«…Le gouvernement devrait trouver des réponses appropriées, notamment la consolidation de la paix et de réconciliation nationale, la bonne gouvernance, le renforcement des capacités de l’administration publique, le climat des affaires, l’Etat de droit et le choix judicieux de projets structurants y compris dans l’agriculture pour la réduction de la pauvreté…». Tels sont, entre autres, les recommandations faites par les bailleurs de fonds et organismes internationaux à Alassane Ouattara, lors du groupe consultatif du Programme national de développement (Pnd), tenu du 4 au 5 décembre 2012 à Paris. En effet, dans la capitale parisienne où le chef de l’Etat ivoirien est allé chercher de l’argent pour le financement du Pnd 2012-2015, il a présenté la Côte d’Ivoire comme un pays en chantier, où il fait bon vivre. «…Chaque jour, la construction d’un pont progresse, une desserte locale est remise en état, un grand axe routier voit le jour ; l’assainissement des villes continue, une nouvelle maison est connectée au réseau électrique, une nouvelle pompe à eau fait la joie de tout un village, un étudiant dans une université rénovée se connecte au web, des milliers d’enfants avec des kits scolaires gratuits étudient sur des bancs neufs ; de plus en plus de malades reçoivent des soins dans des d’hôpitaux et des dispensaires rénovés. Chaque jour, des chantiers s’ouvrent, les recherches minières et les forages progressent, des champs sont de nouveau labourés et des paysans reçoivent enfin une part équitable du fruit de leur travail», a indiqué Alassane Ouattara devant un parterre de personnalités du monde entier. En demandant au Chef de l’Etat de faire des efforts, la communauté internationale présente à ses assises connaît la réalité du terrain. La réconciliation nationale lancée depuis plus de dix huit mois n’a pas encore évoluée. Elle bat de l’aile. La bonne gouvernance n’existe pas. La corruption et le racket sont presque vécus au quotidien avec les marchés de gré-à-gré qui se font dans les ministères. Ce qui plombe le climat des affaires. Car, ici, l’administration judiciaire, ainsi que le législatif sont confondus à celui de l’exécutif. S’agissant des travaux d’hercule dont parle le Chef de l’Etat, il en existe pratiquement pas. Tous les projets routiers lancés en grande pompe sont au point mort. La preuve, les travaux de l’autoroute de Grand-Bassam lancés, il y a de cela quelques mois, sont arrêtés. Situation identique, au niveau du pont de Bouaflé, qui attend le démarrage effectif des travaux après la pose de la première pierre au mois de juillet dernier. Sur le plan scolaire, ce n’est pas la rose comme le dit le Chef de l’Etat. Les universités rénovées n’ont pas encore trouvé leur vitesse de croisière. Des milliers d’étudiants sont encore à la maison faute de moyens. Les enseignants, pour des impayés de salaires sortent d’une grève de dix jours. Dans le primaire comme le secondaire, les grèves sont le quotidien des enseignants. Les enfants, quant à eux, travaillent dans des conditions difficiles. Car, ils s’asseyent à quatre voire cinq sur des bancs aussi crasseux pour prendre les cours. Sur le plan médical, rien ne bouge comme le dit le Chef de l’Etat. Les soins gratuits ciblés annoncés ne le sont pas. Les Ivoiriens continuent de payer des ordonnances hors de médicaments hors de prix. En tout, la Côte d’Ivoire n’a pas encore trouvé sa vitesse de croisière comme l’a indiqué devant les bailleurs de fonds, le chef de l’Etat qui cherche en ce moment la somme de 11.076 milliards de Fcfa.
Joseph Atoumgbré
Joseph Atoumgbré