait même pas partie des causeries dans les milieux politiques et diplomatiques ivoiriens ces derniers temps. Mais Ouattara a décidé, et sa volonté a été faite. Selon la présidence de la République, le gouvernement a été dissout parce que les alliés qui constituent le bloc Rhdp, à savoir le Pdci et le l’Udpci n’ont pas soutenu le mardi 13 novembre 2012, au Parlement, le projet de loi sur le mariage déposé par le Rdr. «Cela pose (…) un problème au niveau de la solidarité à l'intérieur de l'alliance et du soutien de l'alliance au gouvernement», explique Amadou Gon, le Secrétaire général de la Présidence, juste après la décision de son patron. La Côte d’Ivoire fait ainsi un grand bond dans le ridicule, sur fond de chantage politique motivé par des émotions. Mais dans cette affaire, la vérité est bien ailleurs. Et cette décision de Ouattara obéit à d’autres motivations, qui ont pour objectif de mettre ses alliés au pas. Après ce refus du Pdci et de l’Udpci qu’on considère au palais présidentiel comme «une grave sortie de route» assimilée à une trahison. L’homme sait que le plus difficile est à venir. Et il n’est pas prêt à négocier un quelconque soutien de ses alliés dans la bataille qu’il s’apprête à mener contre les pro-Gbagbo. C’est une manière de leur dire, «si vous ne me soutenez pas dans ce que je vais faire, voila ce qui vous attend». Il agit ainsi, parce qu’il connaît bien ses alliés. Il sait qu’ils sont accrochés aux postes ministériels. Et Ouattara s’apprête à envoyer au Parlement, un projet de loi portant ratification du traité de Rome en ce qui concerne la Cpi. Le monde entier sait que le Président Gbagbo a été déporté dans cette prison onusienne en violation de toutes les règles. Car la Côte d’Ivoire n’a pas encore ratifié le traité de la Cpi. Cela provoque un houleux débat au sein même de cette juridiction. Il veut donc faire vite pour que la Côte d’Ivoire soit en règle vis-à-vis de cette institution. Mais il oublie que la loi n’est pas rétroactive. Mais là n’est pas le problème de Ouattara. L’homme est engagé dans une bataille contre le Président Gbagbo. Il veut donc s’offrir un semblant de couverture juridique. Il met alors les leviers du pouvoir à son profit pour forcer un soutien de ses alliés. Peu importe si c’est anti-démocratique et contre les principes républicains. Ouattara est bien convaincu que dans les rangs du Pdci, on continue de désapprouver la déportation du Président Gbagbo à La Haye. Et les murmures ne font qu’enfler sur cette question. Après cette déportation qui a ému toute l’Afrique, la Côte d’Ivoire a entendu le professeur Djédjé Mady crier son indignation dans un discours très clair. «Qu’est qu’on ne peut pas régler entre nous Ivoiriens», s’était alors lâché le secrétaire général du Pdci. Une sortie qui n’a pas été au goût du palais, comme il fallait s’y attendre. Mais le vin était déjà tiré… Il est bien convaincu que le Pdci et l’Udpci sont certes des alliés dans ce groupe contre-nature. Mais il sait aussi que ce sont deux groupements politiques qui continuent d’entretenir malgré tout, la fibre patriotique. Alors que ce discours ne plait pas au Rdr qui a beaucoup de choses à se reprocher. Il apparaît donc évident qu’au Parlement, ces deux groupes essaient de bloquer le Rdr sur la question de la Cpi. Il y a certes le projet de loi sur la Cpi. Mais il y a aussi une autre loi qui lui tient à cœur. Le pouvoir veut en effet, revoir la loi sur le foncier rural. Un texte qui a été voté au Parlement en 1998 par tous les groupes parlementaires, y compris le Rdr. Mais après la révolution kaki de décembre 1999, le Rdr a bizarrement taxé cette loi de xénophobe, dans sa guerre contre «l’ivoirité» de Bédié. Mais il n’y a rien d’étonnant. Ainsi va le Rdr. Le projet qui se propose de modifier cette loi Bédié sera bientôt sur la table des députés. Il est clair que c’est un texte qui se propose de légaliser l’expropriation des Ivoiriens. Le Pdci se fera-t-il hara-kiri ? Va-t-il se renier ? En tout cas, on ne peut pas balayer du revers de la main, une simple loi sur le mariage et accepter une loi qui dépossède la Côte d’Ivoire. On pourrait même dire qu’il n’y a pas de débat à ce niveau. Et Ouattara sait cela. Il est convaincu que l’un des plus grands clashs avec ses alliés pourrait aussi venir de ce projet de loi qui fait déjà du bruit parmi eux. Depuis le mercredi dernier, la balle est alors dans le camp du Pdci. Mais surtout de Bédié. L’histoire lui offre une autre occasion de se racheter vis-à-vis des Ivoiriens. Il a encore l’occasion de choisir. Servir la Côte d’Ivoire ou défendre les intérêts étrangers.
Guehi Brence
Guehi Brence