La fin d’année 2012 s’annonce sombre pour une partie des habitants de Pk18 résidentiel. Une opération de démolition de grande envergure, menée par M. Joseph Aka Anghui qui revendique la propriété du site, a jeté à la rue, des centaines familles.
Trois bulldozers ont entrepris, toute la matinée d’hier, sous forte escorte militaire et de la gendarmerie, la démolition de plusieurs maisons habitées par des centaines de familles dans le quartier PK18 résidentiel, en face de la cité concorde de la Sicogi. L’épreuve était difficile à supporter pour les habitants. Sous les ronronnements des engins destructeurs, les enfants, les femmes, les hommes et les vieilles personnes tentaient, bravement, parfois contre la brutalité des forces de sécurité, de sauver ce qui pouvait l’être. A quelques mètres du champ des machines, Mme Falikou et ses enfants, sécurisent quelques bagages qu’ils ont pu sortir avant que leur maison ne soit réduite en gravats. Mais la benjamine, à peine 4 ans, tient à serrer contre sa poitrine, une poupée encore emballée. Elle n’aura pas droit à la surprise de noël, puisqu’elle découvre dans les affaires entassées, ce que ses parents lui réservaient pour la fête. Plus loin, ce sont des hommes et des femmes, bagages sur la tête qui tentent de fuir la zone rouge avant l’arrivée des bulldozers. Tout autour, jonchent des débris de parpaings et de tôles froissées. Même l’église Afra n’a pas été épargnée.
Ailleurs, des femmes âgées, se sentant impuissantes et humiliées par le sort qui s’abat sur elles, cèdent aux larmes. La scène est saisissante, l’émotion très vive. Elles ne comprennent pas cette démolition qu’elles assimilent à du gâchis. Le président des résidents de ce site, M. Bakayoko Seydou ne s’explique pas lui-aussi cette destruction. «Nous n’avons reçu aucune notification, ni de mise en demeure à ce sujet. Les machines sont d’abord arrivées samedi dernier et ont démoli une partie des maisons. Grâce aux interventions des élus de la commune, les bulldozers sont repartis. Ce matin (hier, ndlr) grande est notre surprise de constater qu’ils sont de retour pour poursuivre la destruction de nos maisons et nos biens», dénonce t-il, la voix nouée par la douleur. Toutes les familles interrogées ont soutenu n’avoir pas été averties de cette mesure de démolition. D’où la colère qui a causé quelques heurts avec les forces de l’ordre sur le terrain.
Interrogé sur les raisons de l’opération, Me Kéita Yacouba, huissier de justice, nous a indiqué avoir requis la force publique aux fins de l’exécution d’une décision de justice. « Le site appartient à M. Joseph Aka Anghui en vertu de certains titres fonciers. Il a donc vendu une partie à la Sotra, et une autre à Filtisac. Et le village Anonkouakouté, au mépris de ses droits, a vendu quelques parcelles à des particuliers. Dans cette affaire, l’ancien chef de village, son président du comité de gestion et le géomètre, avaient été condamnés et ont même fait la prison. Une décision de justice a donc été rendue en vue du déguerpissement. C’est ce que nous sommes en train d’exécuter », a expliqué Me Kéita. Tout en précisant que l’opération de démolition, ne concerne pas l’ensemble du site qui abrite quelques 1800 habitations, mais une centaine de maisons. « Les parties que nous démolissons ont été vendues par M. Aka Anghui à des institutions qui attendent de rentrer en possession de leur parcelle. Or, il se trouve que des squatters les occupent, illégalement », a-t-il précisé.
La mairie d’Abobo scandalisée
Pourtant, cette opération de démolition massive, bien que découlant d’une décision de justice, frustre la mairie d’Abobo. Et pour cause, à en croire le directeur du service technique, M. Coulibaly Valy que nous avons rencontré, cette sentence n’a pas été notifiée. «Mieux, souligne-t-il, le site fait l’objet d’une convention signée entre la mairie et Messieurs Joseph Aka Anghui et son partenaire Brou Gustave qui sont propriétaires du site. Cette convention a permis la mise sur pied d’un comité de restructuration du quartier en question qui devrait aboutir à l’approbation du plan et à l’attribution des parcelles. Nous étions dans cette procédure quand de façon unilatérale, l’autre partie a décidé de démolir les maisons».
Pour M. Coulibaly, le maire Adama Toungara est intervenu une première fois pour stopper les démolitions. «Nous sommes scandalisés par cette situation qui intervient à la veille des fêtes et surtout des élections qui s’annoncent. Pourquoi initier aujourd’hui ces démolitions alors que nous étions en discussion dans le cadre d’une convention. Nous ne savons pas ce que cela cache comme intention. Nous avons engagé une procédure devant la justice», a-t-il expliqué.
Mais en attendant, sur le terrain à PK18, les bulldozers poursuivent leurs actions, créant l’émoi au sein d’une population qui a tant payé pendant la crise post-électorale et qui aspirait à un peu de joie et de bonheur. Surtout en cette fin d’année.
Alexandre Lebel Ilboudo
Trois bulldozers ont entrepris, toute la matinée d’hier, sous forte escorte militaire et de la gendarmerie, la démolition de plusieurs maisons habitées par des centaines de familles dans le quartier PK18 résidentiel, en face de la cité concorde de la Sicogi. L’épreuve était difficile à supporter pour les habitants. Sous les ronronnements des engins destructeurs, les enfants, les femmes, les hommes et les vieilles personnes tentaient, bravement, parfois contre la brutalité des forces de sécurité, de sauver ce qui pouvait l’être. A quelques mètres du champ des machines, Mme Falikou et ses enfants, sécurisent quelques bagages qu’ils ont pu sortir avant que leur maison ne soit réduite en gravats. Mais la benjamine, à peine 4 ans, tient à serrer contre sa poitrine, une poupée encore emballée. Elle n’aura pas droit à la surprise de noël, puisqu’elle découvre dans les affaires entassées, ce que ses parents lui réservaient pour la fête. Plus loin, ce sont des hommes et des femmes, bagages sur la tête qui tentent de fuir la zone rouge avant l’arrivée des bulldozers. Tout autour, jonchent des débris de parpaings et de tôles froissées. Même l’église Afra n’a pas été épargnée.
Ailleurs, des femmes âgées, se sentant impuissantes et humiliées par le sort qui s’abat sur elles, cèdent aux larmes. La scène est saisissante, l’émotion très vive. Elles ne comprennent pas cette démolition qu’elles assimilent à du gâchis. Le président des résidents de ce site, M. Bakayoko Seydou ne s’explique pas lui-aussi cette destruction. «Nous n’avons reçu aucune notification, ni de mise en demeure à ce sujet. Les machines sont d’abord arrivées samedi dernier et ont démoli une partie des maisons. Grâce aux interventions des élus de la commune, les bulldozers sont repartis. Ce matin (hier, ndlr) grande est notre surprise de constater qu’ils sont de retour pour poursuivre la destruction de nos maisons et nos biens», dénonce t-il, la voix nouée par la douleur. Toutes les familles interrogées ont soutenu n’avoir pas été averties de cette mesure de démolition. D’où la colère qui a causé quelques heurts avec les forces de l’ordre sur le terrain.
Interrogé sur les raisons de l’opération, Me Kéita Yacouba, huissier de justice, nous a indiqué avoir requis la force publique aux fins de l’exécution d’une décision de justice. « Le site appartient à M. Joseph Aka Anghui en vertu de certains titres fonciers. Il a donc vendu une partie à la Sotra, et une autre à Filtisac. Et le village Anonkouakouté, au mépris de ses droits, a vendu quelques parcelles à des particuliers. Dans cette affaire, l’ancien chef de village, son président du comité de gestion et le géomètre, avaient été condamnés et ont même fait la prison. Une décision de justice a donc été rendue en vue du déguerpissement. C’est ce que nous sommes en train d’exécuter », a expliqué Me Kéita. Tout en précisant que l’opération de démolition, ne concerne pas l’ensemble du site qui abrite quelques 1800 habitations, mais une centaine de maisons. « Les parties que nous démolissons ont été vendues par M. Aka Anghui à des institutions qui attendent de rentrer en possession de leur parcelle. Or, il se trouve que des squatters les occupent, illégalement », a-t-il précisé.
La mairie d’Abobo scandalisée
Pourtant, cette opération de démolition massive, bien que découlant d’une décision de justice, frustre la mairie d’Abobo. Et pour cause, à en croire le directeur du service technique, M. Coulibaly Valy que nous avons rencontré, cette sentence n’a pas été notifiée. «Mieux, souligne-t-il, le site fait l’objet d’une convention signée entre la mairie et Messieurs Joseph Aka Anghui et son partenaire Brou Gustave qui sont propriétaires du site. Cette convention a permis la mise sur pied d’un comité de restructuration du quartier en question qui devrait aboutir à l’approbation du plan et à l’attribution des parcelles. Nous étions dans cette procédure quand de façon unilatérale, l’autre partie a décidé de démolir les maisons».
Pour M. Coulibaly, le maire Adama Toungara est intervenu une première fois pour stopper les démolitions. «Nous sommes scandalisés par cette situation qui intervient à la veille des fêtes et surtout des élections qui s’annoncent. Pourquoi initier aujourd’hui ces démolitions alors que nous étions en discussion dans le cadre d’une convention. Nous ne savons pas ce que cela cache comme intention. Nous avons engagé une procédure devant la justice», a-t-il expliqué.
Mais en attendant, sur le terrain à PK18, les bulldozers poursuivent leurs actions, créant l’émoi au sein d’une population qui a tant payé pendant la crise post-électorale et qui aspirait à un peu de joie et de bonheur. Surtout en cette fin d’année.
Alexandre Lebel Ilboudo