ATHENES - Ils sont arrivés en Grèce depuis la Côte d`Ivoire, le Congo ou le Cameroun, le plus souvent via la Turquie. Leur point commun, la langue française. Aujourd`hui, comme les autres immigrés, ils sont bloqués à Athènes, pris au piège de la crise. Et du racisme.
"La vie n`est pas difficile ici, elle est impossible, invivable", affirme à l`AFP Eugène Manaa, 29 ans, sans papiers camerounais, qui a fait deux mois de prison en Crète (sud) cet été, et craint, depuis qu`il est revenu à Athènes, d`être renvoyé dans son pays.
"Il n`y a pas de travail, pas d`argent, pas de logement, on vit à quinze dans un appartement, pas de papiers, la police nous contrôle à chaque carrefour, on subit le racisme, et on ne peut pas aller dans un autre pays", explique-t-il.
Pour lui, comme pour la plupart de ses compagnons d`infortune qui se retrouvent chaque dimanche dans une église de la banlieue d`Athènes autour d`une messe célébrée par un prêtre français, la Grèce ne devait être que le point d`entrée dans l`Union européenne (UE).
Mais ils ne peuvent en partir depuis le renforcement des contrôles frontaliers, dans ports et aéroports, sous la pression des autres pays de l`UE pour juguler l`immigration illégale.
"Certains d`entre eux ont perdu quatre, cinq billets d`avions consécutifs, toujours arrêtés à l`aéroport", en tentant de partir pour un autre pays européen, raconte le prêtre, Maurice Joyeux.
Aucun d`eux ne trouve non plus de travail, "même pas un petit job à cinq euros", dans une Grèce en pleine dépression économique, où le chômage frappe plus du quart de la population active et le tiers des moins de 30 ans.
"Je suis obligé de demander de l`argent à des amis en Afrique pour payer mon loyer ici", explique Eugène. Pour lui, c`est le monde à l`envers. Normalement les jeunes qui quittent l`Afrique doivent envoyer de l`argent à leurs familles restées au pays.
Eric, casquette rouge en laine vissée sur le crâne, préfère taire son nom et dit ne même pas oser appeler en Afrique, de peur de se faire insulter, puisqu`il ne peut pas envoyer d`argent.
Comme les autres, il dénonce les pressions policières depuis l`été dernier, lorsque le gouvernement de coalition emmené par le conservateur Antonis Samaras a lancé l`opération "Xenios Zeus" (du nom du roi des dieux antiques Zeus, protecteur des hôtes) pour lutter contre l`immigration illégale.
L`opération, comprenant contrôles d`identité, arrestations, et renvois dans les pays d`origine, a été qualifiée d`illégale par plusieurs ONG de défense des droits de l`Homme, dont Human Rights Watch.
La police d`Athènes a indiqué vendredi avoir procédé à 61.676 vérifications d`identité depuis août, ayant conduit à 4.114 arrestations ou rétentions administratives.
"Tu sors acheter du pain, et on ne te revoit plus de trois mois, c`est ce qui m`est arrivé", raconte Eric, qui sort d`un centre de rétention près de Corinthe (80 km d`Athènes).
"Le plus dur, c`est que depuis que je suis sorti de prison, le racisme aussi a progressé", remarque-t-il.
Avant les élections législatives d`été qui ont consacré l`avènement parlementaire du parti néonazi Aube Dorée, habitué des provocations et violences racistes, la situation était encore tenable. Mais depuis la rentrée, les choses empirent, racontent les immigrés.
"Il y a eu une réunion des habitants grecs de l`immeuble il y a environ un mois et ils nous ont demandé de partir", déplore Eric.
"A la boulangerie, il y a moins d`un mois, une femme qui venait d`acheter son pain est sortie en crachant sur moi, et en disant +Noir, que fais-tu ici, va dans ton pays+", se rappelle Eugène.
Un Congolais, qui ne dit pas son nom, sort son téléphone portable pour montrer la photo d`un de ses amis, sur un lit d`hôpital, où il a été transporté après avoir reçu plusieurs coups de couteau en pleine rue d`Athènes.
"Quatre personnes en civil l`ont agressé. On l`a poursuivi dans la rue... comme une chèvre", s`étrangle Guy, ingénieur électrique, originaire de Kinshasa, chassé de son pays par la guerre.
Son récit confirme la multiplication des agressions contre des étrangers par des proches de l`Aube dorée, et jamais revendiquées directement.
"Quand je suis arrivé ici fin 2011, il n`y avait pas tant de racisme, maintenant c`est très dur", confie Guy, en baissant la tête.
Sur une population de 10,9 millions d`habitants, la Grèce compte près de 1,5 million immigrés dont environ 600.000 sans papiers. Outre une importante immigration d`Albanie, pays frontalier, des ressortissants venant surtout de pays asiatiques et d`Afrique affluent ces dernières années.
"La vie n`est pas difficile ici, elle est impossible, invivable", affirme à l`AFP Eugène Manaa, 29 ans, sans papiers camerounais, qui a fait deux mois de prison en Crète (sud) cet été, et craint, depuis qu`il est revenu à Athènes, d`être renvoyé dans son pays.
"Il n`y a pas de travail, pas d`argent, pas de logement, on vit à quinze dans un appartement, pas de papiers, la police nous contrôle à chaque carrefour, on subit le racisme, et on ne peut pas aller dans un autre pays", explique-t-il.
Pour lui, comme pour la plupart de ses compagnons d`infortune qui se retrouvent chaque dimanche dans une église de la banlieue d`Athènes autour d`une messe célébrée par un prêtre français, la Grèce ne devait être que le point d`entrée dans l`Union européenne (UE).
Mais ils ne peuvent en partir depuis le renforcement des contrôles frontaliers, dans ports et aéroports, sous la pression des autres pays de l`UE pour juguler l`immigration illégale.
"Certains d`entre eux ont perdu quatre, cinq billets d`avions consécutifs, toujours arrêtés à l`aéroport", en tentant de partir pour un autre pays européen, raconte le prêtre, Maurice Joyeux.
Aucun d`eux ne trouve non plus de travail, "même pas un petit job à cinq euros", dans une Grèce en pleine dépression économique, où le chômage frappe plus du quart de la population active et le tiers des moins de 30 ans.
"Je suis obligé de demander de l`argent à des amis en Afrique pour payer mon loyer ici", explique Eugène. Pour lui, c`est le monde à l`envers. Normalement les jeunes qui quittent l`Afrique doivent envoyer de l`argent à leurs familles restées au pays.
Eric, casquette rouge en laine vissée sur le crâne, préfère taire son nom et dit ne même pas oser appeler en Afrique, de peur de se faire insulter, puisqu`il ne peut pas envoyer d`argent.
Comme les autres, il dénonce les pressions policières depuis l`été dernier, lorsque le gouvernement de coalition emmené par le conservateur Antonis Samaras a lancé l`opération "Xenios Zeus" (du nom du roi des dieux antiques Zeus, protecteur des hôtes) pour lutter contre l`immigration illégale.
L`opération, comprenant contrôles d`identité, arrestations, et renvois dans les pays d`origine, a été qualifiée d`illégale par plusieurs ONG de défense des droits de l`Homme, dont Human Rights Watch.
La police d`Athènes a indiqué vendredi avoir procédé à 61.676 vérifications d`identité depuis août, ayant conduit à 4.114 arrestations ou rétentions administratives.
"Tu sors acheter du pain, et on ne te revoit plus de trois mois, c`est ce qui m`est arrivé", raconte Eric, qui sort d`un centre de rétention près de Corinthe (80 km d`Athènes).
"Le plus dur, c`est que depuis que je suis sorti de prison, le racisme aussi a progressé", remarque-t-il.
Avant les élections législatives d`été qui ont consacré l`avènement parlementaire du parti néonazi Aube Dorée, habitué des provocations et violences racistes, la situation était encore tenable. Mais depuis la rentrée, les choses empirent, racontent les immigrés.
"Il y a eu une réunion des habitants grecs de l`immeuble il y a environ un mois et ils nous ont demandé de partir", déplore Eric.
"A la boulangerie, il y a moins d`un mois, une femme qui venait d`acheter son pain est sortie en crachant sur moi, et en disant +Noir, que fais-tu ici, va dans ton pays+", se rappelle Eugène.
Un Congolais, qui ne dit pas son nom, sort son téléphone portable pour montrer la photo d`un de ses amis, sur un lit d`hôpital, où il a été transporté après avoir reçu plusieurs coups de couteau en pleine rue d`Athènes.
"Quatre personnes en civil l`ont agressé. On l`a poursuivi dans la rue... comme une chèvre", s`étrangle Guy, ingénieur électrique, originaire de Kinshasa, chassé de son pays par la guerre.
Son récit confirme la multiplication des agressions contre des étrangers par des proches de l`Aube dorée, et jamais revendiquées directement.
"Quand je suis arrivé ici fin 2011, il n`y avait pas tant de racisme, maintenant c`est très dur", confie Guy, en baissant la tête.
Sur une population de 10,9 millions d`habitants, la Grèce compte près de 1,5 million immigrés dont environ 600.000 sans papiers. Outre une importante immigration d`Albanie, pays frontalier, des ressortissants venant surtout de pays asiatiques et d`Afrique affluent ces dernières années.