Si l’on en croit un élu du Rassemblement des républicains, les divergences de vue qui ont emporté le gouvernement de Jeannot Ahoussou Kouadio seraient liées à des calculs politiciens des députés issus du Parti démocratique de Côte d’Ivoire.
Malgré l’instruction ferme et claire de ne point se répandre dans les médias, il a accepté de parler. Sous le couvert de l’anonymat, un élu du Rassemblement des républicains (Rdr) a consenti à nous en dire davantage sur la guerre larvée entre son parti et surtout le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci). Une bataille à fleuret moucheté qui a eu raison du gouvernement Jeannot Ahoussou Kouadio, mercredi dernier. De quoi retourne cette affaire ? Selon notre interlocuteur, c’est pour marquer son territoire que le président Alassane Ouattara a dû prendre cette décision extrême de congédier son gouvernement. Non contents d’avoir rué l’ancien directeur général-adjoint du Fonds monétaire international (Fmi) et son parti dans les brancards, le 2 juin 2012, lors d’une réunion de bureau politique, plusieurs cadres du Pdci, assure l’élu Rdr, se sont convaincus de la nécessité d’engager une partie de poker avec leur principal allié. Fins manœuvriers, ces disciples de Konan Bédié se disent persuadés que c’est ainsi qu’ils viendraient à bout du parti au pouvoir à l’appétit vorace, selon eux, surtout dans la perspective des joutes électorales de 2015. C’est donc, selon toute vraisemblance, cette partie de poker-menteur qu’ils ont engagé à l’hémicycle. « En réalité, il ne devrait pas avoir de passe d’armes entre élus des deux partis parce que le projet de loi sur le mariage qui était soumis au vote des députés, n’est pas en soi si important pour faire tomber le gouvernement. Si nous en sommes arrivés-là, c’est pour éviter qu’à l’occasion d’examens de projets ou de propositions de lois plus importants pour la marche de la nation, nos amis en viennent à être tentés de faire une démonstration de force au Parlement. S’ils votent contre un projet de loi sur le mariage, qu’en sera-t-il lorsqu’il va s’agir de réviser les articles confligènes de la constitution ? », a décrypté notre interlocuteur. « Avant même de passer au vote, nous savions que les députés Pdci allaient voter contre ce projet de loi puisqu’ils le faisaient clairement savoir. Au cours des travaux en commission, la présidente (Me Affoussy Bamba, ndlr) a même suspendu les travaux pendant 30 minutes pour rapprocher les vues mais, cela n’a rien changé. Les députés Pdci ont campé sur leur position. Une attitude suspecte portée à la connaissance du chef de l’Etat qui a décidé de marquer le coup », témoigne cet élu Rdr. En réalité, le vote-sanction des députés Pdci contre le projet de loi sur le mariage, serait donc le prolongement du coup de gueule que des cadres de l’ancien parti unique ont poussé le 2 juin dernier. Le communiqué final de ce bureau politique étant resté en travers de la gorge des républicains, ils ont convaincu leur mentor Alassane Ouattara de marquer le coup. Ce qu’il a fait. « Après nous avoir accusé d’avoir fait main basse sur tous les postes juteux dans l’administration et d’avoir favorisé nos cadres candidats aux élections législatives à travers le découpage électoral, nos amis sont dans une logique qui consiste selon eux à rendre la vie dure au président de la République Alassane Ouattara », poursuit notre source qui assure que le vote du Pdci contre le fameux projet de loi est bel et bien un désaveu. « La Côte d’Ivoire et son président ont pris des engagements qui sont contenus dans cette loi. Membre de l’Organisation des Nations unies, le pays peut-il se mettre en marge de l’évolution des sociétés ? La déclaration universelle des droits de l’Homme pose l’égalité de tous ; comment les hommes peuvent-ils être égaux si dans le code de la famille, on désigne d’emblée un chef pour une catégorie de notre population ? C’est cette insuffisance que nous étions appelés à corriger. Rien de plus. Malheureusement nos amis ont trouvé là l’occasion de se livrer à une bataille politique et ce faisant, ils veulent infliger un camouflet au chef de l’Etat. Certes, l’Assemblée nationale ne doit pas être une caisse d’enregistrement et la séparation des pouvoirs doit prévaloir. Mais sommes-nous encore des alliés quand nous nous jetons des peaux de bananes ? Allons-y doucement », ajoute-t-il.
Un clash pour mieux repartir
Comme on le voit, notre interlocuteur n’est pas si mécontent que ça de voir la tournure que prennent les choses. Et, il n’est pas seul à afficher cet état d’esprit. « Lors de son bureau politique, le Pdci en avait appelé à une cogestion du pouvoir mais au lieu de cela, il se prépare pour 2015. Cette petite crise sera l’occasion de remettre les choses à plat et de préciser le rôle des uns et des autres », argumente-t-il. A des exceptions près, l’ancien député Pdci de Bouaflé, Paulin Allomo partage cette analyse. « On était si pressés de se remettre ensemble pour faire partir Laurent Gbagbo qu’on a peut-être oublié d’établir les règles de gestion du pouvoir. Par exemple, en dehors du poste de Premier ministre qui devait revenir au Pdci, on n’a pas de manière précise arrêté les mécanismes de cogestion du pouvoir. Ce qui est une porte ouverte à toutes les incompréhensions comme celle que nous connaissons en ce moment », analyse à son tour Paulin Allomo, loin de s’alarmer toutefois. « Ça va passer. Nos deux principaux leaders qui ont décidé de se mettre ensemble, sont suffisamment sages pour laisser des gens nous diviser », se persuade-t-il.
Marc Dossa
Malgré l’instruction ferme et claire de ne point se répandre dans les médias, il a accepté de parler. Sous le couvert de l’anonymat, un élu du Rassemblement des républicains (Rdr) a consenti à nous en dire davantage sur la guerre larvée entre son parti et surtout le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci). Une bataille à fleuret moucheté qui a eu raison du gouvernement Jeannot Ahoussou Kouadio, mercredi dernier. De quoi retourne cette affaire ? Selon notre interlocuteur, c’est pour marquer son territoire que le président Alassane Ouattara a dû prendre cette décision extrême de congédier son gouvernement. Non contents d’avoir rué l’ancien directeur général-adjoint du Fonds monétaire international (Fmi) et son parti dans les brancards, le 2 juin 2012, lors d’une réunion de bureau politique, plusieurs cadres du Pdci, assure l’élu Rdr, se sont convaincus de la nécessité d’engager une partie de poker avec leur principal allié. Fins manœuvriers, ces disciples de Konan Bédié se disent persuadés que c’est ainsi qu’ils viendraient à bout du parti au pouvoir à l’appétit vorace, selon eux, surtout dans la perspective des joutes électorales de 2015. C’est donc, selon toute vraisemblance, cette partie de poker-menteur qu’ils ont engagé à l’hémicycle. « En réalité, il ne devrait pas avoir de passe d’armes entre élus des deux partis parce que le projet de loi sur le mariage qui était soumis au vote des députés, n’est pas en soi si important pour faire tomber le gouvernement. Si nous en sommes arrivés-là, c’est pour éviter qu’à l’occasion d’examens de projets ou de propositions de lois plus importants pour la marche de la nation, nos amis en viennent à être tentés de faire une démonstration de force au Parlement. S’ils votent contre un projet de loi sur le mariage, qu’en sera-t-il lorsqu’il va s’agir de réviser les articles confligènes de la constitution ? », a décrypté notre interlocuteur. « Avant même de passer au vote, nous savions que les députés Pdci allaient voter contre ce projet de loi puisqu’ils le faisaient clairement savoir. Au cours des travaux en commission, la présidente (Me Affoussy Bamba, ndlr) a même suspendu les travaux pendant 30 minutes pour rapprocher les vues mais, cela n’a rien changé. Les députés Pdci ont campé sur leur position. Une attitude suspecte portée à la connaissance du chef de l’Etat qui a décidé de marquer le coup », témoigne cet élu Rdr. En réalité, le vote-sanction des députés Pdci contre le projet de loi sur le mariage, serait donc le prolongement du coup de gueule que des cadres de l’ancien parti unique ont poussé le 2 juin dernier. Le communiqué final de ce bureau politique étant resté en travers de la gorge des républicains, ils ont convaincu leur mentor Alassane Ouattara de marquer le coup. Ce qu’il a fait. « Après nous avoir accusé d’avoir fait main basse sur tous les postes juteux dans l’administration et d’avoir favorisé nos cadres candidats aux élections législatives à travers le découpage électoral, nos amis sont dans une logique qui consiste selon eux à rendre la vie dure au président de la République Alassane Ouattara », poursuit notre source qui assure que le vote du Pdci contre le fameux projet de loi est bel et bien un désaveu. « La Côte d’Ivoire et son président ont pris des engagements qui sont contenus dans cette loi. Membre de l’Organisation des Nations unies, le pays peut-il se mettre en marge de l’évolution des sociétés ? La déclaration universelle des droits de l’Homme pose l’égalité de tous ; comment les hommes peuvent-ils être égaux si dans le code de la famille, on désigne d’emblée un chef pour une catégorie de notre population ? C’est cette insuffisance que nous étions appelés à corriger. Rien de plus. Malheureusement nos amis ont trouvé là l’occasion de se livrer à une bataille politique et ce faisant, ils veulent infliger un camouflet au chef de l’Etat. Certes, l’Assemblée nationale ne doit pas être une caisse d’enregistrement et la séparation des pouvoirs doit prévaloir. Mais sommes-nous encore des alliés quand nous nous jetons des peaux de bananes ? Allons-y doucement », ajoute-t-il.
Un clash pour mieux repartir
Comme on le voit, notre interlocuteur n’est pas si mécontent que ça de voir la tournure que prennent les choses. Et, il n’est pas seul à afficher cet état d’esprit. « Lors de son bureau politique, le Pdci en avait appelé à une cogestion du pouvoir mais au lieu de cela, il se prépare pour 2015. Cette petite crise sera l’occasion de remettre les choses à plat et de préciser le rôle des uns et des autres », argumente-t-il. A des exceptions près, l’ancien député Pdci de Bouaflé, Paulin Allomo partage cette analyse. « On était si pressés de se remettre ensemble pour faire partir Laurent Gbagbo qu’on a peut-être oublié d’établir les règles de gestion du pouvoir. Par exemple, en dehors du poste de Premier ministre qui devait revenir au Pdci, on n’a pas de manière précise arrêté les mécanismes de cogestion du pouvoir. Ce qui est une porte ouverte à toutes les incompréhensions comme celle que nous connaissons en ce moment », analyse à son tour Paulin Allomo, loin de s’alarmer toutefois. « Ça va passer. Nos deux principaux leaders qui ont décidé de se mettre ensemble, sont suffisamment sages pour laisser des gens nous diviser », se persuade-t-il.
Marc Dossa