x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Société Publié le lundi 26 novembre 2012 | Nord-Sud

Imam Ousmane Diakité (secrétaire exécutif du bureau national du COSIM) : “Les imams fautifs seront désormais sanctionnés”

En prélude au 3ème congrès du Conseil supérieur des imams (Cosim), le secrétaire exécutif du bureau annonce de grands changements dans la vie des guides musulmans.


Vous organisez dans quelques jours, le 3ème congrès du Cosim. Quel est le sens de cet évènement pour la communauté musulmane ivoirienne ?
Il faut savoir que le Cosim est la plus grande organisation musulmane en Côte d’Ivoire. Il compte plus de 10.000 imams à travers toutes les villes et villages du pays. Tous les 5 ans, nous tenons la conférence des imams que nous appelons congrès. Ce prochain congrès, qui aura lieu du 29 novembre au 2 décembre, est le troisième du genre. Il constitue la plus grande instance du Cosim.

On ne touchera pas au mandat du Cheik Boikary Fofana, président du Cosim ?
Nous soulignons que le chef des imams, qui est le président du Cosim et en même temps le guide de la communauté musulmane en Côte d’Ivoire, a un mandat illimité tant qu’il peut remplir ses fonctions, moralement, physiquement et spirituellement. Tous les 5 ans, les imams doivent se retrouver pour faire le bilan du Cosim et voir les perspectives. Il s’agit d’évaluer l’organisation, de corriger ce qui n’a pas marché et parler du futur.

Arrive-t-il que la conférence sanctionne ou interpelle le Cheick ?
Par rapport à la dignité du Cheick, il n’est pas question pour nous de le sanctionner. Mais d’analyser, d’apprécier, d’améliorer et corriger sa gestion.

Participera-t-il à la conférence ?
La conférence se tient sous son autorité. Il est la tête de l’organisation et le superviseur.

N’est-ce pas là un paradoxe, puisque c’est son bilan qu’on fait ?
Il sera le premier des congressistes. Il interviendra, et s’il y a des questions à lui poser, on le ferra.

Quelle est la particularité de ce congrès ?
Nous attendons à cette conférence environ 500 imams de l’intérieur du pays. En plus, nous avons invité des imams de 20 pays d’Afrique de l’Ouest. Le jour de la cérémonie officielle, nous attendons au moins 1.000 imams. Et ils n’ont rien à voir avec les 500 imams qui sont des congressistes du Cosim.

Quel est le programme de cette activité ?
Le premier jour sera consacré au bilan. Le second aux perspectives. Nous allons plancher sur la modification du statut du Cosim, aussi sur la charte de l’imamat, et sur les registres de mariage que nous voulons mettre à la disposition des mosquées. Le troisième jour, il y aura un symposium sur le thème central de la conférence qui est : «La réconciliation et la paix durable en Côte d’Ivoire et dans la sous-région ouest-africaine». Nous aurons la présence d’imminentes personnalités dont l’évêque métropolitain de Bouaké, Mgr Paul Siméon Ahouana qui viendra prononcer une conférence. Il y aura des communications sur le rôle de l’imam dans la consolidation de la cellule familiale, la restauration des valeurs spirituelles et morale de la société... Le quatrième jour, ce sera la cérémonie officielle à la grande mosquée de la Riviera golf en présence du chef de l’Etat. Nous demandons donc aux musulmans de se mobiliser pour l’occasion.

C’est quoi la charte de l’imamat ?
Nous constatons que l’islam a un long chemin à parcourir pour parfaire son organisation. Il se trouve qu’il n’y a pas une référence unique qui a été mise à la disposition des mosquées, des organisations islamiques, des communautés afin de les organiser. Chaque mosquée, chaque organisation, gère comme elle l’entend. Cette charte va donc aider les musulmans à avoir une même orientation. Elle vient combler un vide.

Une sorte de règlement intérieur ?
Oui. C’est aussi une charte de déontologie.

Dans les détails, quel sera son contenu ?
La charte de l’imamat va définir, par exemple, ce que c’est qu’une mosquée. Elle parlera des devoirs de l’imam sur le plan social et religieux. Elle indiquera les droits et aussi les devoirs de la communauté vis-à-vis de son imam. Elle évoquera aussi les sanctions éventuelles de l’imam.

Pensez-vous qu’une telle charte puisse être appliquée ?
Oui, puisque la plupart des mosquées prennent le Cosim comme référence.

Vous parlez aussi d’apporter des registres de mariage dans les mosquées. C’est difficile à imaginer…
Ce que nous allons apporter est différent de ce que fait l’Etat. Il faut savoir que l’imam, dans sa communauté, est un guide, un témoin. Quand quelqu’un naît dans la communauté musulmane, on appelle l’imam pour faire son baptême islamique. Il officie la cérémonie et déclare le nom de l’enfant. Nous voulons que désormais, lorsque l’imam finit de faire ce travail, qu’il signe un papier pour attester qu’il a assisté au baptême de l’enfant. Il délivrera une attestation islamique, un témoignage. Pour les décès également, il donnera une attestation après avoir prié sur le corps à la mosquée. Ce sont ces informations qui seront notées dans le registre de la mosquée. Mais, il faut faire la différence : l’attestation islamique de baptême du nouveau-né ne remplace pas l’acte de naissance. Pareil pour le décès.
Quelle valeur donnez-vous à ce document alors ?
Il n’y a pas de confusion possible entre ce que nous voulons faire et ce que fait l’Etat. L’imam n’est pas un officier de l’état civil, c’est un guide qui accomplit des tâches religieuses et qui veut certifier un évènement. Ce n’est pas la même chose. L’imam se place donc comme un témoin majeur de tous ces faits.

A vous entendre, vous voulez donner une place majeure à la mosquée dans le développement.
La mosquée a toujours joué un rôle important dans le développement. C’est toujours autour des mosquées que les villes se bâtissent. Mais avec le temps, la mosquée a perdu sa place. Notre travail, c’est de lui donner son rayonnement, son rôle premier et religieux dans l’éducation, la socialisation et la formation de la communauté.

Vous allez également parler de paix et de réconciliation au cours du congrès. Jusque-là, on a l’impression que les religieux n’ont pas encore joué le rôle qui est le leur dans la réconciliation en Côte d’Ivoire.
La communauté musulmane ivoirienne est la plus active en matière de réconciliation, de recherche de la paix. Nous sommes en permanence en train de travailler pour la paix. Rien que cette année, nous avons fait un programme de 42 séminaires sur la réconciliation. Nous en avons réalisé 30. Œuvrer pour la réconciliation fait partie des fondements même de la religion musulmane.


Réalisée par Raphaël Tanoh
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Société

Toutes les vidéos Société à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ