Il voulait à tout prix le pouvoir d’Etat. Il l’a eu contre vents et marées. Et dans les conditions que tout le monda sait. Alassane Ouattara est à la tête de la Côte d’Ivoire depuis 18 mois, mais les Ivoiriens ne sont pas encore sortis de la souffrance. Et pourtant, les promesses de milliards de Fcfa du leader des Républicains, alimentaient les conversations. A la Rue Lepic, il s’était «fabriqué» une dimension messianique et providentielle. A savoir l’homme qui vient sauver la Côte d’Ivoire d’un coup de baguette magique. Le Président qui vient hisser la Côte d’Ivoire au rang de «pays émergent seulement en 5 ans». Il le disait d’ailleurs lui-même, en promettant une Université par an, en annonçant aussi des milliards pour chaque région de la Côte d’Ivoire. Mais cela fait bientôt deux ans que Ouattara a prêté serment à Yamoussoukro. Sans aboutir aux moindres résultats. Incompétence, carences, incapacité, mal gouvernance…? Les mots ne suffisent pas pour décrier les tares du régime. Au rythme d’une gestion folklorique, le voilà à son quatrième gouvernement. Sans réel motif. Les dissolutions de ses gouvernements se succèdent. Dans l’indifférence des Ivoiriens fatigués des promesses de celui qui disait «être l’ami des grands de ce monde». A la vérité, le pouvoir qui se montre incapable de démocratie ne fait que tourner en rond. L’exercice est difficile. Trop difficile pour un dictateur. La tâche devient, au fil du temps, de la mer à boire pour un régime qui se noie. Le pouvoir tortionnaire d’Abidjan découvre à ses dépens que la politique n’est pas un jeu du hasard. Mais une pratique bien pensée et construite sur la base de la saine appréciation des choses. Une évidence que semble malheureusement ignorer le régime Ouattara qui peine à se trouver une équipe type capable de trouver des «solutions» aux nombreux maux qui rongent la Côte d’Ivoire. Finalement, tout laisse croire que Ouattara n’a véritablement pas d’hommes au Rhdp pour diriger la Côte d’Ivoire. Pourtant pendant sa campagne, il clamait partout : «j’ai les hommes qu’il faut pour diriger la Côte d’Ivoire». A l’arrivée, les Ivoiriens sont surpris de voir par exemple Kandia Camara occuper le poste stratégique de ministre de l’Education nationale d’un pays comme la Côte d’Ivoire qui eut des expertises reconnues, tels Pierre Kipré, Akoto Yao, Pascal Dikibié, Amani Nguessan... Pis des chefs de guerre sans instruction, sans culture et sans formation aucune ont été bombardés Préfet de région. Des nominations qui ont choqué les vrais énarques et même les cadres de son propre camp. Le poste de préfet de région étant l’aboutissement d’une très longue carrière dans l’administration territoriale. Les Ivoiriens ne peuvent donc pas parier sur ce gouvernement Duncan. «Même si Duncan est un homme amorphe, sans personnalité comme on veut le faire croire, est-ce qu’il ne va pas subir le même sort qu’Ahoussou Jeannot. Le vrai problème de la Côte d’Ivoire est qu’elle est une veste trop grande pour Ouattara», explique un cadre du Pdci qui veut plutôt voir le Pdci dans l’opposition, aux côtés du Fpi. Si l’adage dit qu’«on ne change pas une équipe qui gagne», Ouattara tarde à trouver une équipe qui gagne. Les équipes précédentes Soro 1 et 2 et Ahoussou Jeannot n’ont pas été à la hauteur. Comme l’aurait-elle été sous Ouattara. Parce que chaque gouvernement se mesure à la dimension du chef. Diby Koffi a été un brillant ministre de l’Economie dans le gouvernement Gbagbo, parce qu’il travaillait avec des hommes qui ont de l’ambition pour la Côte d’Ivoire. Soro Guillaume a tenu sans problème la Primature sous Gbagbo, pas parce qu’il était un génie. Mais parce qu’il était dans une équipe de qualité, qui avait un rêve pour la Côte d’Ivoire. Pas le rêve attribué par Ouattara à Kennedy. Mais le rêve d’humanité de Martin Lutter King. Ainsi, pour le vote d’une banale loi sur le mariage à l’Assemblée nationale, la Côte d’Ivoire connaît un autre gouvernement. Le 4e en l’espace de deux ans. «J’attends de vous des résultats», dira Ouattara à sa nouvelle équipe pour cacher les réalités du terrain. A y voir de près, les changements de Premier ministre ne sont rien d’autres que la fuite en avant du pouvoir actuel. Les promesses de pluies de milliards annoncées se sont dissipées dans l’immense océan éburnéen. Des prix des denrées de première nécessité connaissent une inflation sans précédent. Alors que le régime n’a de cesse d’annoncer en vain des réductions. Ouattara se proposait d’assurer la sécurité des Ivoiriens. Mais il ne se passe plus de mois sans que l’on enregistre des attaques des positions de son armée, désormais réduite à la mendicité aux abords des rues, en tenant des check-points sauvages. A certains carrefours, les Frci affamées ne peuvent s’empêcher de mendier des pièces de monnaies aux chauffeurs de «gbaka» et «wôrô-wôrô». Pis, la traque des pro-Gbagbo reste le seul «programme de gouvernement» de Ouattara. Ce qui ne pouvait que provoquer l’exaspération des organisations de défense des droits de l’Homme qui dénoncent de plus en plus les tortures et les exactions sur les partisans du Président Laurent Gbagbo. La Côte d’Ivoire, havre de paix et de cohésion sociale par le passé, va tout droit dans le chaos. Parce Alassane Ouattara et ses sous-fifres en ont décidé ainsi. En poussant la haine toujours plus loin. En moins de deux ans de pouvoir, Ouattara en est à son quatrième gouvernement. Un record jamais égalé dans l’histoire de la Côte d’Ivoire. Mais avec Ouattara «tout tremble, rien ne bouge», comme le soulignait un confrère. L’homme étale sa méconnaissance de la politique. A passer tout son temps à nourrir une haine viscérale contre le Président Laurent Gbagbo et son parti politique, Alassane Ouattara est rattrapé par la réalité. Désarçonné, le candidat du Rhdp est incapable de mettre en œuvre les «solutions» promises. Daniel Kablan Duncan, le tout nouveau chef de gouvernement, doit savoir le sort qui l’attend, pour avoir côtoyé le dictateur depuis longtemps.
Toussaint N’Gotta
Toussaint N’Gotta